samedi 29 juin 2024

Electro Deluxe : « Next »

 


C’est ainsi, plus le temps passe, moins Electro Deluxe fait honneur à son patronyme ! Car, si à ses débuts, dans les années 2000, le groupe s’inscrivait dans la mouvance électronique de l’époque, depuis quelques années (en dépit d’un bref retour au genre récent) le groupe s’est spécialisé dans un funk mâtiné de soul, assez percutant, se singularisant par l’absence totale de guitare, une rareté. Un homme incarne le changement : James Copley. Américain de naissance, exilé en France, doté d’une voix en or, le chanteur se fait également crooner à l’occasion, capable de faire fondre le cœurs à la chaîne. Misant sur sa force de frappe scénique, pouvant enchaîner les perles dansantes, Electro Deluxe a acquis, concert après concert, à la force du poignet, une reconnaissance internationale. De quoi attirer les grands noms : la saxophoniste Candy Dufler (Prince, Dave Stewart) qui orne le magnifique « Nakie Nakie » d’ouverture d’un super solo, le tromboniste suédois Nils Landgren ou le maître Fred Wesley (James Brown) sur la plage finale, tous sont venus honorer ce nouveau disque de leur présence. Contrairement à de nombreux acolytes, Electro Deluxe ne s’inscrit pas dans cette veine nostalgique qui caractérise la soul actuelle. L’absence de guitare les oblige à une démarche différente, misant sur les claviers (Rhodes, Clavinet, Hammond B3) d’où ils tirent ce son, respectueux de la tradition mais résolument moderne, aboutissant à une sorte d’intemporalité musicale. Carré, dansant et festif, mais aussi langoureux à l’occasion, que demander de plus ? Un album qui fait du bien par les temps qui courent.

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jeudi 27 juin 2024

Leo Courbot : « Passion at a distance »

 


Depuis sa Belgique d'adoption, Leo Courbot a deux idoles : Prince et Jimi Hendrix ! On serait tenté d’ajouter Funkadelic au tableau, pour l’ambiance spatiale et science-fiction qui enrobe l’album comme le suggère la sublime pochette signée Caza (qui rappellera de nombreux souvenirs aux lecteurs de Métal Hurlant), un habitué de l’exercice ayant déjà œuvré pour Slift par le passé. Nous voici donc en présence d’un album funk-rock particulièrement consistant à l’assise rythmique solide (les batteurs Gene Lake, Michael Bland, Pat Dorcean ou Stéphane Galland sont de la partie). Accouplés à la basse slappée, l’effet est dévastateur et balise le terrain pour les envolées de guitare du cosmonaute Courbot. Ainsi le travail guitaristique de Courbot y est remarquable, savamment saturé au point de flirter avec le rock et il y a là pas mal de matière à étudier pour les aficionados de l’instrument à six cordes. Mais la maîtrise instrumentale n’est pas tout. Et les chansons dans tout ça ? Là aussi le compte y est d’autant que Leo sait varier les ambiances et se faire romantique à l’occasion (« Multiverse ») tout autant que naviguer dans un magma funk en fusion ou tenter le chant en français (« Cantique des quantiques ») totalement inédit dans ce contexte. Décollage immédiat, cap vers les étoiles !

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lundi 24 juin 2024

Olivier Rocabois + Bastien Devilles, Café de la Danse, 23 juin 2024.



Il y a des soirées comme ça, assez rares toutefois, où les planètes s’alignent, où le spectateur se retrouve propulsé dans une autre dimension. Rares sont les artistes pouvant accomplir l’exploit et il y a fort à parier que tous ceux qui ont eu la chance d’être au Café de la Danse en ce 23 juin 2024 s’en souviennent longtemps. Préambule indispensable, la programmation est particulièrement bien pensée ce soir, un petit coup de pouce du destin a évité les conflits d’agenda, pour nous présenter une soirée pop de très haute tenue.

Commençons par Bastien Devilles (Sébastien Souchois de son vrai nom), que l’on découvre à l’occasion, à qui revient la tâche d’ouvrir les agapes. Ce dernier, chanteur multi-instrumentiste, débute le set au piano entouré d’une formation de grande ampleur. La présence d’un sublime quatuor à cordes place le curseur de l’exigence musicale assez haut. Il est question ici de classe, d’élégance et de subtilité musicale. Un raffinement contrastant par la présence d’une batterie (jouée par Guillaume Glain) distillant un groove insidieux et d’une basse ronde (tenue par Lucas Valero) que l’on jurerait échappée des années 1960. Une marche supplémentaire est encore franchie lorsque Bastien s’empare du saxophone bariton ajoutant une note jazzy au somptueux cocktail. Une guitare éparse sur quelques titres complète le séduisant tableau.

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Nous parlions juste auparavant de raffinement et il semble qu’Olivier Rocabois, tout auréolé du succès critique de son magnifique nouvel effort, soit décidé à franchir un nouveau cap. Les petits plats sont ainsi mis dans les grands et outre ses excellents accompagnateurs habituels, de nouvelles têtes font leur apparition. Le même quatuor à cordes joue les prolongations, un vibraphone et même un sitar (joué par Martin Kubasik, le bassiste de Lost Solar Dust) font leur apparition. Mais le plus étonnant reste de voir Olivier Rocabois aussi serein. Une sérénité nouvelle, assez inhabituelle, qui pousse le chanteur à prendre des risques, comme pousser sa voix au-delà du lyrisme ou à tenir la scène en solo intégral (au piano ou à la guitare folk) pendant un intermède assez long. Après des années de doute, de questionnements et de tâtonnements, Olivier, arrivé à l’après-midi de son existence, semble avoir enfin trouvé sa voix. Celle d’une pop, aux ravissantes effluves psychédéliques sixties, tenant autant de la Grande-Bretagne que de la France, on pense à Gainsbourg, Polnareff ou aux bandes-originales de François de Roubaix, une pléthore de références prestigieuses auxquelles Olivier fait honneur. Tout est parfaitement restitué sur scène le temps d’un moment suspendu, hors du temps. De loin le meilleur concert d’Olivier auquel nous avons assisté.

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https://allif.bandcamp.com/album/the-afternoon-of-our-lives-lp


dimanche 23 juin 2024

Tribute to Calvin Russell

 


Comme tant d’autres, c’est en Europe, plus particulièrement en France, que le regretté Calvin Russell a trouvé un refuge pour sa musique, un fameux quatre-quarts terrien respectant à la lettre les quantités : un quart de blues, un quart de country, un quart de folk et un dernier quart de rock’n’roll. Auteur d’une grosse dizaine d’album qui ont su conquérir le cœur des fans d’americana d’ici, Calvin Russell s’est éteint des suites d’une longue maladie en 2011. Avant cela, le Texan avait eu le temps de sortir un dernier album « Dawg eat dawg » (2009) sur le label XIII Bis (également disparu corps et biens depuis), la maladie de Calvin révélée peu après la sortie du disque aura empêché ce dernier de le défendre sur scène, en compagnie de Manu Lanvin. C’est ce même Manu Lanvin que l’on retrouve aujourd’hui à la manœuvre sur ce disque hommage. Il s’en explique dans le dossier de presse, tous deux dans le creux de la vague en 2009 cet album leur avait permis de se relancer, une solide amitié à la clé. Un Manu omniprésent comme artiste solo (« Wild wild west »), comme accompagnateur (« Ain’t leaving your love » avec Haylen ; « 5m2 » en compagnie de son père Gérard comme sur l’originale extraite de « Dawg eat dawg ») ou comme guitariste sur la quasi-totalité des titres. De très haute tenue musicale, réservant de nombreux moments très émouvants, l’album dispose d’un casting hétéroclite, impossible de les citer tous, des nouveaux venus s’acquittant parfaitement de la tâche (Théo Charaf qui retrouve beaucoup de son parcours personnel dans « Nothin’ can save me »), d’autres exilés venus d’Angleterre (Hugh Coltman) ou des Etats-Unis (Neal Black ou Beverly Jo Scott par deux fois). Un absent de marque toutefois, Paul Personne qui a souvent croisé ses six cordes avec celles de Calvin (les chanceux qui en ont été témoins sur scène s’en souviennent!). Mais le plus émouvant reste de retrouver la voix granuleuse de Calvin, planquée entre les titres, sur des extraits d’interviews ponctuant l’album. De quoi faire de ce disque un objet que l’on va chérir longtemps.

Concerts hommage le 30 juin (Bronx festival 69), 5 juillet (Cognac Blues Passion) et 19 juillet (Le Havre (Nuits Suspendues).






vendredi 21 juin 2024

Chris Isaak, le 16 juillet à la Salle Pleyel

 


Ca se passera le 16 juillet à la Salle Pleyel et il ne faudra pas le louper, quelques jours avant de basculer dans les JO, pendant laquelle l'offre culturelle sera forcément réduite, Chris Isaak, le crooner star des années 80 sera sur scène !

Réservations cliquez ici




Mavis Staples + Jon Muq, Casino de Paris, 18 juin 2024

 


Commençons par partager notre enthousiasme pour Jon Muq, le songwriter qui assure la première partie du concert du soir. Seul avec sa guitare folk, Jon raconte en chansons son destin hors du commun, né en Ouganda avant de migrer à Austin (Texas) et d’enregistrer son premier album, qui vient de sortir, sous les fourches caudines de Dan Auerbach. Doté d’un joli grain de voix et d’une technique assurée à la guitare, Jon Muq déborde d’humanisme et se révèle assez touchant ponctuant régulièrement son set d’un « hope you guys enjoyin’ » d’une candeur confondante. Le chanteur a aussi une manière assez atypique de finir ses chansons sur une note en l’air, laissant planer l’émotion au-dessus de la foule. Un très beau moment en compagnie de ce jeune chanteur prometteur.

https://www.facebook.com/Jonmuq/




A quelques jours de fêter son 85ème anniversaire (en juillet), Mavis Staples se présente sur la scène du Casino de Paris en pleine forme et entourée d’une formation relativement réduite : un trio guitare, basse, batterie agrémenté d’un duo de choristes. La prédominance de la guitare entraîne la musique sur un terrain blues, quasiment rock par moment, au gré des fulgurances électriques. Lesdites influences électriques se greffent avec bonheur aux classiques soul et gospel qui ont fait la réputation de la chanteuse. La voix de la chanteuse ne souffre pas du passage des années et gagne une patine supplémentaire exprimant le vécu, le tout se révèle particulièrement émouvant. Le répertoire solide, composé de classiques et de reprises, est à lui seul l’assurance d’un très bon moment de musique live. Évidemment, compte-tenu de son age, personne ne s’attendait à voir la chanteuse faire la nouba toute la nuit. Sans surprise, c’est après une grosse heure de concert que la soirée s’est achevée, assez abruptement, sans rappel. Mais entre-temps le spectateur chanceux à pu voyager dans le temps en compagnie de cette légende de la soul music au parcours exceptionnel. Un moment privilégié.

https://www.facebook.com/mavisstaples/


dimanche 16 juin 2024

Parlor Snakes, Petit Bain, 13 juin 2024.

C’est sur la scène du Petit Bain que les Parlor Snakes ont fêté la sortie de « Cut Shadows », leur quatrième album. La nouvelle orientation musicale du groupe, avec un son plus froid, sombre, laissant une place plus importante aux synthés, inscrivant le groupe dans une mouvance cold wave héritée des années 1980, n’a en rien changé l’énergie rock’n’roll, électrique, qui habite le groupe dès qu’il met un pied sur scène. Magnétique, la chanteuse Eugénie Alquezar dégage une belle énergie au service du rock’n’roll qu’elle incarne avec une subtilité reptilienne, bougeant au rythme de la musique. Stoïque derrière sa guitare, Peter envoûte du son de sa guitare aux dissonances, vibrato en mains, digne de My Bloody Valentine. Enfin, l’excellente section rythmique imprime cette énergie brute de décoffrage nécessaire pour lancer le quatuor sur les rails du rock’n’roll à grande vitesse. Hell of a ride !

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Phanee de Pool + Romano Bianchi, l’Archipel, 12 juin 2024.

Une soirée suisse à l’Archipel ! On débute avec le jeune et sympathique Romano Bianchi, venu spécialement de Genève, pour assurer la première partie. Seul avec sa guitare électrique demi-caisse, son clair, Romano égrène ses chansons, chantées en français, avec un soupçon d’americana en sous-texte, dans les harmonies, voire un peu de blues dans le premier titre. Hélas, en 20 minutes chrono, la prestation de Romano est passée à la vitesse de l’éclair…

https://lepopclubrecords.bandcamp.com/album/pcr053-fringale-lp

https://www.instagram.com/le.romano.bianchi/


Dans un genre nettement moins classique et complètement déjanté, place ensuite à Phanee de Pool qui termine en fanfare une longue résidence à l’Archipel, débutée à l’automne dernier, soit huit concerts. Seule sur scène avec sa guitare, qu’elle n’utilise pas systématiquement, et bon nombre de machines et autres gadgets, Phanee a décidé de se démultiplier pour compenser l’absence de son groupe. Dans son décor high-tech, trois écrans placés à la verticale, ornent le fond de la scène, Phanee déborde d’énergie, crie à plein poumon son enthousiasme et visite régulièrement le public sagement assis. Forte de son sens de l’humour le concert tient plutôt du spectacle mis en scène ou musique alterne avec de petits sketchs pour introduire les chansons. C’est ainsi que la chanteuse crée une réelle proximité avec le public, qu’elle met dans sa poche en un rien de temps. Mais il ne faut pas s’y fier derrière l’espièglerie affichée se cache une réelle profondeur sur les maux de l’époque (le téléphone, les SDF…) Des sujets graves traités avec légèreté et une émotion bien planquée derrière un humour déjanté. Un véritable univers en soi…

https://www.facebook.com/phaneedepool

https://phaneedepool.com/


samedi 15 juin 2024

Sarah McCoy + Michelle David, Cabaret Sauvage, 11 juin 2024.





Superbe affiche pour cette première soirée du Festival d’Été, dans le cadre champêtre du chapiteau du Cabaret Sauvage, réunissant deux chanteuses qui ont la particularité d’être américaines de naissance, exilées en Europe depuis quelques années.

Commençons par la chanteuse/pianiste Sarah McCoy qui a fait une entrée spectaculaire, à cappella, au milieu de la fosse quasiment vide, chantant à plein poumon, sans micro donc, écrasant tout le monde de sa voix spectaculaire. C’était juste un aperçu de son immense talent de chanteuse, resté intact. Car pour tout le reste, tout est différent. Nous l’avions découvert sur la scène de La Maroquinerie, il y a quelques années, dans le cadre de l’excellent festival des Nuits de l’Alligator. A l’époque, Sarah débarquait de La Nouvelle-Orléans, ville dont la tradition musicale imprégnait fortement sa musique que l’on décrivait comme un croisement entre Janis Joplin et Dr John. Autant de références aujourd’hui totalement obsolètes tant sa proposition musicale a évolué depuis son installation en France. Sarah se produit dorénavant en trio accompagné par un bassiste et une batterie électronique. Autant d’éléments qui font maintenant pencher la balance vers l’électro tendance assez dark. Son talent blues et jazz n’apparaît plus que par intermittence entre deux beats électro. Sarah a par ailleurs tendance à trop parler entre les morceaux, de sa mère, de sa dépression, plombant l’ambiance et mettant mal à l’aise le public. Si on ne peut que se réjouir de sa réussite actuelle (c’est une ancienne SDF ne l’oublions pas), sa musique perd peu à peu de son âme à chaque disque. Reste son talent de pianiste et sa puissance vocale phénoménale quasiment effrayante vu du public, toujours intacts. Certains spectateurs ont clairement parlé de déception après sa prestation, nous n’irons pas jusque là, même si le concert nous laisse un petit goût amer.

Place ensuite à Michelle David, une autre chanteuse américaine, qui a fait également mûrir son projet musical. Toujours composé du même duo de guitaristes/bassiste, le groupe qui accompagne Michelle David se nomme dorénavant The True Tones (anciennement The Gospel Sessions). Deux cuivres et un percussionniste s’ajoutent au batteur et font évoluer la proposition musicale vers une soul pleine de feeling et nerveuse à l’image des Dap-Kings, la formation de la regrettée Sharon Jones. Sur le plan vocal, Michelle David n’a pas grand-chose à envier à la défunte Sharon. Sur le plan musical non plus, groove, puissance vocale et bonnes vibrations sont au rendez-vous. Une réussite éclatante !

jeudi 13 juin 2024

Mavis Staples en concert le 18 juin 2024

 


La légende de la soul sera en concert le 18 juin prochain au Casino de Paris.

Réservations ici 



lundi 10 juin 2024

Camille Bénâtre : « Dommage »

 


En intitulant son album « Dommage », le chanteur met le doigt dans le mille. Car il aurait été effectivement « dommage » de passer à côté. En plan depuis 2020, ce nouvel effort du chanteur est, à bien des égards, typique de ces albums Covid. C’est à dire, un disque solitaire, enregistré avec des instruments facilement transportables (guitare et synthé pour résumer). Loin de souffrir de cet économie de moyens, l’album au contraire brille de mille feux. Ceux d’une pop qui n’a pas oublié les mélodies (de fait l’album regorge de mélodies inoubliables « Dans ta direction » ou la chanson titre « Dommage »). En ce sens, le disque réussit le cross-over impossible, la chimère après laquelle court bon nombre de formations, celle d’une pop d’essence anglo-saxonne chantée dans la langue de Molière. L’album recycle habilement la pop anglaise des années 1960 autant qu’il se l’approprie sous la contrainte des moyens. Ni avare des boîtes à rythme, tout comme des synthés un peu cheap (« L’ombre de moi »), le cœur battant du disque reste la guitare folk, arpégée avec soin et talent (« Stupidémocratie »). Au delà de l’économie de moyen imposée, l’ombre de la pandémie plane également sur les textes. Ainsi, Camille Bénâtre brille par ces titres courts, dépassant à peine la minutes comme autant de constats désolés sur l’époque (« Dommage », « L’homme est capable de marcher sur la lune ») donnant son double sens au titre (« Dommage ») que l’on pourrait aisément conjuguer au pluriel. Ce n’est pas là le moindre des paradoxes de cet album aussi primesautier dans ses mélodies que profond dans ses mots.

https://hiddenbayrecords.bandcamp.com/album/dommage

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samedi 8 juin 2024

Tereglio + Nick Wheeldon, L’Archipel, 7 juin 2024.



L’Archipel, une des plus anciennes salles de cinéma de la capitale, propose depuis le début de l’année une programmation de concerts, assez variés, souvent à connotation folk. Quelques semaines après avoir découvert Peter Deaves dans ce même lieu, c’est avec un autre exilé anglais que nous avons rendez-vous aujourd’hui en la personne de Nick Wheeldon (de Sheffield). Ce dernier est un personnage dans notre petite scène indé parisienne, impliqué dans moult projets et groupes et également programmateur du bar musical La Pointe Lafayette. Nick Wheeldon donc se présente ce soir en solo équipé de sa seule guitare électrique hors d’âge et dont les nombreuses marques indiquent le vécu de l’instrument. La prestation du soir est pour le moins marquante et il n’est pas tout à fait certain que l’on ressorte indemne d’un tel set. Tout d’abord parce que Nick est le genre de musicien habité qui puise très loin en lui les ressources pour dégager une puissance vocale phénoménale quitte à littéralement hurler les émotions dans le micro. Il semble comme habité, sa version du folk (à la guitare électrique, son clair) est tout sauf limpide. C’est au creux des aspérités de son jeu de guitare que se dessine les mélodies. Un jeu assez aventureux, tout en dissonances. Les cordes battues assez sèchement et de grands déplacements, assez insensés, sur le manche apportent une dimension assez expérimentale aux chansons, pourtant écrites de manière classiques, et rendues sur scène à la manière d’un grand huit où les parties calmes alternent avec de brusques accélérations. L’univers de Nick est assez prenant, mélancolique, on en ressort bouleversé et hypnotisé. Un musicien fascinant.

Dans un style tout aussi prenant, Tereglio se pose également là. Dès son arrivée sur scène Nico, le chanteur et guitariste, présente son groupe comme une formation « folk neurasthénique ». Voilà de quoi poser l’ambiance. Point d’envolées primesautières ici, mais un grand voyage au cœur des émotions richement arrangé. Ils sont trois sur scène : un musicien alterne piano et trombone (ou trompette) et, installé un kit rudimentaire, le troisième larron, percussionniste joue également du piano. D’apparence plutôt calme, la musique de Tereglio se révèle surtout très intenses. En particulier lorsque le frère du chanteur, Antoine, les rejoint sur scène. On assiste alors à une sorte de confrontation contrastée entre la voix, plutôt mélodique de Nico, et le râle de gorge, assez impressionnant d’Antoine. Les regards habités des musiciens trahissent l’investissement des musiciens, pour autant de sommets d’abnégation musicale. Entre chaque titre la tension retombe et repart de plus belle dès la première note jouée. Le groupe est également rejoint par une violoniste dont les interventions renforcent la beauté mélancolique des compositions. Une excellente soirée.

https://www.facebook.com/Teregliomusic

https://tereglio.bandcamp.com/

https://www.nickwheeldon.com/

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vendredi 7 juin 2024

Elysian Fields : « What the thunder said »

 


Comme tant d’autres musiciens étasuniens, c’est dans l’hexagone que le duo formé par Oren Bloedow et la chanteuse Jennifer Charles a trouvé un terre d’accueil pour sa musique. Ainsi la deuxième moitié du groupe est composée de deux français : Olivier Perez (Garciaphone) et Matthieu Lopez (Matt Low), accompagnateurs réguliers en concert, qui ont traversé l’Atlantique pour enregistrer ce nouvel album à New York. Dès les premières notes l’auditeur retrouve le charme vénéneux distillé par le groupe depuis 1995 et douze albums. L’ambiance se veut hiératique, le tempo assez lent est dicté par le jeu de la batterie, parfois aux balais, parfois réduit à un simple battement de grosse caisse évoquant un cœur, les arpèges délicats évoquent les grands espaces et la ruralité (tout comme la pochette) ce qui est assez étonnant venant d’un groupe new-yorkais, le tout est enrobé de cordes soyeuses. Tantôt plaintive, tantôt hardie, toujours céleste, la voix de Jennifer Charles charme et envoûte quelque soit le contexte. Les coups de fièvre sont plutôt rares mais ils existent à l’instar de la merveilleuse « Must Have Meant » qui prouve que le groupe ne perd rien de son charme ni de son pouvoir d’envoûtement quand il décide de hausser (un peu) le ton. Un album d’une impeccable musicalité. Une telle longévité force le respect !

En concert le 12 juin au Café de la danse.

http://elysianmusic.com/

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jeudi 6 juin 2024

Silver Patron Saints : The Songs of Jesse Malin




Le 18 février 2023, Jesse Malin enflammait pour la dernière fois une scène parisienne, celle de La Boule Noire. Trois mois plus tard, en mai 2023, c'était le drame. Atteint d'une rarissime attaque lésion de la moelle épinière, le sympathique songwriter s'effondrait sur le parquet d'un restaurant, dans sa ville de New York. Le chanteur est depuis lors resté paralysé cloué dans une chaise roulante. L'avenir s'annonce incertain mais Jesse Malin poursuit une rééducation accompagnée d'injections de cellules souches. Mais, surtout, il n'a pas perdu son sens de l'humour : "Je recouvre enfin un peu de forces dans mes jambes, mais ça n'avance pas aussi vite que je le voudrais. En gros, je ne suis pas prêt de faire le grand écart à la James Brown sur scène !" Le système de santé étasunien étant ce qu'il est Jesse bénéficie d'un grand élan de solidarité de la part de ses collègues musiciens. Ainsi, le 20 septembre prochain sortira un triple album vinyle de reprises intitulé "Silver Patron Saints, The Songs of Jesse Malin". La diversité des intervenants, de Rancid à Bruce Springsteen, résume à lui seul le parcours de Malin, un ancien punk reconverti au songwriting folk-rock.






Eric Bibb : « Live at the Scala Theatre Stockholm »

 


A défaut de réellement contenter les aficionados, ce nouvel album live d’Eric Bibb (le cinquième) fera parfaitement office d’introduction pour quiconque aura la chance de le découvrir par ce biais. En effet, Eric Bibb incarne, à bien des égards, la classe et l’élégance absolue ! La classe musicale : bluesman accompli, Eric est aussi un grand du folk, sa manière de caresser les cordes de sa guitare pour en tirer de soyeux arpèges fera fondre le plus dur des cœurs. Son chant charme à l’avenant de sa voix grave, profonde et mélodique. Enregistré à domicile, Stockholm où le New-Yorkais s’est exilé de longue date, et en compagnie de ses proches (dont sa fille Ulrika Bibb, également chanteuse), ce nouvel album en public laisse une large place à d’autres instruments, quatuor à cordes, kora africaine (Lamine Cissokho), pedal-steel et violon (pour la note blues ou country), mandole ou harmonica. L’ensemble forme un tout mélodique et harmonieux, apaisant à l’écoute, une véritable odysséue msicale.

https://www.facebook.com/EricBibbMusic





mardi 4 juin 2024

Eric McEntee : « New Moons EP »

 


Si la lune est nouvelle, la musique est un perpétuel ravissement en renouvellement constant. Ainsi, débarque ce premier EP d’un immense jeune talent. Avec pour compagne sa guitare folk, une inspiration sure et quelques arrangements à l’épreuve du temps, Eric McEntee nous offre 14 minutes hors du temps. Soit quatre titres folk impeccables, légèrement saupoudrés d’une couleur country grâce au violon, et d’un harmonica mélancolique. Avec son chant rappelant le Bob Dylan débutant, on imagine aisément notre homme Eric gratouiller ses chansons sur un trottoir de Greenwich Village ou figurer sur la bande originale de « Macadam Cowboy ». Superbe découverte !

https://www.thisishand.com/home




lundi 3 juin 2024

Olivier Rocabois : « The Afternoon of our lives »

 


Plus que le titre de son précédent album « Goes too far », aller trop loin, semble devenir le leitmotiv du musicien. Ce nouvel effort le confirme. A défaut d’aller trop loin, ce dernier va définitivement plus loin. Et on ne s’en plaindra pas ! Olivier Rocabois excelle dans un genre que l’on pensait perdu pour de bon, celui d’une pop élégante au raffinement britannique, dont les racines sont solidement ancrées dans les années 1960 ; au croisement du psychédélisme, de la musique de film et marquée par les envolées lyriques des arrangements. On y trouve nombre d’instruments nobles : grand piano Steinway (joué par le merveilleux Jan Stümke) ou un quatuor à cordes. Ce nouvel effort est un peu un Eurostar musical à lui tout seul, un truc aussi improbable que François de Roubaix arrangeant un album des Beatles. Mais la luxuriance affichée, l’euphorie dégagée par un titre aussi primesautier que « All is well when I go my merry way », ne saurait cacher la profondeur du propos. La nostalgie du temps passé et l’angoisse de celui restant, c’est un peu ce que chante l’artiste, arrivé à l’après-midi de son existence. Ainsi l’album se découpe en deux face, la première, lumineuse, enregistrée en groupe et la deuxième, plus sombre, gravée quasiment en solo. 45 révolutions autour du soleil, absolument bouleversantes.

En concert le 23 juin au Café de la Danse

https://allif.bandcamp.com/album/the-afternoon-of-our-lives-early-bird-special-offer

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samedi 1 juin 2024

Malted Milk + Little Ellen, La Maroquinerie, 31 mai 2024.

On avait déjà repéré la chanteuse suédoise, installée en France, sur la scène du festival Antirouille à Créteil, il y a trois ans environ et, lorsque l’on a appris qu’elle assurait la première partie du concert du soir, notre petit doigt nous disait bien qu’il ne fallait surtout pas être en retard ! Grand bien nous en a pris. Sa prestation du soir a été une véritable claque vocale ! En duo avec le guitariste électrique Philippe Devin, Ellen nous a livré une prestation classe, élégante et raffinée, entre jazz vocal et blues. Sa voix est magnifique, mélodique, les émotions affluent le long de ses cordes vocales, en particulier quand elle monte dans les aigus. Et on frissonne à son écoute. Au vu des applaudissements nourris, nous ne sommes pas les seuls à le penser. Pour en avoir été témoin en d’autres circonstances sur une autre scène, on sait également la chanteuse très crédible dans un registre plus rock’n’roll, proche de Janis Joplin, quand elle est accompagnée d’un groupe au complet. Little Ellen n’a pour le moment qu’un unique EP vinyle dans sa discographie, « Introducing Little Ellen ». Précipitez-vous en espérant pouvoir en entendre plus bientôt…

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Partie sur des bases extrêmement élevées, le concert du soir monte encore en intensité quand les Nantais de Malted Milk s’emparent de la scène. L’entrée en scène se fait tout en douceur avant que la section rythmique n’impose un groove solide intensifié par le clavier, les cuivres et la guitare rythmique. Le chanteur guitariste Arnaud Fradin maîtrise l’espace et gère son énergie avec le métier d’un vétéran du blues. Des années d’expériences qui font qu’Arnaud est désormais un chanteur à l’anglais impeccable et un fin guitariste dont les interventions raffinées apportent une note blues au mélange de soul et de funk pratiqué par le groupe. Les titres s’enchaînent avec une imparable science du live, le concert se révèle aussi fort en énergie qu’en émotions lorsque le tempo baisse d’un cran. Impeccable sur disque, le septuor l’est aussi sur scène. Un grand moment !

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