Formé en Afrique du
Sud en 1999, le power trio métallique Seether fête son anniversaire
avec cette roborative compilation de 27 titres répartis en deux cds
à la jolie finition vinylique. En dépit d'une hideuse pochette (un
chien en train de faire ses besoins), l'écoute se révèle une jolie
promenade musicale au milieu de nos souvenirs des années néo-métal,
genre dont Seether fût l'un des plus dignes représentants. Une
gageure pour ce genre associé à l'adolescence du début des années
2000 et dont on ne garde pas toujours un bon souvenir (Limp Bizkit).
L'influence du grunge 90s est omnisciente chez Seether qui a gardé
de Nirvana cette alternance entre calme et tempête de guitares
abrasives, une sorte de tension-détente servie avec le chant écorché
de Shaun Morgan. Loin de se contenter du bruit brut, Seether était à
l'aise avec les jolies mélodies arpégées (« Fire again »,
« Driven Under », « Hang on » issue de la BO
de Dardevil) et même l'acoustique (« Broken » en duo
avec Amy Lee, la chanteuse d'Evanescence). Tout irait donc pour le
mieux dans le meilleur des mondes si Seether n'avait pas tendance à
trop polir leur son pour la FM, ce qui fait la (grosse) différence
avec Nirvana. Signalons la reprise pour rire de « Careless
Whisper » (George Michael) et la tentative de fusion
country-metal « Country song » (pas mauvaise du tout). Le
deuxième cd se concentre sur des titres plus rares, enregistré pour
des bandes originales de films et autres démos. Notons toutefois la
reprise de « Seether », le tube signé Veruca Salt (1994)
qui a donné son nom au groupe.
samedi 26 décembre 2015
vendredi 25 décembre 2015
Sharon Jones & The Dap-Kings : « It's a Holiday Soul Party »
C'est le grand
classique de saison, l'indispensable exercice de style du show biz
étasunien : l'album de Noël. Pas franchement rock dans
l'esprit, le genre a pourtant donné naissance à quelques disques
indispensables signés par Chris Isaak, The Fleshtones, The BellRays
ou The Ventures et Phil Spector dans les sixties. Cette année, c'est
la diva soul Sharon Jones qui s'y colle et lorsqu'on connaît le
savoir-faire du label Daptone en matière de soul/funk à l'ancienne
on ne peut qu'être impatient d'écouter le résultat. Première
constatation, Miss Jones n'a pas absolument cherché à tout prix un
disque de Noël avec des clochettes partout et autres clichés du
genre. C'est plutôt l'inverse, de la même façon que l'on décore
un sapin, les Dap-Kings ont subtilement intégré quelques références
aux fêtes de fin d'année dans un album qui reste, essentiellement,
un disque de soul vintage. Ainsi les quelques classiques intégrées
au track-listing, « White Christmas », « Silent
Night » (version blues) et autres « Silver Bells »
sont méconnaissables. « Little drummer boy » devient de
la sorte « funky ». Afin d'éviter les clichés, le
groupe a cherché à intégrer l'esprit de Noël dans une sorte de
réalisme ambiant : « 8 days of Hanukkah », « Ain't
no chimneys in the projects », et oui, il n'y a pas de
cheminées dans les cités. Et comme l'ambiance est malgré tout à
la fête, Sharon Jones a injecté pour finir une note délirante à
l'album cela donne la jazzy (on note au passage la diversité
musicale de la chose) « Big Bulbs » (grosses boules,
tda) ! Quasiment donnée pour morte il y a deux ans après une
grave maladie et un disque médiocre (« Give the
people what they want » le plus décevant de sa carrière), Sharon Jones effectue ici un
spectaculaire retour au premier plan. Voilà au moins une excellente
raison de se réjouir en ce jour particulier.
jeudi 24 décembre 2015
mercredi 23 décembre 2015
Drame
Le Drame se situe
dans l'au-delà. Au-delà de toute idée de style ou de genre, Drame
met en son une certaine idée de la musique. Et c'est sur la longueur
que Drame s'exprime le mieux. Étirer au maximum l'espace le temps de
compositions, instrumentales, fleuves sur la base de motifs
répétitifs et entêtants. Le clavier joue le premier rôle et
apporte cette note retro-futuriste, voire kitsch dans une certaine
mesure mais toujours dans les limites du bon goût, et moderne en
même temps ; intemporelle pour résumer en seul mot. Tout
autour la basse (au son énorme), la batterie, les percussions et la
guitare soutiennent le tout. Répéter encore et toujours la même
note, la tête dans le guidon, jusqu'à la transe ("Amibes"). L'album tient sur
un fil, un équilibre délicat quelque part entre krautrock,
progressif, psychédélique et électro. Chez l'auditeur cela se
traduit par une musique bourdonnante (cf. « Bugaboo ») et
euphorisante (« Génuflexion ») lorsqu'on se donne la
peine de véritablement écouter. Ce n'est en effet qu'après
plusieurs écoute que, peu à peu, Drame révèle ses multiples
facettes. Chaque détail sonore prends alors la forme d'un nouveau
bijou que l'on découvre, ébahi.
mardi 22 décembre 2015
The Pullmen : « Going dark »
Going Dark. Quel
titre particulièrement mal choisi pour ce nouvel album de The
Pullmen. En effet, le groupe originaire de Ventura, nous offre un
album profondément Californien. La base est garage rock soit des
guitares, des guitares et encore des guitares, sales, crades qui
transforme chaque morceau en petites pièces rock déglinguées. Mais
plutôt que de pervertir des influences venues du blues, The Pullmen
va chercher son inspiration du côté de la sunshine pop, courant
typiquement Californien hérité des sixties. L'album n'est pas dark
mais au contraire lumineux et pratique un songwriting entraînant
(cf. « Photograph », « We'll never be a part of
it », « New friends ») quitte à ressortir à
l'occasion les guitares folk histoire de vitrioler la Country
(« Insert heart here ») et le western (« Paramount »).
La musique respire et voyage sur une sorte d'autoroute imaginaire
entre ciel d'un bleu céruléen et poussière entraînant l'auditeur
dans son sillage, la voix de gorge, profonde et éraillée du
chanteur Shane Cohn dans le rôle du guide. C'est un bien beau
voyage.
https://thepullmen.bandcamp.com/lundi 21 décembre 2015
Kokomo
Derrière ces trois
syllabes se cache un excellent duo en provenance des Pays de la
Loire. Alors, certes la formule batterie/guitare, devenue un
véritable cliché du rock des années 2000, nous a réservé
quelques désillusions ces derniers temps. Mais grâce à sa vista et
à son rock enlevé Kokomo emporte l'adhésion. La base est tout ce
qu'il y a de plus classique et rappelle tout un pan de l'histoire du
rock des années 70. Cependant grâce à une production moderne et
quelques claviers injectés avec savoir faire et bon goût, Kokomo
réussit la gageure de rester classique sans tomber dans le passéisme
de bas étage (les accents légèrement électro de « Cherokee
gal »). Mais le duo nous épate avec ses compositions à
tiroirs pleines de surprises (le final de Killing », la poppy
« Stole my soul ») et par la formidable alchimie entre
ses deux membres ; le groove terrible de la batterie complétant
le chant caméléon. A découvrir.
http://www.ko-ko-mo.com/
https://www.facebook.com/thisiskokomo/
samedi 19 décembre 2015
The Computers : «Want the news, here's the blues EP »
Découvert sur scène
au Bataclan (souvenir ému) et à Rock en Seine, on place de grands
espoirs dans les Computers. En effet, leur rock n'roll nerveux à
base de piano 50s mâtiné d'énergie punk est porteur de mille
plaisirs auditifs. Même si le tout semble dans la lignée de Jim
Jones Revue, à l'heure où ces derniers ont décidé de raccrocher
les gants, on compte sur les Computers pour nous dealer notre dose de
rock n'roll échevelé à forte teneur en énergie. Las, ce nouvel
EP, en attendant le troisième album, bouleverse totalement la donne.
L'affaire part pourtant sur de bonnes bases avec les deux premiers
titres « Want the news, here's the blues » et
« Crucifixed on you ». La tonalité générale est certes
moins marquée par le rock n'roll des origines, le piano a par
exemple disparu, mais l'énergie du groupe semble intacte et cette
nouvelle orientation plus garage leur va comme un gant. Hélas, les
deux dernières plages sèment le doute. Comme pour faire honneur à
son patronyme informatique, le groupe introduit une dose de synthés
80s dans sa musique. Quelle drôle d'idée ! Passe encore pour
« Whip It », comptine pop rigolote chipée chez Devo,
mais « It's over you », est trop mièvre pour remporter
l'adhésion. Pire encore, la chanson réveille le pire de la pop FM
des années 80. Ce nouvel album s'annonce pour le moins inquiétant...
https://www.facebook.com/thecomputershttps://twitter.com/thecomputers
vendredi 18 décembre 2015
Cage The Elephant : « Tell me i'm pretty »
Longtemps, le groupe
originaire du Kentucky avait été considéré comme un avatar,
certes extrêmement talentueux, de Nirvana à l'époque de ses deux
premiers albums. On garde ainsi un souvenir énamouré de « Always
something » et autres « Back against the wall ».
Mais tout ceci appartient au passé et ce quatrième effort va
considérablement changer la donne. En effet, le groupe quitte le
rivage post grunge et son lot d'influences nineties pour des nouveaux
horizons et s'ancre encore un peu plus dans le domaine des musiques
dites « terriennes » étasunienne. On en veut pour preuve
le final marqué par le blues de « Mess Around ». Un peu
plus loin « Sweetie little Jean » voit le groupe
s'attaquer aux sonorités psychédéliques. Le résultat est tout
simplement formidable. Plus mature, moins fou fou, l'accent est
dorénavant mis sur la mélodie (les très sixties « Cold Cold
Cold », « How are you true ») au point de sonner
carrément pop (« Trouble »). Même si le disque compte,
heureusement, son lot de guitares nerveuses (« Punching bag », "Portugese knife fight" qui sonne comme du Stooges ralenti),
ces dernières sont dorénavant canalisées et la formidable énergie
du quartet s'intègre dans un ensemble harmonieux. Prolongeant la
mue entamée il y a deux ans avec « Melophobia », « Tell
me i'm pretty » est le plus constituant, le meilleur album de
Cage The Elephant à ce jour. Il n'est pas trop tard pour glisser le
cd sous le sapin…
En concert à Paris
(Trabendo) le 22 février 2016.
mercredi 16 décembre 2015
Fufanu : « Few more days to go »
C'est depuis la
lointaine Islande que nous arrive Fufanu, un groupe de rock, comme
une exception sur l'île de l'Atlantique Nord plus réputée pour sa
scène folk ou ses expérimentations électroniques. Mais peut-être
pas tant que ça dans le fond. Car, avant de plonger avec délices
dans les joies de la guitare électrique et de la batterie, le
quintet a œuvré sur la scène techno locale sous le nom de Captain
Fufanu. C'était avant qu'un funeste cambriolage aux conséquences
désastreuses, matériel volé, les fichiers contenant la musique
également, ne les oblige à changer drastiquement d'orientation. Du
passé technoïde du groupe il ne reste aujourd'hui plus rien ou si
peu, quelques synthés discrets agrémentant les arrangements des
chansons. Et c'est ainsi que Fufanu est devenu un groupe de rock et
sacrément impressionnant qui plus est. Fufanu pratique une musique
sombre et froide (« In the light of the night »), jamais
totalement apaisée même dans les moments faussement calmes (cf.
l'incroyable tension rentrée de « Wire Skulls »).
Alternant les plages atmosphériques et les attaques forcenées de
guitares décapantes quasiment post punk (« Blinking »),
Fufanu entraîne l'auditeur dans un crescendo infernal comme sur
« Now » le terrifiant morceau d'ouverture. L'ombre de la
cold wave des années 80 plane sur ce disque (n'en déplaise au
chanteur qui n'avait jamais entendu parler de Ian Curtis avant),
genre qu'ils ont su faire évoluer et faire entrer de plein pied en
2015 au lieu de chercher à recréer un passé révolu quoi qu'il en
soit. Fufanu, le nouveau groupe préféré des âmes damnées
d'aujourd'hui.
https://www.facebook.com/fufanumusicmardi 15 décembre 2015
Beach Youth : « Days »
Aux portes de
l'hiver, les quatre Caennais de Beach Youth détonnent avec ce maxi
estival. En effet, ces deux titres d'indie pop dansante, sautillante
et primesautière, procurent ce genre de sentiment léger et
insouciant propre aux tubes de l'été. Et un petit je ne sais quoi
de The Smiths à la plage prolongé par des arpèges de guitares
carillonnantes. On attends avec impatience de plonger la tête la
première dans l'album.
https://www.facebook.com/beachyouthbandlundi 14 décembre 2015
Marietta : « Basement dreams are the bedroom cream »
Sur ce premier album
en solo, Guillaume Marietta, revisite avec maestria les années 1960
aussi bien suivant un angle psychédélique entre folk et pop
(« Somebody else is living your own life ») que sous un
jour garage, beaucoup plus nerveux et précurseur du punk dans sa
déclinaison scénique. Ce premier effort, l'ancien leader de The
feeling of love l'a conçu seul dans sa chambre. Il en résulte un
disque intimiste parfois frappé de dinguerie caractérisée (« The
NBA Conspiracy »). En effet, Marietta n'a pas son pareil pour
parer ses compositions d'étranges effets sonores. Ce disque a ceci
de fascinant, on ne sait jamais dans quelle direction vont partir les
compositions. En apparence tout va bien, se dit-on rassuré par le
sens mélodique du musicien, juste avant que les chansons ne partent
dans de spectaculaires vrilles à base de guitares distordues au
possible (« Father ») ou de claviers baroques (« Falconer
girl »). En ce sens, Marietta déborde très largement du cadre
des sixties et se distingue de la cohorte des suiveurs revivalistes.
L'artiste se servirait plutôt du passé comme d'une base de départ
avant d'entraîner l'auditeur dans un monde bigarré et fou, chanté
de sa voix éraillée et comme étrangement trafiquée. « Never
Smile » donne à écouter quelque chose de différent et
beaucoup plus proche de la cold wave des années années 80. Mais
qu'importe les décennies, car la démarche de fond ne change pas.
Marietta n'imite pas les années 60, mais en perpétue l'esprit
frondeur et novateur. La surprise rock psyché de l'année !
https://www.facebook.com/guillaumemarietta/vendredi 11 décembre 2015
John Mitchell Fleet : « Head On »
Tout a commencé, un
soir, à la Boule Noire, pendant un concert de l'Australienne Nadéah.
Sur scène, assurant la première partie, se trouvait une vieille
connaissance, John Mitchell, l'ancien leader des excellents Bad Mama Dog, que l'on avait perdu de vue depuis, au bas mot, cinq ans. Une
éternité… Un échange de mails plus tard et John nous proposait
de nous faire écouter son deuxième album (enregistré en 2012),
sous l'alias de John Mitchell Fleet, un disque jamais sorti, jamais
écouté, jamais chroniqué. Un projet avorté et un album perdu,
autrement dit un culte en puissance et en devenir. Et c'est ainsi que
quelques jours plus tard se trouvait dans la boîte aux lettres, une
enveloppe qui nous faisait bien plaisir et que l'on ouvrait avec
fébrilité. Première (bonne) surprise alors que l'on s'attendait à
recevoir un lien d'écoute (au pire) ou (au mieux) un CD-R, c'est un
produit fini, un joli digipack avec livret qui se trouvait dans la
divine enveloppe (dans le jargon on appelle cela un « def »
soit un album définitif, le même que dans le commerce).
C'est alors que
venait le moment d'insérer le cd dans le lecteur, que le nouveau nom
du groupe (Fleet, la flotte) prenait tout son sens. Avec ce deuxième
disque, John Mitchell a acquis un nouveau sens de l'ampleur et de
l'espace. La musique respire et évoque dorénavant un certain
courant planant des années 1970 (« Women like a Braid »,
l'enchaînement « No more tears/Baby »). Le genre lui va
à ravir et sa voix trouve ainsi un nouveau terrain d'expression qui
plus que jamais évoque le regretté Jeff Buckley. John chante comme
on plane au dessus des mélodies, en apesanteur (cf. le graphisme de
la pochette). En conservant, intelligemment, ses influences venue du
rock n'roll (la décapante « Bad Blood ») du jazz,
cuivres à l'appui (« Bad a boom ») et du blues (« Window
Blues ») qu'il teinte parfois de sonorités légèrement
country (« RIP »), John évite l'écueil languissant
souvent associé au rock progressif, les soli interminables et les
chansons de vingt minutes. Point de tout cela ici, John a réussi a
condenser ses aspirations progressives dans des morceaux de quatre
minutes, juste ce qu'il faut pour éviter à ce disque de devenir la
bande son accompagnant la sieste. Bien au contraire, si les guitares
ont globalement baissées en volume, on a affaire à vrai disque de
rock, ancré dans les racines étasuniennes de son auteur, et à
l'assise rythmique solide comme sur la groovy « Mr. Ree ».
A noter également la participation de la chanteuse Brisa Roché
invitée sur trois titres. Un petit mot final pour saluer les
excellents musiciens du groupe, Mathias Durand à la guitare, Quentin
Durand à la basse et Thibault Lecoq à la batterie. Il serait
vraiment dommage de laisser ces dix titres dormir sur une étagère…
mercredi 9 décembre 2015
Gabby Young & Other Animals : « One foot in front of the other »
Après un passage
par le divan du monde l'an dernier, la Britannique Gabby Young, une
superstar remplissant des salles dans le monde entier, débarque en
France, un pied devant l'autre. Ce troisième album est en effet le
premier bénéficier d'une distribution décente chez nous. Gabby
Young c'est avant tout une personnalité excentrique, toujours un
atout au moment de passer sur scène, comme le prouve sa chevelure
sauvage et colorée, et un univers entre cabaret steampunk et swing
jazzy. Toute petite, Gabby se destinait à l'opéra avant que les
découvertes simultanées du regretté Jeff Buckley et du jazz la
fasse radicalement changer d'orientation. C'est peu dire que notre
impétrante possède de sacrées qualités vocales et un coffre
impressionnant. Cette puissance vocale est mise au service de
compositions faisant la part belle au swing, « Sur la Lune »
qui ouvre le disque, lorgnant parfois vers des sonorités
manouches/klezmer (« I've improved ») sortant à
l'occasion les violons et autres accordéons. Véritable caméléon
vocal, Gabby laisse une large part d'émotion affleurer dans son
chant sur les titres folk (une autre de ses spécialités)
délicatement arpégées (« Fear of flying », « Another
ship », « Saviour »). Enfin dans cet univers
extrêmement codifié et nostalgique, Gabby n'oublie jamais
d'instaurer une dose de modernité dans la production et une
dynamique inspirée du punk. Chouette découverte !
En concert à Paris
(Alhambra) le 5 février 2016.
http://www.gabbyyoung.com/mardi 8 décembre 2015
DD'S Brothers : « We got the law »
Derrière le double
D de son patronyme se cache en fait les initiales de Dora Kuvuna et
Dorien Smith, les deux voix de ce groupe dont les origines multiples
se situent des deux côtés de l'Atlantique. Formation foisonnante,
les DD'S Brothers compte pas moins de huit membres, un véritable big
band riche en cuivres, guitares et percussions. Côté inspiration,
le groupe lorgne du côté de la soul mâtiné d'un soupçon de pop
motown dans l'écriture ("No Breaks"), dans une veine classique mais intemporelle.
La grande originalité vient du chant partagé entre les deux voix
citées plus avant, un chanteur et une chanteuse, qui se répondent
et dont le mariage vocal marche à merveille (« Help me »).
Sur de sa géographie, le groupe alterne ainsi entre le nord, les
ballades émouvantes typées Motown (« Setting you free »,
« Passions and light ») et le funk sudiste enlevé
respirant le tube en puissance (« We got the law »). Le
groupe alterne les climats et les ambiances mais toujours avec
classe et élégance. Une bonne surprise !
https://www.facebook.com/DDs-brothers-421758801262254/lundi 7 décembre 2015
The Cult : « Choice of weapon »
Apparu au début des
années 1980, The Cult a d'abord été adopté par la communauté
gothique. Puis, après maintes circonvolutions psychédéliques, le
groupe a évolué et est devenu un des fers de lance du rock des
années 1980 avec un chef d’œuvre à la clé, l'album « Electric »
sorti en 1987. De cette époque il ne reste plus que le chanteur Ian
Astbury et le guitariste Billy Duffy. Le présent album « Choice
of weapon », le dernier en date de La Secte, avant le prochain
prévu pour 2016, reprend le flambeau là où « Electric »
l'avait laissé, loin là-bas dans les eighties, produisant un rock
puissant et racé (« For the Animals », "Amnesia"). On insiste sur
le mot « Rock », pas thrash, métal black quelque chose.
Non, du rock tout simplement. Il y a en effet quelque chose
d'intemporel et d'immédiat dans ce disque. Les guitares sont
puissantes et enlevées, les gammes venues du blues sont parfaitement
ingérées pour muter en quelque chose de différent et terriblement
excitant (« The Wolf »). Oui, excitant, comme un bon
vieux rock n'roll qui d'un coup d'un seul redonne à l'existence tout
son sel. Quant à Ian Astbury, la patine du temps a profondément
marqué sa voix. Son timbre est désormais grave et profond, plein de
nuances gutturales dont il use à merveille tel un vieux bluesman
fatigué (« Life > Death »). Ce n'est pas pour rien
que ce type a, un temps, accompagné feu Ray Manzarek et Robby
Krieger sur scène lors d'une tentative de reformation des ex-Doors. Ian Astbury méritait de toute façon bien mieux que de jouer les Jim
Morrisson de remplacement et cet album remarquable vient le rappeler à point
nommé.
dimanche 6 décembre 2015
Gregg Allman : « Live back to Macon, Ga »
De retour sur ses
terres, Greg Allman s'éloigne, un peu, du rock sudiste qui a fait la
réputation de son groupe fétiche, le Allman Brothers Band, dans les
années 1970. En effet, ce copieux double album live (16 titres) a été
enregistré avec un seul guitariste. La deuxième guitare a été
abandonnée au profit d'une excellente section de cuivres et des
percussions complètent la scansion de la batterie. Le tout
s'articule autour des claviers (piano et orgue) de Gregg Allman, de
quoi rappeler que véritable bluesman de l'ABB, c'est lui ! De
fait, l'album regorge de musicalité et évolue dans une tonalité
blues/soul/jazz/rock voire folk réjouissante (cf. la formidable
« Queens of hearts »). Les compositions, extraites de la
discographie de l'ABB comme de la sienne en solo, retrouvent une
nouvelle jeunesse et ménagent de l'espace pour les démonstrations
de virtuosité des différents participants. Le résultat est ainsi
beaucoup plus terrien qu'attendu. Serein et apaisé, à l'image de ce
vétéran du rock qui a survécu à tout, ce double album constitue
un bon résumé de sa carrière, un ajout intéressant à sa
discographie ainsi qu'un excellent point de départ pour les béotiens
en la matière.
samedi 5 décembre 2015
Billy Gibbons and The BFG's : « Perfectamundo »
En rupture
(provisoire?) avec ZZ Top, Billy Gibbons s'amuse en solo. Dans une
tentative de renouvellement, Gibbons s'approprie des sons latins,
avec force percussions et un piano cubain (« Treat her
right »), et pousse même le vice jusqu'à chanter une bonne
moitié du disque en espagnol. L'affaire commence plutôt bien et les
deux premiers titres « Got love if you want it » et
« Treat her right » prouvent que Billy s'y entends
toujours lorsqu'il s'agit de trousser un bon vieux boogie de derrière
les fagots aux guitares graisseuses à souhait. Hélas, ailleurs, le
mariage paraît moins harmonieux et le résultat assez ampoulé
(« You're what's happening Baby », "Hombre sin nombre"). La présence d'un flow rap n'arrange rien et ne fait qu'ajouter à la confusion générale. L'ensemble manque cruellement de cohésion et de direction. La démarche nous rappelle les années 1980 lorsque
ZZ Top tentait maladroitement de se renouveler, empilant un nombre
incalculable de synthés et accouchant d'un album aujourd'hui
terriblement daté (« Afterburner »). Notons tout de même qu'avec "Q-Vo" l'album se termine comme il avait commencé, sur une excellente note. Pour le reste, tout ce
petit monde à l'air de s'amuser comme des fous (cf. la reprise pour
rire de « Baby please don't go »). C'est déjà ça...
vendredi 4 décembre 2015
Manu : « La vérité »
Presque vingt années
se sont écoulées depuis la sortie du premier album de Dolly (1997)
et Manu, son ancienne chanteuse, n'est toujours pas sage… La
preuve, ce nouvel album solo, le quatrième, intitulé « La
Vérité », voit la musicienne renouer avec ses influences
premières, Sonic Youth, Pixies, la scène indé/grunge des années
1990. Cela va sans dire, l'album est riche en guitares abrasives
(« Juste une chance ») et en refrain power pop, très
efficaces, que l'on retient dès la première écoute (« Un
baiser dans le cou »). Comme l'indique la mention sur la
pochette : « To be played at maximum volume » !
Un album frais et enlevé, qui respire l'envie de jouer du rock (la reprise de "Teenage Kicks") et
qu'il est pourtant impossible de résumer à son aspect primesautier.
Comme une sorte de contrepoint, au milieu de ce déluge de guitares,
« Je pense à toi » fait, en effet, figure d'exception.
Composée avec Nicolas Bonnière, un autre ex de Dolly, la chanson
repose sur un arrangement de harpe et de violoncelle, potentiellement
impossible à reproduire sur scène, et qui transforme le titre en
moment suspendu, à part, que l'on imagine (simple supposition de
notre part) dédié à Micka, l'ancien compagnon de route de Dolly,
tragiquement décédé dans un accident de la route, un drame qui a
scellé la séparation du quatuor en 2005. Un peu plus loin, l'album
se termine sur une autre note dramatique intitulée « Des
larmes »…
En concert le 4/12 à
Paris (le Gibus), le 10/12 à Vannes (Le Jam Session), le 11/12 à
Nantes (Le Ferrailleur) et le 12/12 à La Roche Sur Yon (Le Roll'in).
Www.manu-friends.comjeudi 3 décembre 2015
Kurt Cobain : « Montage of Heck »
Attendu avec plus ou
moins de curiosité, voici « Montage of Heck », un album
solo de Kurt Cobain qui sort 21 ans après le décès du chanteur de
Nirvana. On pourrait déjà commencer par préciser que « Montage
of Heck » constitue la bande originale du controversé
documentaire du même nom et qu'il s'agit d'une collection de démos,
brutes de décoffrage, absolument pas retouchées, présentant Kurt
seul à la guitare. 13 titres, pour la version standard, que l'on
pourrait classifier en quatre catégories. Il y a d'une part ce qui
relève du purement anecdotique tel ce « Reverb Experiment »,
qui n'offre pas grand-chose en dehors d'un son de guitare assez cool
par ailleurs. On trouve ensuite des versions demos de titres déjà
connus des fans (« Been a son », « Something in the
way ») et d'autres choses assez surprenantes tel « The
Yodel song » qui ouvre l'album sur une note country, pas
vraiment le registre dans lequel on attendait Kurt. Enfin, il y a le
dernier quart de l'album, le véritable trésor, des ébauches de
titres jamais terminées. Un corpus qui aurait constitué
d'excellentes chansons pour Nirvana, « Clean up before she
comes », « Desire », « She only lies »,
et qui, vu l'issue tragique de l'histoire, font naître plus de
regrets qu'autre chose. Une touchante reprise des Beatles, « And
i love her », complète cette collection intime et
bouleversante.
mercredi 2 décembre 2015
Candide : « Au pays du ralenti »
Quelques semaines
avant la sortie de son troisième album (prévue pour fin janvier),
retour sur le second album du chanteur qui vient de ressortir en
version deluxe agrémenté de deux remixes.
Faisant fi des
modes, Candide continue de faire de la musique avec cœur et passion
et reste fidèle à ses passions d'enfance pour le rock, le blues, le
folk ou la chanson française. Une position iconoclaste qu'il assume
pleinement sur « J'aurais voulu », avec ce constat
doux-amer : « Aujourd'hui pour faire de la musique, il
faut surtout s'y connaître en informatique...». De fait, avec son
album « Au pays du ralenti », Candide ravive une époque
que l'on croyait révolue. Enregistré en petit comité, en binôme
avec son ami Laurent Combes, dans la maison familiale sise sur la
côte d'Opale, pile en face de la Perfide Albion soit dit en passant,
Candide accouche d'un album particulièrement organique, vivant et
débordant de charme. Le disque débute avec un blues débonnaire
« La cour des grands » et on sent de suite que l'on
affaire à ce genre de classique instantané que l'on aime dès la
première écoute. En effet à écouter Candide, on pourrait
facilement l'imaginer ce fameux pays du ralenti, une terre imaginaire
bercée par les effluves du rock sixties, des Kinks ou des Beatles en
particulier. S'articulant autour d'une base classique, guitare, basse
et batterie, Candide y ajoute des apports aussi discrets
qu'importants. Le banjo, l'harmonica, le ukulélé ainsi que
l'omniprésence de la guitare acoustique apportent une note folk et
beaucoup de chaleur à la musique. Après on pourra toujours
argumenter sur le fait que l'album ne soit pas « à la mode »
ou sur le classicisme absolu de la chose qui, en soi, n'apporte rien
de neuf. En attendant on rêve que d'autres artistes fassent rocker
la langue française avec autant de classe héritée des sixties (cf.
« l'homme parfait »)…
lundi 30 novembre 2015
Jacko with Bambool
Premier album pour
le jeune chanteur Jacko accompagné de son groupe Bambool. Personnage
charismatique, excellent chanteur doté d'une belle voix dont le
timbre chaud dépasse très largement le cadre du reggae pour rentrer
dans le cercle fermé des grands soulmen, Jacko est aussi un être
conscient dont les textes débordent d'humanité. Ainsi ce premier
album le voit s'interroger sur ce qui peut bien pousser les gens à
dormir dans les rues (cf. « Sleeping in the streets »)
d'une « City so shitty », tout comme s'inquiéter du sort
de la communauté des gens du voyage (« Gypsies »). Mais
le chanteur est loin d'être le seul atout de cet album attachant.
Accompagner une telle voix demande une bonne dose de talent et
d'imagination. En cela, l'association avec Bambool s'avère parfaite.
Loin de se cantonner au roots reggae old school, Bambool prouve qu'il
est avant tout un groupe de talentueux musiciens n'ayant pas peur de
sortir de son pré carré pour s'attaquer à des rivages funky
(« Sleeping in the street », « City so shitty »)
voire même jazzy manouche le temps de l'excellente (« Gypsies »).
Ailleurs, le groupe parsème son reggae d'arrangements soul ou
d'effets de guitare rock ("No one"). Plus qu'un simple album, le groupe nous
sert sur un plateau tout un assortiment de musiques ensoleillées
dont on ne demande qu'à se repaître. Cool ! Un seul regret,
l'album est un peu long (16 titres) et les remixes dub clôturant
l'affaire semblent dispensables à nos oreilles. Un bien moindre
défaut au regard des qualités déployées plus avant.
http://jackowithbambool.com/dimanche 29 novembre 2015
The Slow Show : « White water »
Venu tout droit de
Manchester, The Slow Show fait figure d'extra terrestre sur notre
planète rock. Le disque débute par un étonnant cérémonial, comme
un chœur épiscopal. L'ambiance est sérieuse voire grave. Et puis
la voix du chanteur Rob Goodwin résonne et c'est le choc. Tel un Tom
Waits ténébreux, un incroyable crooner d'outre tombe, Rob Goodwin
possède un timbre rare. Grave, profond, absolument hypnotisant.
Autour de cette voix unique en son genre, le quintet tisse une toile
indie pop à la fois mélodique, planante, nocturne et légèrement sombre avec
piano, cordes et guitares délicatement arpégées (« Testing »,
magnifique). Écouter The Slow Show, c'est une expérience
mélancolique quasi-sensorielle. On n'avait pas été autant
chamboulé depuis l'album « No Song, no spell, no madrigal »
de The Apartments.
En concert le 1er
décembre à Paris (Le Point Ephémère).
https://twitter.com/theslowshowsamedi 28 novembre 2015
Leela James : « Fall for you »
Sur la scène soul
actuelle, Leela James se distingue de ses collègues par son approche
contemporaine. Son quatrième album, « Fall for you » ne
se limite pas à la catégorie vintage type Daptone (par exemple).
Pourtant tous les éléments classiques du songwriting soul sont là
mais adaptés, dopés par une production bien de notre temps. L'album
évoque ainsi pèle-mêle le son des années 1970 (« Do me
right »), mais aussi un soupçon de hip-hop ou de RnB à la
mode des années 1990 (« Set me free »). C'est ainsi, en
faisant le grand écart entre les époques et mélangeant le tout dans
une sorte de grand mix géant que Leela James trouve son identité
artistique, cette dernière étant, par définition, toujours en
perpétuel renouvellement. On peut apprécier, ou non, l'approche. La
variété ainsi pratiquée fait que tout le monde peut y trouver,
plus ou moins, son compte. Quoiqu'il en soit, les impressionnantes
prestations vocales de Leela devraient (dans un monde parfait)
remporter l'adhésion générale. On ne prendra pas beaucoup de
risques en affirmant que cette dernière est bien l'une des
chanteuses les plus marquantes de notre époque. Du feulement sexy de
« Do me right » à l'incroyable puissance d'exécution
(presque rock dans l'esprit) du « Who's gonna love you more »
d'ouverture, Leela s'accapare les chansons à la manière d'un acteur
changeant de peau à chaque nouveau rôle. Les émotions affluent
ainsi à l'écoute du disque. Entre autres réussites citons « Say
That » (en duo avec Anthony Hamilton) ou la jolie ballade
intimiste au piano « Fall for you». Un disque fort agréable.
En concert le 30
novembre à Paris (Le Bizz'art)
https://twitter.com/leelajamesvendredi 27 novembre 2015
Clara Néville : « Après-minuit »
Deuxième EP solo
pour la jeune artiste Clara Néville. Entièrement chanté en
français, le disque laisse paradoxalement apparaître de nombreuses
influences anglo-saxonnes. En effet, l'univers de Clara est pop,
gentiment rock, et plutôt d'obédience FM. Quoiqu'il en soit, ces
cinq titres ont été produits avec le plus grand soin. Les chansons
débordent de détails, des sirènes en intro (« La fuite »),
des touches de claviers aussi discrètes qu'indispensables et des
sons de guitares choisis avec soin. Le tout constitue un écrin
élégant sur lequel l'ex chanteuse de l'herbe rouge pose sa voix
avec assurance. Les fans de rock pur et dur auront certainement un
peu de mal à trouver leur compte dans cet univers. Tout est question
de goût, pour notre part, on apprécie particulièrement « Black
Star », le morceau le plus rock de cette nouvelle livrée qui
n'est pas sans rappeler les regrettés Daisybox.
jeudi 26 novembre 2015
Nothing But Thieves
Rien que des
voleurs. Ce n'est pas nous qui l'affirmons mais le groupe lui-même
qui a choisi ce drôle d'aveu en guise de patronyme. Nothing but
thieves, donc, un jeune quintet anglais qui sort ces jours-ci son
très copieux premier album (16 titres) aux emprunts divers. Ce qui
frappe en premier lieu chez Nothing but thieves c'est l'ambition dont
fait montre le quintet pour un premier disque, conçu tel un diamant
longuement poli. La production est claire et nette, les ambiances
variées. Le moins que l'on puisse dire c'est qu'il y a du monde qui
se bouscule au portillon et on pourrait citer les influences par
wagons entiers (Arcade Fire, Muse, Radiohead, Jeff Buckley et même
un soupçon de Led Zeppelin dans les guitares) mais à quoi bon...
La chose est à la fois complexe et épique. Les guitares partent
dans des envolées, savamment contrôlées, allant de l'agressivité
(« Painkiller ») aux digressions dark et planantes,
fouettées par une section rythmique précise (« Drawing
pins ») et même funky (« Ban all the music »). Et
puis il y a la voix pleine d'allant, revisitant des cimes autrefois
fréquentées par le regretté Jeff Buckley (« Lover please
stay », « Tempt you »). Les claviers enrobent le
tout et apportent une légère touche électro planante. Il n'y a pas
à dire, l'album séduit au fil de l'écoute et on en arrive à la
conclusion que le groupe a réussi ses débuts. On ne se plaint même
pas de sa longueur (16 titres rappelons-le) ! Et puis on se
rappelle qu'en leurs temps, Muse et Radiohead (deux influences
prégnantes en l'espèce) avaient été considérées comme des
révélations majeures avant de constituer de sévères déceptions.
On se gardera donc bien d'affirmer que l'avenir appartient à Nothing
but thieves. Espérons que, à la différence des deux aînés
précédemment cités, le groupe saura digérer la réussite de ce
premier effort pour mieux inventer l'avenir.
https://www.facebook.com/NothingButThieves/mercredi 25 novembre 2015
Luke : « Pornographie »
Intitulé
« Pornographie », le cinquième album de Luke n'a
absolument rien à voir avec le classique (1982) des Cure du même
titre. Si Pornographie il y a, c'est celle qui émane du narcissisme
indécent qui, de selfie en selfie, se propage sur la toile. Car
Thomas Boulard, chanteur de Luke de son état, est en colère. Contre
la société actuelle et l'évolution du monde. Comme il le chante
lui-même : « C'est la guerre » (prophétique) !
Ce n'est plus un album, c'est un uppercut. Les guitares sont urgentes
donnant aux chansons des allures de déflagrations (« Warrior »)
sur batteries martiales. Les mots pèsent lourds, l'album se révèle
autant engagé qu'enragé. Et tant pis si il faut une fois de plus
assumer les comparaisons (totalement justifiées par ailleurs) avec
Noir Désir. « Rêver tue » et c'est bien triste tout ça.
En concert le 9
décembre prochain à Paris (La Cigale)
https://www.luke.com.fr/mardi 24 novembre 2015
Bantam Lyons
Jeune quatuor Breton
exilé dans la belle ville de Nantes, Bantam Lyons acouche d'un EP
que l'on écoute comme on feuillette un vieil album photo.
S'inspirant du passé sans pour autant être passéiste, Bantam Lyons
revisite, avec bonheur le plus souvent, tout un pan de la musique
mélancolique, à cheval entre les années 1980 et 1990. On y entends
un tiers de cold wave, « Mamad » qui évoque Joy
Division, un tiers de pop rêveuse (cf le « Glow »
d'ouverture) et un dernier tiers pour finir de post rock noise
(« Wednesdays »). Autant de choses qui nous parlent et
réveille l'ado solitaire qui sommeille en nous. Un disque de
circonstance, à écouter un jour de pluie…
lundi 23 novembre 2015
Bruit Noir I / III
Après cinq albums
et plus de quinze ans de fidélité absolue à Mendelson, Pascal
Bouaziz se lance dans le premier projet parallèle de sa carrière
(ce qui ne signifie en rien la fin de Mendelson). Bruit Noir est né
de deux contraintes. Les textes ont été improvisé, face au micro,
par Bouaziz dans une sorte de poésie intime, instantanée, comme un
monologue. Concernant les musiques, Jean-Michel Pires, le batteur de
Mendelson à l'origine du projet, s'est imposé une contrainte :
n'utiliser que des percussions et des cuivres. D'où ce disque
étrange ne ressemblant à rien de vraiment connu. L'album commence
sur une note bizarrement malsaine : « Requiem » soit
le requiem de Pascal Bouaziz, écrit et récité par ses propres
soins (« c'était un requiem comme il les aimait avec beaucoup
de batterie »…) suggérant un suicide. Ambiance... Au fil de
l'écoute Bruit Noir s'impose comme une masse sonore sombre et
oppressante, plus vraiment des chansons, du bruit… Noir… (comme
quoi tout est dans le titre). Véritable brûlot, Bruit Noir s'impose
comme un exutoire pour Pascal Bouaziz qui n'a de cesse d'exprimer ses
sentiments ambivalents envers l'humanité, comme autant de vérités cruelles : « Tu veux
détester ton prochain, voyage avec easy jet » cf. « Low
Cost » ! Mais ce n'est rien à côté de la « Sécurité
sociale » : « C'est fait exprès si tout est
compliqué, c'est fait exprès si le questionnaire est
incompréhensible ». Au delà de la musique, le titre s'impose
comme une expérience sensorielle, la véritable mise en son du
cauchemar administratif. Kafkaïen. Seule « Joy Division »
dévoile un semblant de sentiment positif dévoilant un amour sincère
pour la musique des Mancuniens. L'album se termine sur une note émouvante avec "Adieu", évocation sensible de l'enfance qui se termine et qu'il faut quitter. Âmes sensibles, s'abstenir…
https://www.facebook.com/bruitnoirgroupe/
dimanche 22 novembre 2015
Fredrika Stahl : « Demain »
Autrefois chanteuse
de jazz, Fredrika Stahl continue sa mue entamée depuis deux albums.
Cette nouvelle mini livrée de six titres, composant la bande
originale du film « Demain », réalisé par Cyril Dion et
Mélanie Laurent, voit la Suédoise naviguer vers de nouveaux rivages
musicaux. Cette dernière n'en n'oublie cependant pas le jazz,
qu'elle revisite sur un mode pop le temps d'un « Tomorrow »
assez réjouissant. Et elle est loin de s'arrêter là. Chaque titre,
où presque, lui donne l'occasion de toucher un nouveau genre. « The
World to come », placé en ouverture, évoque la bande
originale d'un film (normal!) richement orchestrée. Mais notre
préférence va plutôt au folk mélancolique (« Everything »)
ou à la pop primesautière servie sur un clavier sautillant (« Make
a change »). Cet agrégat de musique aurait pu donner un disque
bancal, passant du coq à l'âne sans raison. Il n'en est rien ici,
petit exploit rendu possible grâce au grain de voix unique de
Fredrika. Les paroles s'inspirent directement du film, prônant un
message positif et exhortant au changement (« Pull up your
sleeves »). La suite est à découvrir dans les salles obscures
à partir du 2 décembre prochain.
Sortie le 27
novembre.
Sortie du film
demain le 2 décembre.
samedi 21 novembre 2015
Léopoldine : « Adieu Canopée »
Deuxième EP pour
cette jeune pianiste formée à l'école classique. Entre acoustique
et électronique, Léopoldine a choisi de ne pas choisir, mélangeant
les notes de son instrument de prédilection à moult boucles,
synthés et autres boîtes à rythmes. Dotée d'une plume élégante
et féminine, Léopoldine chante, en français, c'est devenu (hélas)
assez rare pour être souligné, d'une voix diaphane, à fleur de
peau. A la fois classique et pourtant contemporaine, n'hésitant pas
à prendre des chemins de traverse expérimentaux à l'occasion, la
pop, particulièrement ouvragée, de Léopoldine emporte l'auditeur
dans un entre-deux à la fois moelleux et confortable où les
émotions affluent (cf. la très belle « Demain dès l'aube »).
Sortie le 25 novembre.
https://www.facebook.com/Leopoldine-273440219374613/vendredi 20 novembre 2015
Cannibales & Vahinés : « Songs for a free body »
Originaire de
Toulouse, Cannibales & Vahinés, sort son troisième album. Quel
étrange objet que voici, situé au croisement de différentes
cultures. Le son est brut, sans fioritures, entre batterie pulsant au
millimètre et guitares abrasives. Si la base n'est pas sans rappeler
de nombreux groupes, Cannibales & Vahinés a décidé d'épicer
la recette à sa façon ajoutant d'autres ingrédients aussi
originaux qu'excitants. Il y a tout d'abord le saxophone qui
régulièrement déchire l'air de notes exsangues, autant crachées
que soufflées. Et puis il y a la voix. Pas n'importe laquelle,
celle, mythique, de G.W Sok, qui a été pendant plus de trente ans
le chanteur des Hollandais de The Ex. Ceci étant posé, le
chroniqueur se retrouve devant un dilemme. Est-ce du rock ? Du
punk ? Du free jazz ? Le groupe ne rentre dans aucun
critère particulier. Trop facile. C'est bien plus amusant d'en
remplir plusieurs à lui tout seul. La forme est expérimentale. La
bande des quatre aime prendre son temps, étirer ses titres dans la
longueur, tricotant des thèmes aussi répétitifs qu'envoûtants
(« Old oak tree ») et inventant en cours de route un
curieux mélange de psychédélisme/noise/jazzy, passant d'un état
contemplatif apaisant (cf. la très belle « Goghsuckers »)
à un déluge de notes. Sok, qui déclame plus qu'il ne chante,
apporte une note poétique à l'ensemble et se retrouve parfaitement
à son aise dans ce contexte, lui dont l' « ex »
groupe a souvent collaboré avec Tortoise. Si il fallait chercher un
cousinage à ce disque il se situerait certainement vers le groupe
Chicagoan mâtiné avec un soupçon de Sonic Youth. Une réussite.
lundi 16 novembre 2015
Dilly Dally : « Sore »
Il est de ces
groupes, dont l'aura résiste au temps et se transmet de génération
en génération. A l'écoute du premier effort de Dilly Dally,
impossible de ne pas penser aux années 1990 aux Pixies, Hole et
Nirvana en particulier. Avec ce premier disque, le quatuor de Toronto
tente de remettre au goût du jour la dynamique calme/agressivité et
le mélange pop/noise, typique des années 1990 en y ajoutant une
touche féminine, par le biais de la chanteuse Katie Monks et de la
guitare de Liz Ball (un duo de Courtney Love modernes), et un soupçon
d'ambiance dark (la torch song au piano « Burned by the
cold »). Sur certains titres la formule fonctionne comme à la
belle époque (cf. la très chargée sexuellement « Desire »
qui exhale un fort parfum de « Where is my mind »). Dans
l'instant, le groupe offre un petit voyage dans le temps sympathique
entre guitares nostalgiques et production moderne. Reste à voir
comment tout cela va vieillir.
vendredi 13 novembre 2015
Parkway Drive : « Ire »
Lorsqu'ils ne sont
pas occupés à maltraiter guitares, basse et batterie, les membres
de Parkway Drive tuent le temps en faisant du saut en parachute, du
skate ou du surf. Une bande de casse-cous, donc. En conséquence, il
est normal que les trompe la mort Australiens nous ponde un disque
kamikaze poussant l'implication physique assez loin (cf. « Dying
to believe »). Riche de refrains fédérateurs (« Vice
Grip », « Fractures ») et d'ambiances flirtant avec
le dark (l'excellente « Crushed ») ou le psyché
(« Vicious » et sa sitar), la déclinaison live de l'album s'annonce particulièrement excitante. Et pourtant tout n'est pas que violence à
plein volume chez Parkway Drive. Élevant le niveau de ses ambitions
musicales, le groupe convoque des cordes, sort la guitare folk et
tente un audacieux mélange entre heavy métal et acoustique qui
fonctionne plutôt bien (« Writings on the wall », « A
deathless song »). Un album particulièrement abouti.
En concert à Paris
(Bataclan) 11 février 2016.
https://twitter.com/parkwayofficialjeudi 12 novembre 2015
Sound sweet sound : « Sinner songs on movie scenes »
Dans le panorama
psychédélique actuel, les français de Sound sweet sound occupent
un place particulière et bien à eux. Déjà, il y a la présence
d'une flûte, instrument qui fait figure d'incongruité dans un
groupe de rock, mais dont l'utilisation apporte une note originale et
orientalisante. Ensuite, ce n'est pas parce que leur patronyme
contient le mot « sweet » que tout est doux et délicat
chez eux. Les guitares sont lancinantes et lourdes, comme du heavy
metal adouci (« Death on the way », « Justice »).
L'écoute de l'album procure une drôle de sensation chez l'auditeur.
Les titres sont très longs (l'album ne contient que six plages)
comme si le groupe se souciait autant de dépeindre un climat, une
ambiance, allant du calme à la tempête, que d'écrire des chansons.
Et il traîne comme un fond de noirceur dans le psychédélisme
hypnotique dégagé par le sextet. Dans ce contexte, la voix apparaît
comme incantatrice (cf. « Grace »). L'album entretient
une sorte de cousinage lointain avec Wall of Death, ce qui n'est pas
si étonnant puisque les deux formations ont utilisé le même studio
d'enregistrement. Excellent.
https://fr-fr.facebook.com/soundsweetsoundmercredi 11 novembre 2015
TRAAMS : « Modern Dancing »
Longtemps,
l'Angleterre du rock fut placée sous le joug des années 1960, et
plus particulièrement des Beatles, une influence aussi encombrante
qu'indépassable. Déplaçant le curseur de ses influences vers les
Etats-Unis des années 1990, Traams ouvre ainsi une brèche dans la
scène rock Britannique. Chez Traams, la musique repose sur un
équilibre précaire du trio, où tout est affaire de dynamique.
Celle de la batterie tout d'abord, précise, d'une régularité
métronomique mais aussi rapide qu'un chronomètre détraqué
tournant à toute allure (cf. « Succulent Thunder Anthem »).
La basse, énorme, soutient le tout sur un rythme sautillant (cf.
« AnB », « Silver Lining »). Le terrain est
ainsi pleinement dégagé pour la guitare qui explore à l'envie
entre garage rock, dépouillé de ses influences venues du blues, et
le rock noise (cf. « Sister »). La voix, comme maltraitée
et poussée dans ses ultimes retranchements évoque également cette
influence typique des années 90. On trouve même une dimension
expérimentale chez Traams. Car le trio aime se taire pour mieux
laisser parler ses instruments, entraînant la musique dans une
longue spirale de guitares au larsen bruyamment psychédélique
(« Modern Dancing »). Régulièrement, les chansons sont
ainsi parsemées de ces dérives instrumentales (« Silver
Lining ») contrôlées afin d'éviter les dérapages. Quand
cette démarche est appliquée à une écriture pop soignée (« Neck
Brace ») Traams touche du bout des doigts le nirvana musical.
Comme quoi, le DIY a toujours de beaux jours devant lui…
mardi 10 novembre 2015
Iron Bastards : « Boogie Woogie violence »
Cela
commence avec un cri. Suivi d'un riff de guitare, façon Chuck Berry
survolté, complètement déglingué. Puis viens la voix, gutturale,
au-dessus de laquelle plane le sceptre de Lemmy. Bienvenue chez Iron
Bastards ! Speedé, agressif, brutal, le rock façon Iron
Bastards est placé sous le patronnage des années 1970 parfois
mâtiné de métal contemporain, un écart temporel notamment perceptible dans les patterns de batterie à la double pédale (« I am the lizard »).
C'est peu dire que le power trio Strasbourgeois joue vite et fort, à
s'en crever les tympans (écoutez l'intro de « Breaking the
past »). Même les plus endurcis risquent de plier sous les
coups de boutoir répétés du groupe, véritables fils illégitimes
et mal élevés de Motörhead. Un seul bémol, la longueur du disque,
18 titres (15 chansons et 3 titres live en bonus), c'est long et
parfois un peu répétitif. Hautement appréciable néanmoins pour
qui n'a pas froid ni aux yeux ni aux oreilles...
http://ironbastards.com/fr/dimanche 8 novembre 2015
Arielle Dombasle & The Hillbilly Moon Explosion, La Cigale, 04/11/2015
C'est
une soirée particulière pour les Hillbilly Moon Explosion.
L'excellent groupe rockabilly (renforcé pour l'occasion par un
pianiste) se retrouve ce soir sur la magnifique scène de La Cigale,
une salle beaucoup plus grande que les petits clubs où ils jouent
habituellement, en backing band d'Arielle Dombasle, inattendue dans
le rôle de la rockeuse. Au programme du rock n'roll et des murders
ballades (la superbe "My love for Evermore" en duo avec Nicolas Ker), le tout évoquant la nostalgie des années 1950. Après les
deux premiers titres assurés par le groupe, Arielle Dombasle fait
son entrée en scène sous les vivas de son public. Même si son
chant ne semble pas toujours naturel, Arielle Dombasle possède une
voix pleine de possibilités intéressantes, pouvant monter très
haut dans les aigus dans d'impressionnantes vocalises. Le groupe
quant à lui assure avec sa classe habituelle entre swing élastique
de la section rythmique, ah cette contrebasse excellemment soutenue
par la batterie, et la guitare d'inspiration western. Compte tenu du
statut d'icône tenu par Arielle Dombasle au sein de la communauté
gay, de nombreux couples de garçons sont dans la salle, « Johnny
are you gay ? », titre de circonstance, a résonné de
façon particulière auprès du public, attirant de nombreux « Yes
he is ! ». Après quelques titres Arielle s'est éclipsée
laissant les Hillbilly Moon seuls pour assurer le show. La dernière
partie du concert a été consacrée au répertoire des albums
précédents d'Arielle Dombasle. D'humeur généreuse toute la troupe
est revenue à plusieurs reprises pour les rappels et, à court de
chansons, s'est lancée dans des reprises de « Chick Habit »
et de l'excellente « Ouh la la » (un inédit composé
spécialement pour l'album) déjà jouées précédemment.
samedi 7 novembre 2015
Les Soucoupes Violentes : « Fort Intérieur »
Leader historique
des Soucoupes Violentes depuis les fort lointaines années 1980,
Stéphane Guichard garde toujours la foi. Récemment, on le croisait
encore devant le new morning, avant un concert de Little Bob,
tractant vaillamment, le sourire aux lèvres, pour promouvoir le
nouvel album de son groupe, relancé il y a quelques temps. Après
des années de pause prolongée, les soucoupes reviennent survoler
notre paysage rock. Et leur garage rock, chanté en anglais ou en
français, n'a pas pris une ride ! Le nouvel album a ce petit
quelque chose de rare, comme une allure de classique instantané. Pas
uniquement grâce à des compositions de haute volée où la guitare
se taille la part du lion (cf. « Lost weekend », « Ta
légende », nerveuse et tendue) mais aussi grâce à des
apports extérieurs bien trouvés et complétant idéalement
l'univers musical du groupe. Désertant l'électricité rageuse, les
Soucoupes Violentes explorent ainsi, avec succès, des territoires
acoustiques. « Always Up » et « Johnny Tonnerre »
(que l'on imagine dédiée à qui vous savez) sont deux magnifiques
ballades folk agrémentées d'une lap-steel country, faisant voyager
le trio et l'auditeur par la même occasion. Ailleurs, c'est un
ukulélé qui fait une apparition inattendue (« le mec le plus
cool de la terre ») ou des percussions fofolles qui donnent une
nouvelle orientation à la musique, loin de se cantonner à un énième
revival garage. Tout ceci n'empêchant cependant pas le trio de faire
un petit clin d’œil discret au passé (cf. « I won't
survive », « Ma tête sur un plateau »). Enfin
impossible de terminer cette chronique sans souligner le succulent
« Trop méchante » en duo avec un Didier Wampas en pleine
forme. Une belle réussite.
https://fr-fr.facebook.com/Les.Soucoupes.Violentes/