mercredi 30 septembre 2015

The Devil and The Almighty Blues



Premier album pour ce groupe norvégien au nom à rallonge et un tantinet provocateur. Et quel étrange objet que voici ! Car sur ce premier effort, les Norvégiens donnent leur version à eux du blues. Alors certes, le groupe n'évite pas certains passages obligés du genre et d'ailleurs ils s'en accomodent très bien. Mais plutôt que de sombrer dans le redite et de nous livrer une énième relecture de « Sweet home Chicago », The Devil and The Almighty s'empare du blues à bras le corps, l'étreint jusqu'à en obtenir la substantifique moelle et en ressort avec cette chose pour le moins étonnante et non conventionnelle. Chez The Devil and The Almighty, le blues est lourd, lent, et menaçant comme un ciel noir de suie avant l'orage. Les chansons sont longues, la musique fonctionne sur des riffs de guitare puissants qui tournent en boucle jusqu'à l'hypnose. Une deuxième guitare se charge des soli explorant des gammes inattendues dans une longue dérive psychédélique sans fin. Tout cela n'est pas sans rappeler la scène doom ou stoner, cf. la frappe lourde de la batterie, mais le groupe se garde bien de franchir le Rubicon. Au final on obtient ce disque un peu bizarre, dans l'entre deux, pas tout à fait metal mais trop heavy pour les thuriféraires de la note bleue. Un objet qui n'a pas fini d'intriguer mais que l'on aime sans retenue aucune.


dimanche 27 septembre 2015

The Wooden Sky : « Let's be ready »




Si il est devenu coutumier de mentionner les années 1970 en évoquant la plupart des groupes de rock actuels, The Wooden Sky déplace le curseur une vingtaine d'années plus loin et fait plutôt référence à la scène indépendante des années 1990 ; on pense beaucoup à REM à l'écoute de l'album. A l'image de sa pochette très réussie, le disque s'avère assez naturel, il se dégage quelque chose de profondément américain dans la musique de ces Canadiens. Quelque chose comme du folk infusé de pop indé. Maintenant d'une main de fer les watts à un niveau raisonnable (« When the day is fresh and the light is new », « Maybe it's no secret »), le groupe prend le soin d'affiner les climats, les ambiances, pour atteindre un résultat aérien. C'est dans ce style mélodique que le groupe excelle à l'image de la très belle « Baby, hold on ». Abattant une carte mélancolique à l'occasion, « Kansas City », le groupe fait mouche avec le dépouillement accoustique de « Let's be ready ». Un album plutôt classique de très bonne facture en dépit de quelques baisses de tension dommageables (« Write them down »). A découvrir...
http://www.thewoodenskymusic.com/
https://www.facebook.com/thewoodenskyfb


samedi 26 septembre 2015

Horisont : « Odyssey »




Champions scandinaves d'un garage rock fleurant bon le boogie et les influences seventies, Horisont évolue en douceur sur son troisième effort, le plus consistant à ce jour. Intitulé « Odyssey », ce dernier porte particulièrement bien son titre et débute sur un épique morceau titre dépassant les dix minutes. Eux qui naguère balançait des chansons de trois minutes comme autant de poings dans la gueule ne boxent clairement plus dans la même catégorie. L'efficacité règne toujours (« Blind leder blind », « Bad news ») mais le groupe évoque désormais plus volontiers le hair metal des années 1980 mâtiné d'influences progressives (Yes), comme si le groupe s'était mis en tête de remonter le fil de l'histoire du rock pour mieux s'inscrire dans cette dernière. Musicalement, la nouveauté vient des guitares ; en effet, Horisont n'a désormais plus peur des démonstrations de dextérité à la six cordes, les soli fleuves abondent dans ce disque. A nouveau son, nouvelle approche, cet album a un concept inspiré de la science-fiction : « Une raçe suprême d'êtres étranges qui expérimentent sur la création de la vie et commence à peupler les planètes qui l'entoure » (Magnus Delborg, basse). On décolle quand ?
www.horisontmusic.com

vendredi 25 septembre 2015

J.C. Satàn


Formation Italo-Bordelaise, J.C. Satàn s'est dans un premier temps fait remarquer, avant même de jouer une seule note de musique, par son patronyme entre Jesus-Christ et Satan. Ca commence plutôt bien. Musicalement le groupe s'est installé dans le paysage comme l'une des formation garage les plus solides d'ici. Ce nouvel opus, particulièrement consistant, les voit évoluer, intelligemment, vers des nouveaux horizons. Certes, le groupe n'a pas tout à fait renoncé à l'hystérie musicale qui les caractérise et ce nouveau disque regorge de chansons intenses dont l'écoute est fortement déconseillé aux cardiaques, cf. « I could have died », littéralement ! Mais au fil des écoutes J.C Satàn impose un univers au confin du punk et du métal qui brille par son songwriting pop et psychédélique (« Don't joke with the people you don't know » ; « Waiting for you », superbe). Car le groupe a un talent : celui de rebondir exactement là où on ne l'attendait pas (cf. « I will kill you tonight »). Les compositions sont tortueuses, prennent des virages soniques inattendus et des allures franchement inédites. Au calme succéde la tempête et vice-versa. Finalement l'auditeur est littéralement pris dans un déluge sonore vertigineux qui donne le tournis. Ce disque vous monte à la tête ! Vous voilà prévenus. Fascinant et passionnant !




jeudi 24 septembre 2015

Thundermother : « Road Fever »




Gros son, guitares saturées dans le style des années 1970, batterie frénétique... On écoute les premières mesures du nouvel album de Thundermother et les images (clichés) affluent, on imagine des musiciens tatoués, arborant de longues barbes et répétant dans un garage. Erreur grossière. La vérité est beaucoup plus jolie, les Thundermother sont en fait un groupe de cinq jeunes filles, une rareté dans le paysage métal. Bon, dans le fond cela ne change pas grand chose, les musiciennes envoient les watts et se révèlent aussi efficaces dans le genre que n'importe quel groupe masculin. La grosse différence vient du chant. Placée derrière le micro, l'Irlandaise Clare Cunningham intrigue. Son interprétation est réellement étonnante, car même si la chanteuse pousse sa voix dans les graves, pour mieux coller au gros son déployé par le groupe, son timbre ne perd jamais de sa féminité. Le tout sonne étrangement sexy, d'une manière assez peu conventionnnelle. Pour le reste, le quintet balance un rock au son gras, foutrement bien foutu et diablement efficace, aggrémenté de quelques touches de blues bienvenues et de soli inspirés, dans la lignée des meilleurs formations actuelles. La guitare accroche l'oreille (« Thundermachine »), le chant si particulier évoqué plus haut fait tout la différence et finit par rendre la formation réellement attachante. Comme l'indique son titre, l'album est tout indiqué pour accompagner un road trip, direction l'enfer. Belle découverte.
https://www.facebook.com/thundermother

mardi 22 septembre 2015

Victorine : « La rentrée »



Voici une petite chronique bien de saison. En effet la jeune Victorine fête la rentrée (sic) avec cette charmante petite ritournelle aux guitares surf bien inspirées. Quelque part entre les yéyés et Etienne Daho, de quoi être nostalgique du primaire. Victorine est une chouette maîtresse (d'école) !
https://www.facebook.com/victorinemusic

lundi 21 septembre 2015

Un samedi après-midi avec Chuck Sperry




Quelle chouette après-midi passée en compagnie de Chuck Sperry ! Mais pour ceux qui ignorent tout du personnage, un petit rappel s'impose. On a fait la connaissance de Chuck en 2013 lorsque la galerie l'oeil ouvert a, pour la première fois, exposé ses œuvres. Et ce fut une véritable révélation ! Travaillant exclusivement en sérigraphie, utilisant une palette chromatique particulièrement élaborée et excercant ses talents dans le domaine musical, au moyen de sublime affiches de concerts, Chuck s'avére être le digne héritier de la scène psychédélique des années 1960 mais aussi de l'art nouveau dans le sillage d'Alfons Mucha.

Donc, pour reprendre le fil de notre histoire, samedi dernier Chuck est venu nous faire un petit coucou et animer un atelier d'initiation à la sérigraphie dans les locaux de la galerie l'oeil ouvert. Ne pouvant déménager ses machines depuis San Francisco, Chuck nous a fait une démonstration old school, entièrement manuelle, à l'aide d'encre et de films photosensibles pré-imprimés. Etaler l'encre dans ces conditions se révèle particulièrement physique, notre ami a fini en nage, et ce par trois fois comme autant de couleur. Au fil de l'après-midi chaque participant est passé derrière la presse dans une ambiance bonne enfant. You want to print Man ? Pardi, pour sur qu'on veut ! Avec les conseils avisés et l'aide bienveillante de Chuck. Pour sur, que livré à lui-même l'auteur de ces lignes n'aurait été capable que de livre un brouillon du plus mauvais aloi ! Charismatique et comédien né, Chuck nous a régalé tout l'après-midi de ses anecdotes hilarantes, comme celle de la livraison par la Global Overnight Delivery (God = Dieu) ! Intrigués par l'animation à l'intérieur de la galerie, de nombreux passants se sont invités à la fête, transformant le workshop en happening improvisé. Et à la fin, tout le monde est reparti, fiers comme Artaban, avec sa sérigraphie personnelle sous le bras, tout emerveillé d'avoir pu assister à la naissance d'une œuvre.

Exposition Chuck Sperry, Muses in Paris.
Du 17 septembre au 11 octobre

Galerie l'Oeil Ouvert

1, rue Lucien Sampaix (œuvres sur papier)
75010 Paris
Ouvert du mardi au samedi de 11h à 19h et le dimanche de 10h à 13h.

75, rue François Miron (œuvres sur bois)
75004 Paris
Ouvert du mardi au samedi de 11h à 19h et le dimanche de 14h à 19h.



Sam M : « Oa na mba »



Après des débuts dans son Cameroun natal, le guitariste et chanteur Sam M (Samuel Mbappe) sort un effort aux couleurs jazzy. A ce titre, la photo de la pochette est assez trompeuse, à la fulgurance de la guitare électrique, Sam préfère les cordes acoustiques délicatement arpégées. Le vocable est peut-être éculé mais le premier mot qui vient à l'esprit à l'écoute du disque est le voyage. Voyage au milieu du son et de la musique. En effet, l'album se trouve au croisement de plusieurs cultures entre chant en langue vernaculaire (le Douala du nom de la capitale du Cameroun) et arrangements aux couleurs latines. Les percussions nous ramènent du côté du Brésil, et à ce titre l'album n'est pas sans rappeler les efforts de Stan Getz avec Gilberto, alors que l'accordéon semble tout droit échappé du tango argentin (« Abela »). Le résultat est chaud et délicat à l'oreille, le timbre de gorge, profond, de Sam trouve ainsi l'écrin idéal. La musique s'épanouit ici lentement, posément. L'album s'impose ainsi comme le compagnon idéal des soirées à venir, idéal pour prolonger encore un l'été finissant.
En concert le 22 septembre 2015 à Paris (New Morning)


mercredi 2 septembre 2015

Mujeres : « Marathon »



Après deux albums sortis dans leur Espagne natale, les Catalans de Mujeres voient, enfin, leurs efforts récompensés sur le sol français par l'entremise du label Bordelais Platinum. L'album a beau, faussement, s'appeler « Marathon », tout chez Mujeres évoque le sprint et les guitares qui dépotent à toute berzingue (« Night Bloom »). Et c'est d'ailleurs comme ceci que commence cet excellent opus avec un « Lose Control » particulièrement bien nommé. Jouissif. Donc Mujeres pratique un garage rock nerveux et incisif, sale et mâtiné de psychédélisme déglingué et débarrassé de toute influence venu du blues. Ca vous rappelle quelque chose ? Les Black Lips ne sont jamais bien loin. Mais les Catalans ont leur personnalité bien à eux. Les influences surf de « Perpetual motion » sont chouettes alors que « Radiant brother » joue l'attaque frontale la basse bien avant. « Uncertain glory » et « She brought the darkness » (peut-être bien la meilleure du lot) étonnent par leurs approche pop (légèrement) plus calme et mélodique. Mais on apprécie surtout les deux titres en espagnol, « Vivir sin ti » et « Galgo Diamante », même si on ne comprends que vaguement le sens des paroles, l'utilisation de la langue de Cervantès permet au groupe de se distinguer du tout venant étasunien et fait souffler un vent de fraîcheur exotique sur le disque.


mardi 1 septembre 2015

Rock en Seine 2015


Ghost (c) Olivier Hoffschir

Ghost (c) Olivier Hoffschir

Vendredi 28 Août : On commence fort dés le début cette année avec Ghost. Grimés, masqués, détournant les symboles religieux, les Suédois proposent un show grandiloquant. Musicalement parlant, le heavy-metal de Ghost n'est finalement pas si violent que cela mais rudement efficace et bien troussé, à grands coups de refrains fédérateurs. Quelque part entre le grand-guignol de Kiss et la noirceur de Black Sabbath. Bons débuts.

John Butler (c) Olivier Hoffschir
Arrivés à ce point, il est peut-être de temps de se faire une petite parenthèse roots. On continue donc sur la grande scène avec John Butler. Si l'Australien est toujours resté fidèle au trio, les membres de ce dernier changent régulièrement ce qui permet au groupe de se renouveler. Le trio a bien évolué accentuant le côté roots de Butler (banjo, bottleneck et pédale wha-wha) une contrebasse et un mini synthé moog faisant leur apparition. Puisant son inspiration dans le rock, bien sur, mais aussi le blues et la country/folk le guitariste virtuose et écolo nous enchante sous le soleil. Onze ans après sa sortie « Zebra » reste un tube imparable. 

Benjamin Clementine (c) Olivier Hoffschir
Direction ensuite la scène de la cascade où il est question de soul music et de piano, cet instrument plutôt rare sur les festivals d'été, en compagnie de Benjamin Clementine. Un moment délicat, doux et mélodieux, un pause toujours appréciable en pleine débauche de décibels. Pieds nus, assis très haut, presque debout, derrière son clavier, Clementine est un virtuose des touches d'ivoire et un remarquable chanteur dont la voix véhicule les émotions par wagons entiers. Un violoncelle renforce les aspirations classiques du musicien. Hélas, le public a l'air de s'ennuyer un peu, invectivant l'artiste : « Réveille-toi » ! Dommage mais il est vrai que la musique de Clementine doit s'apprécier encore plus dans l'intimité d'un petit club.

Jacco Gardner (c) Nicolas Joubard
Vient ensuite le premier épisode de notre saga psychédélique du week-end : Jacco Gardner sur la scène de l'industrie. En deux albums remarquables, le musicien Hollandais a réussi à ressuciter toute une imaginerie héritée des années 1960 à base de folk et de rock psyché. C'est doux et mélodique, planant mais toutefois entraînant car lui réussit à rendre les extrêmes compatibles. Les arpèges de guitares acoustiques se mélangent à l'oreille alors qu'un orgue, vintage forcément, souligne la cohésion de l'ensemble. Un batteur véloce et efficace apporte un peu de piment à la chose, rendant sa scansion hypnotique : magnifique ! Le premier grand moment du week end. 

FFS (c) Olivier Hoffschir
On parcours ensuite les quelques mètres qui nous séparent de la scène de la cascade pour assister à la naissance scénique d'un mythe : FFS soit la collaboration entre Franz Ferdinand et les Sparks déjà auteurs d'un excellent album sorti un peu plus tôt cette année. L'efficacité rythmique des premiers alliée à la théatralité un peu barge des seconds : le mariage est explosif ! Sur scène, le rapport entre les guitares et les synthés s'inverse, ce qui contribue à rendre la musique particulièrement entraînante. Les guitares sont funky à souhait et apportent une bonne dose de rock à la chose. C'est dansant et addictif. Derrière son synthé, Ron Mael, affiche un air pincé et contrit, l'homme le moins souriant de l'histoire de la pop qui se lâche finalement le temps d'une chorégraphie solo improbable. La combinaison des voix entre Russel Mael et Alex Kapranos fonctionne plutôt bien même si le premier accuse le poids des ans et a bien du mal à suivre le plus jeune dans ses chorégraphies. Il ne reste plus qu'à revisiter le patrimoine respectif des deux formations : « This town ain't big enough for the both of us » (1974) : énorme, « Take me out », incisif. Un de ces moment dont plus tard on pourra dire : j'y étais ! 

Miossec (c) Nicolas Joubard
On termine cette première journée très dense avec un petit peu de chanson française en compagnie de Miossec. Vétû tel un hobo avec son chapeau, Miossec, la voix ravagée, n'a rien perdu de sa légendaire faconde. Ainsi à l'adresse de The Offspring, qui joue en même temps sur la grande scène et que l'on entends jusqu'ici, ce dernier affirme : « Les vieux punks il faudrait les piquer » ! Succès garanti ! Musicalement, Miossec donne maintenant dans la torch song plutôt bien arrangée à base de claviers et de violoncelle. De temps à autre une contrebasse apporte une touche baroque pas désagréable. Un artiste qui vieillit plutôt bien.

Forever Pavot (c) Olivier Hoffschir

The Maccabees (c) Victor Picon
Samedi 29 Août : La journée commence avec une déception toute relative, The Maccabees, dont on nous avait pourtant dit le plus grand bien. Téléphoné, calibré pour les grandes scènes des festivals (comprendre FM), le groupe peine à retenir l'attention. On préfère pour notre part filer pour suivre sur la scène de l'industrie le deuxième épisode de notre saga psychédélique du week end en compagnie de Forever Pavot. Le temps de constater qu'Emile et sa bande sont en grande forme. Avec moult claviers vintage ce dernier crée des ambiances cinématographiques, dignes des polars des années 1970, avec une bonne dose de psychédélie sixties, un batteur funky et une guitare insicive : excellent ! 

Balthazar (c) Victor Picon

Ah, Balthazar, on les attendait de pied ferme après avoir adoré leur album « Thin Walls » et on n'a pas été déçu ! Alors que résonnent les premiers accords de « Decency », un frisson parcours la foule, hypnotique et à la fois complétement dingue, les Belges font mouche grâce à des petites merveilles de rock déglingué, « Then what », « I looked for you ». Les guitares sont entraînantes (« Nightclub ») et le violon, omniprésent dans les arrangements, fait de nombreux appels du pied en direction du Velvet Underground. Quand la cold wave rejoint le Velvet, cela donne Balthazar, sombre et lumineux en même temps, on tient ce groupe en très haute estime et cette prestation live ne fait que confirmer tout le bien que l'on pense d'eux. 

Etienne Daho (c) Victor Picon
Au fil du temps et des écoutes, la musique se charge de souvenirs et d'émotions que l'on revisite après comme on retrouve un vieil ami perdu de vue. Est-ce pour cela que l'on aime autant le rock ? C'est l'esprit lourd de questions hautement philosophiques que l'on rejoint la scène de la cascade en direction du moment nostalgique du week-end en compagnie d'Etienne Daho. On ne soulignera jamais assez l'importance de ce dernier sur la scène française et l'impact de son incroyable série de tubes sur le public. Chaque titre, « Epaule Tattoo », « Tombé pour la France », « Week end à Rome » charrie son lot de souvenirs auprès de la foule qui reprend les refrains en cœur dans un grand élan collectif. Une prestation bon enfant et il y a quelque chose d'émouvant à réécouter ces vieux tubes après toutes ces années. D'autant que Daho est en grande forme musicale entre rock et new wave. A souligner une très bonne reprise de « Comme un boomerang » chipée chez Gainsbourg et Dani. La madeleine de Proust du week-end.

Interpol (c) Victor Picon

Interpol (c) Victor Picon
Et puisqu'il est question de nostalgie on continue dans la même veine avec Interpol (intéressant cet enchaînement dans la programmation soit dit en passant) groupe qui nous scotche régulièrement depuis treize ans maintenant. Si la grande majorité des fans ne s'est jamais remise du départ, il y a cinq ans, du flamboyant bassiste Carlos D. force est de constater que son remplaçant assure le taf sans sourciller. Pour le reste on retrouve ce mélange de mélancolie et de cold wave qui fait le charme du groupe depuis le début. Les guitares sont envoûtantes, Daniel Kessler, visiblement possédé, assurant le show avec son jeu de jambes spectaculaire et la voix grave de Paul Banks semble un peu triste. Derrière son kit, Samuel Fogarino assure le tempo avec autorité et une pointe de vitesse qui dynamite l'ensemble. Au niveau du répertoire, le groupe pioche largement dans les deux premiers albums donnant une coloration nostalgique a leur set (deux exceptions la magnifique « Rest my chemistery » et « All the rage back home » extraite du dernier disque). En tout cas ça marche du tonnerre auprès du public qui connaît les paroles par cœur.

Pond (c) Victor Picon
Dimanche 30 Août : Ca commence mal, une panne de métro nous a fait râter We are match, dommage. Donc on se console sur la scène Pression Live avec le troisième épisode de notre saga psychédélique du week-end, les Australiens de Pond. Alors, comment dire et par où commencer ? C'est complètement dingue. On dirait du Pink Floyd déglingué à grandes lampées de synthé kitsch et de guitares garage et rentre dedans. Funky et planant en même temps, excellent ! Et le charisme des membres du groupe ne fait qu'ajouter à la séduction exercée par les Australiens. Un grand moment.

Last Train (c) Victor Picon

Last Train (c) Victor Picon
Alors qu'une chaleur caniculaire s'abat sur le parc de Saint-Cloud, les membres de Last Train se présentent eux en cuir noir et même capuche sur la tête en ce qui concerne le guitariste ! Des vrais de vrais, on vous le dit ! Excellent quatuor venu de Mulhouse, Last Train joue (assez fort) un rock simple mais efficace, teinté d'influences 70s, une sorte de BRMC version stoner avec ce que cela suppose de blues. Le groupe est bien aidé dans sa tâche par un chanteur, au bord de la crise d'apoplexie et une section rythmique à la fois heavy mais précise faisant preuve d'un touché délicat à l'occasion. Emouvant et charismatique, le quatuor entretient un rapport privilégié avec son public grâce à une grande proximité. Très très bon. On annonce une tournée de 70 dates pour cet automne, ne les ratez pas ! Et on attends le premier album avec impatience. 

Natalie Prass (c) Victor Picon
Après un tel déluge de décibels il nous faut bien un peu de douceur, une calinothérapie musicale en quelque sorte, en résumé on a besoin de la délicate Natalie Prass et ça tombe bien puisqu'elle est sur la scène Pression Live. On avait dit beaucoup de bien du premier album, plutôt soulful, de la jeune américaine que l'on était impatient de découvrir sur scène. En concert, Natalie privilégie une approche plutôt rock de la chose, mettant les guitares en avant. Les chansons prennent une nouvelle direction, plus naturaliste, sans les arrangements de cordes et autres. C'est beau mais différent. La reprise de Carole King se chargeant de rappeler l'ancrage classic rock de Natalie. Le groove de « Bird of prey » est impeccable avec ou sans cordes ; c'est une pause mélodique qui fait du bien. Et en plus elle est mimi comme un cœur. Un excellent moment. Continuons si vous le voulez bien notre feuilleton psychédélique du week end avec Marietta, un jeune talent français, sur la petite scène Ile-de-France. Vêtu d'un tee-shirt Nirvana garanti d'époque, Marietta pratique un rock teinté de psychédélisme 60s avec une guitare déliée mélangée avec de chauds claviers vintage. Bien écrit et agréable. Marietta n'est pas insensible non plus au punk 60s et renversera l'assistance avec un dernier titre en forme d'irresistible tornade musicale. Le batteur se révèle impressionnant dans ce contexte. Un jeune talent à suivre. 

Tame Impala (c) Nicolas Joubard
Il est alors temps de mettre un point final à notre saga psychédélique du week-end avec un dernier chapitre consacré à Tame Impala. Le single « Elephant » de ces derniers porte à confusion en nous faisant croire que Tame Impala est un groupe de rock. C'est bien évidemment érroné, un cerveau bouillonnant comme celui de Kevin Parker pouvant difficilemment se contenter d'une étiquette aussi simpliste. Le dernier disque en date « Currents » voit Parker virer du côté obscur du disco pratiquant une musique où les synthés prennent le pas sur les guitares. Illustration en est donnée avec la magnifique, dans son rendu live, « Let it happen » qui ouvre la prestation du soir. Sur scène, les compositions prennnent un joli coup de fouet grâce au batteur, français, Julien Barbagallo. Les aspirations psyché de Kevin Parker évoluent et changent de forme et le public à l'air de suivre. Il y a quand même quelque chose d'intrinsèquement bizarre à voir Parker chanter « Why don't they talk to me » devant la foule immense rassemblée devant la grande scène... 

Alt J (c) Olivier Hoffschir
Un petit mot pour finir avec la pop rêveuse d'Alt-J qui se distingue par ses ambiances éthérées et un excellent batteur. Le groupe s'efface presque devant le light-show magnifique et démentiel et n'apparaît plus qu'en ombre chinoise. Toutes ces lumières qui scintillent, tournent dans tous les sens et se reflètent sur les feuilles des marronniers à la nuit tombée, c'est beau ! Et c'est ainsi que se termine pour nous le festival de cette année.