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Ghost (c) Olivier Hoffschir |
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Ghost (c) Olivier Hoffschir |
Vendredi 28 Août :
On commence fort dés le début cette année avec Ghost. Grimés,
masqués, détournant les symboles religieux, les Suédois proposent
un show grandiloquant. Musicalement parlant, le heavy-metal de Ghost
n'est finalement pas si violent que cela mais rudement efficace et
bien troussé, à grands coups de refrains fédérateurs. Quelque
part entre le grand-guignol de Kiss et la noirceur de Black Sabbath.
Bons débuts.
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John Butler (c) Olivier Hoffschir |
Arrivés à ce point, il est peut-être de temps de se
faire une petite parenthèse roots. On continue donc sur la grande
scène avec John Butler. Si l'Australien est toujours resté fidèle
au trio, les membres de ce dernier changent régulièrement ce qui
permet au groupe de se renouveler. Le trio a bien évolué accentuant
le côté roots de Butler (banjo, bottleneck et pédale wha-wha) une
contrebasse et un mini synthé moog faisant leur apparition. Puisant
son inspiration dans le rock, bien sur, mais aussi le blues et la
country/folk le guitariste virtuose et écolo nous enchante sous le
soleil. Onze ans après sa sortie « Zebra » reste un tube
imparable.
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Benjamin Clementine (c) Olivier Hoffschir |
Direction ensuite la scène de la cascade où il est
question de soul music et de piano, cet instrument plutôt rare sur
les festivals d'été, en compagnie de Benjamin Clementine. Un moment
délicat, doux et mélodieux, un pause toujours appréciable en
pleine débauche de décibels. Pieds nus, assis très haut, presque
debout, derrière son clavier, Clementine est un virtuose des touches
d'ivoire et un remarquable chanteur dont la voix véhicule les
émotions par wagons entiers. Un violoncelle renforce les aspirations
classiques du musicien. Hélas, le public a l'air de s'ennuyer un
peu, invectivant l'artiste : « Réveille-toi » !
Dommage mais il est vrai que la musique de Clementine doit
s'apprécier encore plus dans l'intimité d'un petit club.
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Jacco Gardner (c) Nicolas Joubard |
Vient
ensuite le premier épisode de notre saga psychédélique du
week-end : Jacco Gardner sur la scène de l'industrie. En deux
albums remarquables, le musicien Hollandais a réussi à ressuciter
toute une imaginerie héritée des années 1960 à base de folk et de
rock psyché. C'est doux et mélodique, planant mais toutefois
entraînant car lui réussit à rendre les extrêmes compatibles. Les
arpèges de guitares acoustiques se mélangent à l'oreille alors
qu'un orgue, vintage forcément, souligne la cohésion de l'ensemble.
Un batteur véloce et efficace apporte un peu de piment à la chose,
rendant sa scansion hypnotique : magnifique ! Le premier
grand moment du week end.
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FFS (c) Olivier Hoffschir |
On parcours ensuite les quelques mètres
qui nous séparent de la scène de la cascade pour assister à la
naissance scénique d'un mythe : FFS soit la collaboration entre
Franz Ferdinand et les Sparks déjà auteurs d'un excellent album
sorti un peu plus tôt cette année. L'efficacité rythmique des
premiers alliée à la théatralité un peu barge des seconds :
le mariage est explosif ! Sur scène, le rapport entre les
guitares et les synthés s'inverse, ce qui contribue à rendre la
musique particulièrement entraînante. Les guitares sont funky à
souhait et apportent une bonne dose de rock à la chose. C'est
dansant et addictif. Derrière son synthé, Ron Mael, affiche un air
pincé et contrit, l'homme le moins souriant de l'histoire de la pop
qui se lâche finalement le temps d'une chorégraphie solo
improbable. La combinaison des voix entre Russel Mael et Alex
Kapranos fonctionne plutôt bien même si le premier accuse le poids
des ans et a bien du mal à suivre le plus jeune dans ses
chorégraphies. Il ne reste plus qu'à revisiter le patrimoine
respectif des deux formations : « This town ain't big
enough for the both of us » (1974) : énorme, « Take
me out », incisif. Un de ces moment dont plus tard on pourra
dire : j'y étais !
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Miossec (c) Nicolas Joubard |
On termine cette première journée
très dense avec un petit peu de chanson française en compagnie de
Miossec. Vétû tel un hobo avec son chapeau, Miossec, la voix
ravagée, n'a rien perdu de sa légendaire faconde. Ainsi à
l'adresse de The Offspring, qui joue en même temps sur la grande
scène et que l'on entends jusqu'ici, ce dernier affirme : « Les
vieux punks il faudrait les piquer » ! Succès garanti !
Musicalement, Miossec donne maintenant dans la torch song plutôt
bien arrangée à base de claviers et de violoncelle. De temps à
autre une contrebasse apporte une touche baroque pas désagréable.
Un artiste qui vieillit plutôt bien.
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Forever Pavot (c) Olivier Hoffschir |
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The Maccabees (c) Victor Picon
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Samedi 29 Août :
La journée commence avec une déception toute relative, The
Maccabees, dont on nous avait pourtant dit le plus grand bien.
Téléphoné, calibré pour les grandes scènes des festivals
(comprendre FM), le groupe peine à retenir l'attention. On préfère
pour notre part filer pour suivre sur la scène de l'industrie le
deuxième épisode de notre saga psychédélique du week end en
compagnie de Forever Pavot. Le temps de constater qu'Emile et sa
bande sont en grande forme. Avec moult claviers vintage ce dernier
crée des ambiances cinématographiques, dignes des polars des années
1970, avec une bonne dose de psychédélie sixties, un batteur funky
et une guitare insicive : excellent !
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Balthazar (c) Victor Picon |
Ah, Balthazar, on les
attendait de pied ferme après avoir adoré leur album « Thin
Walls » et on n'a pas été déçu ! Alors que résonnent
les premiers accords de « Decency », un frisson parcours
la foule, hypnotique et à la fois complétement dingue, les Belges
font mouche grâce à des petites merveilles de rock déglingué,
« Then what », « I looked for you ». Les
guitares sont entraînantes (« Nightclub ») et le violon,
omniprésent dans les arrangements, fait de nombreux appels du pied
en direction du Velvet Underground. Quand la cold wave rejoint le
Velvet, cela donne Balthazar, sombre et lumineux en même temps, on
tient ce groupe en très haute estime et cette prestation live ne
fait que confirmer tout le bien que l'on pense d'eux.
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Etienne Daho (c) Victor Picon |
Au fil du temps
et des écoutes, la musique se charge de souvenirs et d'émotions que
l'on revisite après comme on retrouve un vieil ami perdu de vue.
Est-ce pour cela que l'on aime autant le rock ? C'est l'esprit
lourd de questions hautement philosophiques que l'on rejoint la scène
de la cascade en direction du moment nostalgique du week-end en
compagnie d'Etienne Daho. On ne soulignera jamais assez l'importance
de ce dernier sur la scène française et l'impact de son incroyable
série de tubes sur le public. Chaque titre, « Epaule Tattoo »,
« Tombé pour la France », « Week end à Rome »
charrie son lot de souvenirs auprès de la foule qui reprend les
refrains en cœur dans un grand élan collectif. Une prestation bon
enfant et il y a quelque chose d'émouvant à réécouter ces vieux
tubes après toutes ces années. D'autant que Daho est en grande
forme musicale entre rock et new wave. A souligner une très bonne
reprise de « Comme un boomerang » chipée chez Gainsbourg
et Dani. La madeleine de Proust du week-end.
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Interpol (c) Victor Picon |
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Interpol (c) Victor Picon |
Et puisqu'il est
question de nostalgie on continue dans la même veine avec Interpol
(intéressant cet enchaînement dans la programmation soit dit en
passant) groupe qui nous scotche régulièrement depuis treize ans
maintenant. Si la grande majorité des fans ne s'est jamais remise du
départ, il y a cinq ans, du flamboyant bassiste Carlos D. force est
de constater que son remplaçant assure le taf sans sourciller. Pour
le reste on retrouve ce mélange de mélancolie et de cold wave qui
fait le charme du groupe depuis le début. Les guitares sont
envoûtantes, Daniel Kessler, visiblement possédé, assurant le show
avec son jeu de jambes spectaculaire et la voix grave de Paul Banks
semble un peu triste. Derrière son kit, Samuel Fogarino assure le
tempo avec autorité et une pointe de vitesse qui dynamite
l'ensemble. Au niveau du répertoire, le groupe pioche largement dans
les deux premiers albums donnant une coloration nostalgique a leur
set (deux exceptions la magnifique « Rest my chemistery »
et « All the rage back home » extraite du dernier
disque). En tout cas ça marche du tonnerre auprès du public qui
connaît les paroles par cœur.
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Pond (c) Victor Picon |
Dimanche 30 Août :
Ca commence mal, une panne de métro nous a fait râter We are match,
dommage. Donc on se console sur la scène Pression Live avec le
troisième épisode de notre saga psychédélique du week-end, les
Australiens de Pond. Alors, comment dire et par où commencer ? C'est
complètement dingue. On dirait du Pink Floyd déglingué à grandes
lampées de synthé kitsch et de guitares garage et rentre dedans.
Funky et planant en même temps, excellent ! Et le charisme des
membres du groupe ne fait qu'ajouter à la séduction exercée par
les Australiens. Un grand moment.
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Last Train (c) Victor Picon |
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Last Train (c) Victor Picon |
Alors qu'une chaleur caniculaire
s'abat sur le parc de Saint-Cloud, les membres de Last Train se
présentent eux en cuir noir et même capuche sur la tête en ce qui
concerne le guitariste ! Des vrais de vrais, on vous le dit !
Excellent quatuor venu de Mulhouse, Last Train joue (assez fort) un
rock simple mais efficace, teinté d'influences 70s, une sorte de
BRMC version stoner avec ce que cela suppose de blues. Le groupe est
bien aidé dans sa tâche par un chanteur, au bord de la crise
d'apoplexie et une section rythmique à la fois heavy mais précise
faisant preuve d'un touché délicat à l'occasion. Emouvant et
charismatique, le quatuor entretient un rapport privilégié avec son
public grâce à une grande proximité. Très très bon. On annonce
une tournée de 70 dates pour cet automne, ne les ratez pas ! Et
on attends le premier album avec impatience.
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Natalie Prass (c) Victor Picon |
Après un tel déluge de
décibels il nous faut bien un peu de douceur, une calinothérapie
musicale en quelque sorte, en résumé on a besoin de la délicate
Natalie Prass et ça tombe bien puisqu'elle est sur la scène
Pression Live. On avait dit beaucoup de bien du premier album, plutôt
soulful, de la jeune américaine que l'on était impatient de
découvrir sur scène. En concert, Natalie privilégie une approche
plutôt rock de la chose, mettant les guitares en avant. Les chansons
prennent une nouvelle direction, plus naturaliste, sans les
arrangements de cordes et autres. C'est beau mais différent. La
reprise de Carole King se chargeant de rappeler l'ancrage classic
rock de Natalie. Le groove de « Bird of prey » est
impeccable avec ou sans cordes ; c'est une pause mélodique qui
fait du bien. Et en plus elle est mimi comme un cœur. Un excellent
moment. Continuons si vous le voulez bien notre feuilleton
psychédélique du week end avec Marietta, un jeune talent français,
sur la petite scène Ile-de-France. Vêtu d'un tee-shirt Nirvana
garanti d'époque, Marietta pratique un rock teinté de psychédélisme
60s avec une guitare déliée mélangée avec de chauds claviers
vintage. Bien écrit et agréable. Marietta n'est pas insensible non
plus au punk 60s et renversera l'assistance avec un dernier titre en
forme d'irresistible tornade musicale. Le batteur se révèle
impressionnant dans ce contexte. Un jeune talent à suivre.
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Tame Impala (c) Nicolas Joubard |
Il est
alors temps de mettre un point final à notre saga psychédélique du
week-end avec un dernier chapitre consacré à Tame Impala. Le single
« Elephant » de ces derniers porte à confusion en nous
faisant croire que Tame Impala est un groupe de rock. C'est bien
évidemment érroné, un cerveau bouillonnant comme celui de Kevin
Parker pouvant difficilemment se contenter d'une étiquette aussi
simpliste. Le dernier disque en date « Currents » voit
Parker virer du côté obscur du disco pratiquant une musique où les
synthés prennent le pas sur les guitares. Illustration en est donnée
avec la magnifique, dans son rendu live, « Let it happen »
qui ouvre la prestation du soir. Sur scène, les compositions
prennnent un joli coup de fouet grâce au batteur, français, Julien
Barbagallo. Les aspirations psyché de Kevin Parker évoluent et
changent de forme et le public à l'air de suivre. Il y a quand même
quelque chose d'intrinsèquement bizarre à voir Parker chanter « Why
don't they talk to me » devant la foule immense rassemblée
devant la grande scène...
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Alt J (c) Olivier Hoffschir
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Un petit mot pour finir avec la pop
rêveuse d'Alt-J qui se distingue par ses ambiances éthérées et un
excellent batteur. Le groupe s'efface presque devant le light-show
magnifique et démentiel et n'apparaît plus qu'en ombre chinoise.
Toutes ces lumières qui scintillent, tournent dans tous les sens et
se reflètent sur les feuilles des marronniers à la nuit tombée,
c'est beau ! Et c'est ainsi que se termine pour nous le festival
de cette année.
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