La dessus se rajoute la personnalité trouble du leader Andrew Eldritch qui a longtemps proclamé haut et fort sa haine de tout ce qui était français, de près ou de loin. D’où vient cette francophobie assumée. D’un cœur brisé adolescent par une jeune française en séjour linguistique ? D’un cauchemar horrible ayant Paris pour cadre ? Toutes ces interprétations ont été entendues maintes fois au cours des années sans que personne ne sache vraiment de quoi il retourne. Quoi qu’il en soit pendant des décennies, Eldritch a refusé toutes les demandes d’interviews émanant de la presse française et il a fallu attendre 2006 pour qu’enfin il accepte de donner un concert (au Zenith) à Paris. Concert sinistre et lugubre devant une salle comble qui l’a longtemps attendu ce concert. Il fallait voir les mines déconfites des spectateurs à la sortie (moi le premier) la déception avait été à la hauteur de l’attente. Le son était mal foutu, un véritable déluge sonore dans lequel on peinait à reconnaître les chansons. Le plus perturbant avait été d’apprendre, à l’occasion de ce show, qu’à notre grand étonnement, Andrew Eldritch parlait très bien le français, ça pour une surprise !
Enfin tout ceci nous mène au 7 mars 2009, date du deuxième concert français (en 29 ans d’existence) des Sisters of Mercy. J’ai, depuis toujours, un gros problème avec les Sisters. A mes heures perdues, j’essaye d’être batteur. Or, depuis 1980, les Sisters jouent avec une boîte à rythmes, affectueusement baptisée Doktor Avalanche (de décibels !). Il en résulte ce son robotique, laissant peu de place à l’improvisation, ce qui, en règle générale, sied assez mal au live. Il faut peu de temps pour constater que dans les travées du Bataclan, où il y a presque autant de spectacle que sur scène, on parle beaucoup allemand et anglais ce soir, il est vrai que les Sisters ont toujours marché assez fort dans ces pays. Par où commencer ? Les Sisters ont un gros faible pour les fumigènes. Ils font leur apparition dans une salle remplie de fumée d’où émerge les quatre musiciens (un guitariste, un bassiste, un gros malabar aux machines et Eldritch) comme autant de créatures de la nuit sortant du brouillard. Les spots multicolores ajoutent à l’ambiance. On est comme enveloppé dans une sorte de halo où on a parfois du mal à distinguer les membres du groupe, à la limite cela tient plus du spectacle d’ombres chinoises que du concert de rock. Enfin bon cela appartient à la légende. Musicalement je suis soulagé car le mix me semble nettement meilleur qu’en 2006, même si l’Avalanche est toujours un peu trop en avant pour mon goût personnel. Armé de sa stratocater couleur crème le guitariste a fait un véritable festival, « Alice » est particulièrement hypnotique, « This corrosion », « Dominion », « Detonation Boulevard » et « Vision thing » sont rageuses. La bonne surprise vient de « Marian », en version allemande et « First and last and always », chansons du premier disque rarement jouées en live pour éviter d’avoir à payer des royalties aux anciens membres du groupe (ça c’est encore une autre histoire…). La très belle « Something Fast » offre un moment calme et apaisé au cœur de la tourmente. Par contre Eldritch est toujours aussi bavard sur scène, quelques « thank you » et c’est tout. Le set est assez court et est passé à la vitesse de l’éclair. Même si Eldritch, dans un grand soir, est revenu par deux fois sur scène pour les rappels. Au final ce fut une bonne soirée, un chouette concert, largement de quoi gommer l’amertume laissée en 2006 et de finir de nous réconcilier avec les Sisters of Mercy.
http://www.thesistersofmercy.com/
The Sisters of Mercy : "Vision Thing"
The Sisters of Mercy : "Detonation Boulevard"
The Sisters of Mercy : "Temple of Love (92)" (touched by the hand of Ofra Haza)
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