En s’attaquant à l’immense chef d’œuvre de Neil Young, les Normands ont réussi une prouesse rare, celle de s’infiltrer dans un mince interstice séparant le profond respect porté aux chansons tout en réussissant à s’approprier totalement les compositions. Ainsi tout en reprenant respectueusement les musiques, l’excellent guitariste Raoul Tellier s’en est donné à cœur joie, secondé par Arman Méliès, le groupe a réussi à trouver quelques excentricités personnelles pour donner sa patte personnelle aux chansons. Si la présence de la trompette reprenant le rôle normalement dévolu à l’harmonica (en même temps, on n’allait pas mettre ce brave Léopold Tellier au chômage, hein!) fait partie desdites excentricités, le plus étonnant, surtout pour ceux qui ont l’habitude d’écouter le grand Neil, reste le chant. Car aucun des chanteurs (Helmut Tellier, Baptiste W. Hamon) et chanteuses invités (Pauline Denize, Mélissa Laveaux, Emily Loizeau, Lonny et Ysé) ne cherche particulièrement à l’imiter. Le résultat surprend et étonne, déstabilise, mais se révèle payant. L’imitation improbable, véritable mission impossible, aurait conduit droit au fiasco. Par ailleurs, reprendre l’intégralité de l’album, y compris les deux titres symphoniques (« A man needs a maid » et « There’s A World » dont les originaux ont été enregistrés en compagnie du London Symphony Orchestra) relève d’une gageure scénique. C’est également un autre point intéressant, celui de découvrir sur scène toutes ces chansons (« Out on the weekend », « Are you ready for the country ? » etc...) le répertoire de cet album ayant rarement jouées sur scène par Young (exception » faite » de « The Needle and the damage done » et de « Heart of Gold »). A ce moment précis il est important de préciser que l’intitulé exact du projet est La Maison Tellier and Friends. Et si le point le plus important résidait dans le « Friends » ? Tant ce concert a été vécu, des deux côtés de la scène, comme une célébration, un partage autour d’un amour commun (tant sur scène que dans la salle) pour la musique de Neil Young. Les nombreux sourires barrant les visages des spectateurs à la sortie, les applaudissements nourris et « Down by the river » repris en cœur (oui le groupe a rajouté quelques « apéritifs » et « digestifs », l’album original étant relativement court) par tout le monde en sont la preuve. C’était beau, c’était émouvant et on a bien fait d’en profiter, de l’aveu même du chanteur Helmut Tellier : « On ne le refera pas de si tôt ». Chapeau bas !
mardi 25 juillet 2023
La Maison Tellier and Friends : « Harvest : Trilogie 72 », Opéra du Grand Avignon, 24 juillet 2023.
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