samedi 28 décembre 2024

Théo Charaf & Raoul Vignal : « Two way street »

 


L’un fait partie de la prometteuse jeune garde folk/blues française, l’autre est un fin songwriter pop/folk. Si ce n’est leur amour commun pour la guitare, pièce centrale de l’album, la présence simultanée de Théo Charaf et de Raoul Vignal dans le même studio, tient du hasard si ce n’est de l’accident heureux. Entouré du percussionniste Lucien Chatin et du mystérieux Disque Noir au rôle obscur, le duo a tout enregistré à deux. Trois chansons originales de l’un, trois nouvelles chansons de l’autre et deux reprises. Il est des rencontres heureuses et à la manière des duo de superstars gravés sur disque ces dernières années (Elton John/Leon Russell, Elvis Costello/Allen Toussaint, Wilko Johnson/Roger Daltrey etc.) Théo et Raoul nous en offre le pendant français. L’album grave dans la cire, et pour l’éternité, cette rencontre inattendue. Un moment suspendu, d’une pureté acoustique apaisante, particulièrement roots et serein, que l’on imagine capté dans une cabane en rondins, au fond des bois. Laissez-vous bercer par les arpèges délicats, ils sont d’une beauté irréelle, d’une sérénité définitivement étrangère à notre époque.






mardi 24 décembre 2024

Gaspard Royant : « All the best for Christmas »

 


Gaspard Royant incarne une sorte d’incongruité sur la scène rock française : c’est un crooner ! Une sorte de pendant français de Chris Isaak et de Richard Hawley, une voix remarquable, qui n’hésite pas à mâtiner son timbre de guitares rock’n’roll. Après un album très personnel, touchant mais en demi-teinte, notre homme Gaspard signe son grand retour en forme avec un album de Noël ; reprenant à son compte une tradition bien ancrée dans le showbiz US, mais relativement peu usitée ici. Une prise de risque, donc. De cet exercice pour le moins codifié, Gaspard s’en sort la tête haute et avec les honneurs ! Bien entouré (Bobbie, Aurélie Saada, Nicole Atkins, Maxwell Farrington – qui avait déjà sorti son album de Noël à lui - et le SuperHomard) Gaspard soigne ses mélodies (« Next Train to Memory Lane ») et varie les ambiances, tournant autour du thème imposé, en suivant des angles originaux. A l’exception de deux reprises, l’album propose un répertoire original, clochettes de rigueur, et toutes guitares dehors. Le genre sied à ravir à son timbre de stentor (l’emphase exhalant de sa reprise de « White Christmas »), l’album n’est pas avare, ni en émotions (« Wishing you a Merry Christmas », duo de charme avec Aurélie Saada, l’émouvante « Christmas Prayer » qui ponctue le disque) ni en groove (« Perfect Christmas Song » avec Nicole Atkins). Une excellente collection de chansons folk-rock qui devrait survivre à l’obsolescence programmée qui frappe généralement les albums de Noël dès le 26 décembre.

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lundi 23 décembre 2024

Jeanne Rochette : « Live au Gesù »

 


Reine de la démultiplication, Jeanne Rochette, a, à la fois, un pied dans le théâtre, l’autre dans la musique où elle se partage entre chant lyrique, chanson jazz et pop. Entre sa France natale et le Québec, où elle a vécu de nombreuses années, Jeanne Rochette fait le point sur sa carrière avec cet album live, enregistré à Montréal, revisitant ses trois disques studio : « Elle Sort » (2010), « Cachée » (2016) et « La Malhonnête » (2021). Les petits plats sont mis dans le grand sur cet album, enregistré avec le (grand) Orchestre National de Jazz de Montréal, regroupant la crème des musiciens québécois, avec force cordes, bois et cuivres, piano, batterie et contrebasse. La richesse des arrangements, entre jazz et classique, va à ravir à la chanteuse qui peut ainsi déployer toute l’expressivité de son interprétation, ses intonations rappelant au passage l’actrice qu’elle est également. Elégant et soyeux, l’album n’est pas exempt de swing (« L’escalier » ; « Coup de bol ») mais ménage aussi de longues envolées tantôt mélancoliques (« Etre là »), tantôt lyriques et primesautières (« Ce Mec ») au-dessus desquelles plane l’ombre des bandes originales signées de l’immense Michel Legrand. Une soirée de prestige gravée sur disque, cela ne se refuse pas ! Une réussite !

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dimanche 22 décembre 2024

Shades : « Witchcraft »

 


Il est de ces albums qui offrent des parenthèses, des moments suspendus, et dont l’écoute relève autant de la pause primesautière que du la faille temporelle dans laquelle on tombe avec délectation. Ainsi va, le deuxième album du sextet Shades, intitulé « Witchcraft » (sorcellerie), un titre bien trouvé tant il se dégage une sorte de chimie magique née de l’addition des talents conjugués de ces six musiciens. Shades, c’est d’abord et avant tout une composition atypique. Seulement deux instruments en composent la musique, une guitare (Antoine Laudière), qui swingue aussi fort que celle de Django, et une clarinette basse (Etienne Quezel), assez peu usitée dans les genres musicaux qui nous préoccupent habituellement. Le reste du groupe se compose de trois chanteuses (Elora Antolin, Marion Chrétien et Ellinoa) et d’un chanteur (Pablo Campos). Dans ce contexte, les voix ne se contentent pas de chanter mais crée également la mélodie par le biais d’harmonies vocales particulièrement élaborées. Elles sont le cœur battant du groupe. L’approche se révèle ainsi particulièrement humaine, l’ensemble dégage un sentiment de proximité et d’intimité assez prégnant et redonne un coup de jeune à un répertoire essentiellement pioché dans le Broadway des années 40 et 50 (à noter un détour par le blues « Saint James Infirmary Blues » et un titre en français « La Tendresse »). Le swing de Shades est imparable !

https://www.facebook.com/shadeslegroupe

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samedi 21 décembre 2024

March Mallow : « The Silence »

 


Pensé comme un hommage au jazz des années 1940/1950, March Mallow se veut le chantre d’une approche acoustique et intimiste. Ainsi, le mal nommé « The Silence », tant on voudrait que le groupe n’arrête jamais de jouer, deuxième album du groupe, offre un pause rétro tout autant qu’il coince l’auditeur dans une véritable bulle intemporelle salvatrice et charmante. La formation restitue parfaitement l’ambiance de ces années, grâce au charme vocal, vénéneux et irrésistible, de leur chanteuse Astrid Veigne, et à une orchestration volontairement restreinte (guitare, piano et contrebasse) qui d’emblée nous plonge dans l’ambiance d’une soirée dans un cabaret rétro. Précisons qu’également qu’à l’exception de deux reprises (dont un petit détour vers le blues avec « I put a spell on you ») l’album se compose d’un répertoire entièrement original, ce qui place d’emblée le groupe au-dessus de la mêlée et signe une véritable ambition artistique, renforcée par des arrangements ambitieux sur quelques titres. Une batterie et un saxophone, renforcent le swing sur l’irrésistible et dansant « Fools’train », alors qu’à l’opposé, un quatuor à cordes donne du corps à la mélancolie se dégageant de leur reprise de « Mr Bojangles ». Quelques titres en français (« Les Couleurs », « Simplement ») complètent le programme avec bonheur. Une réussite !

En concert le 28/02/2025 au Barbizon (Paris 13)

https://www.facebook.com/MarchMallow.band

https://www.march-mallow.com/





vendredi 20 décembre 2024

Wendy Pot : « Poppy Field »

 


Le quintet montpelliérain poursuit un fantasme bien ancrée dans l’histoire du rock d’ici, celui du groupe français de pop anglaise. Ce nouvel avatar, regroupé autour du chanteur/guitariste Sylvain Grout prolonge l’aventure de son groupe précédent (Grout/Grout) avec un line-up féminisé, la chanteuse/claviériste Pauline Montels, et une réussite certaine à la clef. La chose s’intitule « Poppy Field », que l’on pourrait traduire, de manière hasardeuse, par « champ pop ». Et dans le fond, l’écoute de l’album s’apparente un peu à cela, une balade dans un champ, autrefois arpenté par les Beatles et autres Kinks, soit un chemin bien connu mais que l’on retrouve avec un plaisir à chaque fois renouvelé. Il en faut peu pour tomber sous le charme à vrai dire. Harmonies et mélodies se mélangent au fil de chansons chatoyantes, douces et chaudes. L’omniprésence de la guitare acoustique procure un sentiment d’intimité immédiate. Un album qui, sous des atours humbles, révèle bien des trésors, concoctés avec un amour véritable de la pop intemporelle, nous ne sommes pas prêts de nous en lasser !

https://wendypot.bandcamp.com/album/poppy-field

https://www.facebook.com/wendypotmusic





mardi 17 décembre 2024

October Drift, Point Ephémère, 16 décembre 2024.

Il est de coutume pour les groupes de rock de répéter avant les concerts. Chez October Drift, on répète bien sûr, mais on agrémente l’exercice d’un petit tour au mur d’escalade, histoire d’être prêt à grimper poteaux et autres échafaudages des salles de concert avant de se laisser tomber dans la foule ! Faisant ainsi honneur à la photo ornant la pochette de leur dernier album, les Anglais nous ont gratifié d’un show monumental et électrisant. Et c’est peu dire que l’on a en vu de toutes les couleurs ! De l’énergie, des musiciens qui sautent dans tous les sens au rythmes de guitares infernales, mais également de la pop aux accents cold dont les arrangements passent beaucoup mieux sur scène que sur leur dernier album à la réussite aléatoire. Ce fut un grand moment de partage terminé en duo au milieu de la fosse sur une note quasi folk (à l’esthétique totalement opposée à celle du début du concert) et tout le monde qui chante en cœur au son d’une guitare électrique non saturée. Des émotions en pagaille et une énorme générosité de la part du groupe qui n’hésite pas à briser le quatrième mur au contact direct du public, visitant régulièrement la fosse. Quelle soirée, quel groupe !

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https://octoberdrift.os.fan/

samedi 7 décembre 2024

Vera Sola + Anthony da Costa, La Maroquinerie, 6 décembre 2024

Un peu avant de le retrouver jouant de la guitare au sein du groupe accompagnant Vera Sola, c’est en solo que le chanteur/guitariste Anthony da Costa a ouvert la soirée. Prenant le contre-pied d’un chanteur folk classique, c’est à la guitare électrique qu’Anthony da Costa s’est accompagné durant son set. Un instrument au spectre large, grâce aux pédales d’effets, que le musicien utilise dans sa totalité passant de passages éthérés, comme autant de vagues hypnotiques, à de brusques éclairs aussi électriques que brutaux. Sa voix, plutôt de tête, s’accommode de tous les registres, pourvoyant les émotions. Une belle première partie, en attendant de le revoir, espérons-le, une fois son album, qu’il vient à peine d’achever, sera sorti.

Place ensuite à la magnifique Vera Sola, qui a publié son magnifique deuxième album (« Peacemaker ») un peu plus tôt cette année, six longues années après un premier effort (« Shades », 2018) qui avait déjà marqué les esprits à l’époque, entourée d’un groupe de haut vol dans lequel on retrouve, et c’est à peine croyable, le « legendary » Elvis Perkins à la basse ! Toute de noir vêtue, Vera Sola marque les esprits par sa beauté magnétique, que l’on découvre à l’occasion, elle qui a plutôt l’habitude de se cacher sur les pochettes de ses albums. Petite brunette, coiffée de nattes et au regard clair, la chanteuse est totalement habitée sur scène et impressionne par son regard fixe, comme absent, totalement absorbée par la musique. Quand elle ne s’accompagne pas à la guitare folk, instrument dont elle joue magnifiquement grâce à une impressionnante technique d’arpège de la main droite, Vera danse et bouge beaucoup sur scène comme si la musique transperçait totalement son corps. La prestation hypnotise tout autant que sa voix, grave dans tous les sens du terme, habitant ses compositions entre folk, rock et americana, aux accents vintage sans ostentation, non dénués d’éclairs violents, dans lesquels se retrouve le guitariste Anthony da Costa, lui aussi totalement habité, dans la foulée d’une batterie au jeu atypique. Magnifique concert.

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dimanche 1 décembre 2024

Nada Surf + Elephant, Le Bataclan, 29 novembre 2024.

Déjà auteur de deux albums, les Hollandais d’Elephant seront de retour au cours du premier trimestre 2025 avec un nouvel effort. En attendant, le quartet s’échauffe en première partie de Nada Surf et, à ce titre, vient honorer la scène du Bataclan pour la première partie du soir. Et alors que les premières notes résonnent, on en vient à penser immédiatement que ce groupe était le choix parfait pour coller à l’univers mélodique des New-Yorkais. Evidence mélodique des compositions, groove ouaté tout en douceur, les chansons d’Elephant possèdent ce petit je ne sais quoi qui les rends inoubliables. Servi avec un chant doucereux, accentuant la douceur mélancolique du répertoire, le quatuor nous a gratifié d’un set impeccable d’un bout à l’autre. 45 minutes suspendues dans le temps…

Depuis 20 ans, l’auteur de ces lignes n’a jamais assisté à un mauvais concert de Nada Surf et ce n’est pas la prestation du soir qui nous fera mentir ! Depuis deux décennies le trio fait à peu près la même chose, explorant le côté mélodique, mélancolique, de la pop à coups de délicats arpèges de guitares. Chose impensable par ailleurs, ils n’ont jamais ni lassés, ni ennuyés, alignant les albums impeccables et son lot de chansons mémorables. L’ajout d’un quatrième membre, Louie Lino aux claviers et à la guitare, permet d’accentuer la texture sonore du groupe, toujours mené par le groove puissant du batteur Ira Elliott, en très grande forme sous sa chapeau. Parfaitement francophones, depuis leurs années au Lycée Français de New York, la paire Matthew Caws (guitare/voix) et Daniel Lorca (basse) n’a pas son pareil pour créer une connexion unique avec le public français et se sent « comme à la maison » dès lors qu’ils jouent en France partageant avec le public, qui répond bruyamment et avec enthousiasme, de grands moments de partage et d’émotion. Le sommet est atteint lors de l’ultime rappel « Blizzard of 77 » joué entièrement débranchée, guitare folk et voix, écoutée dans un impressionnant silence de cathédrale. Un merveilleux moment.


mardi 26 novembre 2024

Cinelli Brothers + Eddie 9V, Pan Piper, 25 novembre 2024.


Voyager en restant immobile, laisser son esprit s’envoler au gré des rythmes et des mélodies, les joies apportées par l’écoute de la musique sont multiples… Et l’on a fort à parier que l’un de nos pourvoyeurs de son du soir, Eddie 9V l’a bien compris, en attaquant son set par la fort bien nommée « New Orleans ». Et c’est ainsi qu’un bout de l’impasse Lamier (Paris 11ème), dans une salle à l’acoustique excellente mais manquant quand même d’âme, de personnalité, de charme, se retrouve brutalement délocalisée en plein French Quarter ! Rythmique d’enfer de la batterie, attaque incisive de la guitare, voix soulful et une nappe d’orgue pour faire groover le tout, le doute n’est point permis nous y sommes ! C’est que le natif d’Atlanta occupe un crossroad à lui tout seul ! En plein milieu du blues, de la soul et du rock’n’roll. Excellent de la première seconde à la dernière tout en multipliant les ambiances, nous avons trouvé le vol le plus court et le moins vers le sud des Etats-Unis ! « Et bon courage pour les suivants » souffle-t-on des les travées sous le charme (et le choc aussi) de la prestation qui vient de s’achever…



La barre placée aussi haut, il fallait un groupe d’une sacrée qualité, et de haut vol, pour assurer la suite. Les suspects idéaux sont tout trouvés : les Cinelli Brothers, assemblage hétéroclite de musiciens, basés à Londres, où se croisent les nationalités, français, britannique ou italiens, en même temps que les instruments passent d’une main à l’autre, passant de l’harmonica à la guitare, de la guitare à la batterie puis de la batterie à la basse et un petit tour derrière le clavier avant de retrouver la guitare. Vous suivez ? Chez les Cinelli Brothers, tout le monde joue à peu près de tout, chante à chacun son tour, sans que jamais la qualité de la musique n’en souffre. Là aussi le crossroad est bien occupé, du blues, de la soul, du rock’n’roll, une grande variété d’ambiance pour un groove qui ne jamais ne cesse mais semble prendre de l’ampleur à chaque minute au point de ressembler à un rouleau compresseur prêt à tout dévaster sur son passage. Langoureux et puissant à la fois, quel groupe ! Et puis, en guise de rappel, tout ce beau petit monde se retrouve, à 8 sur scène, autour de ce vieux saucisson de « Got my mojo working » un peu scolaire (chacun à droit à son solo à tour de rôle) mais quel pied !


samedi 23 novembre 2024

LeNoise, Concert Tribute à Neil Young, le 23 janvier 2025 à la Salle Pleyel

 


Depuis l'annonce tonitruante de Neil Young et son renoncement à prendre l'avion, pour raisons écologiques, actant de fait la fin des concerts hors des Etats-Unis, chaque tribute prend depuis des airs de célébration. Après la Maison Tellier reprenant "Harvest", rendez-vous est donc pris dans le cadre majestueux de la Salle Pleyel le 23 janvier 2025.





lundi 18 novembre 2024

Garciaphone : « Ghost Fire »

 


Troisième album pour le discret, mais ultra-talentueux, Clermontois Olivier Perez (a.k.a Garciaphone). Un troisième effort court, une petite trentaine de minutes, mais dense sans aucun superflu. Centrées sur la guitare acoustique, la qualité des compositions et l’émotion transmise à leur écoute n’est pas sans rappeler les grandes heures du folk mélancolique, de Nick Drake à Elliott Smith ("Heard of the Hermit"). Mais la grande réussite réside dans la capacité de Garciaphone à délivrer une musique à la fois sobre, délicate et intimiste mais aussi extrêmement arrangée. L’album brille par une luxuriance tout sauf superfétatoire mettant en valeur des instruments aussi variés, voire inédits, que le saz, le zither, le bouzouki ou le violoncelle. Une belle variété d’ambiance n’altérant nullement l’unité de ton passant des sonorités indie, légèrement rock, aux expérimentations quasi-psychédéliques (« Conditional love », « Weathercocks »). Une réussite.

En concert le 30/11 à la Chapelle (Châtillon)

https://www.facebook.com/garciaphone

https://microcultures.bandcamp.com/album/ghost-fire





jeudi 14 novembre 2024

Moonkiddo : « On a silver edge »

 


La musique peut parfois être assez simple. Ce premier album de Moonkiddo appartient à une catégorie rare, celle des albums qui, cachés derrière des atours modestes, atteignent des petits sommets. Portés par les instruments à cordes (banjo, mandoline, guitares) qui constituent le cœur battant de sa musique, Moonkiddo nous invite à fermer les yeux et à rêver, portés, bercés, que nous sommes par la gracieuseté des cordes délicatement arpégées sous les doigts de fée de Julien Omé, dont le talent conjugué à la voix délicate de Véronique Lechat nous caresse les oreilles (« Silver Edge », « Tough Man »). Parfait condensé de folk et de pop, ce premier effort ne hausse jamais le ton mais explore parfois différentes voix parfois plus électriques (« Spaces »), jouant de la répétition hypnotique (« And a light ») ou aventureuses (l’évanescente et quasi psyché « Let Me ») mais plaçant, toujours, la mélodie au centre de ces préoccupations. Preuve d’un savoir faire mélodique évident en matière d’arrangement. Légères et aériennes, les chansons de Mookiddo planent au-dessus des contingences, survolant peut-être cette fameuse côte rêvée figurant sur la pochette. Une très belle réussite.

En concert le 24/11 à Fontenay-Aux-Roses

https://moonkiddo.bandcamp.com/

https://www.facebook.com/moonkiddomusic





jeudi 7 novembre 2024

Emma Sand Group + Nick Wheeldon, La Dame de Canton, 6 novembre 2024.


Assurant la première partie de la soirée, Nick Wheeldon innove en se présentant pour la première fois en solo à la guitare folk. Une plongée dans l’inconnu pour l’artiste habitué au solo, mais en général à la guitare électrique. Le changement est fondamental, la musique devient moins colérique, moins brutale, mais gagne en profondeur et en émotion. Plus doux, mais toujours aussi intense, sa voix dégage des émotions jusqu’alors inconnues. Nick Wheeldon est un chanteur remarquable, toujours sur le fil, donnant l’impression de pouvoir se briser à tout moment tout en dégageant un coffre incroyable. Sa voix émotive remplit l’espace de sa puissance alors même qu’il se trouve un mètre derrière le micro. Seul à la guitare folk, son jeu retrouve un peu des intonations de Dylan, c’est une première partie remarquable et émouvante.

Nous retrouvons ensuite le quatuor Emma Sand Group qui, eux aussi, présentent un tout nouveau set mélangeant quelques nouveaux morceaux et des anciens qui avaient été laissés de côté ces derniers temps. Le résultat est, une fois encore, remarquable grâce à l’agilité des musiciens qui, alternant les aplats et les déliés, offrent une musique subtile et tout en nuances, entre douceur et montées en tension contenue. Toujours très intense, le rendu évoque les grandes étendues désertiques et la poussière dans un mélange de rock et d’americana. Un mélange des genres propre à faire honneur à la virtuosité des musiciens qui donnent tous l’impression de mettre leur âme dans les notes jouées, cherchant le feeling au fin fond du tempo. C’est fort, émouvant et débordant de feeling.

https://www.facebook.com/NickWheeldonMusic/

https://www.facebook.com/EmmaSandBand/


lundi 4 novembre 2024

Cy : « Day after day »

 


Jour après jour, ou plus exactement, note après note, Cy affine son univers. Le deuxième EP de l’artiste s’articule autour de la guitare folk, toujours arpégée avec beaucoup de raffinement, sur laquelle se superpose les influences, de l’électronique légère aux sonorités plus lointaines, venues d’Afrique (« Come Back ») ou d’Inde (les tablas qui ornent « Human »). Pris dans leur globalité ces cinq titres (dont un en français, « Décrocher ») constituent une bulle pop atmosphérique, douce et délicate, propice à l’introspection ; comme le carnet sonore d’un voyage intérieur.

https://www.facebook.com/cymusicoff

https://cymusic9.bandcamp.com/album/day-after-day

https://x.com/cyril_peron




dimanche 3 novembre 2024

Catchy Peril : « Disco Sucks »

 


Le premier EP du quartet marseillais font montre d’une maîtrise certaine et d’un univers foncièrement attachant. Si le titre, voire la pochette, laisse penser à une attaque punk frontale, l’univers de Catchy Peril est vaste et aux ramifications multiples. Si le beat implacable de la batterie évoque, ironiquement, la disco, les synthés nostalgiques (« She’s Bored ») nous ramènent du côté de la cold/synth wave (« Deserve Better » à l’influence Cure prégnante) et forment un séduisant contraste avec l’attaque (post) punk des guitares (« Angry Kids », seul titre en français évoquant une fusillade dans les rues marseillaises). Il se dégage de l’ensemble une ambiance, un feeling évoquant tour à tour le psychédélisme ou le glam bouclant ainsi un tour à 360° tantôt enjoué (« Dancing ») tantôt nostalgique (« Nico »). Un EP inaugural des plus séduisants.

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samedi 2 novembre 2024

Lowland Brothers : « Over the fence »

 


Ce deuxième album voit les frères Lowland passer au-dessus de la barrière. Ou plutôt des barrières. Quelles barrières ? Celles séparant l’americana de la soul et du rock’n’roll. Un grand bain de musique racinienne, inspiré par les années 60 et 70, sans pour autant entrer la sympathique formation dans la course effrénée au vintage. Une manière pour le groupe de faire entrer ses influences diverses dans un cadre personnel et surtout intemporel. Un groove de basse irrésistible (« For a while » ; « We shouldn’t be here »), un chant soul à vous retourner le cœur (« Little Big Man ») un soupçon de fièvre électrique qui traverse les guitares (« Can you hear me ? ») tout autant qu’il transperce les oreilles de l’auditeur : l’album est somptueux de bout en bout ! Le tempo alangui, l’omniprésence des claviers créant un forme de bulle ouatée (« Sound from the attic »), si l’album place parfois l’auditeur dans un cocon, c’est pour mieux le secouer par la suite (« Shape Up » ; « Don’t let me fall »). Une proposition caractérisée par un travail sur le son, loin des standards habituels, qu’ils transforment en chansons irrésistibles. Une réussite !

En showcase le 8/11 aux Balades Sonores et en concert le 9/11 au Trianon (première partie de Robert Finley)

https://lowlandbrothersband.bandcamp.com/album/over-the-fence

https://www.facebook.com/lowlandbrothers




vendredi 1 novembre 2024

Duplessy & The Violins Of The World : « The Road with you »

 


La route avec toi. On ne saurait rêver un meilleur titre pour décrire le parcours musical du guitariste et compositeur Mathias Duplessy. Depuis 2010, ce dernier poursuit un projet, intitulé les Violons du Monde dans lequel le guitariste croise les cordes avec différents instruments, tous dérivés de la vielle, elle-même un instrument précurseur du violon, venant de tous horizons et des quatre coins du monde. Sur ce nouvel effort, le quatrième, le groupe est ainsi constitué du fidèle Guo Gan (erhu, un instrument traditionnel chinois), et de Zied Zouari (violon oriental), Mandakh Daansuren (morin Khuur, instrument mongol), Aliocha Regnard (nyckelharpa suédoise), Sabir Khan (sarangi, Inde), enfin le contrebassiste Damian Nuevo et le pianiste Rehann Duplessy complètent le dispositif. Si la démarche de Duplessy est belle, c’est parce qu’elle donne à écouter un monde qui joue ensemble. Il n’est point question ici d’une musique dite « du monde » ou traditionnelle mais de fusionner l’ensemble desdites traditions autour des compositions du guitariste. D’obédience plutôt classique, le guitariste laisse de la place à différents styles musicaux, l’ombre du folk et du jazz manouche plane sur sa musique, certaines pièces évoquent la musique de film, le western ou le kung-fu. Grand fan de Bruce Lee depuis son enfance, paraît-il, la légende veut que ce dernier ait fait basculer le compositeur dans ces influences orientales et asiatiques qui depuis fleurissent dans sa musique. Quoi qu’il en soit, ce nouvel album est, une fois de plus, un sublime carnet de voyage musical, qui transporte l’auditeur dans une odyssée mélodique, orné d’une sublime pochette à l’avenant.

En concert le 29 janvier 2025 à La Cigale

https://www.facebook.com/Duplessyandtheviolinsoftheworld

https://mathiasduplessy.fr/






jeudi 31 octobre 2024

Eddie 9V : « Saratoga »


Contrairement à ce que son pseudonyme très électrique pouvait laisser penser, ce nouvel album du songwriter d’Atlanta, se révèle une petite merveille d’éclectisme ! Débarrassé des afféteries inhérentes au son vintage, le groove toujours en ligne de mire, la guitare présente sans envahir l’espace, ce nouvel effort rapproche le musicien multi-instrumentiste d’un Gary Clark Jr. De fait sur ce nouvel album, Eddie brille surtout par ses qualités vocales, à la façon d’Eli « Paperboy » Reed, ou chaque chanson se révèle être un nouvel exercice de charme pour le crooner. Point de démonstration de force électrique donc, mais une soul ouaté mâtinée de funk et de rock’n’roll. Le blues, toujours présent (« Red River » ; « Wasp Weather » ; « Truckee » qui sonne comme du Stephen Stills), n’est pas le point central de la musique mais une influence qui plane au-dessus du disque. Peut-être plus FM dans sa production, une anicroche que l’on peut effectivement lui opposer et qui fera sans doute bondir les puristes, le disque a le mérite de dépoussiérer les influences des années 60, bien présentes en sous-texte (« Cry like the river »), par une dynamique plus contemporaine que l’on ressent surtout dans le traitement des batteries et du beat d’une manière générale. Un reproche bien mince au regard du sentiment feelgood général ressenti à l’écoute de ces nouvelles compositions.

En tournée française en novembre avec The Cinelli Brothers (le 25/11 au Pan Piper).

https://www.facebook.com/Eddie9V

https://www.eddie9volt.com/




mercredi 30 octobre 2024

Johnny Montreuil, La Cigale, 29 octobre 2024.

Manière de Renaud (enfin, celui des années 70) des temps modernes pour sa manière d’évoquer avec tendresse sa banlieue natale, Johnny Montreuil (évidemment il s’agît d’un pseudonyme) fait son retour sur la scène d’une Cigale, bien remplie, après une Maroquinerie complète l’hiver dernier. Derrière sa contrebasse, dont il joue d’une manière assez atypique dans sa façon d’attaquer les cordes, Johnny fait montre d’un univers tendre et poétique derrière ses allures de gros bras. Le Montreuillois n’a pas son pareil pour voir de la beauté là où le commun des mortels ne voit que le béton moche et dégueulasse des barres HLM. Ainsi chez Johnny, un bateau en papier flottant sur le caniveau devient un irrésistible appel à prendre le large. Le large et l’évasion sont la grande affaire de Johnny qui aime prendre le frais dans les pissenlits, ses textes, « Les goémons », le duo avec Flavia Coelho, n’a de cesse d’appeler à sortir du béton. Son univers musical se veut à l’avenant. Ancré dans les années 50, le rock’n’roll, la guitare twang, l’harmonica, mais aussi un soupçon de country/western, idiome qu’il a parfaitement su adapter à la langue de Molière, se révèle particulièrement riche et varié, fort en swing (super, la batterie!) et marqué par les fulgurances de la guitare où le vibrato joue un rôle prépondérant. Mais il y a chez lui un côté tendre et poétique, quand seul dans une atypique formule contrebasse/voix, il évoque l’artiste de bar qu’il reste intrinsèquement sur un mode quasiment jazz, où quand sa musique bascule dans le psychédélisme (« Les Goémons »). Une belle soirée marquée par la générosité du chanteur et une magnifique ambiance démontrant la proximité entre l’artiste et son public.

lundi 28 octobre 2024

The Cinelli Brothers : « Almost Exactly »

 


Fait unique, suffisamment rare pour être souligné, les Cinelli Brothers sont tous multi-instrumentistes, et à l’instar du Band, s’échangent régulièrement leurs instruments. Est-ce la raison pour laquelle ils excellent dans tant de genres différents ? Toujours est-il que le quatuor anglais est auréolé, à juste titre, de la réputation, encombrante mais justifiée, de meilleur groupe de blues européen. Si le groupe coche la case avec justesse, il serait trop restrictif de les cantonner au seul idiome tertiaire. Ainsi, ce nouvel effort se révèle être, aussi, un disque de soul de première classe (cf. « Dozen Roses » ; "Lucky Star"). Et probablement parce qu’ils sont anglais, une énergie pop et rock (« Nobody’s fool »), héritée des années 60, infuse leur musique, les rapprochant ainsi de la scène mod. Bref, vous l’aurez compris, ce nouvel effort c’est du tout bon du début à la fin, dès les premières notes euphorisantes de « Last throw of the dice » qui ouvre les débats. Groove impeccable, chant soulful (« Ain’t blue but I sigh »), interventions de la guitare ou de l’harmonica inspirées, rien ne manque pour rendre cet album définitivement inoubliable.

En concert le 25/11 au Pan Piper (avec Eddie 9V)

https://www.facebook.com/thecinellibros

https://www.cinellibrothers.com/





samedi 26 octobre 2024

Boogie Beasts : « Neon Skies & Different Highs »

 


Déjà repéré avec son album précédent, le quatuor belge est de retour, bien décidé à passer à la vitesse supérieure, et faisant honneur à sa réputation de « blues éclectique ». Ainsi l’écoute de l’album relève d’une expérience tout à fait euphorisante pour l’auditeur. C’est un sentiment particulier qui s’empare de vos oreilles dès la première plage « Save Me », l’harmonica (omniprésent sur l’intégralité du disque) nous place en territoire connu, celui du blues. Mais débarrassé des afféteries inhérentes aux années 60 et 70, qui en général habillent la musique de la plupart des groupes de blues-rock actuels, les Boogie Beasts se placent en position inédite. « Different Highs » nous indique le titre de l’album. Différente est donc la musique du groupe. Au côté roots de l’harmonica, la guitare imprime un son contemporain, la dynamique tout à fait moderne du groupe qui se prolonge sur le traitement de la voix et de la batterie. Néanmoins, et c’est là que réside le tour de force réussi par le groupe, à aucun moment des effets malvenus ne viennent polluer la musique, tout autant de risquer de la faire vieillir prématurément. Nous sommes donc en présence d’un véritable album de blues-rock où le fantôme de RL Burnside entre en collusion avec les Black Keys. Inspiré et dynamique, moderne et énergisant. Une réussite.

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samedi 19 octobre 2024

Les Doigts de l’Homme : « Erratic the art of roaming »

 


Le sextet fête ses vingt ans avec ce nouvel album, instrumental, particulièrement ambitieux. Un double album de vingt-trois titres répartis en deux cds, le premier est acoustique, le deuxième est électrique. Précisons qu’il s’agît bien de deux disques et non pas d’un album accompagné de sa version acoustique. Et c’est précisément cela qui justifie le titre du double programme que l’on pourrait traduire par « l’art de l’errance ». Le nomadisme musical caractérise ce nouvel effort jonglant entre différentes esthétiques, du jazz manouche à une forme beaucoup plus free, entre lesquels le groupe se promène avec bonheur. Qu’importe le flacon tant que l’on ait l’ivresse pourrait être le fil conducteur de cet album aventureux explorant les différentes facettes du swing. En particulier sur le disque électrique, où les trois guitares tricotent un swing aux allures d’odyssée s’exprimant bien sur la longueur.

En concert le 22/11 au Studio de l’Ermitage

https://lesdoigtsdelhomme.bandcamp.com/album/erratic-the-art-of-roaming




vendredi 18 octobre 2024

Bacchantes : « Pas un bruit »

 


A bien des égards la musique fonctionne suivant un système de chapelles. Il y a les nostalgiques qui pensent que rien d’intéressant n’est arrivé depuis 1974, ceux qui poussent le curseur une décennie plus loin, les faiseurs au kilomètre et les expérimentateurs fous au point de perdre le fil et l’auditeur avec. Et puis il y a les autres, les ovnis atypiques, qui non contents de rentrer dans une case préfèrent en cocher plusieurs à eux seuls. Ces disques là sont rares, forcément précieux, et à n’en point douter les filles de Bacchantes rentrent dans cette catégorie. Les Bacchantes sont quatre : Faustine, Astrid, Claire et Amélie, elles sont chanteuses lyriques et font figure d’exception, elles se sont converties aux vertus du rock garage et des guitares électriques (!!) ce qui avait déjà donné un premier album magnifique sorti en 2021. Ce deuxième disque voit les filles pousser encore un peu plus la démarche au point de trouver le point de rencontre fort improbable entre Gérard de Nerval (cf. « Vertigo », 1828) et l’exaltation électrique d’amplis en fusion. Loin de fonctionner de manière linéaire et de répéter à l’infini une formule toute trouvée, Bacchantes au contraire aime à varier les ambiances, du folk éthéré (« Cantique de la poussière ») au psychédélisme oriental de l’harmonium indien (« Interlude » / « Ô Fontaine »). Ainsi, l’album est parcouru par une sorte de grain de folie qui fait basculer la musique dans le registre baroque. Le pied sur le frein, dégageant une sorte de colère intériorisée, les compositions de Bacchantes flirtent avec ce point de rupture où la tension rentrée explose brutalement (« La chanson du masque »). Déstabilisant peut-être mais surtout irradiant de beauté baroque, il s’agît assurément là de l’une des réussites majeures de l’année.

https://www.facebook.com/bacchantesmusic/

https://bacchantes.bandcamp.com/





jeudi 17 octobre 2024

Blues Pills, La Maroquinerie, 16 octobre 2024.

Deux ans que l’on n’avait pas revu le groupe suédois sur scène ! La Covid avait déjà perturbé la sortie de leur album précédent, et la grossesse surprise de la chanteuse Elin Larsson, qui affiche avec fierté cette dernière sur la pochette du nouvel album, ont quelque peu chamboulé les plans ; mais le groupe est bel et bien là, sur scène à défendre ce dernier opus. Toujours aussi carrée et efficace, la formation a quelque peu évolué au niveau du son depuis le départ de son guitariste Dorian Sorriaux et le changement d’instrument de Zack Anderson, passé de la basse à la guitare. Moins porté sur les pédales wha-wha que son prédécesseur, Zack Anderson impose une nouvelle orientation, des ballades, des influences venues de la soul, peut-être moins psychédélique dans l’esprit, mais toujours des fulgurances heavy de temps à autres et un ancrage blues dans le rock. En tout cas le quatuor ne boude pas son bonheur d’être sur scène, la chanteuse bouge dans tous les sens, la batterie est infernale, l’ambiance monte au fil des titres et culmine sur un « Devil Man » d’anthologie qui ponctue le concert.

https://www.facebook.com/BluesPills

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mardi 15 octobre 2024

Les Excellents, Café de la Danse, 14 octobre 2024.

Ramon Pipin (c) Thierry Wakx

Simone Grégoire (c) Thierry Wakx

Les Excellents au grand complet (c) Thierry Wakx



C’est avec un répertoire, de reprises toujours, renouvelé aux trois-quarts comparé à celui de l’album, que Les Excellents, mené par l’inénarrable Ramon Pipin, se présente sur la scène du Café de la Danse. Manière de projet à double détente, Les Excellents imposent deux niveaux de lecture. Côté pile, le groupe ressemble à une bonne blague, volontiers truculente à l’occasion, s’amusant à reprendre en français de grands classiques du rock’n’roll de manière parodique. Mais la chose devient passionnante côté face quand on réalise l’immense travail d’écriture que nécessite le réarrangement des chansons pour le ukulélé (l’instrument principal utilisé par le groupe) et l’adaptation des paroles en français. Prenant le contre-pied de bons nombres de groupes humoristique, Les Excellents ne se contentent pas de chanter des inepties (ce qui a provoqué une certaine allergie au genre chez l’auteur de ces lignes) mais tiennent à donner du sens, aussi absurde soit-il, aux adaptations en leur donnant des allures de petites histoires (cf. « Virus », décalque de « Venus » des Shocking Blue, raconte l’histoire d’une otite). Sur scène la démarche prend une autre ampleur, proposant une représentation au croisement du concert et du théâtre comique, entrecoupant les titres de mini sketches transformant les musiciens en comédiens. Dans ce registre, Jérôme Sétian, Eric Massot et Simone Grégoire (que l’on a bien connu, autrement plus grave, dans une autre vie) sont bien mis en valeur et se révèlent particulièrement drôles. On aurait jamais imaginé Simone faire des choses aussi fofolles sur scène comme bêler, brandir des banderoles ou bouder (pour de faux) dans un coin. On rigole donc beaucoup pendant le spectacle, mais, comme le veut l’adage, seules les blagues se font dans le plus grand sérieux. En effet, le concert est porté par une véritable ambition musicale, certaines reprises sont pointues (cf. Fleetwood Mac), et se révèle assez casse gueule, quand la deuxième partie les voit reprendre l’intégralité de l’album « Revolver » des Beatles (!!!), toujours en français et sur le ton de l’humour. Le grand jeu est de sortie, quatuor à cordes, deux cuivres, le groupe culmine à une dizaine de musiciens sur scène. Il serait d’ailleurs dommage que les choses en restent là et ne fassent pas l’objet d’une sortie sur disque. En attendant, espérons pouvoir se repaître bientôt d’un nouveau spectacle, à la fois hilarant et propre à séduire les amateurs de classic rock, attendu le niveau élevé de la prestation musicale.

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jeudi 10 octobre 2024

Bjorn Berge, l’Archipel, 9 octobre 2024.

C’est avec un artiste déconcertant que l’on a rendez-vous en ce mercredi soir, ô combien pluvieux, sur la scène de l’Archipel. Actif depuis une vingtaine d’année, le bluesman Bjorn Berge, puisque c’est de lui qu’il s’agît, dispose d’une impressionnante technique à la guitare et d’un charisme certain lui permettant de tenir seul la scène avec beaucoup d’aplomb. Marqué dès le début par une forme de brutalité (pour un mec seul à la guitare sèche, s’entend) son approche du blues reste marquée par son côté brut de décoffrage, en particulier à cause de sa grosse voix de gorge, même s’il a beaucoup gagné en subtilité au fil des années en baissant le ton. Sa capacité à jouer sur des tempo rapides, donnant l’illusion de regarder un film en accéléré, impressionne certes mais la démonstration technique se fait parfois au détriment du feeling. Un écueil en parti gommé mais qui refait surface de temps à autre. Maître du bottelneck, posant parfois la guitare à plat sur les genoux telle une lap-steel, ses choix de reprises désarçonnent. Du classique « Spoonfull » à « Can’t get you out of my head » (Kylie Minogue!), les choix trahissent le kid ayant grandi dans les années 1990 (« Buena » de Morphine ; « Give it away » des Red Hot Chili Peppers ; « Ace of Spade » de Motörhead). Des reprises totalement transfigurées, que l’artiste se réapproprie complètement grâce à de longues interventions instrumentales en guise de solo, qu’il gagnerait toutefois à raccourcir un petit peu. Il reste cependant un musicien attachant.


mardi 8 octobre 2024

Mirabelle Gilis : « Rivière »

 


Telle la rivière donnant son titre à ce premier EP de la chanteuse/musicienne, la vie coule et infuse la musique de Mirabelle Gilis. La vie et sa violence, cf. « La Prunelle de ses yeux » (cosignée avec Miossec), qui saisit l’auditeur, le disque à peine posé sur la platine, par sa dichotomie savamment entretenue, entre la dureté des paroles et sa mélodie apaisée. Et ainsi va ce disque, qui voyage, telle sa rivière titulaire, s’arrête en Italie (cf. « L’immensità ») et dont les circonvolutions musicales sont semblables à celle des flots. Ces cinq titres sont surprenants ! Richement orchestrés, en dehors des sentiers battus, traçant un sillon unique, aventureux, où les mélodies flirtent avec l’expérimentation et envoûtent l’auditeur de ses violons et de ses synthés.

https://mirabellegilis.com/

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jeudi 3 octobre 2024

Kokopeli : « Family Affair »

 


Sans rapport aucun avec Sly & The Family Affair, le duo Kokopeli nous propose à son tour une belle affaire de famille puisque le groupe est composé de deux cousines. En français, un peu, et en anglais, souvent, cette livrée inaugurale de cinq titres nous entraîne sur des rivages rêveurs, allant du folk intimiste à la pop indé. Doux et apaisant, mélodique, à l’unisson des deux voix harmonieuses des deux musiciennes, mais aussi voyageur grâce à l’utilisation du n’goni (« Mania »). Une belle découverte.

En concert le 21/11 aux 3 baudets.

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mardi 1 octobre 2024

Manila Haze : « Upside Down »

 


Dans le grand revival soul actuel, une décennie reste régulièrement la grande oubliée de cette mode rétro : les années 1980. Période à laquelle se réfère le premier EP de ce quintet au titre évoquant l’inoxydable classique signé Diana Ross (sorti justement en 1980). Une influence prégnante mais totalement digérée en une proposition totalement moderne allant du folk à l’électro et ce dans le même morceau (« King of Fakes »). Teintant sa musique de synthés, réduisant la guitare à la partie rythmique, Manila Haze se situe au croisement de la pop, du funk et de la soul. Mais qu’importe le flacon tant qu’on ait l’ivresse. Alternant l’émotion (« Strangers in the bay », joli solo de guitare soit dit en passant) et la danse (« Callysthenia »), le sens du groove electro-funk à toute épreuve (« My Valentine »), Manila Haze fait mouche !

En concert le 25/10, Péniche El Alamein

https://www.facebook.com/manilahazeforever/

https://manilahaze.bandcamp.com/album/upside-down




lundi 30 septembre 2024

Des places de concerts à gagner !

Poursuivant avec bonheur un partenariat entamé l'an dernier, la salle de concert de l'Archipel (17, boulevard de Strasbourg - 75010) et My Head is A Jukebox ont le plaisir de vous offrir 1x2 places pour les concerts suivants :

- Le bluesman Bjorn Berge le 9/10

- Kaia Kater (folk / jazz) le 17 / 10

Pour participer, il suffit d'envoyer un email à l'adresse suivante : myheadisajukebox@gmail.com en précisant Concerts Archipel dans l'objet.

Les invitations seront à retirer directement à l'Archipel le soir du concert.

Bon concert à tous !

dimanche 29 septembre 2024

Dominic Sonic : « Qu’avons nous fait »

 


Aussi magnifique soit-elle, il ne faut surtout pas se fier à la superbe photo ornant la pochette de cet album posthume. Ainsi, ce disque n’est pas l’œuvre du flamboyant guitariste qui avait scotché tout le monde avec son premier effort « Cold Tears » en 1989, mais l’album intimiste d’un artiste atteint par la maladie et se sachant déjà, probablement, proche de la sortie, qui sera effective en 2020, date de son décès. L’écoute se révèle ainsi forte en émotions. Sur « Puisqu’il n’y a rien à enfer » ou « A ma décharge », les guitares électriques rugissent pour la dernière fois, émotion quand tu nous tiens... Ce dernier bal a été confectionné par Romain Baousson, qui l’a réalisé et finalisé après le décès de Dominic, qui s’est concentré sur les parties vocales. Nombreux sont les amis à avoir battu le rappel « Qu’avons-nous fait, qu’avons-nous dit » voit Dominic chanter en duo avec Miossec, autre Breton fameux, ailleurs, Jérôme Coudanne, Daniel Paboeuf, Lætitia Sheriff ou Olivier Mellano participent également à l’enregistrement. Majoritairement intime et acoustique, l’album est émouvant plus souvent qu’à son tour au point d’en devenir douloureux sur les deux dernières plages « J’ai mal » et « Voler Enfin » qui ponctuent définitivement le parcours du musicien. On ne ressort pas indemne d’un tel album.



samedi 28 septembre 2024

Les Excellents : « Ukulelum Trucidatio »

 


Eternel trublion du rock français depuis les années 1970, au sein des groupes Au Bonheur des Dames et Odeurs, Ramon Pipin est de retour ! Sa nouvelle « bêtise » (le terme est de lui) s’intitule Les Excellents, un groupe pratiquant des reprises de classiques du rock, qu’ils ont gravées sur un album parodique et humoristique, qui voit les Eagles échanger leur « Hotel California » pour un Formule 1. Ainsi, « Start Me Up » (Rolling Stones) devient « Star Myope », « Highway to Hell » (AC/DC) se transforme en « Camion Poubelle » et on reconnaît en « Elle Adore le Rugby », « Eleanor Rigby » (Beatles), et en « Baba ou Riz au Lait » le « Baba O’Riley » chanté naguère par The Who. Une bande de joyeux drilles qui connaît ses classiques donc mais qui, surtout, les aime. Car, en effet, la bonne tranche de rigolade ne doit en rien occulter l’immense boulot qui a été fait pour adapter ces classiques en français, en respectant les sonorités, tout en lui donnant un sens aussi absurde soit-il (« Bonnes vibrations » des Beach Boys ou « Ah les nouilles ! », l’« Hallelujah » de Leonard Cohen). Un travail d’adaptation qui se poursuit sur le plan musical. Car point de guitare ou de batterie ici, mais une instrumentation baroque à base de ukulele, synthé (bien pourri comme l’indiquent les notes de pochette), du cor, du kazoo ou du trombone. Si on rigole beaucoup à l’écoute de l’album (il n’y a pas à dire mais ça fait du bien par les temps qui courent) on y retrouve également l’exaltation des premiers émois rock, tant le groupe a su restituer une énergie égale aux originaux. Voici donc un album qui devrait également ravir les fans des originaux ou de classic rock.

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En concert les 4 et 14 octobre au Café de la Danse.



vendredi 27 septembre 2024

Little Odetta : « Little Bit Of Soul »

 


Leur premier album de 2021 avait laissé une forte impression sur nos oreilles. Et avec ce nouvel effort, le quintet poursuit sur son excellente lancée. Les guitares toujours à vif, dans cette lignée 70s assez irrésistible, le groupe élargit sa palette ajoutant, comme le titre l’indique, un peu plus de soul dans sa musique. Dans les faits, l’album se présente sous la forme d’un rock’n’roll dynamique et assez musclé, compensé par les envolées de claviers aériennes et, surtout, une chanteuse, Audrey, dotée d’une voix assez incroyable, digne héritière d’une lignée Janis Joplin/Elin Larsson (Blues Pills), mais qui gagnerait toutefois a jouer un peu plus sur la réserve pour préserver l’émotion. Un aspect que l’on entraperçoit trop peu, mais bien présent dans la balade acoustique « Take you away » ou le blues "Leave me alone". Cette petite réserve mise à part, la suite se révèle brillante. Poursuivant une tradition entamée dans les années 70, les compositions ménagent des interventions instrumentales pour chaque musicien, tout en se jouant magnifiquement de la tension/détente. Coup de fouets électriques et accalmies se succèdent ainsi, sous le haut patronage de la section rythmique qui ajoute une bonne dose de l’indispensable groove, finissant de rendre la chose aussi inflammable qu’inoubliable. Enfin, la pochette, signée Elzo Durt, est magnifique, comme d’habitude avec cet artiste.

https://www.facebook.com/LittleOdetta






mercredi 28 août 2024

Rock en Seine, 23, 24 et 25 Août 2024

SAY SHE SHE (c) Roxane Montaron
 
PLEASE (c) Olivier Hoffschir

Vendredi 23 Août.

Elles sont trois et viennent de Brooklyn, les chanteuses de Say She She remportent l’adhésion. Véritable Girl Group des temps modernes, le trio de chanteuses, aux harmonies vocales à tomber, incarne le cœur battant du projet. Dans le fond un solide quatuor soul funk (guitare, basse, batterie et clavier) œuvre dans un registre plein de groove hérité de la fin 70 début 80. Le nom du groupe se prononce « c’est chi chi », un hommage au groupe Chic, tout est dit ! Rendez-vous ensuite vers la scène du bosquet où l’on retrouve les français de Please. Remettant au goût du jour des influences atypiques (Supertramp, Steely Dan), et quelque peu tombées dans l’oubli, le quintet pratique une sorte de pop/rock FM teintée de psychédélisme. Les détails qui tuent : une guitare en plexiglas (comme les Flamin’Groovies en 71) et un Fender Rhodes dont le groupe fait le meilleur usage. A la fois planant et entraînant, dansant à l’occasion, la musique fait aussi résonner la foudre. On a cru voir un bout de baguette de batterie voler dans les airs à la fin du set, preuve de l’engagement sans faille du groupe. Une excellente surprise. On termine la journée avec la soul futuriste de l’anglais Sampha marquée par un parti pris musical assez fort, le groupe n’est composé que de claviers et de percussions. L’ancrage soul est important comme le prouve un titre en piano/voix ainsi qu’un autre au groove plus organique (piano, basse, batterie). Le reste du set nous entraîne dans une autre dimension, dansante et électro. Enfin, on a pu assister à un moment d’anthologie quand la totalité des musiciens s’est réunie en cercle autour de percussions (incroyable, tous les membres du groupe savent jouer de la batterie) nous délivrant une sorte de batucada teintée de sonorités africaines, une véritable transe menée par Sampha qui chante et joue des percussions en même temps.


VOX LOW (c) Louis Comar

BLONDE REDHEAD (c) Olivier Hoffschir


GLASS BEAMS (c) Olivier Hoffschir


SLEATER-KINNEY (c) Olivier Hoffschir

Samedi 24 Août.


Sans contestation possible, la journée la plus dense du week-end et un sacré programme en perspective en dépit de quelques choix cornéliens, typique de l’exercice du festival. A plus d’un titre le reste des agapes réjouira les nostalgiques des années 1990. On commence dans cette veine avec le grunge féminin de Sleater-Kinney qui n’a rien perdu de sa verve même s’il est toujours compliqué d’ouvrir la grande scène en début d’après-midi. En tout cas, voici un groupe entièrement féminin toujours capable de sacrés fulgurances électriques. Place ensuite au groupe le plus énigmatique (et un véritable coup de foudre absolu pour l’auteur de ces lignes), les Australiens de Glass Beams, trio dont on ignore encore à ce jour l’identité des musiciens qui le compose. Groupe masqué (un peu comme Ghost) ornant de sublimes masques dorés de perles scintillant dans le soleil estival, Glass Beams pratique un musique instrumentale sur laquelle souffle un air désertique grâce aux gammes de guitares arabisantes qu’ils affectionnent particulièrement. Hypnotique, envoûtant l’effet ne se fait pas attendre et est proche d’une transe délicate. L’aspect visuel est également très étudié, tous sont vêtus dans les tons sables/marrons et arborent des instruments assortis. Une aura mystérieuse plane au-dessus de ce groupe et participe pleinement de la fascination qu’ils exercent sur la foule. Bien évidemment ils quittent la scène sans avoir adressé un mot au public, qu’ils saluent néanmoins de grands signes affectueux. Autre coup de cœur, nettement plus terre à terre pour les Gallois de CVC. Arborant des fleurs glissées dans les sillets de leurs guitares, les Gallois œuvrent dans un genre de rock’n’roll typique des années 1970, n’ignorant rien de la puissance sonore (duel de guitares à l’ancienne à la clef) que du groove (un saxophone est utilisé sur un titre). A la fois dansant et enjoué, teinté d’un psychédélisme de bon aloi, le groupe n’a pas son pareil pour enchanter la foule et remporter une adhésion massive. Un mot pour résumer le sentiment général tout comme leur influence première : Feelgood ! Enjoué et festif, le groupe nous a fait passer un excellent moment ! Toujours dans la nostalgie des années 90 (sans oublier Offspring et Massive Attack qu’on à peine eu le temps d’apercevoir), le trio Blonde Redhead a envoûté la scène de la cascade à grands coups de synthés lysergiques et de guitares aux pédales d’effets recherchés, un shoegaze post punk assez saisissant, en dépit du look sujet à caution de la chanteuse. On termine enfin cette journée très dense avec les français de Vox Low qui tiennent autant du punk que du krautrock électronique et qui ont littéralement assommé la foule de leur groove synthétique électronique que de leur guitare fulgurante soulignée de lignes de basse étourdissantes. Chose rarissime sur un festival de cette ampleur, à l’organisation minutée, emportés par leur délire, ils ont même dépassés l’horaire prévu ! Ahurissant !


Dimanche 25 Août

On débute sur la grande scène avec le set enthousiaste des Allemands de Giant Rooks qui se donnent beaucoup de mal, dans une grande débauche d’énergie, pour séduire un public clairsemé en ce milieu d’après-midi. De plutôt bonne facture, leur pop reste toutefois un peu trop proche de Coldplay pour les goûts personnels de votre serviteur. Vient ensuite la hype tendance de Zaho de Sagazan sur la scène de la cascade, qui, on l’apprendra à cette occasion, faisait partie du public rassemblé sur cette même scène il y a deux ans à l’occasion du passage de Kraftwerk en 3D (nous y étions aussi !) Personnalité charmante, cette dernière s’exprime dans un français châtié et élégant (ça fait plaisir!) et dégage une véritable transe électronique (effectivement proche de Kraftwerk) à l’aide de ses machines. Les moments au piano sont plus intimes et très émouvants. En dépit de tout le battage fait autour de sa personne elle reste une artiste attachante et à suivre. Les choses sérieuses débutent enfin juste à côté, sur la scène Firestone, avec le quatuor vendéen Dynamite Shakers, dont on avait déjà dit le plus grand bien de leur album il y a peu. Sur scène le groupe tient toutes ses promesses dans un déluge électrique fiévreux tandis qu’un redoutable snakepit se met en place au sein du public. On ne ressort pas tout à fait indemne de ce matraquage de décibels, comme hébété, et le groupe non plus tant il semble habité. Le haut du panier du rock d’ici, définitivement à suivre… On pousse encore un peu plus loin jusqu’à la scène du bosquet où jouent les Anglais de Bar Italia, dans un registre indie influencé par les années 1990, plutôt convaincant et énergique. Le groupe joue habilement des différents voix et de l’alternance du chant partagé, entre chanteuse et chanteur. Dans tout ça, nous avons à peine eu le temps d’apercevoir, et de loin entre deux branches d’arbres, PJ Harvey (la nostalgie des années 90, toujours) en version acoustique, c’est à la fois beau et délicat. Place ensuite au dernier gros morceau du week-end, les Pixies (toujours les années 80 et 90!) Allez avouons-le, si les héros sont vieillissants et arborent désormais des casquettes cache-misère d’une capillarité qui s’estompe, le concert provoque en nous des sentiments contraires. La joie tout d’abord de retrouver un répertoire qui nous accompagne depuis tant d’années, l’absence de surprise d’un groupe en pilotage automatique, mais toujours aussi convaincant, nous frustre un peu. Quelques surprises à noter cependant, une expérimentation étrange de Joey Santiago avec son jack de guitare dont il tire des bruits psychédéliques et « Wave of mutilation » jouée deux fois, en version classique puis ralentie. Plusieurs fois, alors que le groupe attaque la sublime « Hey » ou « Here comes your man » l’émotion nous étreint le cœur, une boule d’émotion nous gonfle dans la gorge, trop de souvenirs à l’écoute de ces chansons, trop de nostalgie. C’est désormais loin tout ça, une nouvelle édition de Rock en Seine s’achève, le temps passe et l’on n’y peut rien…

GIANT ROOKS (c) Louis Comar

Zaho de Sagazan (c) Louis Comar

BAR ITALIA (c) Roxane Montaron

DYNAMITE SHAKERS (c) Roxane Montaron

PIXIES (c) Louis Comar