Absent des bacs
depuis 1979 (qui dit mieux?) Chuck Berry, l'icône rock n'roll,
travaillait sur ce nouvel album depuis les années 1980. La vie,
assez mal faîte sur ce coup-là, a voulu que le guitariste
disparaisse, le 18 mars dernier, avant de voir la naissance au grand
jour du fruit de ses efforts. Derrière cette pochette à la fois
sobre et iconique, un mot et un seul suffit pour résumer le tout :
Chuck ! L'album pourrait être résumé ainsi : frais et
émouvant. Frais, car à 90 ans, Chuck rocke comme au premier jour,
niant la dictature des horloges, des calendriers et du temps qui,
tout simplement, passe. Ainsi le disque regorge de rappels à ses
œuvres passées (« Big Boys », « Lady B. Goode »).
Du classique, du solide, ancré dans la tradition séculaire du rock
n'roll, évidemment, mais aussi du blues (« You go to my
head »). Emouvant ensuite, car l'album s'écoute comme une
carte postale envoyée de l'au-delà par un artiste qui fût, pour
beaucoup d'entre nous, un des pionniers par lesquels nous sommes tous
tombés dans cette grande marmite envoûtante du rock n'roll
(« Darlin' »). Emouvant aussi par ce que cet ultime
effort voit Chuck enregistrer avec ses propres enfants (Charles Jr à
la guitare, Ingrid à l'harmonica) et croiser le fer avec quelques
jeunes pousses (Gary Clark Jr, Tom Morello, Nathaniel Rateliff) dans
une sorte de croisement générationnel euphorisant. Un grand nom qui
disparaît emporte toujours avec lui une partie de la jeunesse de son
auditoire. On pourra toujours se consoler en l'espèce avec Chuck
Berry qui, lui, a réussi sa sortie.
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