Lorsqu'il est apparu sur nos radars il
y a un peu plus d'un an, le personnage de Jake Bugg (âgé de 18 ans
à la sortie du disque) nous a autant fasciné par son talent naturel
de songwriter qu'inquiété par la précocité de ce dernier. Ainsi
notre chronique de l'époque se terminait en forme de question,
y-aurait-il un jour une suite à ce petit bijou de premier album
ressuscitant la lettre et l'esprit du Greenwich Village folk des
années 1960 ? On est ravi dans un premier temps de répondre à
cette dernière question par l'affirmative. Et ensuite qu'en-est-il
de ce fameux « toujours difficile deuxième album » ?
Dans l'intervalle Bugg a changé de stature, son shangri la (paradis
sur terre) le jeune Britannique est allée le chercher
outre-Atlantique. Le label n'a pas hésité à mettre les petits
plats dans les grands en confiant son protégé au légendaire
producteur Rick Rubin (un choix plutôt cohérent) lequel a fait
jouer son carnet d'adresse au moment de l'enregistrement : aussi
surprenant que cela puisse paraître Chad Smith (Red Hot Chili
Peppers) officie derrière la batterie. Un album américain donc,
rutilant comme une Cadillac : le son est énorme, les délicates
compositions folk de Bugg s’accommodent assez imparfaitement de
cette production carénée au millimètre. Si la finesse d'écriture
est intacte, dans la manœuvre Bugg a perdu la rugosité qui faisait
tout le sel de son premier effort. Comme si ce lissage intensif en
avait gommé le charme. L'association entre le jeune fougueux et le
vieux sage, dont on attendait monts et merveilles déçoit donc
gentiment eu égard du pedigree (pour mémoire : Donovan et
Johnny Cash entre autres...) et du savoir-faire de Rubin en la
matière. La rencontre est cependant parsemée de quelques éclaircies
« Me and you », « A song about love », la
magnifique « Pine trees », la ballade country "Storm passes away" ou bien encore l'électricité
contagieuse de « Kingpin ». Un album en demi-teinte ;
mais gardons nous bien de tout jugement définitif à l'égard de
Jake Bugg. La vingtaine à peine déflorée, ce dernier a (encore)
tout l'avenir devant lui. Encore quelques disques de rodage et le
monde sera à ses pieds...
mercredi 14 mai 2014
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