Premier album pour
cette excellente formation française autour de laquelle plane un
voile mystérieux. Aussi improbable que cela puisse paraître en
2017, Gloria (le groupe) a décidé d'exister sans la moindre
foutaise numérique et n'utilise aucun réseau social. Cette absence
digitale est tout sauf anecdotique, inscrivant encore plus
profondément le groupe dans le revivalisme sixties. Non content, de
récréer musicalement l'époque, Gloria a choisi de vivre et de se
comporter comme au vingtième siècle. Sans l'excellence affirmée de
son label Howlin'Banana, un recommandable pourvoyeur du rock n'roll
d'ici (Kaviar Special, Volage, Madcaps etc...) cet album serait tombé
aux oubliettes sans autre forme de procès et, avouons-le tout de go,
cela aurait constitué une dramatique erreur. Emballée dans une
magnifique pochette psyché/art nouveau, comme à l'époque, la chose
séduit dès le titre d'ouverture le magnifique « Beam me up »
qui envoûte littéralement l'auditeur. Gloria se trouve à un
croisement bien particulier, assumant à lui seul l'héritage des
groupes psychédéliques et des girls groups des années 60. Imaginez
un Phil Spector noyé dans un bol d'acide lysergique. Voilà, Gloria
c'est ça. Un art consommé de la ritournelle pop (« Howlin'stones »,
« In the morning ») pratiqué au milieu de vapeurs mauves
et des lumières stroboscopiques ("Shame") mâtiné d'une pointe de folk (« The
Highlight », « Requiem for a witch »). Voix
féminines suaves, son de basse rond et sixties en diable, guitares
au son travaillé avec un soin maniaque, excellence du batteur, les
dix titres passent (trop rapidement) sans que l'on ait pu détecter
la moindre faute de goût. C'est une révélation, ni plus, ni moins.
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