Il faut bien l'avouer, en cette saison les quais de la Seine sont assez ternes, bien moins animés qu'il y a quelques semaines encore alors que l'été brillait de ses derniers feux, voire franchement tristounets, désertiques dans la nuit balayée par la pluie et le vent glacial. Fort heureusement les joyeux drilles de Bordelophone vont, instruments en mains, se charger d'insuffler un peu de vie dans cette morne plaine, sur la scène du bateau El Alamein, une enclave au charme rétro et exotique, posée sur la Seine. A l'avenant du cadre sans âge qui les entoure, les quatre musiciens de Bordelophone nous transportent dans un voyage au cœur du son où se télescopent les genres (pèle mêle le métal, le funk, le reggae, le jazz-fusion) dans un joyeux bordel de façade mais mené de mains de maître, avec un sérieux sens du swing, par la section rythmique (Olivier Michel à la basse, l'extraordinaire batteur Francesco Marzetti). Car il faut un solide sens de la composition, et de la virtuosité, pour se faire cohabiter autant d'influences différentes dans des morceaux aux long cours, complexes, dépassant les dix minutes, empruntant de nombreuses passerelles entre les styles ; incarnés par la guitare (l'excellent Jonathan Baron) passant du gros son aux arpèges délicats. Le tout en gardant un esprit fun et enjoué qui ne prends jamais le pas sur la maîtrise affichée. En résumé, Bordelophone c'est un vent de fraîcheur qui souffle sur le rock. Un groupe créatif et original où les instruments traditionnels du rock (guitare, basse et batterie) cohabitent avec un trombone (tenu ce soir par Axel, un petit nouveau) ; un peu incongru dans le contexte mais qui amène définitivement le groupe vers de nouveaux rivages. Et avec tout ça, nous on a passé une excellente soirée.
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