Deux, comme le nombre de membres que compte ce groupe belge. Deux, c'est aussi, bizarrement, le titre de cet EP qui n'est pas le deuxième mais le premier du duo formé de Martin Grégoire et Antoine Flipo, un pianiste et un batteur. Bien loin de placer la musique sous cloche, comme un musée de verre, le duo prône au contraire l'esprit aventureux des pionniers. Situé aux confins du jazz et du classique, la musique du duo franchit parfois le Rubicon du rock (l'attaque quasi-métallique de « Shadow's faces » et « Tribal coffee ») et parsème ses compositions d'arrangements électroniques, qui ne dénaturent pas le caractère intrinsèquement acoustique de l'affaire, mais, au contraire, lui fait gagner en épaisseur tout en conférant un semblant d'étrangeté fantomatique (cf. « Opening », « Waves », « Electric Silence »). C'est ainsi à un fort beau voyage au pays du son auquel nous sommes conviés. Le plus touchant reste ce transfert d'énergie entre les instruments et le dialogue, sans paroles mais avec force notes, entre les deux protagonistes. A la frontière de l'expérimental, certes, mais beau, très beau.
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mercredi 27 juin 2018
Ginkgoa : « One Time »
Après de longues années de silence, Ginkgoa est de retour. Enfin presque. Car la formation actuelle n'a plus grand-chose à voir avec celle qui nous avait charmé par son swing et sa fraîcheur en 2011, à tel point qu'il aurait peut-être été judicieux de changer le nom du groupe. Désormais étroitement associé à l'écriture, la chanteuse Nicolle Rochelle chante l'intégralité des compositions dans sa langue maternelle, l'anglais, mais il ne s'agît là que d'un détail. Entendons-nous bien, la volonté de changement et la peur de la redite est parfaitement légitime chez un artiste. Que l'on aime ou pas (ce qui est notre cas) on ne peut que saluer la prise de risque. Le problème en l'espèce étant que, chez Ginkgoa, cette volonté d'évolution se traduit en une sorte de long dérapage incontrôlé en terre inconnue. Martèlement des machines, qui écrase dans l’œuf toute tentative de swing, synthés pompiers, criards et de mauvais goût, rappelant les pires heures de la techno des années 1990 (« One time », « What we do »), on peine à reconnaître le songwriting raffiné d'Antoine Chatenet (« Got to gimme », franchement). Le swing si frais du groupe n'apparaît plus qu'en filigrane, et tellement lointain (« Boy Bounce », « Don't give a damn »), comme un reliquat d'un passé révolu. En cherchant le changement à tout prix, le groupe a perdu son identité, son originalité pour finalement produire une musique eurodance standard, du R'N'B comme il s'en écoule au kilomètre de l'autre côté de l'Atlantique. Un producteur tiers ou une oreille extérieure pour accompagner l'évolution du groupe fait clairement défaut ici. Une passade ou une nouvelle orientation sur le long terme ?
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mardi 26 juin 2018
We are the line : « Songs of light and darkness »
Collectif aux contours assez flous, mystérieux au possible, We Are The Line, mené par l'intriguant JD, est de retour avec un deuxième EP quelques mois après un « Through the crack » d'ouverture assez séduisant. Composé en même temps que leur premier, ce nouvel effort en est à la fois la suite et un début d'aboutissement. Une suite car arrivé au deuxième disque, le groupe affine sa patte, dark, électro, sous influence de la cold wave 80s, tout en assumant une prise de risque expérimentale à l'image de tous ces petits bruitages bizarres qui émaillent les compositions tout en soulignant le propos. Car chez We are the line, tout est suggéré. Plutôt que d'attaquer frontalement l'auditeur dans un déluge de décibels, JD préfère plonger ce dernier dans un entre-deux assez malsain. La musique est comme placée sous une chape de plomb. La menace, sourde, plane au-dessus de ce disque et ce même dans ses moments les plus atmosphériques (cf. « An hymn for them all », « Untold story »). Ainsi l'ep se résume en une longue montée en tension, un crescendo interminable, jusqu'à une explosion finale qui ne vient finalement pas, plaçant l'auditeur dans un état de frustration douloureux. Mais qui a cependant l'avantage de maintenir le mystère, conférant au disque son côté très addictif, poussant à la réécoute le temps d'en résoudre toutes les énigmes, et de trouver, éventuellement, la lumière dont il est question dans le titre (pour notre part on cherche encore). De quoi largement tenir jusqu'à la prochaine livraison du groupe…
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dimanche 24 juin 2018
Thomas Hellman : « Rêves américains, tome 1 »
Encore relativement peu connu de ce côté-ci de l'Atlantique, Thomas Hellman, québécois de son état, est l'auteur d'une œuvre pléthorique entre musique et littérature. Intitulé « Rêves américains », son nouveau disque, le sixième, est à mi-chemin entre la musique et le projet à vocation éducatif. Sur un fond musical acoustique, entre folk et country, de très haute tenue et très soigné, l'artiste nous conte l'histoire de la ruée vers l'or, par le bas, c'est à dire en évoquant le sort des petites gens, quand la multitude des destins personnels, mis bout à bout, écrivent le grand livre d'histoire. Mi-chanté et le plus souvent parlé, le projet entre en collusion avec l'histoire personnel du musicien, né à Montréal d'un père américain et d'une mère française. De quoi rêver encore à l'Amérique, comme l'indique le titre, une chose assez rare depuis deux ans…
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samedi 23 juin 2018
Joel Sarakula : « Love Club »
Manière de crooner à la voix d'ange tombé dans une faille temporelle, Joel Sarakula évoque un passé musical autant adoré qu'honni : les années 1980. Le décorum est planté, bienvenue au Love Club, ses néons rose fluo et ses palmiers en plastique pour un voyage musical savamment agencé, entre roucoulades de percussions sexy, saxophone aguicheur et synthés analogiques, évoquant aussi bien la blue eyed soul (« Dead heat », « Theme from the love club »), le funk électro des eighties ("Coldharbour man", "Parisian woman") que la pop FM de Steely Dan (« Understanding »). C'est dire si la chose est finement produite. Idéal pour accompagner les longues soirées d'été…
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vendredi 22 juin 2018
Quiet Dan : « When the earth was flat »
Il s'appelle Dan et son monde est plat... Pour son premier album, Quiet Dan s'est enfermé deux hivers dans une maison perdue dans la forêt picarde en compagnie de deux amis musiciens : Antoine Reininger (basse et guitare) et Mathieu Penot (batterie et claviers). Inspirés par la proximité avec la nature et emportés par la vibration, les trois musiciens décident rapidement d'improviser l'enregistrement de l'album sur place et sans aide extérieure, une sacrée gageure dont le trio se sort avec les honneurs. Au-delà de la musique, les musiciens ont réussi à capter sur disque l'ambiance de la maison picarde, une sorte de calme (quiet), de sérénité habitent les compositions au-dessus de laquelle plane pourtant une menace sourde (cf. « Crocodiles »). Un peu à l'instar de la nature, inspirante, bienveillante durant la journée, violente et menaçante à la nuit tombée. Intrinsèquement, la musique de Dan est folk, fondamentalement acoustique (la superbe « Quiet children », le blues « Elmore Leonard left Detroit » comme autant d'inédits des seventies) mais ouverte sur son époque à l'image des arrangements légèrement électroniques qui parsèment le disque çà et là ou de ces guitares qui forcent le ton pimentant le tout d'une pointe de rock bienvenue. Le tout forme un superbe agglomérat de folk, pop, rock et blues, idéal pour accompagner un couché de soleil estival.
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jeudi 21 juin 2018
Michael Wookey : « Hollywood Hex »
Il est de ces disques qui vous bousculent, vous secouent pour au final vous laissez pantois, limite K.O. Cet état dubitatif, le nouvel album de Michael Wookey l'atteint non pas par la puissance sonore, classique, commun et trop facile, mais par un soupçon de dinguerie caractérisée débordant du cadre. Il ne fait aucun doute cependant qu'à la base, les chansons composées par Wookey sont pour le moins classiques entre folk et rock (cf. « Bane », « Living by the sea »). C'est ensuite que tout se joue lorsqu'il s'agît d'enluminer ses compositions. A la lumière blanche, Wookey préfère la noire transformant son disque en cabinet de curiosité baroque à l'instar du Tom Waits des années 1980 (cf. « Do right fear no man »). Wookey c'est le spécialiste du petit grain de sable qui empêche le tout de tourner rond, le génie du cabossage, de l'art du dérèglement. C'est le toy piano qui ouvre « Sailor », c'est la basse subtilement dissonante de « Red Hot Dollars », c'est la sensation d'apesanteur qui enrobe « Long live the meadows » et « Hollywood Hex » d'un voile fantomatique et planant, transportant l'auditeur dans un manoir gothique à la Tim Burton. En totale contradiction avec l'époque, qui veut tout et tout de suite, Michael Wookey est un musicien qui réclame du temps, de l'attention. Un grand disque, pas nécessairement facile d'accès, dont la beauté se dévoile par couche et écoutes successives pour peu que l'on soit disposé à lui accorder l'égard qu'il mérite. Le voyage le mérite amplement.
https://www.facebook.com/michaelwookeymusic
https://twitter.com/michaelwookey
mercredi 20 juin 2018
Steve Earle le 2 juillet au Trabendo
C'est une première depuis trois ans, le légendaire songwriter Steve Earle sera de retour sur une scène parisienne, une date unique en France, le 2 juillet prochain au Trabendo !
Andrew Sweeny : « Free The Prisoners »
Il y a des disques, qui, comme ça, par hasard et presque par effraction, s'invitent dans vos vies au point de devenir un fidèle compagnon. Bien qu'il soit encore un peu tôt pour en juger, on est prêt à parier que le nouvel album d'Andrew Sweeny, « Free The Prisoners », est plutôt bien parti pour tourner en boucle sur la platine et ce pour une durée indéterminée. Canadien de naissance et installé de Paris depuis 2003, Andrew Sweeny est fréquemment comparé à Leonard Cohen. Il faut dire que le Canadien fait figure de coupable idéal : littéraire, universitaire, lorsqu'il ne chante pas, Andrew enseigne à l'Université ou écrit, des chansons ou des essais, cultivant un amour des mots et des tournures procurant à sa musique une dimension poétique que l'on peut effectivement rapprocher de celle du regretté Leonard. Et c'est d'ailleurs la première chose qui frappe à l'écoute du disque, la qualité d'écriture, la finesse des arrangements, l'élégance classieuse dégagée par les compositions. Mais là, où Cohen cultivait une certaine austérité (dans les albums des années 60) qui s'est ensuite transformée en noirceur vers la fin de sa vie ; Sweeny se distingue de son aîné par son ambition musicale. Ainsi, ce dernier n'hésite pas à entraîner ses compositions aux confins du blues (« Killing the Lion », « You are my heart » dans une certaine mesure et pour le coup d'obédience très Cohennienne) et du rock (« Human Love ») ou usant de cordes à vocation classique caressant délicatement l'oreille (« Lucinda »). L'utilisation d'instruments recherchés (le cor anglais, le bodhran, une percussion irlandaise) finissant d'envelopper la chose d'une légère touche celtique du meilleur effet (« Refugee », « Stainless Ship »). Tout, dans cet album, respire la classe et redonne toute sa dimension au geste musical et à sa pureté (cf. les délicats arpèges ornant « Show Me »). Magnifique.
http://travellingmusic.net/site/category/artists/andrew-sweeny/
mardi 19 juin 2018
Soirée des Monteurs associés au Luminor le 2 juillet
Dans le cadre de la fête du cinéma, l'association Les Monteurs Associés organisent une soirée visant à faire découvrir le métier de monteur, un art de l'ombre pourtant indispensable à la réussite d'un film. Le cadre magnifique du Luminor accueillera ainsi les débats le 2 juillet prochain avec au programme la projection du documentaire "Tenir la distance" (sur le montage du film "L'économie du couple" de Joachim Lafosse) suivie d'un débat/rencontre avec Yann Dedet, Katharina Wartena, Pauline Casalis et Julien Leloup, tous monteurs.
http://www.monteursassocies.com/2018/06/10/2-juillet-2018-dans-le-secret-de-la-salle-de-montage/
Johnny Mafia : "Big Brawl"
Assurément, les Johnny Mafia font parti de ces petits rigolos sans qui la vie serait bien triste. Ainsi, le groupe sort un nouveau totalement régressif (un plaisir coupable) mais limite cra-cra qui les voit s'amuser avec les codes du heavy-metal tout en restant fidèle à la ligne garage/punk du quatuor. Il s'agit du premier extrait de leur nouvel album, "Princes de l'amour", dont la sortie est prévue pour le 9 novembre prochain.
https://fr-fr.facebook.com/johnnymafiagroupe/
https://johnnymafia.bandcamp.com/
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lundi 18 juin 2018
Melissa Bon : « Away »
Avec ce premier EP, la jeune chanteuse Melissa Bon réalise un grand écart aussi surprenant que réussi entre tradition et modernisme. Accompagnée (excellemment) du pianiste de jazz Alexandre Saada, la chanteuse parsème ses ballades soul/jazzy, au swing alangui et délicat, d'effluves électroniques tout à fait étonnantes dans un tel registre. L'amalgame est réussi au-delà de toutes les espérances de la caresse musicale («Blank », « Nomad ») au complet dépouillement (« Away »). La note biographique que l'on nous a fourni nous apprend que les deux premiers titres ont été écrits dans un avion entre New-York et Paris. Rien d'étonnant dès lors que le disque dégage un tel sentiment d’apesanteur, comme dégagé des contraintes terrestres. Quatre titres inauguraux, propices à la rêverie, en forme d'avant-goût d'un album intriguant. A suivre…
dimanche 17 juin 2018
Delgres : « Mo Jodi »
Pour Pascal Danaë, chanteur et guitariste de son état, il y aura un avant et un après Delgres, dont le premier album sortira à la fin de l'été. L'avant, c'est les kilomètres en voiture, anonyme, de concert en concert, étape initiatique évoquée dans « Vivre sur la route », avant c'est aussi les projets qui se terminent en queue de poisson jusqu'à toucher du bout des doigts le succès d'estime au sein du trio Rivière Noire (une victoire de la musique décrochée en 2015). Et puis il y a ce nouveau groupe, un trio encore, Delgres. A l'écoute du disque, il s'avère qu'il s'agît, très probablement, du projet le plus personnel du musicien. Il y a le nom tout d'abord, à la symbolique lourde, puisque c'est celui du Colonel Louis Delgrès, colonel d'infanterie de L'Armée Française, entré en rébellion contre l'esclavage et qui a préféré mourir explosé, en 1802, plutôt que de céder : « vivre libre ou mourir ». C'est, ainsi, un large panel d'émotions que met en musique le groupe sur ce premier disque : l'émotion palpable de « Mo Jodi », mourir aujourd'hui en référence à la figure tutélaire du Colonel évoqué plus avant, ou « Sere mwen pli fo » (« Serre-moi plus fort ») la plus bouleversante de toute, sur la difficulté de se dire adieu. Un album fort à n'en point douter, en forme d'exutoire pour le chanteur, qui évoque très largement son histoire familiale, écrite dans la Caraïbe (les revendicatives « Respecte nou », « Anko » et « Mr President »). Une musique aussi forte d'un point de vue émotionnel ne pouvait adapter qu'une seule forme, celle du blues, celles des bleus à l'âme, aux vertus curatrices particulièrement efficientes sur l'album. Un idiome que le power trio, adapte à son goût aux confins du rock garage (« Mo Jodi », « Mr President », « Ti Manmzel ») où la frappe puissante du batteur Baptiste Brondy fait des merveilles, et de la musique caraïbéenne, incarnée par le sousaphone (en lieu et place de la basse) de Rafgee qui, par sa présence même, tire de nombreux ponts en direction de la Nouvelle-Orléans. C'est dans ce grand écart musical que réside la grande réussite de cet album miraculeux, une réussite totale.
Sortie le 31/08
En concert le 12/09 à Paris (La Maroquinerie)
https://fr-fr.facebook.com/Delgresband/ https://www.delgresmusic.com/
samedi 16 juin 2018
Rebelles, Rebelles
J'ai eu l'immense plaisir de participer à "Rebelles, Rebelles", émission animée par Lucie Baratte (l'auteure de Looking for Janis) sur Radio Campus Lille et consacrée aux chanteuses. L'occasion de présenter un panorama de la scène actuelle et un grand plaisir personnel. Cette émission un immense souvenir, merci Lucie pour ce moment magique !
samedi 9 juin 2018
8 : « Post Drunk Mime »
On l'a connu chanteuse de jazz ou de folk, on l'a vue frayer avec la scène électronique, Brisa Roché est la spécialiste des virages insoupçonnés. Un éclectisme qui, au final, compose une discographie riche, variée et passionnante. Sorti l'an dernier, ce nouveau projet, un groupe sobrement nommé 8 voit la Californienne, exilée depuis des lustres en France, s'acoquiner avec le producteur Ray Borneo pour un grand raout rappelant le meilleur des années 80. Soit une musique sombre, noire et tendue par des synthés dark (« I do wrong ») et des lignes de basses cold wave qui colle comme un gant de cuir au chant sexy de Brisa. Et pourtant, aussi invraisemblable que cela puisse paraître, cet album est l'occasion pour la chanteuse de renouer avec ses racines rock n'roll par le biais d'une guitare cradingue et lo-fi évoquant à la fois le blues (la magnifique « Sugar »), le punk ("Never back") ou le rock garage (l'addictive « Help me go »). Volontiers hypnotique à l'occasion (« Don't fall », « Give me something ») voici un album mystérieux, excitant et passionnant de bout en bout. Une réussite.
vendredi 8 juin 2018
Eli « Paperboy » Reed and The High and Mighty Brass Band + Marcus Bonfanti, Le Flow, 06/06/2018.
La première partie fût assurée par le bluesman Marcus Bonfanti, un sacré personnage, cheveux longs et accent traînant du Sud comme débarqué par hasard. Seul avec sa guitare demi-caisse qui respire le vécu, le chanteur s'est débattu avec de gros problèmes de son sur le premier titre aux allures de rodage avant que les choses sérieuses ne démarrent vraiment. Une prestation hélas trop courte, 20 minutes, pour se faire une idée et surtout des moyens limités, seul avec une guitare, difficile de sortir des sentiers battus. Néanmoins beaucoup de feeling transpire de la musique, à écouter sur disque pour se faire une idée plus précise.
Déjà dix ans de carrière pour le guitariste soulman Eli « Paperboy » Reed de retour sur la scène (flottante, il s'agit d'une barge flottant sur la Seine) du Flow, un cadre atypique et magnifique pour fêter la sortie de son récent (et déjà introuvable) album en compagnie du High and Mighty Brass Band que l'on découvre pour l'occasion. Bien qu'originaire de Brooklyn, New York, tout dans ce brass band évoque la Nouvelle-Orléans et ses seconds lines, de la ferveur mais aussi de l'émotion, idéal pour chauffer la salle et ça tombe bien puisque c'est à eux que revient ce privilège en attendant l'entrée en scène du chanteur. Lequel se présente, boîtant bas, la jambe enserrée dans une prothèse, résultat d'une sortie de scène sautillante à Madrid quelques jours auparavant… Dommageable mais il en faut plus pour abattre Eli qui prend la chose avec beaucoup d'humour, les chorégraphies fûrent inoubliables sur le premier titre. Cette collaboration sonne comme une petite révolution musicale pour le chanteur qui rompt ainsi avec ses habitudes, plus de basse ni de clavier mais un rythme infernal mené par la batterie et les percussions et beaucoup plus de cuivres qu'auparavant, sa musique, qui repose moins sur sa guitare, n'a jamais sonné aussi funky ! Les anciens titres subissent ainsi une cure de jouvence sans pour autant être dénaturé, et dans ce nouveau contexte, la guitare nous apparaît de plus en plus blues. La fin du show fût fantastique. Au milieu de la fosse et du public, les musiciens en cercle entourent le chanteur (sans sa guitare) aux allures de prêcheur gospel, un moment rare et privilégié au contact de l'artiste.
http://www.elipaperboyreed.com/
https://www.facebook.com/elipaperboyreed
https://twitter.com/elipaperboyreed
https://www.facebook.com/highmightybrass
mardi 5 juin 2018
La Bonne Aventure 2018
L'affiche est magnifique, on se croirait en Californie, et la deuxième édition du festival La Bonne Aventure, s'annonce plutôt bien entre concerts, parcours secrets (au nombre de 18), visites (9) avec les acteurs culturels du territoire et, cerise sur le gâteau, performances face à la mer !
https://www.labonneaventurefestival.com/
Manu Delago : « Parasol Peak »
Batteur repéré derrière Björk, Poppy Ackroyd ou Anoushka Shankar, l'Autrichien Manu Delago s'est lancé, en compagnie de sept autres musiciens, dans un drôle de défi : gravir les Alpes et s'arrêter à différents palier pour y enregistrer de la musique ! Une aventure rocambolesque qui trouve aujourd'hui son aboutissement sur deux supports : un film et un disque, la qualité d'enregistrement ayant dépassé toutes les espérances de son auteur. Si musicalement la chose évolue entre classique (le violoncelle) et musique contemporaine (percussions, cuivres), elle comble entièrement une notion à laquelle nous sommes particulièrement attachés, celle du voyage musical (il y a quelques temps nous avions craqué sur l'album techno de Molécule pour des raisons sensiblement similaires). Ainsi le film, que nous avons pu visionner en avant-première, est d'une beauté à couper le souffle entre montagne et forêt, et présente une collection d'images insolites, les musiciens les pieds dans la neige ou éclairés à la torche traduisant la folie du projet. Car, avouons-le, il faut quand même être légèrement cintré pour se lancer dans une expédition en montagne (comprendre avec mousquetons, fil d'Ariane et compagnie), culminant à plus de 3 000 mètres, un violoncelle sur le dos ! Et au final, le métrage soulève un point passionnant, celui de la confrontation entre la musique et la nature et comment l'une réagit à l'autre et la modifie, on pense notamment au vent qui, fréquemment, s'invite dans les arrangements. La Nature serait-il le plus grand artiste qui soit ? Eléments de réponse le 7 septembre prochain pour la sortie du film et du disque.
samedi 2 juin 2018
Ella/Foy : « Walking in the space »
Sur le port de La Rochelle, le regard perdu dans le vide, Ella (Hélène Fayolle, chant, guitare, ukulélé) et Foy (Romain Deruette, contrebasse, guitare, chant, percussions) rêvent d'ailleurs. Un ailleurs peut-être inaccessible mais qu'il est cependant possible de toucher du bout des doigts en musique(s). Démonstration en est faîte tout au long des treize plages de ce premier album, au confins du folk, du blues et du jazz, majoritairement acoustique, et porté par le swing feutré de la contrebasse épousant élégamment les courbes délicates du chant, soulful et légèrement fissuré dans le fond de la gorge, d'Ella. Troisième membre du groupe, l'harmoniciste Bruno Tredjeu souffle le tout sur les routes du blues fantomatique (« Lazy Day », « Imparfait », « Nothing better to do ») où ils croiseront certainement Valparaiso, autres grands voyageurs en musiques. Piste après piste on tombe sous le charme de la formation, l'intimité immédiate ressentie en musique, qui semble avoir été enregistrée au fin fond d'une grange abandonnée au milieu d'une plaine désolée. Très bel album.
En concert le 29/06 à La Javelle (Paris)
https://www.facebook.com/ellafoylegroupe/
Www.ellafoy.fr