Duo belge rêvant
d'Amérique, les Black Box Revelation ont assouvis leur rêve
étasunien en se faisant produire par Alain Johannes ou Thomas
Brenneck. D'abord brute de décoffrage, plus garage que blues, la
musique de ces aspirants Black Keys a, au fil des années, gagnée en
épaisseur, inversant le postulat de départ, gagnant en feeling ce
que le groupe perdait en puissance brute (« War horse »).
Sur scène, le duo, désormais rôdé par une décennie d'activité,
se révèle être une machine redoutable alternant avec une réussite
égale les morceaux blues plus groovy et les décharges d'électricité
effarantes à l'image du guitariste Jan Paternoster aussi à l'aise
au médiator ou au doigt. Derrière son kit, Dries Van Dijck dialogue
parfaitement avec son binôme et évolue sur une ligne fine, son jeu
est à la fois puissant et n'est pourtant pas dénué de groove. Et
comme la paire se révèle particulièrement sympa avec le public -
qui réagit plutôt bien, le concert se finissant en mini pogo sur
les rappels – Jan, notamment, qui parle plutôt bien le français
(avec un inimitable accent belge), la soirée ne pouvait qu'être
réussie !
https://fr-fr.facebook.com/theblackboxrevelation/mardi 31 janvier 2017
lundi 30 janvier 2017
Martha Fields : « Southern White Lies »
D'extraction texane
par son père et appalachienne par sa mère, la chanteuse Martha
Fields a le profil idéal pour démocratiser la musique country dans
nos contrées. Injustement mésestimé dans notre pays, auquel il
reste attaché à des clichés machos et cow-boys, la country est
pourtant un genre musical émotionnel, festif à l'occasion (cf.
« Lonesome road blues ») attaché au destin des petites
gens de peu (cf. « Southern white lies ») et ce n'est
certainement pas pour rien que les stars sudistes de la soul music
(Ray Charles en tête) ont tenté le crossover aux allures de grand
écart. Si vous n'entendez rien au bluegrass (un dérivé de la
country joué uniquement sur des instruments à cordes), au folk et à
la country, alors il y a fort à parier que ce disque est fait pour
vous. Entièrement acoustique, l'album est avant tout un grand moment
de musique, fort dépaysant, swinguant, propre à convertir les récalcitrants aux charmes de la mandoline, du banjo et du violon. Et que dire du chant
de Martha ? Une profonde honnêteté découle de ses vocalises.
Transpirant dans le vécu, sa voix véhicule énormément d'émotions.
Chez Martha, les chansons sortent du cœur et pour cette unique
raison, cet album devrait vous faire chavirer. A noter, les chouettes
reprises de « What good can drinking do » et de « Bang
bang », évoquée en intro de « Do as you're told ».
La relève de Loretta Lynn et du super groupe Trio (Dolly Parton,
Emmylou Harris et Linda Ronstadt) est assurée par des musiciens de
chez nous !
dimanche 29 janvier 2017
E-Grand : « Here They Come »
Derrière le projet
E-Grand, se cache Didier Frahier, un artiste aux facettes multiples,
auteur d'une œuvre inclassable : ce nouvel album. Le disque
part sur des bases très élevées avec « Here they come »
un titre nerveux, aux guitares échevelées, qui rappelle un peu Neil
Young (et Crazy Horse) dans sa volonté de pervertir les codes de
l'americana à grands coups de guitares dont la saturation n'a
d'égale que le tranchant. Mais bien vite, l'album part dans d'autres
directions, inattendues, Didier Frahier valant finalement bien mieux,
bien plus qu'un énième revival rock 70s (démarche parfaitement
honorable dont on est assez friand par ailleurs). Car, au final,
« Here they come » est un grand disque de pop, réalisant
l'impensable, à savoir se faire rejoindre l'americana la plus crasse
à la brit-pop carillonnante (« Pictures ») dans une
sorte de grand mouvement perpétuel de la musique, une manière de
boucler la boucle. Ici le gros son des batteries et autres guitares
sont au service d'une écriture fine et audacieuse, riche et complexe
(« A sign of love », « Memories »), alternant
l'énergie et un feeling plus mélancolique (« Safari »).
A découvrir.
samedi 28 janvier 2017
Volo : « Chanson française »
Formé par les deux
frères Volovitch, Volo sort ces jours-ci son cinquième album dont
le titre sonne comme une profession de foi : chanson française !
Un choix assumé dès le titre d'ouverture : « Attention
les Lady Gaga, les Rihanna, les Christina Aguilera, je vais vous
mettre à l'aise, c'est de la chanson française ». De fait,
avec une guitare acoustique et les deux voix des protagonistes comme
ingrédients principaux (plus quelques fioritures) Volo bricole avec
amour des chansons simples, honnêtes et terriblement attachantes
grâce à l'entregent rythmique mis à l’œuvre (« J'hésite »,
« Chanson française », « La Crise », "Tout est normal") qui
finit de rendre la chose inoubliable. Leurs textes s'inspirent de
l'air du temps et s'attachent au quotidien, la quarantaine, la
paternité, la crise, la classe politique, tout ça, tout ça...
Derrière ses atours artisanaux, ce nouvel effort possède le charme
des petits bonheurs modestes. Voilà un album propre à nous
réconcilier avec le genre !
En concert à Paris
(La Maroquinerie) les 2 et 3 février.
jeudi 26 janvier 2017
Fufanu : « Sports »
Passés de la techno
au rock dans des conditions rocambolesques, les Islandais de Fufanu
affinent encore un peu plus leur démarche musicale sur ce deuxième
album produit par Nick Zinner (Yeah Yeah Yeahs). N'en déplaisent les
couleurs vivent de la pochette, ce deuxième effort voit le groupe
plonger la tête la première dans un abîme de noirceur. Marqué par
un effacement progressif des guitares, toujours présentes mais
reléguées au deuxième plan, au profit d'un son synthétique
(« Tokyo »), ce nouvel album se veut plus dense,
resserré, pratiquant une sorte d'épure où la tension, rentrée,
sous-jacente, ne demande qu'à exploser (« Gone for more », "Liability").
Impression encore renforcée par le chant traînant et comme effacé,
quoique mélodique, du chanteur Kaktus Einarsson. De quoi transformer
cette excellente formation en dignes héritiers de la cold wave des
années 80, Joy Division et Bauhaus en tête. Excellent.
mercredi 25 janvier 2017
Awa Ly + Mariana Ramos, Festival Au Fil Des Voix, Alhambra, 24 janvier 2017.
Tournant autour
d'une thématique soul/jazz/world, mettant en valeur la diversité
culturelle par le biais du chant (féminin comme masculin), le
festival Au Fil Des Voix fête ses dix ans ! Et nous a encore
réservé une programmation dont il a le secret avec une superbe
affiche réunissant les chanteuses Awa Ly (on avait parlé de son EP par ici) et Mariana Ramos.
Chez Awa Ly, le
chant et la musique sont les fruits d'une démarche profondément
humaine prenant tout son sens une fois sur scène. Très
charismatique, la chanteuse exhale la passion de tout son être, se
mouvant avec grâce, effectuant de nombreux et précis mouvements de
mains tout en chantant. L'accompagnement musical est à la fois
classe et élégant, alternant entre soul, jazz et une pointe de
reggae. Dans ce contexte, le batteur Ismaël Nobour fait forte
impression, son jeu est à la fois fin et épuré et dégage un
groove feutré mais puissant. Il trouve toujours la note juste sans
en faire des tonnes. Ni trop, ni trop peu mais juste ce qu'il faut,
quand il faut. Son association avec la contrebasse (assurée par
Clément Landais) est parfaite, cette dernière dégage un swing
précis, mélancolique à l'occasion par le biais de l'archet. Le
guitariste David Remy est, quant à lui, aussi efficace en version
électrique, tirant vers le blues et le rock, qu'en configuration
acoustique, tirant vers l'intime et l'émotion. Un accompagnement à
la fois éclectique et cohérent mettant parfaitement en valeur la
voix, si douce et mélodique d'Awa pouvant tout aussi bien jouer
d'une note sexy ou descendre dans les graves lorsque le ton se fait
plus dur (« Help you out »). Profondément humaine,
chantant l'amour comme personne et toujours prompte à s'émouvoir du
sort des populations réfugiées (« Here » en duo avec
son « frère » Faada Freddy, venu pour l'occasion), Awa
Ly nous a fait vivre un grand moment de musique, débordant
d'humanité et de chaleur humaine. Sublime.
Dans un style
différent mais tout aussi émouvant, Mariana Ramos a pris la suite.
Direction le Cap-Vert pour un style plus rythmé, latin, primesautier
ou le piano (Toy Vieira) prédomine. Toujours très bavarde sur
scène, c'est elle qui l'affirme, Mariana nous a régalé de ses
anecdotes clôturant ainsi la soirée sur une note festive.
mardi 24 janvier 2017
The Darts EP
The Love Me Nots,
hélas séparés, la chanteuse/organiste Nicole Laurenne effectue son
grand retour avec ce nouveau groupe, entièrement féminin, une
première dans la carrière de la musicienne. Et autant le dire de
suite, ça dépote ! La musique des Darts repose sur une
opposition fragile entre guitares abrasives (ceci pour l'élément
rock n'roll de la chose) et de grandes lampées d'orgue au groove
irrésistible, dans la plus pure tradition garage rock n'roll héritée
des années 1960. La section rythmique est bien entendu à l'avenant
et matraque l'auditeur. La chanteuse semble comme régénérée par
ce nouvel environnement et son chant est plus exalté (et sexy aussi)
que jamais. Six titres aux allures de révélation dont on attend la
confirmation sur format long.
lundi 23 janvier 2017
Luke Elliot : « Dressed for the occasion »
Deuxième album,
après quatre ans de silence, pour cet élégant songwriter de la
côte est des Etats-Unis, qui, s'il n'est pas très connu dans nos
contrées, jouit d'une importante cote d'amour en Norvège.
L'appétence d'Elliot pour les ambiances sombres, acoustiques et
feutrées, sa voix grave nous ramène immanquablement au regretté
Leonard Cohen (« Let it rain on me », « Reason to
believe ») et à la scène folk 60s, Dylan et consorts.
Pourtant, sur ce nouveau disque, Luke n'hésite pas à explorer
d'autres territoires plus rock (« This gun of mine »,
« The great roundout train robbery ») où débordent
parfois des influences plus terriennes au détour d'une guitare
slidée bien sentie. Sa musique couvre un large panorama, à la fois
rockeur et crooner, duquel il exhale un parfum d'Amérique éternelle
(« Handsome man »), bien que solidement ancrée dans ses
racines du New Jersey. Classieux.
En concert le 26
janvier à Paris (Les Etoiles) - Invitations à gagner ici
dimanche 22 janvier 2017
Slow Joe & The Ginger Accident : "My Sway"
Pratiquement un an après la disparition de Slow Joe et quelques semaines avant la sortie d'un ultime album posthume, le Ginger Accident dévoile un nouveau clip, "My Sway", forcément très émouvant...
Bone Tee And The Slughunters : « Country Boys »
Troisième épisode
des aventures musicales de Bone Tee & The Slughunters et une fois
de plus le charme opère… Loin de se reposer sur ses lauriers, le
groupe affine sa démarche musicale et tant que l'inspiration suit…
Comme son prédécesseur, ce nouvel effort trouve ses racines dans
les années 1950 et se situe au croisement du blues, du rock n'roll
et du jazz avec une constante en ligne de mire, quelque soit le style
auquel ils s'attaquent : le swing. C'est peu dire que l'album
dépote du début à la fin par le biais d'une attaque sèche de
guitare rugueuse, bien soutenu par une contrebasse (les lecteurs
réguliers de cette page savent qu'on a un petit faible pour
l'instrument) et une batterie à l'avenant. Le piano apportant une
note boogie woogie bienvenue propre à guérir n'importe quelle crise
d'arthrite. Les intervenants extérieurs, choisis avec soin, de la
clarinette au saxophone en passant par la trompette et autres
cuivres, parachèvent la chose apportant une touche jazzy ou
renforçant l'aspect dansant de la formation. Classe, rétro et
festif. Que demander de plus ?
samedi 21 janvier 2017
Kaïla Sisters : « I like you »
Sortis du
Conservatoire, les quatre musiciens formant les Kaïla Sisters se
sont trouvés un intérêt commun dans la musique hawaïenne des
années 1920/1930. Au croisement du jazz et du blues, le quatuor fait
revivre non seulement un style mais un lieu et une époque avec un
brio qui laisse rêveur. Le swing s'impose comme la constante
véritable de cet album par le biais d'une contrebasse débordante de
feeling. Guitare hawaïenne (un genre de lap-steel métallique jouée
au bottleneck), ukulélé et guitare complètent le tableau pour un
résultat qui parlera aussi bien aux amateurs de jazz manouche
(« It's a good day ») que de blues (« I can't be
satisfied ») ou de la Nouvelle-Orléans (cf. la reprise de
« Dream a little dream of me »). Mais au-delà, c'est un
véritable vent de fraîcheur que fait souffler ce disque au sortir
des enceintes. Estivale, primesautière et sexy (cf. la voix de la
chanteuse Marie) la musique est jouée ici avec un enthousiasme
communicatif qui ravit l'auditeur. La magie de la musique, le voyage
intérieur grâce à l'imaginaire, fonctionnent à plein à l'écoute
de ce disque au charme contagieux. Plus accessible qu'un vol vers
Hawaii et idéal pour rêvasser à une nuit d'été à la plage, les
pieds dans le sable.
jeudi 19 janvier 2017
Laura Cahen : « Nord »
Nouvelle venue sur
la scène hexagonale, Laura Cahen débarque avec un premier album,
intense et éminemment personnel, en forme de révélation. Inspirée
par l'histoire de sa famille qui, de l'Espagne à l'Algérie, en
passant par le Maroc, n'a connu qu'une succession d'exils pour finir
au Nord (cf. le titre) de la France, Laura livre une œuvre dense qui
se partage en quatre saisons. A mi chemin entre une tradition
française héritée des années 70, hantée par les fantômes de
Gainsbourg et de Barbara, (« Loin », « Réverbère »)
et un traitement atmosphérique (« Froid », « Je
sombre ») d'obédience anglo-saxonne (Radiohead, Portishead)
l'album, porté par la voix grave de son auteure, rayonne d'une
étrange lumière sombre où l'espoir ne meurt jamais tout à fait.
C'est peu dire que la maturité de la chose impressionne. Insidieux
et envoûtant.
En concert à Paris
(Café de la danse) le 24/01
mercredi 18 janvier 2017
Cancel The Apocalypse : « Our own democracy »
Mais où s'arrêtera
Matthieu Miegeville ? Mû par un désir d'expérimentation,
refusant les clichés et les formules toutes faîtes, cette figure de
la scène hardcore hexagonale (Psykup) nous avait scotché l'an
dernier avec The Black Painters, duo formé en compagnie du pianiste
de jazz Rémi Panossian, auteur d'un album remarquable. Moins d'un an
plus tard, le chanteur est de retour avec un projet encore plus
déroutant, Cancel The Apocalypse, où, désormais, il s'égosille
sur un mélange de métal acoustique (guitare acoustique, batterie)
et de musique classique, violoncelle et tutti quanti ! Alternant
les passages sombres (« Planes and bombs »,
« Candlelight »), mélancoliques (« A bunch of
roses with thorns ») et déchaînements d'une violence inouïe
(cf. « Bad Boxer part 2 », « Cancel the apocalypse », la chanson qui donne son
nom au groupe), le tout sans la moindre note de guitare électrique !
Pas si surprenant que ça dans le fond, les exégètes savaient
depuis longtemps que la puissance sonore dégagée par un orchestre
classique était au moins équivalente à celle de n'importe quel
groupe de métal. La fusion entre les deux genres restait à
inventer, c'est désormais chose faîte. Ainsi, il semblerait que
l'apocalypse musicale ait été annulée... Rien n'est moins sûr à
l'écoute de cet album ébouriffant…
mardi 17 janvier 2017
Sons d'hiver 2017
C'est devenu au fil des ans un rendez-vous incontournable de l'hiver, le festival Sons d'hiver est de retour jusqu'au 5 février dans différents lieux de Paris et du Val-de-Marne. Une fois encore la programmation est remarquable, tournée vers le jazz et les musiques associées (soul, blues) suivant un angle novateur.
Infos et programmation complète : http://www.sonsdhiver.org/fr/
lundi 16 janvier 2017
Awek : « Long Distance »
Un nouvel album
d'Awek, c'est un festival en soi. Ne perdant jamais de vue la note
bleue, et le feeling y afférant, le quatuor Toulousain réussit la
gageure de multiplier les ambiances aussi sûrement qu'il alterne
compositions personnelles de haute tenue (« Don't leave me
alone », « We met in Texas », « LA Stomp »)
et reprises du meilleur goût (Muddy Waters, Jimmy Mc Cracklin,
« Hound Dog »). Amis programmateurs qui séchez pour
remplir vos plannings, bookez Awek et tous les quotas seront remplis
d'un coup : blues, rock n'roll et même jazz/calypso ! Une
variété d'ambiances qui pourtant ne rompt jamais la cohérence et
la continuité de l'ensemble, signe d'un groupe pour qui « jouer
ensemble » a une réelle signification. A (re)découvrir !
En concert à Paris
(New Morning) le 6 avril.
samedi 14 janvier 2017
Jesus Volt
Déjà 17 ans
d'existence pour Jesus Volt, qui s'impose, un disque après l'autre,
comme un des fleurons du rock d'ici, sans jamais vraiment sortir de
cet anonymat qui colle à la peau des formations hexagonales. C'est
le lot du binaire français, sans doute… Produit comme son
prédécesseur « Vaya con dildo » par l'Australien Mark
Opitz, un habitué des collaborations prestigieuses (AC/DC, INXS,
Kiss, Bob Dylan, Alice Cooper) ce nouvel album marque un nouveau
départ pour le groupe. Il ne nous a d'ailleurs pas échappé que cet
effort est éponyme, comme si le quatuor cherchait à se redéfinir.
Mettant la pédale douce sur les watts et le gros son, le groupe se
recentre sur le blues et le groove ("666 devil woman") grâce à la puissance bienvenue
de la redoutable section rythmique (« Bullseye », « I'm
a jerk »). Le résultat est particulièrement fin et sonne
comme si le groupe était consumé de l'intérieur, mû par le feu.
La tension sous-jacente est étouffante (« Baby we're on »),
les musiciens ne rêvent que d'en découdre, dévaler le manche de la
guitare dans tous les sens, dans un déluge de décibels, sans
toutefois sortir de cette réserve imposée (« Party »,
« Money Man », « Sons of Rome »). Un album
débordant de feeling et une réussite de plus à mettre au crédit
de Jesus Volt.
vendredi 13 janvier 2017
The Handsome Family : « Unseen »
Formé en 1993, The
Handsome Family, composé des époux Brett et Rennie Sparks, a
longtemps vécu dans un relatif anonymat (surtout de ce côté de
l'Atlantique) avant de décrocher la timbale avec le générique de
la série True Detective (saison 1). « Unseen » est le
onzième album du couple. Alors que les premières notes s'échappent
des enceintes, l'auditeur est plongé dans un entre-deux étonnant,
une country alternative roots et dark à la fois. L'acoustique est
chatoyante, guitares et banjos caressent l'oreille, alors que le
timbre grave et traînant du chanteur Brett déborde d'une mélancolie
contemplative contagieuse. Ecouter l'album, c'est comme parcourir une
highway plongée dans l'obscurité (« King of dust »).
Sur le côté de la route, brillent les dernier feux des espoirs
déçus (le bruitage de machines à sous en intro de « The
Silver light ») alors que la musique prend parfois un tour
baroque (« Tiny Tina », le clavecin de « Gentlemen »).
Evoluant dans des tonalités plutôt sombres, l'album réserve
quelques surprises magnifiques, la vénéneuse « The red door »
se révélant être la grande réussite du disque. A découvrir.
En concert le 16
février à Paris (le divan du monde).
jeudi 12 janvier 2017
Un nouveau clip pour Johnny Mafia
Le quatuor Johnny Mafia (chronique de l'album ici) est de retour avec un nouveau clip délirant, hilarant et cartoonesque en diable. Ah oui et la chanson est super efficace aussi !
mardi 10 janvier 2017
Kaviar Special #2
C'est l'été
dernier, durant Rock en Seine, que l'on avait découvert ce tout
jeune quatuor Rennais et c'est une petite bombe ! Chez Kaviar
Special, l'efficacité prime avant toute chose. Le quatuor joue le
pied au plancher, les chansons, déjantées, dépassent rarement les trois minutes,
à fond dans le fuzz ! Vous l'avez sûrement deviné, Kaviar
Special, c'est typiquement le genre de chose que l'on adore par ici,
à savoir un détonnant cocktail, agité du bocal, de rock garage et psychédélique et
de surf music, dont les racines sont ancrées dans les sixties mais
qui, par un étonnant tour de passe-passe, ne sonne absolument pas
rétro. Bien au contraire, grâce à leur enthousiasme juvénile et
une production dynamique, le quatuor réussit à redonner une
nouvelle jeunesse à ces idiomes, dépoussiérant au passage les
années 1960. Tout au long de ces dix titres, le groupe fait ainsi le
grand écart entre titres nerveux, voire brutaux, et morceaux
faussement planants. Kaviar Special, c'est un surf trip halluciné,
un psychotrope musical et les guitares qui tabassent la boîte
crânienne. Vous savez quoi ? On en redemande !
lundi 9 janvier 2017
Theo Lawrence & The Hearts
Quelques semaines
après avoir sorti leur premier 45 tours, Theo Lawrence (ex-Velvet
Veins) et son groupe The Hearts sont de retour avec un tout nouvel EP
de cinq titres. Sortie après sortie, l'identité musicale de ce
nouveau projet s'affine peu à peu et assister à cette évolution
s'avère passionnant. Ainsi après des débuts très marqués par la
recherche d'un son authentique et vintage, Theo et sa bande
s'éloignent un peu de cette démarche revivaliste. Certes les bases
sont là, et respectées avec classe et élégance, par le biais
d'arrangements sophistiqués et d'un chant séducteur. Mais une
petite prise de risque, un soupçon d'audace et la chose bascule
(« Good for nothing ») sans perturber l'équilibre
général. The Hearts tracent ainsi une voix inédite entre rock
n'roll, soul, country, blues à l'ancienne et une dynamique
contemporaine (« Made to last »). Vivement l'album !
En concert le 10/02
à Paris (La Maroquinerie – Les nuits de l'Alligator)
samedi 7 janvier 2017
Bror Gunnar Jansson : « And the great unknown (Part I) »
2017 verra le retour
de Frère (Bror en suédois) Gunnar Jansson avec une œuvre au long
cours qui sera dévoilée au public en deux temps. La première étape
interviendra le trois février avec la sortie de cet EP de sept
titres. Sur la lancée de son remarquable album précédent, « Moan
snake moan », Gunnar continue son exploration des bas-fonds,
délaissant quelque peu le blues au sens strict, au profit d'une
americana dark piochant également dans le folk. Une fois de plus, on
est ébahis par le résultat. Il ne faut pas se laisser avoir par
l'ambiance apparemment calme et acoustique de la chose, le disque est
mû par une tension, qui prend l'auditeur à la gorge dès les
premières secondes pour ne plus le lâcher par la suite.
Remarquablement produit, il s'agît sans conteste d'un disque
d'ambiance, sombre et cinématographique qui s'écoute comme la bande
son d'un mauvais rêve (cf. « Ritual », « War
Tubas »). Toujours hanté par des sons rugueux et primitifs,
l'EP regorge de moments étonnants : « The ukulele blues »
(un instrument dont il a généralement assez peu l'usage) ,
« Day/Night » en duo avec une voix féminine et
l'excellente « At the diner » qui rappelle les sonorités
garage des albums précédents.
Cet excellent EP est
un avant-goût prometteur du prochain LP « And the great
unknown (Part II) » dont la sortie est prévue au printemps
2017. Vivement la suite !
En concert le 12
février prochain à Paris (La Maroquinerie, festival les nuits de
l'Alligator)
vendredi 6 janvier 2017
Festival How To Love, du 14 au 18/02 au Petit Bain
Bonne nouvelle, le festival How To Love est de retour sur la scène du Petit Bain, suivant une nouvelle ligne éditoriale mettant en avant la scène française. A noter la venue, le 15 février, des toujours excellents Flying Padovani's mené par le cultissime Henry Padovani (premier guitariste de Police dont on a pu suivre le parcours dans le documentaire Rock n'roll of Corse) et de Robi le lendemain, 16 février. Le 17 février s'annonce également très prometteur avec Alister et une soirée hommage à Daniel Darc au casting cinq étoiles (Bill Pritchard, France de Griessen, Frédéric Lo etc...).
jeudi 5 janvier 2017
Mountain Men : « Black market flowers »
Le changement dans
la continuité, tel semble être le cap que s'est fixé Mountain Men
sur son quatrième album studio. Souvent synonyme de déception
finale, la fameuse maxime est ici prometteuse de lendemain qui
chantent. Globalement, on retrouve ici tout ce qui a fait le sel du
groupe jusqu'ici, un son chatoyant mis au service d'un blues touchant
(« Someone to talk to ») ou de compositions plus proche
de la chanson française de qualité (« Passe dans cette
vallée », « Et puis le son »), le péché mignon
du chanteur Mr Mat. La nouveauté passe elle par une approche plus
rock et un ton qui s'est globalement durci sous l'impulsion du
batteur Denis Barthe (ex-Noir Désir, The Hyènes) enrôlé par le
duo pour cette nouvelle aventure (« Still in the race »,
« Dog eye », « Work Song »). Car c'est
désormais un groupe complet (basse, batterie, clavier et même
violon et guitare additionnelle) qui accompagne le duo formé par Mr
Mat (chant/guitare) et Barefoot Iano (harmonica). Et ça change
tout ! C'est un horizon dégagé qui s'ouvre devant le groupe,
plus varié que par le passé, mais toujours délivré avec une
intensité et une puissance d'exécution, même dans les moments les
plus apaisés (« One way left »), qui laisse rêveur.
Encore une belle réussite à mettre au crédit du groupe.
En concert le 19/01
à Paris (Café de la danse)
mercredi 4 janvier 2017
Bad Pilöt : « Swimming with sharks »
Bad Pilöt nage-t-il
avec les requins ? La question reste en suspens, en revanche, il
est certain que le groupe navigue en eaux troubles. Une zone grise,
potentiellement dangereuse, où le rock rencontre l'électro, où les
guitares croisent le fer avec les nappes synthétiques, la douceur de
l'une compensant l’agressivité de l'autre et inversement.
L'électricité et l'électronique, deux genres à priori
antinomiques dont l'union est scellée sur ces cinq titres (et une
version radio). C'est assez réussi.
En concert le 6
janvier à Paris (Supersonic)
mardi 3 janvier 2017
Jacques Duvall : « Hantises »
Enregistré en 2006,
cet album voit enfin le jour avec cette édition vinyle. Et c'est un
petit événement tant les disques en solo de ce parolier, connu pour
ses collaborations avec Alain Chamfort et Lio (l'auteur de « Banana
Split », c'est lui!), sont rares. Cet effort est le fruit d'une
collaboration avec l'excellent combo garage Belge Phantom (déjà
auteur d'albums du même acabit avec Lio ou Marie France). Le
résultat est une petite merveille de rock garage, dominé par des
guitares arides mettant en valeur le timbre rocailleux, comme venu
d'outre-tombe, et la plume acerbe du chanteur (« J'ai fait
sauter le monde »). La face B évolue sur une note plus
acoustique et constitue une tentative, aussi méritoire que rare,
d'adaptation de la country à la langue de Molière (« C'est
toi », « John-Cloude », inénarrable biographie
chantée du moins inénarrable Jean-Claude Van Damme), totalement
raccord avec le look de cow-boy fréquemment adopté par le chanteur.
En rupture stylistique complète avec des années sous l'influence de
la « poésie noire », l'album rappelle les grandes heures
du rock français soit Jacques Dutronc, Gainsbourg fricotant avec
Bijou ou bien encore l'album « Rock under the bunker » du
même Gainsbourg (1975). Comme le chante Jacques en intro et en
conclusion de cet excellent album : « Il doit y avoir un
truc, c'est pas possible ! »
Ce post est une
version modifiée de la chronique parue à l'origine dans le magazine
Longueur d'Ondes
http://www.longueurdondes.com/2016/12/16/jacques-duvall/
lundi 2 janvier 2017
Gang of Four : « Live… in the moment »
Formé en 1977
autour du guitariste Andy Gill (toujours à la manœuvre 40 ans plus
tard) Gang of Four, un des fleurons du post punk, a toujours de beaux
restes et le prouve avec ce nouvel album live. Au cœur d'une tension
permanente, qui va crescendo du début à la fin du disque, sans
jamais vraiment disparaître, Gang of Four réussit néanmoins à
trouver un espace pour le groove à la faveur d'une section rythmique
remarquable. A lui seul, « What we all want » résume
tout l'art de Gang of Four. Un tonnerre de guitares, autant
puissantes qu'expérimentales, entraînant l'auditeur dans une
spirale hallucinogène, hypnotisé par le timbre d'Andy et ses
imprécations, bercé par le rythme impeccable de la section
rythmique (cf. « Love like Anthrax »). A n'en point
douter, les 14 titres de cet album live sont autant de petits sommets
rock n'roll. Thrash et déglingué. Excellent.
dimanche 1 janvier 2017
Sonic Winter : « Party war on the killing floor »
Deuxième effort
pour ce groupe au destin étonnant formé par deux français
(Jean-Marc Millière et Francis Girola) exilés en Ecosse. Alors que
les premiers accords de « Year Zero » transpercent les
enceintes, on pense avoir trouvé une autre marotte, un de ces
groupes que l'on affectionne, entre rock n'roll puissant, passages
psyché/prog et métal stoner baignant dans une délicieuse
atmosphère 70s (« Rocking machine », « Sahara »).
Ultra-efficace à défaut d'être fondamentalement original. Et puis,
rapidement le groupe nous désarçonne virant brusquement électro
façon Depeche Mode (« I lose control », "Defender") ou jouant une
note classique, piano et violons à l'appui (« Establishment of
time »). Non que cela soit mauvais, loin de là, mais
totalement inattendu. A tel point que l'on a du mal à croire que
l'album dans son ensemble soit l’œuvre d'un unique groupe. Ce qui,
d'une certaine manière, n'est pas tout à fait le cas puisque la
bagatelle de 27 musiciens invités ont épaulé le duo dans la
réalisation de cette œuvre au long cours (14 titres, 60 minutes) en
forme de réflexion sur le chaos du monde moderne. L'album n'étant
pas avare en bons moments (« Le fils de Lucifer », seul
titre en français d'inspiration punk) l'auditeur est donc invité à
sauter certaines plages (chacun fera son choix) pour écouter ses
morceaux préférés afin de réaliser son petit best-of personnel.
De haute tenue, d'une manière générale, mais un peu trop dilué.