A bien des égards la musique fonctionne suivant un système de chapelles. Il y a les nostalgiques qui pensent que rien d’intéressant n’est arrivé depuis 1974, ceux qui poussent le curseur une décennie plus loin, les faiseurs au kilomètre et les expérimentateurs fous au point de perdre le fil et l’auditeur avec. Et puis il y a les autres, les ovnis atypiques, qui non contents de rentrer dans une case préfèrent en cocher plusieurs à eux seuls. Ces disques là sont rares, forcément précieux, et à n’en point douter les filles de Bacchantes rentrent dans cette catégorie. Les Bacchantes sont quatre : Faustine, Astrid, Claire et Amélie, elles sont chanteuses lyriques et font figure d’exception, elles se sont converties aux vertus du rock garage et des guitares électriques (!!) ce qui avait déjà donné un premier album magnifique sorti en 2021. Ce deuxième disque voit les filles pousser encore un peu plus la démarche au point de trouver le point de rencontre fort improbable entre Gérard de Nerval (cf. « Vertigo », 1828) et l’exaltation électrique d’amplis en fusion. Loin de fonctionner de manière linéaire et de répéter à l’infini une formule toute trouvée, Bacchantes au contraire aime à varier les ambiances, du folk éthéré (« Cantique de la poussière ») au psychédélisme oriental de l’harmonium indien (« Interlude » / « Ô Fontaine »). Ainsi, l’album est parcouru par une sorte de grain de folie qui fait basculer la musique dans le registre baroque. Le pied sur le frein, dégageant une sorte de colère intériorisée, les compositions de Bacchantes flirtent avec ce point de rupture où la tension rentrée explose brutalement (« La chanson du masque »). Déstabilisant peut-être mais surtout irradiant de beauté baroque, il s’agît assurément là de l’une des réussites majeures de l’année.
https://www.facebook.com/bacchantesmusic/
https://bacchantes.bandcamp.com/
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire