Autant l'avouer de
suite, on n'était pas tellement rassurés à l'idée que les
Psychotic Monks fêtent la sortie de leur excellent premier album avec un
concert au Petit Bain (une péniche posée sur la scène
rappelons-le). Ayant déjà expérimenté (à Rock en Seine) toute
l'intensité du groupe sur scène, j'imaginais déjà le navire
couler dans la Seine, dans une sorte de remake rock du Titanic, vaincu par les coups de butoir et le
martellement incessant du groupe et les gros titres des journaux le
lendemain matin : « Drame sur la Seine, le groupe de rock
les Psychotic Monks fait sombrer le Petit Bain »… Mais il
n'en fût rien… En revanche, le quartet n'a rien perdu de son
intensité. Un concert de Psychotic Monks, c'est un trip
psychédélique en soi, un voyage où les passages apaisés à base
de nappes synthétiques et de râle chanté succèdent aux attaques
frénétiques de la guitare ; un grand tout où le groupe passe
du punk au rock progressif en gardant le meilleur de chaque. Baignés
dans une lumière bleutée et restant plus où moins dans l'ombre,
les quatre musiciens ont une présence fantomatique, apparaissant
presque en ombre chinoise laissant la musique parler pour eux. Un
petit tour dans la fosse, déchaînée, guitare en l'air, une session
de crowd surfing, le manche à la main, le groupe nous a fait passer
par toutes les couleurs en ce jeudi soir. Attention, un concert des
Psychotic Monks c'est une expérience pour laquelle il faut avoir le
cœur bien accroché.
vendredi 31 mars 2017
jeudi 30 mars 2017
Artús : « Ors »
Entre
tradition et modernité ce nouvel album d'Artus se révèle pour le
moins étonnant. Enraciné et proche de son terroir, Artús
chante en occitan et pratique une musique scellant la rencontre entre
le heavy metal et les instruments inventés
par le groupe (tambourin à corde?) ou
traditionnels
tels que la vielle à roue (le groupe a d'ailleurs collaboré avec un
luthier pour la fabrication de cette dernière). Le concept de ce
nouvel album s'appuie sur l'ours. A travers l'animal et notre rapport
avec ce dernier, le groupe questionne notre humanité et par
extension la société dans laquelle nous vivons. Musicalement, la
chose se traduit par un rendu complexe, des compositions très
longues, on ne peut plus
éloignées
des standards issus du diktat des radios, et
un angle métal/progressif où règne une tension extrême et où les
coups du butoir cinglants de la guitare succèdent aux passages plus
ou moins apaisés. Intense.
mercredi 29 mars 2017
The Ginger Accident + Olivier Granger, Le café de la danse, 28 mars 2017.
Lorsque je l'avais
rencontré, Slow Joe m'avait affirmé : « Never give up »,
n'abandonne jamais. Ne pas abandonner, c'est la tâche que se sont
fixés les quatre membres de The Ginger Accident, le groupe
accompagnant Joe, depuis le décès de ce dernier en mai 2016,
finalisant l'album qui était en cours d'enregistrement au moment des
faits et entamant cette tournée hommage : « Orphelins
mais pas aphones, jouant cette musique que l'on a dans les doigts et
dans le ventre ».
La soirée commence
avec le saxophoniste Olivier Granger, qui a croisé Joe sur le tard
en participant au dernier album. Seul avec son instrument, Olivier
nous a offert un moment doux et intime, entre compositions
personnelles et reprises de standard jazz que Joe aimait tant. Le
dernier morceau, « Nature boy », offre une lecture
différente s'appuyant sur des boucles électroniques.
Dans l'histoire du
Ginger Accident, le café de la danse tient probablement une place à
part, et c'est un sentiment particulier de les revoir dans cette même
salle sept ans jour pour jour après leur premier passage dans les
lieux. Bien évidemment, l'absence est dans tous les esprits et il
est totalement inconcevable de remplacer le vécu et le talent du
chanteur. Les membres du Ginger Accident ont donc décidés de se
partager le chant (le guitariste Cédric est le plus souvent mis à
contribution) y compris pour les titres en hindi (même pas
peur)! La disparition de Joe est particulièrement cruelle dans la
mesure où elle intervient au moment même où le groupe est en
pleine possession de ses moyens et de plus en plus audacieux,
injectant une dose de rock progressif dans son cocktail
psychédélique. Le concert fût magnifique et on se perd avec délice
dans les méandres des claviers vintage, dans la toile subtilement
tissée à la guitare, ou dans le groove de la section rythmique. Il
serait même dommage que l'aventure du groupe s'arrête là tant
l'énergie habitant les quatre musiciens est contagieuse. Présent
sur les murs du café de la danse par le biais d'une magnifique expo
photo, Joe peut être fier de ses potes.
lundi 27 mars 2017
Le Villejuif Underground : « Heavy black matter »
Le nouvel EP de
cette formation originaire du Val-de-Marne (comme son nom l'indique)
est pour le moins étonnant. Les références évidentes nous mènent,
comme souvent, vers la scène garage et le rock psychédélique de la
fin des années 1960. Les comparaisons s'arrêtent là, à aucun
moment le quatuor ne cherche à sonner « vintage » ou à
recréer une époque de toute façon révolue. Chez le Villejuif
Underground, l'esprit prend le pas sur la lettre. Il en résulte un
disque foutraque, bricolé avec les moyens du bord, DIY or die, où
une basse et des beats discos entre en collusion avec des guitares
déglinguées dégagées du trop plein d'agressivité, une signature typique distinguant le groupe du
tout-venant garage. Le chant, trafiqué et les arrangements bricolo,
évoquant de vieux jeux vidéos, drapent l'ensemble d'un voile
mystérieux. Une pépite de plus à mettre au crédit du label Born
Bad.
dimanche 26 mars 2017
Jupiter & Okwess : « Kin Sonic »
Moderniser une
tradition musicale séculaire, celle de la rumba congolaise en
l'occurrence, telle est la mission que s'est fixée Jean-Pierre
« Jupiter » Bokondji avec ce nouvel album en compagnie de
son groupe Okwess. Il faut dire que notre homme a le profil idéal
pour mener sa tâche à bien, ayant grandi à Berlin-Est où son père
travaillait comme attaché d'ambassade, avant d'effectuer un retour
délicat au pays, le Congo (l'ex-Zaïre). Le disque saisit
parfaitement cet état d'exil, le fait de perdre ses racines à force
de déménagements successifs. Les fondamentaux rythmiques de la
rumba sont respectés à la lettre. Plus étonnantes, par contre,
sont les guitares, saturées et ultra puissantes rappelant le rock
anglo-saxon, ou les arrangements électroniques appliquant un sceau
contemporain sur l'ensemble. Alors que les paroles sont ancrées dans
une réalité sociale, pas forcément réjouissante, la musique
dégage elle un enthousiasme contagieux et, à de nombreuses
occasions, l'album démange les articulations, recyclant habilement
le funk étasunien. Très bien équilibré, le disque développe
également un angle plus sombre où les compositions se teintent
alors de mélancolie. Plus qu'un disque, un voyage entre sons,
émotions et continents.
jeudi 23 mars 2017
Interview avec Carré-Court.
Arborant une
choucroute digne de Brigitte Bardot dans ses grandes années, Julie
la chanteuse de Carré-Court et le guitariste Émilien, originaires
de Limoges, se soumettent à la question...
L'EP nous arrive par
des voies détournées, il s'agît d'une réédition ?
Carré-Court :
Oui c'est ça. Lors de sa première sortie, le disque n'a pas dépassé
le niveau local, chez nous dans le Limousin. Il n'y a pas eu de
communication autour. On s'est retrouvé un peu pris au dépourvu. On
a fait une release party chez nous mais ce n'est pas allé plus loin
que ça…
C'est une
renaissance donc ?
Carré-Court :
Voilà c'est ça ! On le ressort dans d'autres conditions avec
un morceau inédit.
Le nom du groupe a
un petit côté chic à la française, pourquoi avoir fait le choix
de chanter en anglais ?
Carré-Court :
C'est une question de facilité et de sonorité. L'anglais nous est
venu naturellement quand j'ai posé ma voix sur les compositions
d’Émilien. Cela vient aussi de nos références, les Beatles, les
Ronettes, les Supremes… Elles sont principalement anglo-saxonnes et
c'est plus facile à faire sonner que du français. On a beaucoup de
références françaises aussi, c'est pour cela que l'on tenait à
notre nom de groupe bien français.
Si je ne m'abuse, le
carré-court c'est une coupe de cheveux. Le style, le look, l'image
sont-elles des composantes importantes dans l'univers du groupe ?
Carré-Court :
Ce n'est pas quelque chose que l'on a travaillé pour le groupe. On
est comme ça tous les jours. J'aime porter ma choucroute des années
60 ! On avait pas franchement envie de s'exposer sur les
pochettes et le reste. Maintenant comme a dû le faire autant que
cela soit soigné ! On fait l'effort de s'habiller un minimum.
On pourrait venir en slip mais on ne va pas le faire !
Quand j'ai écouté
le disque, j'ai tout de suite pensé à Amy Winehouse…
Carré-Court :
Je suis totalement fan d'elle, je n'ai pas de honte de le dire donc
je pense qu'il y a des influences. C'est une référence commune au
sein du groupe. On ne veut pas se limiter non plus. On ne cherche pas
à l'imiter.
L'EP est très
soigné, très arrangé, la formule en duo n'est-elle pas un peu
réductrice pour ce genre de musique ?
Carré-Court :
Le disque n'a pas été arrangé par nous. On a travaillé avec deux
arrangeurs de formation classique. En concert on est que tous les
deux, on joue beaucoup plus sur la sensibilité que sur
l'orchestration. C'était un choix de notre part d'avoir un disque
très orchestré, c'est comme ça qu'on a commencé à travailler. On
a pas trop réfléchi en fait. Pour la scène on essaye de
retravailler les morceaux différemment, de faire quelque chose d'un
peu plus sensible. On propose quelque chose de différent en live qui
va à l'essentiel, c'est intéressant aussi. On espère quand même
un jour pouvoir jouer nos morceaux avec plus de musiciens !
(c) Martial Schmeltz |
Vous êtes passés
au studio Ferber récemment ?
Carré-Court :
Avant hier ! C'était un honneur de pouvoir accéder au studio
Ferber, on ne pensait pas que cela soit possible. C'est un endroit
très très beau ! Les techniciens sont adorables, l'équipe
super ! De se retrouver dans ce studio énorme... J'ai évité
de penser aux personnes qui ont enregistré là-bas avant nous,
j'aurais eu la trouille ! Ca fait toujours quelque chose… On
est chanceux en tout cas, super contents !
Limoges est surtout
connue pour le basket et la porcelaine…
Carré-Court :
Il se passe beaucoup de choses, beaucoup de groupes mais personne
n'en parle ! Pas mal de bénévoles, d'asso. Il y a un
co-working qui a ouvert en centre-ville pour former les jeunes à la
musique. Tous les mardis soir il y a des conférences pour les
groupes : comment protéger ses morceaux, la Sacem…
Y-a-t-il une sorte
d'émulation ?
Carré-Court :
Il y a toujours eu beaucoup de groupes à Limoges et une grosse
culture garage-rock. Seven Weeks, par exemple, un groupe stoner qui
bastonne qui a fait plein de tournées à l'international. Ils sont
passés au Hellfest ! Les Ejectés, aussi. On aime la musique à
Limoges !
Que vous inspirent
les années 1960 ?
Carré-Court :
L’insouciance et le renouveau. Les gens sortaient d'une période
plus rude et voulaient profiter de la vie, s'éclater, dépasser les
interdits. Une renaissance et une insouciance qui aujourd'hui nous
manque et qui nous ferait du bien. Il y a trop de gravité à notre
époque. Beaucoup d'interdits qui sont durs à dépasser, c'est
dommage.
Propos recueillis le
23/02/2017.
mercredi 22 mars 2017
Grit : « The tale of Gary Goodmann »
Trois titres
seulement pour ce premier EP studio (qui fait suite à un
enregistrement live) pour ce jeune groupe parisien. Et déjà quel
savoir-faire ! Transpercé de part en part par la foudre du
rock, le quatuor fait preuve d'une belle autorité, inspiré par le
rock indépendant tel qu'on le pratiquait à la fin du siècle
dernier. Mais c'est après plusieurs écoutes que lentement, ce court
disque révèle ses trésors cachés. Car derrière l'aspect rude et
brut de décoffrage, Grit dévoile un agencement audacieux sur le
plan rythmique (« Let it ») une production propre et
carrée, des arrangements étonnants (« Ready or not »)
et quelques solos de guitare pas piqué des hannetons. A découvrir.
mardi 21 mars 2017
Otis Taylor + Mathis Haug, Pan Piper, 20 mars 2017.
Axant sa
programmation autour du blues et de la soul, les soirées Crossroads
Nights du Pan Piper sont devenus, assez rapidement, un rendez-vous
incontournable pour les amateurs de la note bleue vivant dans la
capitale. Et ce n'est pas la programmation, sublime et
complémentaire, de cette troisième soirée qui va nous faire
changer d'avis…
On commence avec le
bluesman Allemand, mais exilé en France depuis trente cinq ans,
Mathis Haug à qui il revient d'ouvrir les festivités. Tout auréolé
de la réussite de son nouvel album, « Wild Country »,
Mathis se présente ce soir dans une formation, en duo, guitare folk
et violon, assez inédite. Après un début de set assez sage,
rapidement les deux musiciens se trouvent et entament un passionnant
dialogue où les instruments se répondent l'un à l'autre. Le duo
part alors à la dérive, prolongeant la durée des morceaux, le
concert devenant un happening jam improvisée. La voix de gorge de
Mathis, grave et légèrement éraillée, véhiculant les émotions à
la pelle est superbe. Le charisme et le français absolument parfait
du chanteur faisant le reste. Prenant visiblement leur pied, le
sourire jusqu'aux oreilles, les deux musiciens nous remontent le
moral et c'est toujours bon à prendre un lundi soir…
Après ces
excellents débuts, on franchît une étape supplémentaire en
compagnie d'Otis Taylor qui, lui, s'exprime dans un registre très
électrique. Aussi galvaudée soit-elle, l'expression « venir
des tripes » prend une signification nouvelle tant la musique
de Taylor dégage quelque chose de bestial. Le niveau affiché par
les musiciens est hallucinant, la scansion de la batterie, et le
groove aussi, sont absolument déments, la basse est aussi solide
qu'un mur de béton (on apprécie au passage le solo slappé) et la
guitare de Taylor, souffle le chaud et le froid, en même temps
qu'elle passe du son clair au son saturé («SAUVAGE !» comme
il dit). Un violon, apaisant, complète la formation faisant
contraste avec la dureté de la six cordes. Chez Taylor, le blues
possède quelque chose d'hypnotique, proche de la transe, les
morceaux sont très longs, le spectateur passant par toutes les
couleurs entre le début et la fin d'une chanson. Imposant, par sa
stature, exigeant avec ses musiciens comme avec le public (« No
flash ! »), Otis Taylor nous a, en outre, ravi avec sa
reprise de « Hey Joe » qui avait servi de point de départ
au concept de son album précédent. Un grand moment !
lundi 20 mars 2017
Réversible, Le Bataclan, 18 mars 2017.
A mi-chemin entre les arts et la performance sportive, la compagnie montréalaise, les 7 doigts de la main, propose des spectacles touchants, visuellement impressionnants, où la danse croise le théâtre, la gymnastique, le cirque et le skateboard. Après « Traces » et « Séquence 8 », « Réversible », leur toute dernière création, met en exergue, l'identité et la recherche de ses racines, puisant l'inspiration dans les histoires familiales des différents protagonistes. Une fois de plus, on en ressort bouleversés tant la performance physique (et elle est bluffante) est au service d'une émotion à fleur de peau.
Du mercredi au
samedi à 20h30. Séance supplémentaire le samedi à 16h30.
Le Bataclan
50 boulevard
Voltaire – 75011 Paris.
Métro Oberkampf
samedi 18 mars 2017
Elise & The Sugarsweets : « When the whistle blows »
Vieux routiers de la
scène blues made in france, le guitariste Olivier Raymond et les
frères Ferrié retrouvent un coup de jeune avec ce nouveau projet
accompagnés par une toute jeune chanteuse, Elise, âgée de 19 ans,
et bluffante de maturité vocale. Cette nouvelle aventure part du bon
pied, deux compositions originales et quatre reprises du meilleur
goût sont au menu de ce premier EP. Les musiciens démontrent ici un
savoir-faire certain et trouvent le bon équilibre entre groove
(l'orgue, la section rythmique) et des guitares enthousiasmantes
maniées de main de maître par Olivier. L'écrin est parfait pour
mettre en valeur les impressionnantes capacités vocales d'Elise, son
coffre, sa profondeur et son registre étendu véhiculent un
trop-plein d'émotion. Entre blues et soul, un premier EP certes
classique, mais emballant, vivement la suite…
En concert le 6
avril à Paris (New Morning)
mercredi 15 mars 2017
Anne Darban : « Montgolfière »
A l'image de la
montgolfière du titre, la musique d'Anne Darban ne demande qu'à
s'envoler. Portées par un piano léger et vaporeux, les compositions
de ce premier EP sont autant de petites vignettes, entre rêve et
réalité, décrivant un univers poétique, intrinsèquement féminin
et délicat, qui parfois se pare d'ornements indie pop (magnifique
« De l'eau »). Une nouvelle voix, touchante, dans le
paysage de la chanson française. A découvrir.
En concert à Paris (Divan du monde) le 23 mars.
https://soundcloud.com/anne-darbanEn concert à Paris (Divan du monde) le 23 mars.
mardi 14 mars 2017
Edgär : « Persona »
Derrière ce nom
mystérieux se cache un duo à la personnalité complexe. D'obédience
indie pop, Edgär pourrait facilement passer pour un de ces
noctambules, croisés un samedi soir au hasard d'un dancefloor
quelconque. Mais, après quelques écoutes, ce premier EP de trois
titres révèle sa nature intrinsèque et une vraie richesse
d'ambiances et de climats. Chez Edgär, l'électro pop, vaguement
dansante, se drape d'un voile mélancolique (« Two trees »,
« The Paintor ») à l'image de ces soirées prometteuses
mais assez décevantes finalement. Notre préférence va au titre
final « Teacup » où la guitare se fait plus présente,
entraînant dans son sillage le groupe sur un terrain rock assez
inattendu.
lundi 13 mars 2017
Chocolat : « Rencontrer Looloo »
L'été dernier, à
l'occasion des Eurockéennes de Belfort, les Québecois de Chocolat
avait fait forte impression, pratiquant un rock puissant et carré
entre stoner, garage et psychédélisme, le tout sous haute influence
des années 1970. Ce nouvel album voit Chocolat franchir une nouvelle
étape. Sans rien renier de leur appétence pour le rock n'roll et
les guitares saturées, le sextet gagne une épaisseur nouvelle en
allant chercher de nouvelles sources d'inspirations dans le rock
progressif. Un saxophone free (« Golden Age ») fait une
apparition étonnante alors que le titre d'ouverture « On est
meilleurs qu'REM » séduit par sa maîtrise du rythme ternaire.
Un excellent album qui trouve son équilibre entre rock n'roll,
direct et puissant (« Ah ouin », superbe, « Retrouver
Looloo », « Les géants ») et expérimentations à
teneur jazzy (« Les Pyramides » qui sonne comme Soft
Machine) ou barrées en plein trip spatial (« Koyaanisqatsi »,
un tantinet inquiétant) le tout sans négliger la dose de blues
nécessaire à tout grand disque (« Looloo »). Par sa
capacité à conjuguer passé et présent, à varier les ambiances,
passant en un clin d’œil des Stooges à Soft Machine, « Rencontrer
Looloo » s'impose haut la main comme une des plus belles
surprises de ce début d'année. A découvrir…
Chocolat en
tournée :
14/04/17 – FR
– Clermont Ferrand – La Baraka
15/04/17 – FR – Paris – La Maroquinerie
16/04/17 – FR – Bordeaux – Void
18/04/17 – FR – Rennes – Mondo Bizarro
19/04/17 – FR – La Rochelle – La Sirene
20/04/17 – FR – Rouen – Le 106
21/04/17 – FR – Lille – Maison Folie
25/04/17 – FR – Lyon – Peniche Sonic
26/04/17 – FR – Capbreton – Le Circus
27/04/17 – FR – Nantes – Pole Etudiant
28/04/17 – FR – Lorient – Le Galion
15/04/17 – FR – Paris – La Maroquinerie
16/04/17 – FR – Bordeaux – Void
18/04/17 – FR – Rennes – Mondo Bizarro
19/04/17 – FR – La Rochelle – La Sirene
20/04/17 – FR – Rouen – Le 106
21/04/17 – FR – Lille – Maison Folie
25/04/17 – FR – Lyon – Peniche Sonic
26/04/17 – FR – Capbreton – Le Circus
27/04/17 – FR – Nantes – Pole Etudiant
28/04/17 – FR – Lorient – Le Galion
dimanche 12 mars 2017
The Psychotic Monks : « Silence Slowly and Madly Shines »
Après une série de
maxi ravageurs, et un passage dévastateur à Rock en Seine l'été
dernier, le temps est venu pour les Psychotic Monks de franchir le
Rubicon à leur tour avec la sortie de ce premier album. Œuvre
ambitieuse, « Silence slowly and madly shines » est
découpée en quatre parties différentes. Avant même que la moindre
note ne s'échappe des enceintes, un coup d’œil sur la
(magnifique) pochette laisse augurer d'un album intense et fort en
émotions. Et on n'est pas déçus ! La pédale fuzz enclenchée
à fond, The Psychotic Monks livre sa version du rock psyché et
garage transcendée par le heavy metal («Sink ») et comme
transpercée par une vision sombre. Car cet album est un album
d'ambiance. Sombre, noir et quelque peu inquiétant, The Psychotic
Monks plonge l'auditeur au cœur d'une tornade sonore, entre guitares
abrasives, batteries folles et nappes synthétiques anxiogènes le
long de passages instrumentaux qui s'étirent en longueur. Chamboulé,
bouleversé, l'auditeur ne ressort pas indemne d'un tel disque. En
effet, comme le laisse supposer le nom du groupe, il y a chez les
Psychotic Monks quelque chose de lancinant qui hypnotise et emporte
l'auditeur. L'influence du rock des années 70, prégnante au sein du
groupe, s'en retrouve ainsi totalement transcendée. Pour un coup
d'essai, c'est un coup de maître !
En concert le 30/03
à Paris (Petit Bain)
https://twitter.com/psychoticmonks
samedi 11 mars 2017
Gaëlle Buswel + Lux, Café de la danse, 10/03/2017.
La soirée commence
avec le duo Franco-Américain Lux qui, ce soir, se présente en
formation acoustique guitare+voix. Derrière sa très belle guitare
folk, Sylvain Laforge fait montre d'une grande subtilité et d'une
belle attaque du poignet, sans pour autant verser dans un trop plein
d'agressivité. Au situé à l'exact milieu entre puissance et
mélodie, Sylvain remplit à lui seul l'espace mettant bien en valeur
la voix, assez haut perchée, d'Angela Randall, aussi classe que
Patti Smith, très belle première partie, trop courte
malheureusement…
Place ensuite à la
vedette de la soirée, la chanteuse Gaëlle Buswel, qui fête, en
grandes pompes, la sortie de son nouvel album. Personnalité fraîche,
pétillante, toujours de bonne humeur, cette dernière semble
visiblement émue de jouer devant une salle comble. Débordante
d'énergie Gaëlle a assuré le show pendant une heure et demie,
dansant, sautant un peu partout et échangeant énormément avec son
public. Pour fêter dignement, la sortie de son troisième disque, la
chanteuse a mis les petits plats dans les grands avec de nombreux
invités. La première partie est entièrement électrique, entre
rock, folk et blues, dans la droite lignée « classic rock »
des années 1970. Le groupe entourant la chanteuse est excellent.
Basse et batterie, droites et carrées alliant groove et puissant, le
terrain est parfaitement balisé pour permettre au guitariste Michaal
Benjelloun de briller de mille feux. Ce dernier se révèle excellent
dans ces rythmes saccadés, sous influence Rolling Stones, dans la
droite lignée de Keith Richards. Mais, sans médiator, dans un
contexte blues, son toucher déborde de feeling et d'émotion,
gratifiant le public de longs, et superbes, passages instrumentaux.
Place ensuite à la partie acoustique, où les musiciens assis,
débranchent les amplis, Michaal troquant la guitare pour la
mandoline apportant une touche country très appréciable. Certains
morceaux ont fait l'objet d'un soin tout particulier avec le renfort
de cordes (violon et violoncelle) et de Sylvain Laforge à la guitare
électrique. Une ambiance torride pour une release party de toute
beauté.
vendredi 10 mars 2017
Cris Luna : « Phoenix »
Tel le phœnix
renaissant de ses cendres, Cris Luna a entamé une nouvelle carrière
en 2010, 20 ans après avoir raccroché sa guitare. Le créneau n'a
pas bougé d'un iota depuis, le plaisir de jouer avant tout, quant
aux disques, ils se font entre amis et en totale indépendance.
« Phoenix » est la troisième sortie de Cris Luna depuis
son retour aux affaires. Le disque s'écoute comme un retour en
adolescence et un parfum d’insouciance (cf. la pochette) se dégage
de ces 11 titres. Les guitares sont puissantes et énormes, la
pulsation de la section rythmique frôle l'apoplexie. Avec un talent
certain, une bonne dose d'énergie et un enthousiasme à toute
épreuve, le quatuor rend hommage à ses marottes, le punk/garage
façon Stooges (« Love and hate ») et le hard rock/heavy
metal des années 70 et 80 (« Lana », « Heavy metal
kid », « Lords of Luna » qui sonne comme du U2 sous
adrénaline, dopé aux décibels). Marqué par certaines épreuves
passées, le disque parfois se pare d'un feeling plus dark (« Neither
here nor there », « There will be love »),
sentiment passager et évanescent qui ne dure qu'un instant avant que
le groupe ne reprenne son entreprise sonique. S'il est entendu que
cet album ne changera la face du monde, l'ensemble est suffisamment
abouti pour nous fournir notre dose de décibels et c'est déjà
beaucoup.
jeudi 9 mars 2017
Pamela Hute : « Highline »
Après bien des
tourments (cf. « Run through the storm »), le nouvel et
troisième effort de Pamela Hute est disponible dans le bacs. Quatre
ans après « Bandits », un excellent disque incompris qui
s'est soldé par un douloureux échec commercial, « Highline »
sonne comme un renouveau et sort sur le propre label, My Dear
Recordings, monté par l'artiste. Une fois de plus, le salut est venu
d'outre-Atlantique et, après John Agnello appelé à la rescousse
pour sauver le disque précédent, c'est le producteur Jay Pellicci
(Sleater Kiney, Avi Buffalo) qui a enregistré l'album dans une
maison du sud de la France. Accompagnée dans cette aventure par un
nouveau line-up (une basse, une deuxième guitare) Pamela voit
s'ouvrir de nouveaux horizons, acoustiques (« All I say », "Stick Around")
et pop (« Summer of 75 »), les guitares, toujours une
composante essentielle de sa musique, d'autant plus que les claviers
ont presque complètement disparus, sont canalisées, moins tranchantes que par le passé
(encore que « Getting old »), accompagnent le mouvement
(« Fool you », « Hectic dream ») de
compositions minimalistes (« I Know »). Ce nouvel effort
baigne dans une étrange atmosphère, mélancolique (« Gunshot »,
« Run through the storm ») mais pourtant lumineuse
(« Summer of 75 », « Nothing to see »). Un
peu à l'image de l'artiste, passée à deux doigts de raccrocher
définitivement sa guitare, ce nouvel album refuse de céder et tient
bon la barre. Écoutez-le !
mardi 7 mars 2017
Tiger Army, La Maroquinerie, 5 mars 2015.
Dix-huit ans après
ses débuts discographiques, le surpuissant trio
psychobilly/punk/rockabilly Tiger Army a enfin joué en France !
Un événement attendu de longue date par les fans du groupe qui se
sont déplacés dans une maroquinerie qui, si elle n'est pas
complète, affiche un taux de remplissage conséquent. Sur disque,
Tiger Army affiche une diversité musicale bienvenue, flirtant
parfois avec la pop 50s sur son dernier effort. Il en va différemment
de la scène où le trio met l'énergie en avant, misant tout sur le
feu intérieur qui l'anime. La diversité faisant la marque de
fabrique du groupe se retrouve passant d'un redoutable assaut punk à
une ballade mélodique en un rien de temps. Mais surtout, quelque
soit le genre abordé, le trio met en avant sa musicalité et le sens
du swing de sa section rythmique. Derrière son kit, le regard
exorbité, le batteur affiche la mine patibulaire d'un ex-détenu en
cavale et conjugue à merveille le swing prise tambour et une
puissante attaque punk. Le chanteur Nick 13 ressemble quant à lui à
un acteur échappé d'une série B fantastique des années 1950 doté
d'un magnifique duo de guitares Gretsch dont il use pour dispenser un
son puissant au toucher fin et délicat. Mais le plus impressionnant
reste le contrebassiste Djordje Stijepovic. Un peu plus tôt dans
l'après-midi, l'ingénieur du son, bassiste lui-même, nous confiait
son immense plaisir à mixer Djordje tous les soirs. Et comprend
pourquoi ! Musicien impressionnant, Djordje sait à la fois
conjuguer un son slappé puissant (les cordes de son instrument
décollent de dix bons centimètres du manche), véloce mais toujours
empreint de swing et de feeling. Son touché unique s’accommode
aussi bien des ambiances jazzy que de l’agressivité punk ainsi
qu'il a pu le démontrer dans son solo final. Un chouette concert !