dimanche 21 juillet 2024

Lovataraxx : « Sophomore »

 




Cinq années se sont écoulées depuis la sortie de leur premier album et il s’en est passé des choses depuis. Une pandémie et on ne sait plus trop combien de confinements plus tard, on retrouve le duo que l’on a l’impression d’avoir quitté hier tant son premier effort a continué de nous accompagner dans l’intervalle. Très justement intitulé « Sophomore » ce deuxième album continue l’ensorcellement dark du premier. Le tout premier titre « Heidi Montauk » commence comme la bande originale d’un film d’horreur, une nappe de synthé angoissante, une constante durant toute la durée de l’album. L’ombre de la cold wave des années 80 plane sur cet album, on n’en attendait pas moins, une influence que le duo se charge de conjuguer au présent sur un mode plus électronique que par le passé. Loin de sentir la naphtaline le disque galvanise et envoûte, emporte l’auditeur dans des contrées inconnues (« Tilda Vaast »), hypnotise et le travail rythmique remarquable fait palpiter les sens (« Earl Condition »). Entre autres nouveautés on note l’apparition de nouvelles langues (l’allemand entre autres) et un chant choral où les voix d’Hélène et de Julien se mélangent. A écouter au cœur de la nuit.

https://www.facebook.com/lovataraxx

https://lovataraxx.bandcamp.com/album/sophomore




samedi 20 juillet 2024

Chris Isaak + Lusaint, Salle Pleyel, 16 juillet 2024

On retrouve en première partie la jeune chanteuse britannique Lusaint qui, ironie de la chose, s’est fait connaître, entre autres, avec une reprise de « Wicked Game » qu’elle n’osera pas reprendre sur scène ce soir. Retrouvant par moment les intonations de la regrettée Amy Winehouse, Lusaint crée une petite sensation ce soir. D’autant qu’elle est accompagnée d’un remarquable guitariste folk, virtuose, se mariant à merveille aux prouesses vocales de la chanteuse. Pour le moment cantonnée à une présence sur internet, pour ses reprises soul jazz dans un format pop, Lusaint sortira son premier EP très prochainement. Sans vouloir préjuger des partis pris de production qui seront appliqués sur disque, le fait est que, sur scène et dans un contexte dépouillé mettant en valeur ses qualités d’écriture et d’interprétation, la formule fonctionne très très bien. On aura de toute façon une nouvelle occasion de l’applaudir le 29 novembre à la Cigale avec un groupe au complet et une section de cuivres. A suivre…

Chris Isaak fêtera l’an prochain les 40 ans de son premier album « Silvertone ». S’il se fait plutôt rare en studio, on note toutefois un disque de Noël sorti en 2022, Chris Isaak continue d’arpenter les scènes, en général pendant l’été, essentiellement pour jouer ses vieux tubes. Mais avec un certain savoir-faire, un charme et un charisme intact. D’autant que le répertoire en question a plutôt bien vieilli, à telle enseigne qu’il n’est insensé de parler de « classiques ». « Dancing », « Wicked Game », « Baby did a bad bad thing » et autres « San Francisco days » sont de sortie et qu’il est accompagné par un groupe remarquable, le même depuis des années, connaissant le répertoire sur le bout des doigts et le restituant avec classe et enthousiasme. Notamment pendant l’habituel intermède acoustique dépouillé. Notons toutefois le touché fin et raffiné, débordant de feeling, aussi bien à l’aise dans les arpèges délicat que lorsqu’il faut pousser les amplis dans le rouge du guitariste virtuose Hershel Yatovitz, qui pourrait aisément sortir un album solo instrumental. Chris Isaak, ses costumes à paillettes ou à miroirs, c’est personnage que l’on prend plaisir à retrouver pour se lover dans son répertoire délicat avec un plaisir à chaque fois renouvelé, surtout quand les retrouvailles ont lieu dans le cadre art déco majestueux de la Salle Pleyel, un environnement rétro qui lui sied à ravir.

samedi 13 juillet 2024

Bertrand Betsch : « Kit de survie en milieu hostile »

 


Plume rare et méconnue en dehors du cercle des initiés, Bertrand Betsch aligne les réussites avec une constance remarquable au point de devenir un auteur-compositeur précieux évoluant en dehors des chemins balisés. Rares sont les musiciens à écrire comme lui, à composer des chansons mariant aussi bien deux sentiments contraires : l’apaisement des mélodies et l’intranquillité des paroles. S’articulant autour de la guitare folk, ponctué d’une électronique discrète, et de quelques arrangements de cordes mélancoliques trahissant l’ambition modeste mais réelle de son auteur, ce nouvel effort nous offre un moment suspendu, en dehors du chaos. En intitulant son album « Kit de survie en milieu hostile », Bertrand tape dans le mille. Ainsi, chacun, ceux qui l’écouteront, comme probablement celui qui l’a composé, trouveront dans ce disque la force d’affronter cette époque folle où tout fonctionne à l’envers. Intime, raffiné et élégant.

https://www.facebook.com/bertrandbetschfanpage





vendredi 12 juillet 2024

Mélys : « For Once »

 


Avec son nom mélangeant le grec (abeille) et le gallois (sucré), Mélys ne pouvait que délivrer un EP (le deuxième) des plus savoureux. Tout y est succulent, des guitares folk délicatement arpégées aux accents indie vaporeux et planant. Un mélange intemporel que la chanteuse qualifie d’elle-même de folk florale. Et l’on retrouve effectivement dans l’ambiance dégagée par ses chansons cet attachement à la nature qui apaise et fait voyager, surtout lorsque Mélys délaisse l’anglais au profit de l’espagnol. Sublime.

https://www.facebook.com/Melysmusique





dimanche 7 juillet 2024

Mazingo : « Hey You »

 


Le grand chapitre du livre musical unissant les Etats-Unis et la France vient s’enorgueillir d’un nouveau personnage en la personne d’Andrew Mazingue, le leader de ce trio si atypique, que l’on croirait venu d’ailleurs à telle enseigne qu’il ne ressemble à quasiment personne d’autre dans notre paysage musical. Mazingo, donc. L’écoute de ce nouvel album, le deuxième, s’apparente à une grande virée musicale sur des routes poussiéreuses, laissant la place à des instruments que l’on entend trop peu par chez nous : la contrebasse, le banjo, de l’orgue hammond B3 ou un harmonica qui, régulièrement, déchire l’air. Un décorum hautement étasunien où le folk déglingué de Mazingo est hanté par le blues voire le rock garage (« Gone to stay »). Le picking impeccable du guitariste (également harmoniciste) Alexis Réoutsky incarne à la perfection les genres précités alors que le batteur Félix Bourgeois délivre le swing, et la puissance aussi, nécessaire. Enfin, et parce que les racines du groupe sont des deux côtés de l’Atlantique, Mazingo n’oublie pas de laisser une petite place au français dans les textes (« Funambule », « Six pieds sous terre ») aboutissant à ce genre hybride, rarement tenté, où la langue de Molière enveloppe les influences anglo-saxonnes. Une réussite.

https://www.mazingo-music.com/

https://www.facebook.com/MazingoMusic





samedi 6 juillet 2024

Katarina Pejak : « Pearls on a string »

 


C’est en France, où elle a élu domicile, que la jeune Serbe a enregistré ce nouvel album, le deuxième pour le compte du label Ruf, après trois disques produits dans sa Serbie natale. A bien des égards, ce nouvel album porte son titre à merveille. En effet, si perles il y a, c’est bien celles que la chanteuse/pianiste aligne sur ce nouvel effort avec une constance remarquable, à la croisée d’une sainte trinité entre jazz, blues et soul. Contrairement à ses habitudes la chanteuse a produit son album elle-même en compagnie de ses proches, son mari Romain Guillot (coproducteur et ingénieur du son) et de son groupe (le guitariste Boris Rosenfeld, le bassiste Sylvain Didou et le batteur Johan Barrer). Il en résulte un disque à l’identité forte, intime et resserré, où l’interaction entre les musiciens joue à plein respirant l’élégance et le raffinement. Aussi condensé soit-il l’album laisse une place à quelques intervenants extérieurs. Et quels intervenants ! La guitariste Laura Chavez (autrefois accompagnatrice de la regrettée Candye Kane) enlumine d’effluves blues le morceau d’ouverture (« Pearls on a string ») alors que le touché inimitable du saxophoniste Dana Colley (ex-Morphine) se reconnaît dès les premières secondes de « Woman ». Entre autres réussites, à noter enfin, une relecture aussi surprenante que réussie du « Money » de Pink Floyd. En ces temps troublés voici un album dont la sérénité fait du bien, aussi apaisant qu’une soirée dans le canapé confortable d’un club de jazz classieux, dont ce disque constituerait la bande son idéale.

https://www.katarinapejakmusic.com/

https://www.facebook.com/pejakatarina