Tout nouveau festival itinérant (un peu sur le modèle des Nuits de l’Alligator), Diamond Day a fait escale à Paris, au Petit Bain, en ce vendredi soir, avec une alléchante affiche folk à la parité parfaite, deux chanteuses et deux chanteurs.
Petite surprise, c’est sur le rooftop du Petit Bain, dominant la Seine et les quais, que débutent les agapes avec un showcase de la chanteuse Naima Bock. Alors que les nuages noirs comme la suie s’accumulent au dessus de nos têtes, c’est seule avec sa guitare folk que Naima Bock arrive sur scène, souriante et une casquette bleue sur la tête. Pendant une grosse demie-heure Naima nous aura séduit, charmé, de ses arpèges délicat et de sa voix particulière et assez impressionnante. Si son univers n’est pas sans rappeler le folk anglais, il s’étend bien au-delà comme le prouvera sa reprise d’un standard brésilien. Un passage charmant quoique trop bref et perturbé par le vent. La pluie nous sera finalement épargnée, est-ce un signe que ce nouveau festival est béni des cieux ?
La suite se déroule de façon plus conventionnelle dans la salle habituelle, le temps de descendre les escalier et on y est. C’est alors la toute jeune Clara Mann, parfaitement francophone bien que trop stressée pour s’exprimer dans la langue de Molière, qui occupe la scène, toute auréolée de la sortie de son premier album. Elle aussi est seule avec sa guitare folk comme unique accompagnement et nous plonge également dans une bulle de douceur bien agréable avec un aplomb remarquable. La musique est lente, délicate, parfaitement relaxante, ça fait du bien.
Seul musicien a être accompagné, par un batteur, Jake Xerxes Fussell, la raison principale de notre venue il faut être honnête, aligne les albums magnifiques (cinq au total) avec une régularité métronomique depuis dix ans. Il incarne également, dans le cadre spécifique du festival, une pointe d’americana dans un environnement très british pour cette première. Le répertoire de Jake Xerxes Fussell se compose à la fois de compositions personnelles mais aussi de standards issus du répertoire traditionnel extraits du domaine public (un genre auquel il a consacré des albums entiers). Il est à la fois un garant de la tradition et un songwriter remarquable. Un artiste rare, et ce n’est pas la prestation du soir qui nous fera changer d’avis. Aussi à l’aise à la guitare électrique (une Telecaster son clair) que folk, ses arpèges dégagent quelque chose de profondément hypnotique. La batterie accentue cet aspect, ménageant de nombreux silences comme autant de notes fantômes, et accompagne avec une douceur inhabituelle pour un instrument volontiers qualifié de bourrin. La voix de Jake, douce, est à l’avenant. Nous avons assisté à un moment rare et précieux.
A l’autre bout du spectre pourrait se situer Richard Dawson, qui lui dégage un sentiment de puissance sonore bien que seul accompagné de sa guitare électrique. Déjà de ses arpèges ressort quelque chose d’âpre et de rugueux. Eux-mêmes sont entrecoupés d’attaques sèches et violentes d’accords et de phrases dissonantes à la limite de l’expérimentation. A peine coupé dans son élan par des problèmes techniques qui ont coupé son set en deux parties, Richard s’est cependant attiré l’affection du public, massé devant la scène et applaudissant à tout rompre. Un public nombreux ayant répondu au rendez-vous et une programmation de très haute tenue, espérons que ce nouveau festival s’inscrira dans la durée pour devenir,à terme, un rendez-vous incontournable.