Grand succès à sa sortie en 1996 (2 millions d'exemplaires vendus), « Roots », grand classique du heavy metal signé Sepultura a bénéficié cette année d'une copieuse réédition, entièrement remastérisée et agrémentée d'un deuxième disque bonus de 17 titres. A l'époque de sa sortie, Sepultura se trouve au firmament du métal dans la foulée de deux albums couronnés de succès d'affilé, « Arise » (1991) et « Chaos A.D » (1993) avant que ne sonne pour le groupe brésilien l'heure du grand renouvellement en forme de retour aux racines. La démarche est relativement inédite pour un groupe métal et ressemble à celle de ces bluesmen qui vont rechercher une nouvelle inspiration du côté de l'Afrique. Le résultat est fondamentalement différent (il s'agît de thrash metal ne l'oublions pas) mais procède d'une même recherche identitaire. En l'espèce la fusion fonctionne au-delà de toutes les attentes. Il plane sur l'album une menace constante, la musique rugît, menaçante, inquiétante, telle un escadron de la mort survolant sa cible (« Lookaway »), avant qu'un déluge de percussions (assurées par Carlinhos Brown, omniprésent) ne s'abatte sur les musiciens (cf. « Ratamahatta »). Dans ce contexte, la dynamique qui anime le groupe relève de la lutte constante pour occuper le moindre espace disponible (cf. « Roots Bloody Roots », « Dusted »), la tension va crescendo et le quatuor en ressort galvanisé dans le sillage de la fratrie Cavalera. Au chant, Max s'arrache les cordes vocales sur chaque titre alors qu'Iggor fait subir les ultimes sacrements à sa batterie. Assumant la démarche jusqu'au bout, Max Cavalera et Carlinhos Brown se partagent le chant lusophone le temps de « Ratamahatta ». Mais l'essentiel est ailleurs. En mélangeant son métal dévastateur au chant des Xavantes, une tribu amazonienne, Sepultura touche là une corde sensible. Les éléments traditionnels apportent un incontestable supplément d'âme à la musique. Derrière le chaos, les décibels, le bruit et la fureur : les cœurs de quatre musiciens qui battent à l'unisson.
dimanche 31 décembre 2017
samedi 30 décembre 2017
Marquis de Sade : « 16.09.17 »
Dans la petite histoire du rock français, la date du 16 septembre 2017 restera dans les annales comme celle du retour, surprise, sur scène de Marquis de Sade. 40 ans après leurs débuts, séparés depuis 1981, ce come-back était autant inattendu qu'inespéré. Trois mois tout pile après le concert, à domicile à Rennes, forcément, le disque (CD/DVD) est déjà disponible dans les bacs avec une célérité peu commune. Sur scène, on retrouve donc l'ossature de Marquis de Sade le chanteur Philippe Pascal, le guitariste compositeur Frank Darcel, la section rythmique Eric Morinière/Thierry Alexandre ainsi que le saxophoniste Daniel Paboeuf. La touche play à peine enfoncée, la machine a remonter dans le temps s’enclenche et nous voilà de retour au siècle dernier. Point de célébration mortifère ici, les premières secondes de « Set In Motion Memories » suffisent à nous conforter dans l'idée que ce come-back était absolument pertinent. Le groupe n'a rien perdu de son tranchant. De quoi renvoyer les bambins de la cold wave 2.0, nostalgiques d'une époque qu'ils n'ont pas connue, à leurs chères études. Les guitares sont acérées ("Skin Disease"), la section rythmique pulse la chose avec efficacité et le charisme vocal de Philippe Pascal est à son zénith. Le groupe restitue à merveille l'ambiance froide de l'époque (cf. les synthés enveloppants de « Brouillard Définitif », « Rue de Siam ») et son aura mystérieuse (« Silent World ») alors que le saxophone nous ramène vers les racines stoogiennes de l'affaire (« Air Tight Cell »). Les titres défilent et on reste scotchés par l'intensité dégagée, la puissance de l'interprétation comme si les membres du groupe avaient un compte à régler depuis leur séparation, cette dernière ayant mis un terme prématuré à une aventure qui s'annonçait magnifique. Résultat : un grand disque de rock, un retour réussi au-delà de toutes les espérance à tel enseigne que l'on annonce un mini tournée pour 2018 (la participation du groupe au festival Art Rock, le 18 mai 2018 est déjà confirmée) ; quelle heureuse nouvelle !
jeudi 28 décembre 2017
Strup : « Space is the place »
Mesdames et Messieurs, attachez vos harnais et prenez place à bord, le décollage est imminent. Aujourd'hui, Strup est aux commandes de notre vaisseau et se prépare à nous emporter au son de son « Galactik rock ». Entre autres mérites cet album possède celui, immense, de renouveler les idiomes psychédéliques (« W.I.T.S ») et progressifs (« Turbulences ») en évitant la mise en avant systématique des guitares au profit de synthés moog et d'arrangements soignés et inventifs pour peu qu'on y prête une oreille attentive. La rythmique classique, basse et batterie, équilibre la balance délicate de cet album (cf. « Whales in space ») naviguant entre deux eaux, regardant dans le rétro pour mieux aller de l'avant. Et c'est bien la première fois que l'on accepte aussi facilement l'autotune, gadget pour lequel on a fini par développer une véritable aversion. Peut-être parce que ce dernier est utilisé avec parcimonie et sert, intelligemment, le propos et l'ambiance générale du disque ? Et tout cela nous donne au moins deux bonnes raison de l'écouter.
Bops
Avec ce premier album, les Rennais de Bops redonnent de nouvelles couleurs au rock garage. Sans influence aucune du Blues mais avec un œil du côté de la perfide Albion, les Bops vont rechercher l'inspiration du côté des grands noms du rock, passés comme présents, qu'ils prennent un malin plaisir à passer à la moulinette rock garage. Ainsi, « Mary » a un petit quelque chose des Kinks, la basse de « Mad Oyster » évoque plutôt les Cure et la scène cold wave alors que « No Voices » serait plutôt à rapprocher de la scène actuelle de San Francisco (Ty Seagall, Thee Oh Sees…) Mais arrêtons-là le petit jeu des comparaisons, car les Bops valent bien mieux que cela. En effet, une véritable personnalité se dégage au fil de ces douze titres et un art consommé de la tension/détente mettant alternativement en avant la mélodie, pour laquelle ils ont un talent certain (« Slit it », l'excellente « Jim ») ou le gros son (« Sing » part 1) speedé, dévalant le tube musical (« Sing » part 2). Et le tour de passe-passe fonctionne à tous les coups, il ne faut guère plus de trente secondes pour succomber au charme de cet album frais, enlevé et primesautier.
https://www.facebook.com/bops03/
https://bops.bandcamp.com/
mercredi 27 décembre 2017
Becca Stevens : « Regina »
Chanteuse bien connue, pratiquement dix ans de carrière et cinq albums au compteur, 2017 a vu la première sortie en solo de Becca Stevens. Et c'est une plongée dans l'inconnu pour la chanteuse/guitariste qui s'éloigne de plus en plus du jazz au profit d'une approche où le folk et la pop s'entremêlent harmonieusement dans une forme musicale des plus atmosphériques mettant en avant les chœurs et un travail vocal de premier plan (cf. l'audacieuse « Queen mab ») . En tout cas, cela lui va bien au teint, son grain de voix éthéré étant particulièrement bien à son aise dans ces ambiances aériennes, nuageuses, où même les poussées rythmiques se font dans une certaine douceur (cf. « 45 bucks », l'excellente « Mercury »). La main près du téléphone et avec l'aide de quelques amis (Laura Mvula, David Crosby) Becca Stevens accouche ainsi d'un album onirique propre à faire rêver les oreilles (cf. « Venus »). Un véritable travail d'exploration pour l'artiste qui trouve sa voie en dehors des chemins balisés. Un petit coup de cœur pour finir : le folk en apesanteur de « Lean on » et de « We knew love ».
http://www.beccastevens.com/
https://www.facebook.com/BeccaStevensBand
mardi 26 décembre 2017
Rose Betty Klub : « Bleu »
Difficile de ne pas tomber sous le charme de l'album de cette formation originaire de Montpellier. En tête de pont, nous retrouvons la chanteuse Rose Betty, brune piquante, pleine de gouaille, et mettant ses capacités vocales élastiques au service d'un répertoire (100 % original) fleurant bon le vintage et les années 1950. La chose respire bon le swing sous toutes ses formes, il est bien entendu question de jazz donnant l'illusion d'un big band (« I hate you ») mais sans occulter d'autres formes plus rock n'roll (« Minnie Minnie ») où transpercent quelques notes de surf music (« Hawaii dream ») ou de blues (« Back to my sunnyboy »). Un accompagnement musical classieux, faisant l'aller-retour entre les styles pour, toujours, en revenir au jazz et qui sert à merveille le timbre sexy de la chanteuse. Foncièrement attachant, l'album est notre petit coup de cœur de cette fin d'année.
https://www.rosebettyklub.com/
https://www.facebook.com/rosebettyklub/
lundi 25 décembre 2017
Liz McComb : « Merry Christmas »
Véritable marronnier (le genre de sujet qui revient inévitablement sur la table tous les ans à la même époque) l'album de Noël est un passage obligé pour les artistes établis en même temps qu'un véritable casse-tête pour les véritables amateurs de musique. Répertoire convenu, grelots obligatoire toutes les trente secondes, rares sont les véritables surprises, dignes d'intérêt. Aussi on se risquera pas à déclarer que ce nouvel album de Liz McComb figure parmi les grandes réussites de l'artiste. En revanche, on peut affirmer sans problème que le présent disque figure sans aucun doute dans le haut du panier des albums de Noël et il y a plusieurs bonnes raisons à cela. Déjà parce que Liz McComb est une merveilleuse chanteuse au grain de voix à la fois doux et mélodique et qui révèle pourtant une petite cassure typiquement soul au fond de la gorge trahissant le vécu de l'artiste et rendant l'interprétation inoubliable (« Feliz Navidad »). Un timbre pareil est à même de transcender n'importe quelle scie indigeste. Cette voix magnifique, la chanteuse la met au service d'un répertoire (convenu, certes, mais avec des chansons originales tout de même) qu'elle s'approprie totalement soit avec délicatesse (« Oh holy night ») soit avec une imparable ferveur gospel (« Joy to the world »). Les chansons sont parfois très brèves, à peine plus d'une minute par moment, mais l'interprétation est impeccable, d'une impressionnante virtuosité (« Do you hear what I hear »), pleine de swing, sans faute de goût aucune. L'exercice de style reste la seule limite du disque, qui s'il ne révolutionnera pas le concept d'album de Noël, contribue néanmoins à le rendre plus agréable.
https://www.facebook.com/liz.mccomb.official/
https://twitter.com/lizmccomb
jeudi 21 décembre 2017
DownTown Mystic : « On E Street »
« On E Street », le titre est tout trouvé pour le nouvel EP de cette formation étasunienne qui compte pour l'occasion deux membres du fameux E Street Band de Bruce Springsteen. C'est en effet le tandem Max Weinberg/Garry Tallent qui forme l'ossature rythmique du groupe. Et il y a, en effet, un petit quelque chose du Boss dans ces quatre titres, mais, la voix, très différente, coupe court à toute forme de comparaison hasardeuse. On retrouve cependant ce souffle épique, ce rock qui n'oublie pas l'importance du roll et cette volonté pop infusée dans ce cocktail, très américain par essence, de blues et de rock n'roll. En résumé, un petit bonheur tout simple pour les oreilles. Ne pas avoir inventer la roue n'empêche pas de savoir la faire tourner avec talent et inspiration.
http://downtownmystic.net/
https://www.facebook.com/DownTownMystic/
mardi 19 décembre 2017
Summer : « Front Wave »
Formation au nom délicieusement ironique, si l'on en croît les paroles d'« ETE » qui ouvre le disque, Summer, se trouve au croisement du punk (influence particulièrement sensible dans cette façon de déclamer les textes) et de l'électro industrielle. Il en résulte une forme musicale assez violente, mais pas dénuée d'émotion. L'addition des guitares fracassantes et du beat, lourd et implacable, produit des effets étonnants, parfois fascinant (« Je veux », « Wynona ») voire même hypnotique dans son versant le plus minimaliste (« Aquabiking », « Dieu est mort », « LYDON »). Une poésie du larsen, qui se dévoile au fil des titres et atteint son climax en un temps record (l'album tient en 20 minutes). Touchant et nostalgique aussi dans sa façon oblique d'évoquer certaines figures marquantes (« LYDON », « Wynona »). Aussi courts soient-ils les titres, les sons, s'impriment durablement dans l'inconscient de l'auditeur. Difficile de ressortir indemne d'un tel disque… Incandescent.
https://summer3.bandcamp.com/album/front-wave
https://fr-fr.facebook.com/Summer-front-wave-421994981204111/
http://www.summersite.fr/
lundi 18 décembre 2017
Livia : « Le blaireau riche »
Premier EP pour cette jeune artiste, pianiste de formation. Entourée d'un groupe à la composition étonnante, basse et beatbox pour l'assise rythmique, Livia développe un univers tout en contrastes où les mélodies, légères et primesautières, ont ce « je ne sais quoi » pop d'enfantin (cf. « La Mastication »). Un aspect innocent bien vite contrasté par des paroles aux phrases parfois crues (« J'aurais presque préféré »), subversives ou graves (« L'histoire de ») mais toujours avec humour, servies de sa belle voix au timbre mélodique. Un amour du mot, du verbe qui amène, finement et tout en douceur, du sens et de la profondeur à sa démarche artistique.
https://www.facebook.com/liviamusique
https://twitter.com/liviamusique
dimanche 17 décembre 2017
Cabadzi : « X Blier »
Tout ça pour ça ! Lorsqu'on a eu vent pour la première fois de ce projet de Cabadzi autour de Bertrand Blier, on s'est pris à rêver à un croisement inédit entre musique et cinéma, les espoirs les plus fous étaient nés. De fait à l'écoute le lien avec l’œuvre de Blier apparaît pour le moins ténu. Le cinéaste a bien donné son autorisation mais le groupe n'a, pour autant, pas utilisé de samples des dialogues mais repris quelques phrases extraites de ces derniers et écrit ses nouveaux morceaux autour. Le concept est bancal et pas vraiment exploité au maximum. L'autre problème du disque vient, à notre sens, de son instrumentation. Confronté à une défection massive d'effectif, Cabadzi est dorénavant réduit à sa plus simple expression : un duo. D'où le choix de cette instrumentation majoritairement électronique qui tabasse parfois un peu trop fort à notre goût (« Oui »). Un rendez-vous manqué…
http://cabadzi.fr/
Louis Arlette, Studio Atlas, 14/12/2017
Jeudi dernier, en début de soirée, Louis Arlette a présenté les titres de son futur premier album le temps d'un showcase privé dans le cadre un peu intimidant (mais à l'acoustique merveilleuse) du studio Atlas, où les murs sont décorés avec les disques d'or obtenus par Air, les propriétaires du lieu. C'est, comme il le dit lui-même, « une page qui se tourne » pour Louis qui lance sa carrière après avoir travaillé longtemps comme ingénieur du son dans ce même lieu, « le moment est venu » comme il le chante si bien. Le showcase illustre à merveille l'évolution de Louis entre ses deux premiers Eps qui désormais ose et assume les guitares à plein volume (« L'avalanche ») tout comme les arrangements de plus en plus électroniques (cf. les deux versions différentes de « Le moment est venu », titre présent sur ses deux eps). Le silence se fait, cérémonieux, une légère tension est palpable dans l'air. Sur scène les corps des musiciens sont tendus et le déluge commence. Pour le public dans la salle, c'est un choc. Violent. A lui seul, Louis Arlette rend caduque toute notion de genre ou de style. Le chant en français se superpose sur une ambiance post-apocalyptique entre guitares saturées et nappes électro qui ne manque pas de ménager une petite place pour quelques dérives instrumentales et planantes (« Jeux d'or »). Nine Inch Nails n'est jamais bien loin, Jacques Brel (reprise étonnante, « électronisée » de « Je suis un soir d'été » ) non plus. On reste béat devant l'investissement physique des musiciens, la vision de la guitariste les yeux fermés emportée par la musique ou la puissance de la batterie (celle de Virgin Suicide, et ouais!!!), indispensable pour ce rendu influencé par l'indus, toujours à la recherche de la note juste, celle qui nourrira le feeling. Le groupe semble uni et compact, déjà rôdé pour la scène, et clôt ainsi, de fort belle manière, notre année de concert. Le premier album de Louis, « Sourire carnivore » sortira le 19 janvier 2018 et s'annonce déjà comme un événement de l'année à venir. Nous en tout cas on y croit.
En concert à Paris (la boule noire) le 14/02/2017
samedi 16 décembre 2017
Liz McComb, Eglise Saint-Sulpice, 08/12/2017
(c) GVE |
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Dans le cadre majestueux, quoiqu'un peu frisquet en cette saison, de l’Église Saint-Sulpice, Liz McComb a donné un concert un peu particulier en ce vendredi soir, consacré, en grande partie, au chants de Noël. Les musiciens, tous excellents, ont devant eux un sacré défi : la résonance et l'écho de l'édifice baroque de 1870. Pas évident, est-ce la raison pour laquelle ils nous ont semblé sur la réserve toute la soirée ? Comme si les notes étaient soigneusement retenues empêchant en quelque sorte de laisser le groove se développer. Titre après titre, on se laisse toutefois gagner par la ferveur typique du gospel mais la musique aurait certainement gagné à être jouée dans un lieu un peu mieux adapté.
(c) GVE |
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vendredi 15 décembre 2017
Gloria : "The rain is out"
Sorte de girls group typiquement 50s perdu en plein territoire psychédélique, très marqué par les années 1960, Gloria nous avait littéralement séchés en début d'année avec un magnifique premier album, "In Excelsis Stereo". Heureuse nouvelle, le groupe sera de retour en mars prochain avec un nouvel EP, "Oîdophon Echorama" dont un premier extrait vient d'être révélé.
mercredi 13 décembre 2017
Orouni : « Somewhere in dreamland »
Ce nouvel EP d'Orouni s'intitule « Somewhere in dreamland » et, tout bien considéré, on n'aurait pas pu trouver un titre plus approprié. Car, ainsi est la musique rêveuse d'Orouni, toujours en transit, entre de multiples influences, perdue (dans le meilleur sens du terme) dans l'amas de leurs influences. Au premier rang desquelles on pourrait classer, sans aucun doute, la pop mais une pop voyageuse, arrangée avec forces instruments exotiques (des percussions, des vents, des instruments à cordes) ramenés de ça et là, qui fait que la musique saute allègrement d'un continent à l'autre. La rythmique représente le ciment pop de la chose alors que les nappes de synthés, qui arrivent un peu comme un cheveu dans le potage, apportent une note onirique, mi-rétro, mi-kitsch qui réveillent de nombreux souvenirs chez les enfants des années 1980. C'est la chanteuse franco-britannique Emma Broughton qui honore gracieusement ces quatre titres de son timbre éthéré.
Www.orouni.net
www.facebook.com/Orouni
mardi 12 décembre 2017
La Louise : « Je Fume »
Sorte de personnage sortie du siècle dernier, complètement paumée dans le marasme des années 2010, La Louise, héritière des chanteuses réalistes d'antan, déboule avec un premier EP qui débute avec une affirmation forte, à contre-courant du politiquement correct actuellement en vogue : Je Fume ! Et oui, c'est comme ça et il va bien falloir s'y faire semble nous dire la chanteuse tout au long de ces cinq plages inaugurales où sa verve, sa gouaille, est mise au service d'un répertoire marqué par le rock et les guitares. Ici et là, derrière le personnage fort en gueule, semble poindre une artiste sensible, profondément humaine, le cœur sur la main (« Serre-moi », « 313 » sur un thème difficile mais traité avec délicatesse, « Le cœur net »). « Johnny est parti pour toujours » chante-t-elle sur un titre prophétique qui résonne bizarrement à nos oreilles ces jours-ci… Une artiste attachante et un univers personnel fort à découvrir…
http://www.la-louise.com/
https://www.facebook.com/LaLouiseII
lundi 11 décembre 2017
The Liminanas : « Istanbul is sleepy »
En collaborant avec le grand Anton Newcombe (Brian Jonestown Massacre), les Liminanas ont eu l'idée de génie du siècle ! Rien de moins ! Ce nouvel EP procède de la fusion des influences. En effet, basée sur les boucles, la transe, la répétition la musique des Liminanas trouve son complément idéal dans les guitares fuzz psyché/garage/sixties de Newcombe, qui apporte au groupe l'immédiateté rock n'roll qui jusqu'ici leur faisait défaut (et qui fait qu'on n'avait jamais vraiment accroché au groupe). La personnalité de Newcombe est tellement forte qu'elle irradie littéralement sur la musique, lui apporte sa couleur si spécifique, au point que lorsqu'Anton prend le micro (si, si) on croit même écouter un inédit du BJM ! A noter, « Nuit fantôme », ou le parlé/chanté de Lionel ressuscite le Gainsbourg de « Melody Nelson » en version garage rock. Vivement l'album, « Shadow people » dont la sortie est prévue pour le 19 janvier prochain !
https://fr-fr.facebook.com/theliminanas/
http://www.theliminanas.com/
https://twitter.com/theliminanas
dimanche 10 décembre 2017
Mighty Mo Rodgers & Baba Sissoko : « Griot Blues »
La chose est connue des exégètes depuis longtemps. Si le blues était un arbre, ses racines le ramènerait immanquablement en Afrique. Question de tradition orale mais aussi de rythme. Une évidence que deux artistes, l'Américain Mighty Mo Rodgers et le Malien Baba Sissoko, se font fort de remettre au goût du jour. Embarquant l'auditeur dans un grand voyage transatlantique, en gros « Mali to Mississippi » comme ils le chantent si bien, les deux hommes fusionnent leur univers musicaux. La forme change, le fond reste le même et le tout dépasse le simple idiome ternaire, lequel prend des nouvelles couleurs grâce aux instruments traditionnels (ngoni, tamani) du Malien (magnifique « Nalu »), pour se permettre une extension jusqu'au reggae (« Shake' Em up Charlie ») et au jazz (la très belle "Drunk as a skunk", "What is the color of love"). Un superbe voyage en musiques où la dextérité des musiciens est mise au service de la fraternité.
Www.griotblues.com
https://fr-fr.facebook.com/griotbluesmusic/
Cécile McLorin Salvant : « Dreams and Daggers »
Magnifique chanteuse, Cécile McLorin Salvant, continue son ascension avec ce nouvel album, une pièce maîtresse de plus dans sa discographie courte (quatre albums) mais, jusqu'ici, sans fausse note. Ce nouvel effort est donc double et a été en partie enregistré en concert au mythique Village Vanguard et au DiMenna Center de New York. Ce nouveau double album s'impose à la fois comme un panorama et une synthèse de tout l'art de la chanteuse ; un disque somme enregistré avec son trio de scène : le pianiste Aaron Diehl, le contrebassiste Paul Sikivie et le batteur Lawrence Leathers. Les trois hommes créent ainsi, titre après titre, le cocon idoine pour la chanteuse caméléon, qui donne de la voix, douce et langoureuse (« Tell me what they're saying can't be true »). Les trois musiciens possèdent un art du swing, du changement de tempo allant du ralentissement à l'accélération subite, de la tension/détente qui prend tout son sens sur quelques pièces magnifiques (« Somehow I never could believe », « Nothing like you », « If a girl isn't pretty »). L'écrin est alors parfait pour la chanteuse qui exploite à merveille sa tessiture à la fois touchante, drôle (« You've got to give me some ») ou sexy. Sur quelques titres, enregistrés en studio, le trio est accompagné par du quatuor de cordes Catalyst Quartet apportant une note classique et majestueuse à la musique (« And yet », « You're my thrill », « The Worm »). A noter enfin un clin d’œil de la chanteuse, qui a en plus le bon goût d'être parfaitement francophone, à la langue de Molière le temps d'un « Si j'étais blanche ». Derrière sa facture classique, se cache une petite pépite propre à faire voyager l'auditeur dans un univers maintes fois fantasmé : New York, le club de jazz enfumé, les briques rouges, la nuit tout ça... Dès lors une seule conclusion s'impose, en forme de regret, quel dommage de ne pas avoir assisté au concert. Heureusement les albums sont là pour graver dans la cire ces instants d'éternité…
http://www.cecilemclorinsalvant.com/
https://twitter.com/cecilesalvant
https://www.facebook.com/CecileMcLorinSalvantMusic
jeudi 7 décembre 2017
Crowdfunding Mathis Haug
Le très talentueux Mathis Haug est à Memphis et il espère revenir avec un vinyle dans sa valise...
Tout est expliqué en cliquant sur le lien ci-dessous :
Lien Kiss Kiss Bank Bank
mercredi 6 décembre 2017
Next Faciès du 13 au 21/12 au festival Les Aventuriers
Et de trois ! Après la Galerie Stardust et le Studio des Variétés, la série de photographies "Next Faciès", consacrée à la jeune scène française, du photographe Séverin (également ex-bassiste des Parlor Snakes) sera exposée dans le cadre du festival les Aventuriers du 13 au 21/12 à Fontenay-Sous-Bois (94).
mardi 5 décembre 2017
Nuits Blondes, Péniche Antipode, 04/12/2017
La petite péniche, alternative et indé, est bien remplie ce soir pour accueillir Nuits Blondes. Le concert commence alors avec deux musiciens, guitariste et batteur, bientôt rejoint par le reste du groupe. Le duo commence par poser l'ambiance instrumentale et rêveuse. Tout Nuits Blondes est résumé là. Au-delà de la musique, le groupe instaure un climat, une atmosphère. Un groupe méticuleux pour une proposition musicale des plus abouties. Dans ce contexte, rien n'est gratuit, chaque geste compte, les notes mais les silences aussi. On est rapidement estomaqué par la dextérité de l'ensemble, l’entrelacs des guitares qui se croisent et le dialogue entre les instruments où chaque espace est crucial. Sur scène les musiciens semblent comme possédés, dans un état second, la musique gagne en densité, en intensité. La musique exhale par chaque pore, on sent le résultat des heures de répétition. Le chanteur, qui se tient comme un boxeur, frappant avec ses mots, nous épate. Le contraste est saisissant entre son apparence juvénile et son timbre de voix grave (qui ne laissera personne indifférent), comme modulé par le tabac, qui sonne comme celui d'un type d'une cinquantaine d'années. La musique fait le grand huit entre longues plages planantes et brusques accélérations dans les décibels, portée par un batteur aussi véloce que carré. La réponse du public est immédiate : les applaudissements résonnent comme dans une grande arène en dépit de la jauge plutôt réduite de l'endroit. Dans un monde parfait, ce groupe ira loin…
https://fr-fr.facebook.com/nuitsblondes/
https://soundcloud.com/nuits-blondes
https://nuitsblondes.bandcamp.com/releases
dimanche 3 décembre 2017
Whose streets ? De Sabaah Folayan et Damon Davis
Capitale Risque est une manifestation d'un genre hybride consistant à organiser des projections de films indépendants dans le cadre des festivals musicaux. Pour sa première édition, Capitale Risque s'est associé au festival Paris Hip Hop winter et c'est grâce à son entregent que l'on a pu assister, dans la magnifique salle du Max Linder Panorama, à l'avant-première de « Whose Streets ? » (à qui appartiennent les rues), un documentaire réalisé par Sabaah Folayan (présente dans la salle) et Damon Davis.
Le décor est planté à Ferguson, Missouri, au cœur de l'été 2014. Michael Brown, un ado est assassiné par la police. Le fait divers a fait le tour du monde et a été le point de départ d'émeutes et d'un mouvement qui a duré bien longtemps après le forfait initial. Plus que le drame sordide, c'est ce mouvement que suit la caméra des deux réalisateurs à travers les yeux de quelques témoins clés dont la conscience s'est éveillée après la tragédie. Différence fondamentale avec le mouvement des droits civiques des années 1960, il ne s'agît plus de faire reconnaître une égalité de droits mais simplement de survivre ; il y a, littéralement, mort d'homme, dans la rue et en plein. Sorte de documentaire 2.0, le métrage aligne les images chocs, parfois filmées à l'arraché au portable, les tweets et alterne avec les confessions et états d'âmes, face caméra des témoins. L'omniprésence de la petite enfance, car tous nos protagonistes sont aussi des parents, apporte une lueur d'espoir alors que la détresse de la famille du défunt est poignante. Le spectateur ressent ainsi toute la tension, le face à face en pleine rue avec les forces de l'ordre (et parfois sous des décorations de Noël, détail cruellement ironique) alors que les moments plus intimes apportent un contrepoint, allant ainsi du chaos à la douceur et vice-versa. La formule « coup de poing » est, certes, éculée mais s'impose ici avec toute sa vigueur.
La soirée s'est achevée avec le témoignage, d'Assa Traoré, la marraine de cette première édition, qui a raconté, dans un impressionnant silence, le combat de sa famille depuis le décès de son frère Adama, mort étouffé au cours d'une arrestation de la Gendarmerie nationale, le 19 juillet 2016, jour de son vingt-quatrième anniversaire.
http://www.whosestreets.com/#homeLittle Sam Blues Band
Lorsqu'il nous avait envoyé son disque, Samuel « little Sam » avait pris le soin de laisser un petit mot à notre attention, nous mettant en garde : « C'est du blues, du lourd, du brut » ! Et en effet, il souffle comme un petit air du Mississippi sur cet album et le label Fat Possum, en particulier, n'est jamais bien loin. Ce blues gras, électrique qui donne le tournis à l'auditeur par le biais d'une guitare répétitive et hypnotique. Impression encore renforcée par le choix des reprises R.L Burnside (deux titres) et Junior Kimbrough (un titre) en tête. Pourtant aussi vraie soit-elle, l'analyse est trop restrictive (« Goin' down south »). Au-delà de la puissance brute, ce qu'on retient surtout du disque c'est le feeling, les licks d'harmonica inspirés de Jean-Marc Henaux (un ex-Shake Your Hips) et le groove léger dont fait preuve la section rythmique (cf. « I feel so good » de Muddy Waters). Ainsi derrière sa facture classique, l'album révèle de très beaux moments de blues qui ont le don de faire voyager l'auditeur. On se prend ainsi à rêver du Sud et des juke joints et l'on mettrait notre oreille à couper que le disque a effectivement été enregistré sur place. C'est toute la beauté de la chose, le voyage immobile, le film sans image, tout cela rendu possible par la grâce de quelques notes jouées, soufflées avec inspiration. A noter, deux très belles compositions originales de Samuel : « First time I heard the blues » et « Hoodoo Man » où l'on ressent dans le geste et dans la voix éraillée de Samuel toute la passion des trois musiciens.
http://www.littlesambluesband.com/
https://fr-fr.facebook.com/samueldearriba/
Robin Trower : « Time and emotion »
Toute la carrière de Robin Trower repose sur une confusion : sa participation au (mythique) Procol Harum (« A whiter shade of pale ») entre 1967 et 1972. Il n'en fallait pas plus pour classer le guitariste comme « psychédélique » alors que, dans le fond, il reste fondamentalement un bluesman. Un bluesman qui, une fois sa carrière lancée, en 1973, a du se coltiner une image de « descendant de Jimi Hendrix » basée sur sa maîtrise, consommée, de la guitare wha-wha (cf. son magnifique album live de 1975). Pas faux mais trop réducteur. A 72 ans, toujours bon pied bon œil, Trower maintient le cap et reste un musicien prolifique, qui sort son troisième album depuis 2015 et le trentième et quelque au total ! Une petite nouveauté tout de même, après s'être longtemps appuyé sur des compétences extérieures, et laissé sa guitare parler pour lui, Trower assume désormais le chant (c'était déjà le cas en 2015). Pour un musicien aussi modeste et réservé que lui, c'est une petite révolution copernicienne. Pour le reste, Trower reste un guitariste fin, habile et élégant. La formule du trio, adoptée depuis longtemps, lui va à ravir. Se basant sur une rythmique sobre et sans artifice, Trower a le champ libre pour laisser sa guitare divaguer le long de longues plages blues et psychédéliques. Ainsi, son jeu se révèle particulièrement expressif. Quelque notes éparses, débordantes de feeling, lui suffisent pour instaurer une ambiance, un climat (« Returned in kind ») souvent marqué par la mélancolie et l'art de prendre son temps : serait-ce une conséquence de l'âge et des années qui passent ? Appelons cela un musicien inspiré, imperméable aux modes et dont le nom reste un gage de qualité.
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samedi 2 décembre 2017
Concerts de Noël de Liz McComb
Dans la foulée de la sortie de son nouvel album de Noël, la magnifique Liz McComb sera en concert les 8 et 9 décembre dans le cadre, rare, de l'Eglise Saint-Sulpice. De quoi nous réconcilier avec les fêtes de fin d'année...
jeudi 30 novembre 2017
La Féline : « Royaume EP »
Dans la foulée de son magnifique « Triomphe », La Féline est (déjà) de retour avec cette nouvelle livraison de quatre titres. Un disque scindé en deux, marqué par des collaborations avec Lætitia Sadier (la française ancienne chanteuse de Stereolab dans les 90s) et le compositeur « électronicien » Mondkopf. Des rencontres judicieuses qui ont fait sortir l'artiste de sa zone de confort. Ainsi, le résultat est sensiblement différent du dernier album tout en sonnant familier. Avec ce nouvel EP, plus que jamais, l'univers artistique de La Féline est marqué par l'entre-deux. Entre français et anglais, par le biais de la présence de Lætitia, entre électrique (« Le Royaume ») et électronique (« Comme un guerrier »), entre douceur mélodique et charge puissante, voire violente de l'électronique (cf. la reprise en deux parties de « Comme un guerrier » de Gérard Manset, qui caresse l'oreille avant de la fouetter). La Féline produit une musique mouvante, toujours en mutation, qui n'a certainement pas fini de nous surprendre et dont cet EP n'est que l'amuse-bouche.
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mercredi 29 novembre 2017
The Last Shadow Puppets : « The dream synopsis EP »
Synopsis de rêve : dans la foulée de leur dernier album, The Last Shadow Puppets nous gratifient d'un EP bonus surprise qui s'ouvre et se referme sur deux titres dudit album : « Aviation » et « The Dream Synopsis » en mode torch song jazzy. Les quatre autres titres voient le groupe renouer avec ses racines rock psychédéliques avec une bonne dose de guitares et de batteries frénétiques. Un pur jet de rock n'roll, parfois au bord de l’hystérie (« Totally Wired »), on n'en attendait plus autant d'un groupe n'ayant pas toujours bien maîtrisé les embardées, et les arrangements, de son précédent album. Un EP de seulement six titres certes mais à ne pas négliger pour autant, car il voit le groupe atteindre un point d'équilibre entre fureur rock n'roll et arrangements ambitieux, à la fois classieux (« Is this what you wanted », « The dream synopsis ») et complètement barrés (« This is your life »). A noter la reprise baroque des « Cactousse » (cf. les « Cactus » de Jacques Dutronc) par un groupe ne parlant absolument pas français (et ça s'entend) et la classe toute britannique et un peu inquiétante de « Is this what you wanted ». Court mais excellent.
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mardi 28 novembre 2017
Amone
Composé de la chanteuse Olivia et du batteur (et compositeur) Sam, le duo Amone sort son premier EP. Frais et enlevé, à l'image de sa pochette estivale, cette première livraison marque la rencontre, forcément pop, entre le timbre mélodique d'Olivia et les compositions, marquées par les années 80, sans que cela soit rédhibitoire, de Sam. Egalement batteur, ce dernier impulse un groove bienvenu à la musique. Ainsi les années 80 ne sont qu'une influence parmi d'autres, faisant son apparition à travers une ligne de synthé kitsch mais craquante quand-même. La formule fonctionne particulièrement bien sur le, très entraînant, premier titre « All the same ». La ligne de basse énorme d' « Hello Sunshine » fait son petit effet aussi. A découvrir…
lundi 27 novembre 2017
ICONOW du 1/12 au 31/01/2018
L'espace Sunlee Howard du bon marché rive gauche accueille une nouvelle exposition mêlant op art et musique (en détournant des pochettes de disques) de l'artiste Christophe Lavergne (Restez vivants !)
Vernissage le 30/11 de 18h30 à 20h00.
Sunlee Howard
Le Bon Marché
24 rue de Sèvres 75007 PARIS
samedi 25 novembre 2017
Dhani Harrison : « In///Parallel »
Reprendre à son compte l'héritage des Beatles ? Très peu pour lui… Après de multiples participations dans des groupes et quelques hommages rendus à son illustre père, le copieux George Fest notamment, Dhani Harrison (le fils de George) s'émancipe. Dhani flirte maintenant avec les sonorités électro dont la stridence nous étonne parfois (« #WarOnFalse », « Ulfur Resurrection »). Ainsi Dhani trouve son propre chemin en évitant le recours systématique aux guitares, dont le rôle est ici réduit à la portion congrue, celle des arrangements. Et pourtant le lien avec l’œuvre de son Père existe, on pense notamment au triple album « All things must pass » du paternel, dans ce lien avec les sonorités moyen-orientale (les percussions entre autres) qui parsèment l'album. Ambitieux, l'album séduit par sa volonté de moderniser les concepts psychédélique et progressif en les éloignant du rock pour en arriver à cet objet mélangeant les instruments classiques (les cordes) et l'électro, tout en faisant le lien avec la musique de film (un peu comme sur le dernier disque, post apocalyptique de Gary Numan). Les fans des Beatles en seront pour leurs frais, les autres pourront se délecter de cet excellent effort à la démarche courageuse.
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jeudi 23 novembre 2017
Valparaìso, le café de la danse, 21 novembre 2017.
Le nom du groupe est à lui seul une invitation au voyage. Mardi soir dernier, sur la scène du café de la danse, Valparaìso a ravi nos oreilles et nous a fait voyager, une heure et demie durant, sans quitter la petite salle intime du café de la danse. L'influence de base de la musique reste le folk teinté de rock mais un folk minutieux et précis, passé par le tamis de mille influences qui prennent la forme d'arrangements baroques : scie musicale, banjo, violon, ukulélé. Une démarche qui redonne tout son sens au geste musical, des cordes de guitare délicatement brossées au pinceau, triturées au bottelneck d'une manière tout à fait inédite ou caressée, avec stridence, à l'archer. Plutôt calme et propice à la rêverie, les paysages musicaux du groupe sont parfois traversés d'éclairs à la limite du punk/noise, une influence particulièrement perceptible dans le jeu du batteur qui est également, à contrario, très à l'aise balais en mains. Ainsi la musique est sujette à de brèves poussées de fièvres, très intenses. Enfin, la démarche du groupe est essentiellement instrumentale, la présence de différents vocalistes (la ravissante Phoebe Killdeer, Sammy Decoster, Dominique A sur deux titres) accréditant cette thèse de l'utilisation de la voix comme un instrument à part entière en fonction du timbre et des capacités de tout à chacun. Voix de gorge, grave et profonde pour Sammy Decoster, gracile et sexy pour Phoebe Killdeer, quant à Dominique A il représente la facette francophone et chanson de la musique de Valparaìso. Cette dernière reste en dépit de tout imprégnée d'Amérique, de blues et de country (plus une question de feeling général que d'interprétation au sens strict de ces idiomes). Un concert magnifique en forme de voyage imaginaire à travers des routes poussiéreuses…
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lundi 20 novembre 2017
Nuits Blondes
Premier EP pour Nuits Blondes, groupe parisien dont le patronyme, à lui seul, sonne comme une promesse, celle d'une virée nocturne ou le romantisme côtoie le danger et le mystère, autant de notions parfaitement incarnées par la voix grave, tabagique, du chanteur Hubert. Ce disque inaugural ouvre une brèche dans le rock français : mené par une guitare finalement beaucoup plus véloce que bruyante. Certes, quelques fantômes bien connus viennent hanter la musique (Bashung, Noir Désir pour ce mélange entre poésie, noirceur et rock) mais à ces influences très françaises vient s'ajouter une note rock indé, plus anglaise qu'américaine, incarnée par une guitare intrépide, des constructions audacieuses et une production soignée dans les moindres détails créant une ambiance et apportant ce petit supplément d'âme à la musique qui fait toute la différence. Autant de raisons pour l'auditeur de s'aventurer hors des chemins battus, au cœur de la nuit blonde.
En concert le 04/11 à Paris (Péniche Antipode)
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dimanche 19 novembre 2017
Jo Wedin & Jean Felzine : « Pique-Nique »
Plume alerte, crooner né et guitariste incisif, Jean Felzine est un talent caché de France, comme on a pu s'en rendre compte au sein de son groupe Mustang. Le voici de retour avec ce nouveau projet en duo avec Jo Wedin, une chanteuse suédoise croisée il y a une dizaine d'années et avec laquelle il avait déjà sorti un EP en 2015. Visiblement inspiré par le rock n'roll, Jean Felzine a gardé des années 50/60 une certaine idée de la classe et de l'élégance. Pourtant, aucunement question pour l'artiste de refaire ce qui existe déjà (en mieux) ou de se lancer dans la course au « vintage ». Chez lui, les roucoulades surf de la guitare (« Femme de chambre ») sont mises au service d'un répertoire pop, intemporel et chanté en français (« Idiot »). Le duo formé avec la chanteuse Jo Wedin tourne à plein régime sur ce premier disque, chacun incarnant la face opposée des relations amoureuses. Ainsi, derrière son aspect bravache de prime abord (« Chanter, baiser, boire et manger »), la plume tenue par le duo se révèle assez sombre (« Nez, lèvres et menton », "Un jour de plus, un jour de moins"). Un album luxuriant, varié, rempli de chœurs, d'accroches irrésistibles de guitares, de mélodies et de refrains à reprendre à tue-tête (« Je t'aurai »), dressant un catalogue pop idéal du ska, de la disco, du rock ou de la blue-eyed soul (magnifique reprise du « After laughter » de la regrettée Wendy René).
En concert le 13/12 à Paris (le divan du monde)samedi 18 novembre 2017
Zombie Zombie : « Livity »
Halte là ! Arrêtez tout, Zombie Zombie est de retour ! Et, logiquement, cela devrait faire du boucan. Les choses ont bien changé depuis que l'on avait quitté le double Zombie, un duo à l'époque, l'été 2016. Le groupe est devenu un trio avec l'adjonction d'une batterie qui leur apporte cette dynamique live, voire même rock, qui leur faisait un peu défaut jusqu'ici. Leur expérience sur la BO d' « Irréprochable », sorti l'été 2016, a visiblement laissé des traces sur ce nouvel album, particulièrement cinématographique. Ainsi, ce nouveau disque est alambiqué au possible : les structures sont complexes, les titres s'étirent largement au-delà des cinq minutes, dans cet espace crucial, où les groupes partent à l'aventure s'éloignant des diktats imposés par les radios. Pourtant, mené par le nouveau batteur, le groupe évite tout risque de dispersion. Les couches de sons, de synthés, se rajoutent les unes aux autres, atteignant une espèce de transe, où la tension va crescendo, évoquant la bande-originale, complètement barrée, d'un film imaginaire entre science-fiction, horreur et fantastique (normal avec un patronyme pareil!) On pense au beaucoup au grand écran à l'écoute de ce nouveau disque qui évoque à la fois les BO de John Carpenter (« Livity ») ou le mélange électro/cold wave (« Loose ») tel que le pratique Arnaud Rebotini sur ses multiples projets. Enfin, un petit mot pour finir sur la magnifique pochette, la touche finale de cette éclatante réussite.
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Dirty Work of Soul Brothers : « Girls' Ashes »
Sur cette page, nous avons souvent l'occasion de nous enthousiasmer pour un énième groupe garage rock n'roll, et le merveilleux grain 60s des guitares parfaitement reproduit. Mais depuis combien de temps n'avons-nous pas écouté un groupe vraiment innovant à l'écart des sentiers battus ? Force est de constater que, si, en bons fans du genre, nous avons été plutôt gâtés, ces derniers temps, beaucoup de groupes sont loin d'égaler les standards du genre gravés il y a fort longtemps dans les sixties par les Seeds et autres Sonics. Les membres des Dirty Works of Soul Brothers sont-ils arrivés à la même conclusion que nous ? En tout cas leur réponse se tient dans cet impensable et complètement fou deuxième album : un disque de pur garage rock sans la moindre note de guitare ! Il faut tenter d'imaginer la chose : deux claviers et une batterie courent l'échalote pour un résultat à la fois fidèle à la tradition, le groupe n'utilise que du matériel analogique des années 70 et 80 (synthés, orgues, claviers) et qui n'hésite pourtant pas à trahir les canons de cette dernière pour le plus grand plaisir de nos oreilles. Le résultat sonne comme du Kraftwerk électrocuté, les deux mains coincées dans la prise électrique. Une sorte de rock progressif et psychédélique dynamité par une énergie venue du punk. L'écho porté sur la voix drape l'ensemble d'un voile mystérieux et spatial à l'avenant des structures alambiquées venues du rock progressif (« I don't », la très dark « Mesmerize », "Toxicide") avant que la machine ne s'emballe dans une jouissive explosion de décibels (« So long », « All the days », « Maria Station ») ; finalement pas très loin dans l'esprit de Suicide s'appropriant le rockabilly. Un trio de cuivres (trombone, cor et trompettes) intervient sur deux titres, histoire de renforcer le groove de la chose. De quoi nous faire craquer encore un peu plus sur cet album, le plus dingue de cet automne. Quelle magnifique trouvaille que ce groupe !
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https://dwosb.bandcamp.com/
vendredi 17 novembre 2017
mardi 14 novembre 2017
Ëda
Deux grains de beauté symétriques, qui prennent la forme d'un tréma rajouté sur la première lettre de ses initiales, comme un symbole de la dualité culturelle. Deux petits points qui résume la trajectoire artistique d'Ëda, aka Eléonore Diaz Arbelaez, qui a grandi entre deux cultures, la France d'un côté, la Colombie de l'autre. Dès lors, rien d'étonnant à ce que l'artiste navigue constamment entre deux eaux. Sur ce premier EP, on retrouve à la fois la chaleur organique de la contrebasse (cf. « Paso, paso »), le swing exotique des percussions (« Manicomio »), mélangées à des sonorités électro-pop concoctées par Anthony Winzenrieth (Flawd). Chanté en espagnol, le disque réinvente ainsi la musique latine, lui donnant des airs psychédéliques modernes à l'image de sa pochette bigarée. Un beau voyage en sons.
En concert (Release Party) le 14/12 à Paris (FGO-Barbara)https://fr-fr.facebook.com/edawaves/
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lundi 13 novembre 2017
We are the line : « Through The Crack »
L'autre jour, lors d'une de mes pérégrinations nocturnes, en route vers un concert tardif, on me présente un mec et la discussion s'engage :
- Tu aimes Nine Inch Nails ?
- Moi : Oui, beaucoup
- Depeche Mode ?
- Beaucoup également. Depuis longtemps.
- Bon je te passe le cd de mon groupe alors…
We are the line…
Il semblerait donc que nous soyons en présence d'une ligne. Celle, imaginaire, reliant les années 80 et le futur, l'ombre et la lumière. Passée l'intro instrumentale vaporeuse de « Through the crack », la machine s'emballe brutalement, dans une magnifique transition, et les choses sérieuses débutent avec « A Cold Place » qui, effectivement, rappelle DM. En particulier cette électro sombre et minimale telle que les Anglais la pratiquait à l'époque d' « Exciter », il y a une bonne quinzaine d'années de cela. Mais réduire le groupe parisien a une succédané depeche modesque serait bien trop réducteur. La ligne excelle dans ces ambiances froides, teintées de mystère (« Our last sight ») et ménage ses effets avec ingéniosité. Le disque est particulièrement bien équilibré. Chaque élément est à sa place ni plus, ni moins. La chose peut paraître paradoxale, mais en évitant de trop charger la production, le groupe redonne toute sa place au silence. « Through the crack » est donc un disque où on respire et où l'imagination de l'auditeur travaille parce qu'il y a justement de l'espace pour. Et ça fait du bien. L'EP est suffisamment soigné pour penser que le disque est le fruit d'une longue maturation. Pourtant la proposition musicale manque encore un peu de personnalité et l'influence de DM plane un peu trop au-dessus de ces cinq titres (au niveau du chant notamment). Ne manque plus qu'au groupe de s'éloigner de cette ombre envahissante pour exploiter pleinement son potentiel. Néanmoins, ces 20 minutes inaugurales sont une belle promesse pour l'avenir. On attend la suite avec curiosité et impatience…
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dimanche 12 novembre 2017
Tania Stavreva : « Rhythmic Movement »
Une musicienne et son piano. Sur le papier l'équation paraît simple et pourtant… Plus encore que son piano, c'est sa personnalité que nous donne à écouter Tania Stavreva sur cet ébouriffant album. Et cette dernière est beaucoup plus riche que le simple postulat de départ pouvait le laisser imaginer. Sur les 14 plages composant le disque, la musicienne fait véritablement corps avec son instrument en tirant des sons parfois incroyablement puissants mais aussi, à l'inverse, d'une infinie délicatesse. Il faut ainsi, en plusieurs occasions, véritablement tendre l'oreille pour saisir toute la richesse de la musique. On se prend ainsi à rêver, imaginant la musicienne effleurant les touches d'ivoire dans un geste délicatement féminin (« White Lies for Lomax »). Comme le titre l'indique, tout est ici affaire de rythme, échevelé ou alangui, mais toujours juste et qui redonne sa juste place au silence qui semble habiller les compositions leur donnant ainsi une profondeur faisant bien souvent défaut aux productions contemporaines (l'inquiétante « The Dark Side of the Sun »). Piochant dans le répertoire de trois continents différents, notre vieille Europe (centrale ou de l'est), l'Amérique Latine ou du Nord, la New-Yorkaise nous livre un disque extrêmement riche, inventif, fort d'une multitude de dimensions différentes à la fois classique et légèrement rétro mais aussi mu par une dynamique tout à fait contemporaine. Existe-t-il une touche du piano qui n'ai été jouée par la musicienne sur ce disque ? On n'ose imaginer les heures de dur labeur et de répétitions pour arriver à un tel résultat. On espère la voir un jour sur scène…
Disponible sur le site de l'artiste et sur cd baby
www.TaniaStavreva.com
https://fr-fr.facebook.com/TaniaStavreva.Official/
https://twitter.com/taniastavreva
samedi 11 novembre 2017
The Amazing Keystone Big Band : « Django extended »
Big Band, à géométrie variable, composé de 17 musiciens, The Amazing Keystone Big Band fait régulièrement le lien entre classique et jazz ce qui a donné ces dernières d'étonnantes relectures des œuvres de Prokofiev (« Pierre et le loup et le jazz ») ou Camille Saint-Saens (« Le carnaval jazz des animaux »). C'est d'ailleurs lors d'une représentation de ce dernier projet, au Parc Floral en Août 2016, que l'on avait eu vent pour la première fois de ce nouveau projet autour de l’œuvre de Django Reinhardt. Le grand mérite de ce nouvel album est de propulser la musique du guitariste manouche dans une autre dimension, celle du big band et des cuivres. Qui dit jazz manouche dit guitare (forcément!), violon, contrebasse ; un jazz sec et nerveux, souvent ultra-rapide. Bien loin de la luxuriance d'un groupe étendu et de la puissance dégagée par ses vents. Ainsi l'album se révèle très varié, nous réserve quelques belles parties d'une guitare virtuose (cf. « Djangology ») Thomas Dutronc est de la partie, et quelques moments down-tempo (« Troublant Boléro ») ; la version proposée du tube « Nuages » proposant une belle synthèse de la démarche du groupe, des cuivres totalement free prenant le relais d'un violon attendu (et joué pour l'occasion par Didier Lockwood). Et puis, sur une grande partie du disque, les instruments à cordes typiques du jazz manouche sont totalement absents propulsant les compositions archi-connues et rabâchées (« Minor Swing ») dans un territoire totalement inconnu. A noter enfin « Rythme Futur », une composition assez obscure du guitariste exhumée pour l'occasion et livrée dans une version abstraite et baroque.
En concert à Paris (Salle Pleyel) le 10 mars 2018.
https://www.keystonebigband.com/
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lundi 6 novembre 2017
Lonny Montem et Guillaume Charret : « Tara »
Pour le nouvel épisode de ses aventures Lonny Montem s'est accoquinée avec Guillaume Charret (Yules). Le duo s'est échappé à Tara, une maison de campagne pour y enregistrer les sept titres de ce copieux EP, quasiment un album. En totale communion avec la Nature (cf. « Woman now ») le duo accouche d'un disque délicat, mélodique et boisé, entretenant un climat propice à la rêverie. On se laisse bercer par les arpèges délicats de la guitare et on se prend à rêver. On imagine un coin, un peu paumé, encadré par les arbres et les herbes hautes, de la rocaille blanche poussiéreuse et beaucoup de verdure. Dans ce contexte, la voix de Lonny trouve son habitat naturel, légère comme une plume (cf. les chuchotements de « Burning bridges »), où pointe une note gutturale, utilisée à bon escient lorsque l'intensité monte (cf. « Please, look after me ») et que les cordes de la guitare folk se font marteler un peu plus violemment. Pensés avec soin, les arrangements baroques (glockenspiel, melodica, body rhythm, les mystérieuses « furniture from the house ») entretiennent cette sensation de légèreté onirique alors que le banjo et le violon apportent un contrepoint country mélancolique beaucoup plus terre à terre, permettant à l'ensemble de trouver son délicat équilibre. Enfin les deux reprises chipées chez James Taylor (« You can close your eyes ») et Paul Simon (« Old friends ») rappellent l'ancrage seventies de la chose, où les voix de deux protagonistes s'emboîtent merveilleusement, touchant du bout des doigts une sorte de perfection vocale. L'auditeur est touché en plein cœur.