Enfin, c’est le premier mot qui vient à l’esprit alors que
l’on tient entre nos mains le deuxième album de Pamela Hute. Maintes fois
réenregistré, remixé, repoussé, c’est au terme d’une arlésienne digne de la
grande histoire des chefs d’œuvres en péril du rock que sort
« enfin » ce tant attendu deuxième album, quasiment un an après que
certains extraits en ait été dévoilés sur l’ep « Bandit » du même nom. Dans l’intervalle les bandes sont passées entre les mains de John Agnello,
fameux ingénieur du son au CV long comme le bras (Sonic Youth, Dinosaur Jr
etc…). Une pointure. Et un choix plutôt judicieux tant ce dernier a su apporter
une nouvelle dynamique aux compositions que l’on découvre sous un jour nouveau.
Toujours en trio (Igor aux claviers, le métronome Ernest à la batterie) Pamela
continue d’approfondir son univers en balance entre les guitares vintages
qu’elle affectionne tant et les claviers apportant un note plus 80s dans les
arrangements (« Mad Words », « The Radio », « Running
away »). Petit à petit, l’univers de Pamela évolue et cette dernière
délaisse un peu les ambiances atmosphériques du premier disque (encore que « Game plan »…) au profit d’une
approche plus directe, pop et accrocheuse à base de riffs de guitare quasiment
garage (ah « Lovely », « Vectorial Boy »…). Plus clinquante
aussi dans le bon sens du terme. Un bien bel album, ça valait le coup
d’attendre.
jeudi 28 février 2013
mercredi 27 février 2013
Interview avec Zuzoom
Zuzoom (c) Laurent Julliand Contextes |
C'est dans un sympathique bar que nous avons retrouvé les Zuzoom alors en pleine jam acoustique sur le riff de "Whole Lotta Love" de Led Zeppelin. Rencontre...
Comment décririez vous le lien entre vous trois ?
Zuzoom : Fraternel plus que potes qui n’est pas un
terme péjoratif mais trop restreint par rapport à la réalité de nos rapports.
On se connaissait un peu et puis un beau jour on a eu envie de faire du son
ensemble. On a bien trippé, on a rigolé assez vite. On s’est pas mal surpris en
fait dans une espèce de ping pong musical assez énergique. On a trouvé une
alchimie dans une formule assez basique avec des voix, des guitares et du beatbox.
L’idée de fonder un groupe est venue de là. C’était il y a déjà trois, quatre
ans.
Et votre complicité musicale ?
Zuzoom : Elle vient principalement de la voix, le
chant, les harmonies vocales. On aime chanter ensemble. Placer nos voix, c’est
un jeu et un kif à la fois.
Sur « Natural High » il y a des influences soul et
hip hop, la beatbox notamment, très fortes, c’est des styles qui vous
branchent ?
Zuzoom : Exactement. On tourne pas mal autour du
chiffre trois en fait, on est un trio, on a trois influences principales, soul,
hip hop et pop et nos trois ingrédients de base c’est la guitare, le beatbox et
nos trois voix.
L’intro de « Shook up my world » (en version
acoustique) est assez spéciale, il y a tout un travail rythmique sur les voix,
la respiration…
Zuzoom : La version studio est différente. Cette
chanson on la joue avec une guitare, nos bruits de bouches et nos voix. On en
revient à la même chose, le beatbox la percussion de bouche. Ca fait partie de
nos sonorités naturelles. On aime bien ça, les « ah ah », le snap,
les claps, la respiration. Tout ce qui est « son du corps ». On adore
Bobby Mc Ferrin, on aime aussi son interaction avec le public, il est capable
de faire chanter n’importe quelle phrase. C’est la nature vraiment commune de
la musique qu’il est très fort pour révéler.
Et c’est un truc vers lequel vous voulez aller sur
scène ?
Zuzoom : A ouais, carrément. Ca fait partie de la
cuisine de Zuzoom depuis le tout début. Il n’y a pas de stratégie spécifique
pour ça mais c’est une volonté très forte. Balançons et si le public reçoit, il
y a une chance pour qu’il rebalance derrière.
Le chant en anglais, c’était évident pour vous vu votre
style musical ?
Zuzoom : Ecoute, il faut reconnaître que nos artistes
préférés sont anglo saxon. On ne fait pas exprès. Pourtant on adore les grands
de la chanson française, Brel, Gainsbourg… Mais ça demande une vision d’auteur
qui n’est peut-être pas notre truc non plus. Pas au sein de Zuzoom en tout cas.
Pour d’autres projets, ailleurs peut-être. Notre manière de chanter ensemble au
sein de Zuzoom, instinctivement c’est en anglais.
En ce moment, on dit souvent que les jeunes groupes français
se servent du support disque pour remplir les salles de concert. Qu’en
pensez-vous ?
Zuzoom : C’est un fait, les albums ne se vendent plus
et sont réduits à un rôle de carte de visite. Maintenant nous, notre album on
l’envisage comme tel pas comme une carte de visite. Nous, de l’écriture à
l’enregistrement on a envie que notre album soit aussi réussi que ceux qu’on a
aimé écouter plus jeunes. On a une culture à l’ancienne. On veut que notre
disque puisse être réécouté deux ans, trois ans après sa sortie. Pas comme une
carte de visite que tu vas laisser traîner dans un tiroir. Ce n’est pas notre
conception même si c’est une réalité. On a hâte de finir notre album, de le
diffuser et de faire parler de nous pour avoir plus de visibilité sur le
projet. On espère pouvoir décrocher des concerts, accrocher des programmateurs
qui ne nous connaissent pas encore…
En même temps c’est dommage, par ce que le disque finalement
c’est ce qui reste…
Zuzoom : Il y a des grands souvenirs de live qui
demeurent. De grands moments qui n’existent que par le live. Jimi Hendrix en
train de brûler sa guitare par exemple. Cet instant est aussi important que la
musique qu’il a enregistré en studio même si cela se rapporte à de l’image. Ca
participe à la diffusion de la vibration. Mais en aucun cas on a envie de
bâcler notre album en pensant uniquement à décrocher des live. Notre album va
être fait avec beaucoup d’amour. Ca sera une pensée complète de A à Z. On le
pense, on le porte comme un objet à part entière. Il faut qu’il y ait ce
ressenti instinctif comme quand on écoute quelque chose d’organique.
Est-ce qu’il y a un petit côté vintage chez vous ?
Zuzoom : Sûrement mais il y a tellement de tout dans
« vintage », le terme n’est plus assez spécifique. Zuzoom est un
carrefour d’influences de toute façon, on a tous nos groupes préférés, nos
parcours de musiciens. Ce mélange des genres fait aussi partie du projet. On
n’est pas dans le revival mais clairement on aime aussi les vieux sons.
Comment s’est passé l’enregistrement de l’ep avec Doctor
L ?
Zuzoom : Il a bossé avec Assassin, Les Négresses
Vertes, Tony Allen. Il a un profil afrobeat. Il a apporté de la rondeur et la
chaleur. On aime ses projets, c’est du son de haute couture. Mis à part
« Who you are », un titre avec Fink qu’on a crée tous ensemble, on
avait pré-produit nous-mêmes nos titres avec nos idées d’arrangements et on a
suivi cette ligne.
La sortie du disque vous la sentez comment ?
Zuzoom : On est content d’y être arrivé mais ce n’est
que le début pas une fin en soi.
Propos recueillis le 26 novembre 2012.
www.facebook.com/zuzoomofficiel
lundi 25 février 2013
Biffy Clyro : « Opposites »
Bien décidé à s’inviter durablement à la table des grands
groupes (en termes de ventes) de ce monde, en compagnie des Muse, Coldplay, U2
et consorts, le trio écossais Biffy Clyro s’est lancé à corps perdu dans
l’aventure du double album. Et l’affaire part bien mal… Le premier titre
« Different People » commence par une horripilante nappe de synthé
cheap, cela sonne FM dans tout ce qu’elle a de plus mièvre. Mais que se
passe-t-il ? La bonne nouvelle c’est que le trio retrouve rapidement des
couleurs passé cette désastreuse entame. Maintenant que penser de ces vingt
titres ? Enregistré sous le soleil californien, l’album bénéficie du
savoir faire à l’américaine, le son est énorme, la production soignée et
rutilante. Le groupe a par ailleurs convoqué quelques connaissances pour lui
prêter main forte, le compositeur de musique de film David Campbell a mis sa
science de l’arrangement au service du groupe alors que Ben Bridwell (Band of
horses) est passé faire coucou et en a profiter pour enregistrer deux titres.
Il ne faut pas se tromper sur les intentions du groupe, bien que traversé par
des éclairs gentiment métal (« Black Chandelier ») punk (« A
girl and his cat ») ou légèrement math rock (« The Joke’s on
us », « The fog ») la musique de Biffy Clyro est
fondamentalement pop et surtout fédératrice. Les deux disques sont remplis de
tubes potentiels qui ne demandent qu’à être repris en chœur et à tue-tête dans
les stades. Le deuxième disque les voit s’ouvrir à des sonorités plus exotiques :
« Stingin’belle » renoue avec leurs racines celtes, cornemuses à
l’appui et « Spanish Radio » joue la carte latine. Et même si
l’ensemble sonne un peu convenu, l’affaire est rondement menée et cela suffit
pour remporter l’adhésion. Le succès, mérité, devrait être au rendez-vous…
dimanche 24 février 2013
Tortoise, Festival sons d’hiver, Maison des arts et de la culture, Créteil, 24 février 2013.
Mélangeant les influences, électro, free jazz ou bien encore
la musique de film, les chicagoans de Tortoise jetaient, au milieu des années
1990, les bases de ce que l’on appelle aujourd’hui, au gré des modes, le post
rock ou le math rock. Et il faut bien comprendre que dans ces dénominations ce
sont bien les termes de « post » ou de « math » qui sont
les plus importants… Il en résulte une musique complexe, intellectuelle dont le
format (10, 20 minutes par titre) déborde très largement de ce qui passe
habituellement en radio. Cela peut-être selon les cas passionnant (l’album
« TNT » de 1998 est une petite merveille) ou disons le franchement un
peu rasoir. La remarque vaut également pour les compositions tantôt mélodiques,
tantôt partant dans tous les sens possibles. Tortoise donc est ce soir sur la
scène de la maison des arts et de la culture dans le cadre du festival sons
d’hiver. Le concert est présenté sous l’égide d’une toute nouvelle association
transatlantique, The Bridge, visant à favoriser les échanges entre musiciens
français et étasuniens. La formation est donc complétée ce soir par des
musiciens français invités, soit une petite dizaine de personnes installées sur
scène dans une disposition rectangulaire : cuivres, deux batteries, autant
de guitares, basse, piano et manipulations sonores diverses sont au programme
de cette création totalement originale. Dernière précision avant d’entrer dans
le vif du sujet, Tortoise, mené par le sorcier du son John McEntire, est un
groupe exclusivement instrumental. Les débats commencent dans la confusion,
chacun donnant l’impression de ferrailler dans son coin sans grande cohérence
puis, après quelques minutes de maelström, le miracle survint et d’un coût
l’ensemble prend toute sa logique. La musique est très fouillée et le moindre
petit feulement de guitare à son importance. Le groupe part en général d’un
gimmick de basse ou de guitare efficace puis extrapole ensuite autour pendant
de longues minutes chacun y allant de son petit solo. Ruptures brutales,
changements d’ambiances, de rythmes, instruments devenant d’un coup muet pour
laisser plus d’espace aux autres… Les possibilités sont multiples et infinies.
On passe ainsi du jazz à l’électro dans une sorte de déconstruction étudiée
pour mieux reconstruire ensuite. Parfois déroutant et imprévisible, le résultat
n’en est pas moins poignant. Et pourquoi me direz-vous ? Parce que c’est
le jazz reste la clef ouvrant toutes les portes…
samedi 23 février 2013
Rainbow Shadow + David Murray + James Blood Ulmer, Maisons des Arts, Créteil, Festival Sons d’hiver, 23 février 2013.
Jef Lee Johnson |
La soirée commence par une note très émouvante lorsque le
speaker apprend au public, médusé, la nouvelle de la disparition, aussi inattendue
que soudaine, survenue le 28 janvier dernier, de Jef Lee Johnson qui devait
assurer ce soir la première partie. Et dire qu’un peu partout en ville, son nom
orne les affiches du festival… Bluesman d’avant-garde, piochant aussi bien dans
le rock que dans le free-jazz, le guitariste virtuose et chanteur laisse une
discographie forte d’une quinzaine d’albums. Sessionman accompli on avait
également pu l’entendre au côté d’Erykah Badu notamment. On avait fait sa
connaissance lors de l’édition 2004, sur cette même scène de la maison des
arts, du festival sons d’hiver dont il était l’un des habitués. Il était âgé de
53 ans et c’est une lourde perte. Un peu esseulé les deux membres restant de
son trio ont décidé de recruter un nouveau chanteur/guitariste (mais pour
combien de temps ?) et d’assurer le concert du soir sous le nom de Rainbow
Shadow (rainbow étant le surnom de Jef Lee Johnson). Pendant une petite heure
le trio ainsi reconstitué a revisité le répertoire du regretté guitariste de
Philadelphie, non pas à la note près mais en « emmenant la musique dans
une nouvelle dimension par ce que c’est ce que Jef aurait voulu ». Une
prestation extrêmement émouvante et à cet égard l’étreinte du bassiste et du
batteur le set une fois fini est bien plus forte que tous les discours
possibles…
Changement d’ambiance ensuite avec une création originale
dont le festival à le secret, la rencontre entre un big band de jazz swing (17
musiciens sur scène dont 11 cuivres) mené par David Murray et le bluesman old
school James Blood Ulmer. Du jazz swing au blues ce sont deux facettes de la
grande musique Noire Américaine qui se rencontrent ce soir. Au-delà de l’aspect
cocasse, il est assez inhabituel d’assister à un concert de blues avec chef
d’orchestre, surtout quand ce dernier ce met en tête de diriger le guitariste
en plein solo, la création est absolument sublime. Cuivres puissants, orgue
hammond B3, une formidable section rythmique d’une rare efficacité et enfin la
voix et la guitare wha wha de ce vieux barde d’Ulmer. Que demander de
plus ? C’est un grand et beau
moment de musique auquel nous avons assisté.
vendredi 22 février 2013
John Wheeler : « Un-American Gothic »
Connu, enfin un peu, pour être le leader des Hayseed Dixie’s,
l’Américain John Wheeler sort son premier album solo. Solo c’est bien le mot
puisque Wheeler joue de tous les instruments sur la majorité des titres,
chapeau bas donc pour les qualités de musicien déployées ici. Intitulé « Un-American
Gothic » cet effort porte bien mal son nom, car son écoute s’apparente à
un long road trip à travers les Etats-Unis. Impression encore renforcée par les
photos ornant le livret, présentant des bâtisses et des paysages typiquement
étasuniens. Côté musique, le disque est majoritairement acoustique et mélange
folk et country, sa voix rappelle un peu Elvis Costello. Guitares acoustiques,
violon, c’est un véritable bonheur. Mais là ou Wheeler impressionne vraiment, c’est
au niveau rythmique, excellent batteur et contrebassiste (là encore c’est du
sucre pour vos oreilles), cet homme est une section rythmique à lui seul et
swingue sans interruption du début à la fin du disque (« Deeper in debt »,
magnifique). A noter deux reprises (son groupe était également connu pour cet
exercice particulier) choisies avec soin : « Eton Rifles » (The
Jam) et « Masters of war » (Bob Dylan), c’est de plus un homme de goût.
Enfin, pour la note bizarre écoutez « Küss Mich Noch Einmal »,
étrange titre chanté à moitié en anglais et à moitié en allemand. Un très bel
album et peut-être bien un premier coup de cœur pour 2013…
mercredi 20 février 2013
The Drew Davies Rhythm Combo : « You make me shake »
Musicien d’origine britannique installé en France, Drew
Davies a le mérite premier de remettre le saxophone à l’ordre du jour, dans un
contexte blues s’entends. Accompagné de son groupe le Rhythm Combo, entièrement
composé de musiciens français, Drew vient de sortir une petite merveille
d’album. Baignant dans un univers délicieusement rétro, tendance années 1950
(on pense parfois à son compatriote James Hunter), Drew Davies multiplie les ambiances allant du
jazz (« Take my hand ») au rock n’roll (« You make me
shake ») ou piano boogie (« Loosin my mind »). Mais bien entendu
c’est la note bleue (tendance jump blues) qui est à l’ordre du jour et compose
la majorité du disque. Rhythm Combo, tout est dit dans le nom du groupe, DRRC
est avant tout une affaire de rythme, de swing : précis, élégant et
raffiné. En un mot : excellent.
lundi 18 février 2013
Tennisoap : « Our minds hide ghosts »
Tennisoap, le retour ! Après une longue période de
gestation, le deuxième album du quatuor Bisontin est arrivé. La chose débute
par une intro pour le moins inattendue dans un style country/folk aussi
plaisant qu’inhabituel chez eux, comme une volonté d’élargir le spectre des
influences. Les choses sérieuses débutent ensuite avec le sensationnel
« Heavy Stuff », à mon sens la grande réussite de l’album voire même
le chef d’œuvre du groupe. L’intro dudit morceau a particulièrement été
soignée, les guitares montent crescendo en puissance avant une attaque en
règle, c’est de la belle œuvre, totalement addictif dès la première écoute. Le
reste de l’album peut paraître plus commun en comparaison de cette magnifique
entrée en matière. Il n’en est rien. Si le groupe reste fidèle à ses influences
rock/noise typée 1990 (entre Sonic Youth et les Pixies, on peut également noter une touche blues à White Stripes/Black Keys sur "Hurricane"), l’album marque une
montée en puissance du groupe. Tennisoap a soigné ses effets ; le son et les
textures gagnent en épaisseur. Les compositions sont plus fouillées, de
nombreux intermèdes mélodiques sont là pour adoucir le propos. Le niveau
général fait ainsi un bond de plusieurs crans. La remarque vaut également pour
le chanteur Simon Nicolas qui chante dans des registres de plus en plus variés
(la très étonnante « In the morning »). Qu’on se le dise, ils sont de
retour.
dimanche 17 février 2013
The Prestige : « Black Mouths »
The Prestige. Derrière ce patronyme se cache un quatuor
parisien dont le premier album, Black Mouths, est sorti il y a un peu moins d’un
an. Le Prestige a la « bouche noire » c'est-à-dire qu’il a enregistré
son album en totale réaction aux modes musicales ambiantes. Plutôt que
d’investir dans des logiciels et autres gadgets, The Prestige s’est retranché
dans une vieille chapelle normande, a branché ses amplis et s’est jeté la tête
la première dans le grand bain du rock sans se poser plus de questions que
cela. Le groupe en est ressorti deux semaines plus tard avec un album
absolument effarant. Mélangeant les influences, The Prestige a gardé du punk
une attaque brute et viscérale et du métal la lourdeur et les voix gutturales.
Le tout est parsemé d’inspirations 1970s (la psychédélique « Pluie »)
et de quelques claviers vintage (Mellotron) ou baroques (orgues, piano désaccordé)
afin d’adoucir (un peu) le tout. Malgré l’adrénaline ambiante (les trois
premiers titres du disques sont sous très haute tension) qui ne baisse jamais
vraiment et l’impression de chaos qui en découle, une écoute attentive relève
de nombreuses finesses comme autant de manière de faire du bruit. Le disque
fonctionne suivant une dynamique très particulière faite de montées et de
descentes, de calmes et de tempêtes le tout servi sur une base rythmique assez
complexe. Un très bel album qui a le mérite de remettre l’humain au centre du
débat. Question de prestige…
samedi 16 février 2013
Séquence 8 au Casino de Paris
La compagnie Québécoise les sept doigts de la main, que l'on avait découvert avec le spectacle Traces, sera de retour au Casino de Paris du 26 février au 16 mars avec une toute nouvelle production intitulée Séquence 8.
Simon Autain
Si il est des disques coup de cœur, alors le premier EP de Simon Autain, appartient définitivement à cette catégorie. Cinq titres inauguraux qui laisse présager un avenir des plus prometteur. En bon fan de pop, tendance classieuse, qu’il est Simon a su adapter les canons anglo-saxons à un contexte français (et francophone) pour en arriver à cet hybride entre chanson française et pop. « Pardon » et son piano mélancolique, et une excellente ligne de basse soit dit en passant, n’est pas sans évoquer John Lennon. « De l’autre côté » lorgne plutôt du côté des Beach Boys. Et ce n’est pas tout, loin de se contenter d’un standard binaire, Simon va même jusqu’au jazz le temps d’un « Jamais toujours » assez swing. Côté textes le même « Jamais toujours », signé de la plume de B Paulin, brille de mille jeux de mots et de doubles sens à la manière d’un Serge G. Entre ombre et lumière, joie et mélancolie, Simon Autain dessine ici les premières esquisses d’un univers artistique, certes encore en développement, mais déjà empreint d’une classe folle. Espérons que son premier album prolonge la magie…
En concert le 20 février au Sentier des Halles (19h45)
En concert le 20 février au Sentier des Halles (19h45)
vendredi 15 février 2013
I love my neighbours : « Should we write a single ? »
Retour en fanfare pour cet ancien trio, devenu quatuor, que
l’on avait découvert sur la scène de l’international et en interview. Donc,
« Shall we write a single ? » est le nouvel EP du groupe et se
compose de cinq titres inspirés par le rock tendance noisy des années 1990
entre pop et punk. Un peu dangereux d’ailleurs cet EP, le genre de truc qui
t’explose aux oreilles dès la première titre, « All mine » qui écrase
tout sur son passage dans un déluge multiple (décibels, guitares, tout en fait)
et rock n’roll. De la belle œuvre. A l’opposé, « Roundabout » prône
une approche pop, sensible et délicate, jolie mélodie et pattern solide de la
batterie, avant que le tout se termine dans un fracassant bordel final. Bien
produit, l’EP regorge de détails, les batteries, guitares et autres basses ont
été traitées avec beaucoup de soin, le son est énorme. Dotés d’un esprit
aventureux, la bande des quatre n’a pas peur de prendre des risques au niveau
du songwriting, les nouvelles compositions regorgent de couloirs labyrinthiques
et autres tiroirs qui prennent la forme d’alternance entre tensions et détente,
ralentissements et explosions rythmiques et autres breaks assez surprenant.
L’EP est d’une grande richesse dans la mesure où les chansons révèlent leurs
trésors au fil des écoutes et il est parfois un peu dur de tout capter du
premier coup. Should we write a single ? Ca fait longtemps que tous leurs
titres sont des singles potentiels…
https://www.facebook.com/ilovemyneighbours
mercredi 13 février 2013
Les Nuits de l’Alligator, Houndmouth + Skins + The Computers + The Heavy, Le Bataclan, 11 février 2013.
Attachant festival, Les nuits de l’alligator réunissent
chaque année, à la maroquinerie ou au bataclan, des groupes émergents dans des
styles musicaux plutôt roots allant de la country au rockabilly en passant par
la soul ou le garage. L’affiche de cette année fera une fois de plus honneur a
ce festival et multipliera les coups de cœurs. On commence par un groupe venu
de l’Indiana, qui sort pour la première fois de son pays natal, Houndmouth qui
mélange assez habilement blues, country et une approche rock indépendant. Le
quatuor (basse, batterie, clavier, guitare) s’en tire avec les honneurs,
excellente section rythmique et harmonies vocales (la fille aux claviers à une
très belle voix) font fondre le public. Une très belle première partie même si
leur présence paraît un peu décalée au regard de ce qui va suivre. On continue
ensuite avec une tornade comme on en voit rarement prendre la scène d’assaut,
le quintet Skins, un groupe garage/punk mené par une chanteuse soul à la
superbe voix typiquement black. La formule n’est pas sans rappeler nos Bellrays
adorés mais dans une incarnation encore plus radicale ayant intégré le hip hop
et la fusion rap/métal. Ca décoiffe. Dans le genre décoiffage le groupe
suivant, The Computers, a également de forts arguments à faire valoir.
Mélangeant le punk et le rockabilly, le groupe a indéniablement du charisme, un
savoir faire pour emballer le public : inconnus avant la soirée, la
majorité de la salle sera fan à la fin de leur set. Dans leurs costumes
coordonnés bordeaux, chemises blanches et cravates ficelles noires, ils sont
également le groupe le plus classe de la soirée. Ca joue sévèrement, c’est
juste dommage pour eux que Jim Jones Revue occupe déjà le terrain avec une
formule rigoureusement identique : grosses guitares, piano, même le
chanteur retrouve les intonations de Jim Jones. A suivre malgré tout. On
termine enfin avec la tête d’affiche, les anglais de The Heavy, groupe
actuellement en pleine bourre, remplissant des salles de plus en plus grandes
dans la foulée de leur excellent troisième album « The glorious
dead » sorti à la rentrée dernière. L’album le laissait supposer, la scène
le confirme, The Heavy s’éloigne peu à peu du (hard) rock (point de « In
the morning ») au profit d’un son de plus en plus soul (l’album a été
enregistré en compagnie des musiciens de daptone). Le quatuor, désormais
accompagné sur scène par deux saxophones et un clavier vintage, n’a joué que
les titres des deux derniers albums. Plus nuancé, peut-être un peu moins brut
mais toujours aussi groove et sexy, The Heavy est excellent (une habitude avec
eux). La soirée se termine avec le tube imparable « How do you like me
now ? » et le Bataclan chavire.
dimanche 10 février 2013
Jesus Christ Fashion Barbe + Eugene McGuinness, La Maroquinerie, 9 février 2013.
Eugene McGuinness (c) Dean Rogers |
Un petit mot pour commencer sur le trio français au nom
impossible, Jesus Christ Fashion Barbe qui a assuré, avec brio, la première
partie. D’obédience pop rock, le trio à la formule pour le moins classique,
guitare basse et batterie, à l’originalité d’inverser les rôles, la guitare
(très belle collection de demi-caisse) semble dévolue aux parties rythmiques
alors que la basse (magnifique Rickenbacker) assure les soli. Le groupe est
bien aidé dans sa cause par un bassiste virtuose et inspiré et un batteur
véloce assurant une assise rythmique des plus solides. Des claviers et aux
autres boucles samplées enluminent le tout. La formule est visiblement bien
rodée et cette première partie et se trouve être très agréable. Le public
approuve et le groupe est gratifié d’un « pour des frenchies c’est pas
mal » venu des premiers rangs.
Vint ensuite sur scène la star montante de la pop anglaise,
Eugene McGuinness pour qui la sauce commence vraiment à prendre, du moins dans
notre hexagone, la Maroquinerie est ce soir archi complète. On s’interroge
parfois sur la direction artistique que souhaite prendre Eugene McGuinness tant
son dernier album, l’excellent « The invitation to the voyage », aborde,
avec classe toujours, des styles variés. Eugene fait tout et son contraire, de
la surf music (« Lion ») à l’électro (« Videogame ») en
passant par la new wave (« Japanese cars ») et nous laisse parfois un
peu dubitatif. Il paraît évident que cet agrégat prend tout son sens une fois
sur scène grâce à sa voix. Eugene est un chanteur né, belle voix, superbe
interprète à l’aise dans tout les styles et crédible même en crooner (le
magnifique slow « I know those old black and white movies were true »
extrait de son premier album). Entouré par un groupe soudé, solide et efficace
(on reconnaît son frère cadet Dominic McGuinness aux claviers) Eugene se révèle
être un showman hors pair. Charismatique, tiré à quatre épingles, Eugene charme
le public et tape dans les mains des spectateurs massés au premier rang, un peu
à l’image du chic type qu’il est aussi dans la vie. Plusieurs nouvelles
compositions furent jouées en cette soirée, une sorte de rodage avant un nouvel
album, laissant supposer une nouvelle orientation plus organique avec deux
guitares. Une très belle soirée est dès lors la conclusion qui s’impose.
mercredi 6 février 2013
Jur : « A boca Llena »
Né de l’alliance entre une chanteuse espagnole (Jur Domingo,
originaire de Barcelone) et de musiciens français, le groupe Jur a déjà deux
albums à son actif : « Juste ici » (2009) et
« Ladrona » (2010). « A
boca Llena » est le nouvel EP de ce groupe qui a un pied de chaque côté de
Pyrénées. Et c’est bien ce que l’on entend sur ce nouveau disque, incarné par
le chant tantôt en français, tantôt en espagnol ou en catalan. La voix est,
sans faire offense aux autres membres du groupe, la pièce maîtresse de Jur (le
groupe) tellement la personnalité de la chanteuse est forte, sa voix est
profonde, grave et avouons-le, terriblement sexy. Jur excelle dans ces
ambiances en demi-teinte entre chien et loup. Et pour le coup Jur (la
chanteuse) est servie à point par les musiciens qui lui déroulent un tapis
intimiste entre jazz (« A boca llena ») ou blues cabossé (« Il
est revenu »). L’ambiance est majoritairement acoustique, tranquille au
coin de la cheminée. Un très bel EP.
En concert au centquatre (Paris) le 14 février 2013.
lundi 4 février 2013
Nosoy
Etrange mélange entre slam et sonorité pratiqué par ce
nouveau quatuor français. Sur ces quatre titres Nosoy évite habilement l’écueil
habituel du slam, à savoir un accompagnement musical minime visant à mettre en
valeur le texte. Point d’ascèse musicale ici, Nosoy soigne autant ses mots que
ses musiques, assez variées au demeurant entre sonorités latines
(« Listo ») ou garage rock light (« Madre y papito » ;
« Pression »). Frais, sympa et ensoleillé.
dimanche 3 février 2013
Dropkick Murphys, Le Zénith, 2 février 2013.
Un Zénith quasiment rempli, Les Dropkick Murphys sont très
clairement passés à la vitesse supérieure (en termes de popularité) en ce
samedi soir. Vraiment impressionnant pour un groupe snobé par les grands médias,
que l’on entends ni ne voit nulle part, dont aucun des sept membres n’est une
super star mais qui y est arrivé par la seule force du poignet et grâce au
bouche à oreille. Et qui de plus débarque sur la foi d’un excellent nouvel
album « Signed and sealed in Blood ». La foule du samedi soir réunie
pour la fête celtique, bigarrée, riche en tatouages et même quelques kilts qui
se baladent ici et là. Le public typique des Dropkick Murphys et de leur
univers très masculin : Guinness, whisky, sports US ("Jimmy Collins's wake") et tatouages à l’image
du poing dressé par le chanteur Al Barr en signe de remerciement et de
satisfaction devant la grosse ambiance de la soirée. Pas de doute
possible : The boys are back ! A l’instar des grands artistes, le
talent des Dropkick est protéiforme aussi à l’aise avec les grosses guitares
punk que dans la mélodie acoustique. C’est l’aspect le plus intéressant du
groupe, quand les banjos, mandolines, cornemuses et accordéon sont de sortie
(« Rose tattoo », « Prisoner’s song »). La soirée s’est
terminée par un envahissement de la scène par le public alors que le groupe est
en pleine reprise d’AC/DC (« Dirty deeds»). Une belle soirée en compagnie
d’un grand groupe.
vendredi 1 février 2013
The Dedicated Nothing
Originaire de Biarritz, The Dedicated Nothing pratique un
certain décalage entre son identité visuelle imprégnée de culture surf (spot
basque oblige) et ses influences musicales nettement plus marquées par la new
wave à guitare. En effet, sur cet EP de quatre titres, de Television à
Interpol, The Dedicated Nothing revisite trente années post punk anglo-saxon. La proximité avec Interpol est parfois
flagrante (« Here we are » ; « Ain’t got words ») et
empêche d’adhérer totalement au projet et ce en dépit d’évidentes qualités
musicales. A titre d'exemple, « Love me girls » offre un contrepoint intéressant enlevé
et poppy riche en guitares abrasives. Des débuts plus qu’honnêtes cependant, malgré des moyens de production un peu limités, qui fait que l'ensemble sonne comme une démo.
Souhaitons leur de s’affranchir de leurs, incombrantes, influences afin de développer un style personnel.