mardi 24 avril 2018

Bettye LaVette : « Things have changed »



Que cela soit avec son projet autour du rock anglais (« Interpretations », 2010) ou centré sur le travail d'auteures/compositrices (« I've got my own hell to raise », 2005), la survivante de la soul Bettye LaVette a maintes fois, par le passé, fait preuve de ses facultés d'appropriation. Pour ce nouvel effort, LaVette s'attaque à une légende du songwriting étasunien, et prix nobel de littérature : Bob Dylan. Et la rencontre fait des étincelles ! En effet, la chanteuse (pardon l'interprète) a trouvé dans le répertoire folk suffisamment de grain à moudre pour faire briller de mille feux son timbre de voix si particulier, rauque, de gorge et un peu brisé avec cette félure typiquement soul au fond de la gorge. Ce n'est ni lisse, ni poppy, ni sucré, la vie est bien plus dure que ça et c'est un peu tout cela que l'on entend dans le chant de Mme LaVette, dans ce parcours fait de hauts et de bas et au terme duquel ce nouvel album sonne comme une revanche sur le business : c'est le premier a sortir sur une major (le prestigieux label Verve) à l'age de 72 ans. Composé de grands classiques attendus (« It ain't me babe », « The times they are a-changin' ») mais aussi, en majorité, de titres plus obscurs, Mme LaVette trouve le juste équilibre, respectant le répertoire tout en le tordant suffisamment pour se l'approprier modifiant les paroles ou entraînant la chanson sur un territoire soul (on en attendait pas moins) très différent du traitement original. Entourée de quelques pointures (le bassiste Pino Palladino, l'ex guitariste de Dylan Larry Campbell) et de quelques invités prestigieux (Keith Richards, Trombone Shorty) Bettye brille aussi en matière de rock n'roll (« Do right to me baby », « The times they are a-changin' » « Political world » avec Keith Richards) et c'était, pour le coup, assez inattendu. Un superbe album aux climats riches, variés mais d'une égale virtuosité (notre préférée coup de coeur : « What was it you wanted »). Comme quoi la véritable soul tient plus du feeling de l'interprétation, du moment que du respect de règles préétablies. 

http://www.bettyelavette.com/



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