Grand succès à sa sortie en 1996 (2 millions d'exemplaires vendus), « Roots », grand classique du heavy metal signé Sepultura a bénéficié cette année d'une copieuse réédition, entièrement remastérisée et agrémentée d'un deuxième disque bonus de 17 titres. A l'époque de sa sortie, Sepultura se trouve au firmament du métal dans la foulée de deux albums couronnés de succès d'affilé, « Arise » (1991) et « Chaos A.D » (1993) avant que ne sonne pour le groupe brésilien l'heure du grand renouvellement en forme de retour aux racines. La démarche est relativement inédite pour un groupe métal et ressemble à celle de ces bluesmen qui vont rechercher une nouvelle inspiration du côté de l'Afrique. Le résultat est fondamentalement différent (il s'agît de thrash metal ne l'oublions pas) mais procède d'une même recherche identitaire. En l'espèce la fusion fonctionne au-delà de toutes les attentes. Il plane sur l'album une menace constante, la musique rugît, menaçante, inquiétante, telle un escadron de la mort survolant sa cible (« Lookaway »), avant qu'un déluge de percussions (assurées par Carlinhos Brown, omniprésent) ne s'abatte sur les musiciens (cf. « Ratamahatta »). Dans ce contexte, la dynamique qui anime le groupe relève de la lutte constante pour occuper le moindre espace disponible (cf. « Roots Bloody Roots », « Dusted »), la tension va crescendo et le quatuor en ressort galvanisé dans le sillage de la fratrie Cavalera. Au chant, Max s'arrache les cordes vocales sur chaque titre alors qu'Iggor fait subir les ultimes sacrements à sa batterie. Assumant la démarche jusqu'au bout, Max Cavalera et Carlinhos Brown se partagent le chant lusophone le temps de « Ratamahatta ». Mais l'essentiel est ailleurs. En mélangeant son métal dévastateur au chant des Xavantes, une tribu amazonienne, Sepultura touche là une corde sensible. Les éléments traditionnels apportent un incontestable supplément d'âme à la musique. Derrière le chaos, les décibels, le bruit et la fureur : les cœurs de quatre musiciens qui battent à l'unisson.
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