Talentueuse et décidée, Fiona Monbet a pris d'assaut la scène de la Cigale, entourée de son grand orchestre, devant une audience conquise qui lui a réservé un accueil de rock star, plutôt inhabituel, contrastant avec l'ambiance d'ordinaire feutrée d'un concert mi-classique / mi-jazz. La soirée montre toute l'étendue du talent de l'artiste aussi à l'aise à la direction de l'orchestre que son violon fétiche en main. La soirée commence par une pièce formidable évoquant la bande son d'un vieux film muet hollywoodien, différents mouvements entre musique classique (un grand orchestre l'accompagne sur scène, cuivres et vents) et jazz. A la direction, Fiona se révèle totalement habitée par la fonction, accompagnant de pas de danse ses mouvements de mains. Ainsi, la soirée met en exergue, au travers de cette création originale, ses deux carrières parallèles dans le classique et le jazz. Les compositions naviguant d'un style à l'autre, entre le swing de son quintet jazz (guitare, claviers, basse et batterie) et la majesté du grand orchestre. Les pièces prennent ainsi des directions inattendues l'orchestre appuyant avec emphase certains mouvements. Dans ce contexte la batterie apporte un véritable plus, tant l'instrument est rare dans l'orchestration classique, un supplément de vie et de swing. Violon en mains, Fiona ajoute une note supplémentaire s'aventurant dans les sonorités celtiques et Irlandaises faisant ainsi honneur à son ascendance. Superbe soirée !
jeudi 31 octobre 2019
dimanche 27 octobre 2019
Fun Fun Funeral : « Everything is ok »
Derrière sa pochette magnifique signée Valentin Lergès, se cache un bien intriguant objet, le premier album du duo franco-britannique composé de Dean Spacer et Clément Sbaffe. A l'image de son patronyme, entre amusement (fun) et deuil (funeral), le duo accouche d'un disque fuyant, aux contours mouvants dont on a du mal à saisir les aspirations. Le disque résulte d'une période de quasi-retraite dans une petite chapelle sise dans la Manche transformée en bulle de créativité débridée, entre moyens limités, lo-fi, et bricolage. Ainsi il est parfois difficile de saisir la direction qui a précédé à la chose (si toutefois il y en a une). Les voix hauts-perchées et la guitare folk, triturée autant que faire se peut et même au-delà, constituent l'épine dorsale. C'est autour que les choses se compliquent. Boîtes à rythmes, synthés, instruments jouets et autres objets détournés de leur usage premier constituent l'instrumentarium utilisé par les deux compères. Guidés par la volonté de sortir des sentiers battus, le duo triture à l'envie ses compositions entre folk lo-fi et pop. On ne compte plus les changements de direction au sein du même morceau, les virages et autres embardées. A l'autre bout du spectre l'auditeur, pour le moins étourdi, ne sait plus trop à quel saint se vouer. On salut ainsi la créativité du duo et l'effort d'inventivité. Mais pris tel que, sans trop de recul, avouons-le, l'album cristallise la frustration d'un univers dans lequel il est difficile de pénétrer.
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samedi 26 octobre 2019
Dirty Sound Magnet : « Transgenic »
Par opposition aux couleurs chatoyantes qui orne sa pochette, le trio suisse donne de nouvelles couleurs, plutôt sombres pour le coup, à la scène psychédélique se référant autant au passé qu'il cherche à se démarquer des années 1960. Il en résulte un album aux préoccupations très actuelles (« Hashtag Love », le diptyque « Social media boy » / « Social media girl », « Transgenic ») à l'avenant de leur proposition musicale qui retient du passé l'esprit aventureux plutôt que la fidélité absolue à l'idiome fantasmé. Pour autant point de virage électro à l'horizon (No synth used on this record affirme fièrement le livret) mais un bricolage malin et ingénieux, œuvre d'un trio de freaks/geeks qui aurait mis la main sur le stock de pédales d'effets du voisin. A la fois classique dans le fonds (on y entends guère que de la guitare, de la basse et de la batterie) mais totalement original dans la forme le trio entraîne l'auditeur sur des sentiers escarpés, de la distorsion à tous les étages, dont on ressort étourdis par l'audace formelle du trio, son sens de l'écriture mais aussi cet art de vitrioler ses compositions à grandes lampées de sons sortis d'on ne sait où, signant l'œuvre d'un trio de cerveaux vrillés. Un vent nouveau souffle sur la scène psychédélique, celui du 21ème siècle. A noter pour finir le sublime artwork, signé du batteur Maxime Cosandey, ajoute au plaisir d'écoute.
https://www.facebook.com/dirtysoundmagnet
https://twitter.com/DSMBand
vendredi 25 octobre 2019
Iguana Death Cult : « Nude Casino »
Lors du long cheminement qui mène à la formation d'un groupe de rock'n'roll, la question patronymique se pose forcément à un moment ou à un autre. Note à tous les jeunes groupes en gestation : n'importe quel nom contenant les termes « death » ou « cult », fort de précédents célèbres est cool, si on y ajoute, en sus, une référence à l'Iguane (Iggy Pop, la rock star ultime) alors la chose devient férocement cool. Ainsi, de fil en aiguille, lorsque le disque arrive dans la boîte aux lettres du chroniqueur, avant même d'avoir entendu la moindre note, la curiosité est attisée. Et la chose se confirme bien rapidement alors que les premières notes s'échappent des enceintes. Venu des Pays-Bas, Iguana Death Cult remporte l'adhésion, avec ce deuxième album, grâce à une juxtaposition d'éléments constitutifs du rock'n'roll. Ainsi la chose commence avec un riff de guitare twang entre garage psychédélique et surf (« Nude Casino »), classique et efficace, dans une irrésistible veine sixties automatiquement addictive. A ce premier niveau s'ajoute la voix, les paroles scandées, dans un esprit plus punk, assez incongru dans le contexte mais le mariage des styles fonctionne de manière assez harmonieuse. Quelques pistes plus loin (« Carnal Beat Machine ») le disque prend une autre tournure, ligne de basse sèche et énorme, d'obédience cold, et quelques claviers épars plus eighties (« Half Frysian ») ; nous voilà bien loin de l'ambiance sixties qui ouvrait l'album à peine quelques minutes plus tôt. Que s'est-il passé entre temps ? Aucune idée mais l'auditeur est transporté par l'énergie qui, elle, reste identique quel que soit l'emballage mélodique (« Tuesday Lament »). Seule explication possible, le disque est une formidable machine à remonter le temps, une spirale infernale dont on ressort exsangue avec, pour idée fixe, de recommencer l'écoute depuis le début. Excellent !
https://fr-fr.facebook.com/iguanadeathcult/
https://iguanadeathcult.bandcamp.com/
jeudi 24 octobre 2019
Theo Lawrence : « Sauce Piquante »
Ce nouvel album de l'ex-leader des Velvet Veins marque une évolution sensible de sa musique. Séparé (temporairement?) de son groupe The Hearts, Theo retourne en cuisine nous mitonner une savoureuse « Sauce Piquante ». Une décoction goûteuse dont on tente de retrouver la recette suivant une piste qui nous mène immanquablement au sud des Etats-Unis, territoire fantasmé de l'artiste, où le disque a en partie été enregistré (à Valdosta, dans le sud de la Géorgie). D'où ce délicieux goût à l'oreille où se mélangent harmonieusement arpèges folk (« Judy doesn't live there anymore »), country (« Come on back to my love »), cajun (« Petit Cœur ») et tex-mex (« In the back of my mind »), le tout formant un tout nouveau terreau où peut s'exprimer à plein le goût du musicien pour la ballade (« Evangeline »), un genre qui sied si bien à sa voix idoine de crooner. Moins soul dans sa forme mais toujours aussi soulful, la musique de Theo déborde de ce charme, non pas vintage mais intemporel, tout au long de ce somptueux album finalement plus doux-amer que piquant. Une superbe réussite !
https://fr-fr.facebook.com/theolawrencemusic/mardi 22 octobre 2019
Fiona Monbet : « Contrebande »
Violoniste de formation classique, également chef d'orchestre, Fiona Monbet s'est entouré d'une formation plutôt typée jazz (contrebasse, guitare et accordéon) pour l'enregistrement de cet album, son deuxième. Le jazz, un genre musical qu'elle visite en contrebandière. Car, en dépit des quelques accents manouche, violon oblige, celtiques, voire latins -cf. l'accordéon qui nous rapproche du tango- qui parsèment ça et là le disque, c'est bien à la naissance d'un idiome, quasi-inédit, à laquelle nous assistons ébahis, l'apparition d'une nouvelle grammaire dont le présent album serait le faire-part, à mi-chemin du classique et du jazz. D'autant plus qu'à l'exception de deux reprises, la totalité du répertoire est signé de la main des musiciens jouant sur le disque. Il ne nous reste plus dès lors qu'à nous caler confortablement dans un fauteuil moelleux à souhait pour profiter de la virtuosité des musiciens, de leur geste précis et classieux, et, au-delà, de la variété de climats que la formation, serrée, réussit à installer faisant par là-même pénétrer l'auditeur dans l'intimité de la création. Et l'écoute se révèle particulièrement relaxante.
En concert le 30/10 à Paris (La Cigale) https://www.fionamonbet.com/lundi 21 octobre 2019
Maya Kamaty : « Pandiyé »
Ce deuxième album de la chanteuse réunionnaise sort après une longue période de silence, cinq ans, mise à profit pour revoir en profondeur sa démarche musicale. Car, au-delà de la sortie de seul disque, Maya tente de bâtir véritablement une œuvre et semble décidée à assumer jusqu'au bout la prise de risque intégrant de nombreuses sonorités électroniques, plutôt occidentales, à l'acoustique chatoyante du maloya, une sorte de blues réunionnais, qui faisait le charme du premier album. Le risque étant grand de se perdre en route dans le dédale électronique. Et pourtant l'identité du groupe en ressort encore renforcée, car si l'enveloppe change, les musiciens sont restés les mêmes et ont fait évoluer leur pratique en même temps que la musique du groupe. Plus électronique, certes, le fond de la démarche est resté le même, préserver la culture maloya pour éviter à cette dernière de tomber dans l'oubli, ainsi, la musique laisse beaucoup d'espace à de nombreux instruments traditionnels acoustique, dont certains n'avaient jamais été utilisés jusqu'alors par la chanteuse. Gumbass, takamba (qui rappelle le n'goni africain soulignant au passage la proximité entre Afrique et créolité), tambours, kayamb et autres roulèrs. Loin de dénaturer le maloya, ce délicat mélange entre électronique et acoustique, renforce l'âme, lui conférant un supplément d'ambiance, de ce bel album « pandiyé » (suspendu).
En concert à Paris (Pan Piper) le 17/11 (17h30)
https://www.facebook.com/MayaKamaty/dimanche 20 octobre 2019
The Grasslers : « Bluegrass Time Machine »
Figuré sur le cédé par un magnifique mécanisme horloger, d'esthétique steampunk, cet album des Grasslers est, en soi, un machine à voyager dans le temps. Mais la musique est-elle le meilleur, sinon le seul, moyen de voyager dans le temps ? On n'a pas fini de se poser la question à l'écoute des 13 reprises qui composent le disque. Chipées chez quelques grands noms - Bruce Springsteen («Dancing in the dark »), Nirvana (« Smells like teen spirit »), les Beatles (« Norwegian Wood »), The Clash (« Should I stay ») ou Sting (« Every breath you take ») - les chansons sont réinterprétées suivant le style bluegrass, la country des collines, joué uniquement sur des instruments à cordes (en l'espèce, guitare, violon, contrebasse, banjo, mandoline et, éventuellement, un peu d'harmonica). Une démarche qui n'est pas sans rappeler les Hayseed Dixie, un autre fameux groupe de reprises. Décalées (« Get Lucky » de Daft Punk), rigolotes, ludiques et, toujours, excellentes, les reprises choisies font preuve d'un impeccable bon goût (encore que, Daft Punk…) et permettent à l'auditeur de revisiter son enfance et/ou adolescence à travers cette sélection de tubes qui a marqué bien des générations. A noter enfin, « Personal Jesus » de Depeche Mode, dont Johnny Cash avait, en son temps, déjà livré une version faisant autorité. Prêts pour le voyage dans le temps ?
https://thegrasslers.net/
https://fr-fr.facebook.com/thegrasslers/
samedi 19 octobre 2019
Malted Milk : « Love, tears & guns »
Tout commence par un choc visuel, un artwork coup de poing, dont la violence potentielle (l'arme braquée pleine face) est désamorcée par une tache rouge, figurant l'explosion, en forme de cœur. Le titre de l'album « Love, tears & guns » trouve ainsi une parfaite illustration. Prise dans son ensemble, la pochette rompt les codes classiques de la soul vintage. Une démarche qui se prolonge sur disque, en musique, tant le groupe a élevé son niveau de jeu, déjà fort impressionnant par le passé. Dans la foulée de la magnifique collaboration avec la chanteuse Toni Green (lire ici) le groupe fait tout pour s'élever au-dessus du tout venant, sortir du carcan vintage que le groupe avait fait sien jusqu'ici pour viser l'étage du dessus, l'intemporalité, là où les références s'effacent devant les qualités d'écriture et de production. Ce ne sont pas les cuivres et autres vents convoqués ici qui nous contrediront, le son est certes influencé par celui d'hier (la blaxploitation "Branded by your love") mais est bel et bien d'aujourd'hui et sera, gageons-le, encore prégnant demain. Le falsetto dévastateur du chanteur et guitariste Arnaud Fradin a trouvé un bien bel écrin soul mais également blues (« Daddy has a gun »), folk (« Pay day »), reggae (« Children of the world »), ou disco/funk (« Money »). Une diversité d'influences qui ne nuit pas à la cohérence du tout, c'est là le tour de force réalisé par les Nantais sur ce magnifique nouvel album.
https://www.facebook.com/maltedmilkofficiel
https://twitter.com/maltedmilkmusic
vendredi 18 octobre 2019
NOLA FRENCH CONNECTION BRASS BAND
C'est à la suite d'un voyage initiatique à La Nouvelle-Orléans, que les futurs membres du groupe ont décidé de créer leur brass band, une fois de retour en France baptisé en hommage à leur ville de cœur (NOLA : New Orleans, Louisiana). Le résultat de leurs aventures tient dans ce premier album de sept titres effervescent. L'illusion est plus vraie que nature. On y retrouve, en effet, ce son si caractéristique puisque le groupe n'est constitué que de cuivres (6) et de percussions (3). Le résultat est à la fois puissant, le souffle des vents transperce les enceintes, et, surtout, dansant. Destiné à jouer aussi bien dans la rue que sur une scène, le Brass Band est une déclinaison du marching band, ainsi, tous les musiciens sont debout et il en va de même pour l'auditeur qui ne peut tenir en place lui non plus, entraîné dans la spirale funky de la musique portée par un enthousiasme dévastateur. La musique enfin, tient de la marmite bouillonnante dans laquelle mijote une pléthore de styles, du funk, un peu de jazz dans les passages les plus mélodiques (cf. la magnifique « Coffee Machine Blues »), un soupçon de hip hop pour les refrains scandés en chœur jusqu'à en perdre haleine et un groove constant du début à la fin de cet album réjouissant et festif.
https://www.facebook.com/nolafrenchconnection/
jeudi 17 octobre 2019
Flyin' Saucers Gumbo Special : « Nothin'but »
Voici un groupe bien nommé ! A l'instar du plat typiquement néo-orléanais dont il emprunte le nom, le groupe français nous a concocté un menu pantagruélique, gastronomique et roboratif ! Qu'il s'agisse de zydeco pur sucre (« Zydeco Train ») ou teintée de blues (« Nothin' but a party » qui cite « Spoonful ») ; d'onctueuse soul 70s (la magnifique « Mister Bartender ») ou des secousses telluriques qui animent la guitare d'obédience délicieusement Creedence Clearwater Revival (« Louisiana Girl ») nos frenchies font bien mieux que simple illusion. S'appropriant toutes les tendances précités, chères à nos oreilles, avec autant d'application que de virtuosité, le quintet réussit à réduire les frontières tant temporelles que physiques qui nous séparent des années 1970 étasuniennes tout en redonnant au passage ses notes de noblesse à l'accordéon. On en ressort repus ! Une éclatante réussite.
https://fr-fr.facebook.com/FlyinSaucersGumboSpecial
lundi 14 octobre 2019
Quintana dead blues eXperience : « Older »
Dans les années 1970 on avait coutume de dire que quand on n'avait pas de pétrole on avait des idées. Piero Quintana quant à lui, faute de moyen, carbure, en solo, sur la route de rock à la créativité. Ainsi une boîte à rythme remplace le batteur, un artefact incongru dans ce contexte mais que le musicien repousse dans ses derniers retranchements, de même que sa guitare et son ampli qu'il se charge de faire hurler. La boîte à rythme impose un beat lancinant, implacable, inarrêtable. Charge ensuite au guitariste de coller au maximum au rythme, la course poursuite peut commencer. C'est une véritable machine qui est lancée, une boule de feu qui crève les enceintes, une tension qui monte crescendo, note après note, un titre après l'autre. Vu sous cet angle, la boîte à rythme et les quelques arrangements électro qui parsème l'album enrichissent le son et l'univers de l'artiste plus qu'ils ne le dénaturent. Quand on n'a pas de moyens, on a des idées…
https://www.facebook.com/QuintanaOfficiel/
dimanche 13 octobre 2019
One Rusty Band : « Voodoo Queen »
Apparu au début du 21ème siècle, sous l'impulsion de formation étasuniennes telles que The White Stripes ou The Black Keys, la formule du duo a, un temps, incarné l'épitomé du rock'n'roll, une forme d'absolu où le manque de moyen sublime la dynamique des musiciens, permettant de renouer avec une forme d'énergie primale du rock'n'roll. Puis, la formule du duo a pullulé au point de devenir un cliché rock du 21ème siècle (souvent brocardé sur cette page) peinant à égaler le génie des pionniers du genre, eux-mêmes sur une pente savonneuse. Un duo rock'n'roll, quoi de plus banal en 2019 ? Aussi, réjouissons-nous alors qu'un nouvel avatar du genre, One Rusty Band, sort son premier album et que ce dernier propose un contenu électrisant incarné par une formule renouvelant le genre.
One Rusty Band donc. Le nom à lui seul met la puce à l'oreille. Rusty, soit rouillé en traduction française, nous donne une première indication et sonne récupération ou recyclage ; soit la ligne directrice du groupe, décidé à en découdre, coûte que coûte, avec ce qui lui tombe sous la main. Et pour le coup, on est servis : guitare cigar box, harmonica, batterie rudimentaire joué aux pieds par Rusty Greg, le chanteur du duo, toute une série d'artefacts complétés par Léa en charge quant à elle de la rythmique, washboard en mains ou claquettes aux pieds. Et c'est là que se joue toute la différence, le washboard apportant un irrésistible et rafraîchissant sens du swing à la rythmique et un aspect vintage remontant bien au-delà des sacro-saintes années 1970 (présentes quant à elles dans le son sauvagement saturé de la guitare) pour retrouver le goût des pionniers du blues et du rock'n'roll des années 30 à 50. En résumé, ce duo là possède une âme, une ambiance parfaitement retranscrite sur disque, un son cradingue (cf. le micro téléphone déformant la voix) et l'énergie si particulière de la formule duo. Ainsi l'album est une sorte de road trip, un voyage Tarantinesque, qui s'écoute d'une traite, scotché par la puissance s'échappant des enceintes. Et le tout s'annonce encore plus spectaculaire sur scène puisque Léa danse également (cf. les claquettes) renforçant la dimension visuelle du projet, absente sur disque.
https://www.onerustyband.com/
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vendredi 11 octobre 2019
Celeste : "Strange"
Titre inédit, mais joué lors de la dernière édition de Rock en Seine, "Strange", vient de faire l'objet d'une magnifique vidéo, superbement réalisée et éclairée. Le texte doux-amer trouve ainsi un magnifique écrin dans la voix splendide et éraillée de la chanteuse particulièrement bien mise en valeur par l'instrumentation dépouillée (piano, cordes) permettant à Celeste de briller de mille feux...
En concert à Paris le 31/10 (Pitchfork festival) et le 23/11 (Salle Pleyel, première partie de Michael Kiwanuka)
https://www.facebook.com/celeste/
https://www.facebook.com/celeste/
mercredi 9 octobre 2019
We hate you please die : « Kids are lo-fi »
We hate you please die, avec un nom pareil, résonnant d'une cruelle ironie cynique, on pouvait craindre le pire… A la fois punk et psychédélique (oui c'est possible), le quatuor est, dans le fond, une excellente surprise et pas si nihiliste que cela. Car, finalement, ce déluge de décibels porté par une rythmique d'obédience cold wave (cf. la basse) nous donne surtout à entendre une exhortation à croquer dans la vie comme dans une pomme juteuse et, par conséquent, à se débarrasser des toxiques. Le tout est joué avec un tel enthousiasme que l'on peut résister à la furie (cf. le chant) où l'électricité n'annihile ni la volonté d'expérimentation de la guitare protéiforme, qui incarne à la fois l'élément punk et psyché de l'équation, ni les mélodies vitriolées avec un plaisir contagieux (cf. la dantesque « Figure it out »). A noter, « Minimal Function » chanté par les deux filles qui forment la section rythmique du groupe.
https://www.facebook.com/whypd/
https://wehateyoupleasedie.bandcamp.com/
lundi 7 octobre 2019
The One Armed Man : « #1 »
Contrairement à ce que pourrait laisser penser le titre, numéro 1, le présent EP n'est pas le premier du groupe (qui a déjà deux albums à son actif) mais le premier volume d'un diptyque amené à se prolonger cet hiver. Cette précision posée est loin d'être anecdotique car à l'écoute on sent toute l'expérience, la maturité et le savoir-faire du quatuor qui n'a pas son pareil pour entraîner l'auditeur sur des sentiers escarpés de guitares, là où les musiques terriennes (le blues, notamment) se mue en rock stoner, au contact des amplis surchauffés au métal. Ainsi, le disque, parfaitement produit avec le plus grand soin, entretient un lointain cousinage avec les années 70 qui semble constituer le socle du groupe, une base qu'il se charge de transformer à sa guise plutôt que de jouer la carte de la vaine reconstitution à l'identique. Un fort goût en bouche de wha-wha déchaînées, groove en sourdine et guitares parfaitement dosées constituent ainsi les principaux éléments d'un disque intemporel. A découvrir.
dimanche 6 octobre 2019
Awek : « Let's party down »
Jour de fête chez Awek ! Les Toulousains fêtent dignement les 25 dernières années passées à la recherche de la note bleu avec ce luxueux digipack contenant un nouvel album (14 compositions inédites quand même!) et un disque live documentant le quart de siècle passé à écumer les scènes et incluant (bonus dans le bonus) « Honky Tonk Blues » ; un titre issu de la toute première session d'enregistrement en studio du groupe en 1995 ! Aussi alléchant soit-il, la pièce de choix du menu reste ce nouvel album, enregistré à San José, Californie, par Kim Andersen qui s'est également invité aux agapes à la guitare et à l'orgue. Et là, dés les premières mesures, le quartet entraîne l'auditeur au fil de son blues classieux et varié, du style Chicago au shuffle, alternant entre deux sentiments, le groove de l'ensemble (merci l'orgue!) contrebalançant l'abrasivité des guitares. Citant pèle-mêle Muddy Waters (« Snake boy ») ou Chuck Berry (« Early Every Morning »), jamais Awek ne sombre dans le pastiche réussissant, par la fraîcheur de son interprétation, à s'approprier l'idiome pour un résultat plus vrai que nature, aussi réjouissant qu'un groupe étasunien. Un classique immédiat, intemporel.
http://www.awekblues.com/index.php/fr/
https://www.facebook.com/awekbluesband/
mardi 1 octobre 2019
A Forest Man : "The Ballad of Lucy Reed"
A Forest Man, projet dont on vous avait touché deux mots par ici, nous revient avec un premier clip, très graphique, fleurant les grands espaces accompagnant un titre folk électrique mélancolique évoquant les années 1990.
https://www.facebook.com/aforestman/