15 ans après les faits, on se demande
encore quelle mouche a bien pu piquer la bande de Gruff Rhys. Petit
rappel des faits. En l'an 2000 les Super Furry Animals ont sortis
trois albums qui ont dans l'ensemble plutôt bien marchés, au point
d'en faire de serieux outsiders sur la scène britannique. C'est
alors que sort « Mwng » disque qui a la particularité
d'être chanté dans leur langue maternelle : le gallois (pour
la petite histoire, il s'agît d'ailleurs de la meilleure vente de
tous les temps pour un album chanté dans cette langue). Un sacré
risque pris par le groupe, celui de se couper de son public qui, dans
sa grande majorité, ne comprends pas un traitre mot à ce qui se
trame ici : Ymaelodi A'r Ymylon ! Et pourtant, petit miracle
comme seule la musique peut nous en procurer, la magie opère.
Réalisé avec les moyens du bord et un budget dérisoire, le groupe
mené par Gruff Rhys se concentre sur l'essentiel : les
chansons. Il y a, en effet, comme une évidence mélodique qui de se
dégage de cette effort, très riche et très varié sur le plan
musical. « Drygioni » ouvre les débat de manière assez
nerveuse, une attaque punk, toute guitares dehors qui ne dépasse pas
la minute trente. On tape tout de suite dans le dur avant de prendre
le contrepied total avec la jolie comptine folk « Ymaelodi A'r
Ymylon » et ses harmonies vocales digne des Beach Boys.
L'enchaînement qui arrive touche au sublime : « Y Gwyned
lau », sorte de torch song nocturne agrémentée d'une
trompette jazzy du plus bel effet : magnifique ! C'est
ensuite que déboule le joyau caché de l'album « Dacw hi »,
superbe chanson power pop portée par un riff de guitare inoubliable,
le groupe s'élève alors au niveau de Big Star, c'est dire !
Bien loin d'être une tentative celtique hasardeuse, « Mwng »
est au contraire une occasion rêvée pour les Super Furry Animals de
rendre hommage aux groupes solaires et lumineux qui ont écrit
l'histoire de la pop. Peu importe que l'on ne comprenne pas un mot
cela n'empêche nullement d'en saisir les nuances et les émotions.
« Mwng » est la preuve éclatante que la musique est un
langage universel.
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