June DeVille n’est pas, contrairement à ce que laisse penser
la pochette, une espionne. June DeVille n’est pas une femme, mais cela ne
l’empêche pas d’être fatal. June DeVille est un power trio originaire de
Lausanne et frappe fort avec cet album. Entre grunge et stoner, ce groupe
risque bien de mettre KO son auditoire. Guitares abrasives, batteries solides,
voix écorchées, June DeVille pourrait être un énième ersatz grunge mais a
choisi de placer la barre plus haut. Point de titres de 2 minutes trente chrono
ici, mais des compositions qui regorgent de trouvailles sonores en tout genres,
grâce en partie à une guitare inventive, et qui s’étendent sur la durée et ce
sans jamais dériver d’une ligne de conduite punk sur la base d’une formule
guitares/basse/batterie. De nombreux passages empruntent à d’autres genres
métalliques tout en maintenant une pression constante du début à la fin du
disque. Les premières plages s’enchaînent sans temps mort, June DeVille écrase
l’accélérateur dès le début et ne ralentit jamais. Un petit bijou rock bien
senti et sans concession.
samedi 31 mars 2012
mercredi 28 mars 2012
Alex Winston, La Maroquinerie, 26 mars 2012.
C’est dans une Maroquinerie, hélas assez peu remplie, que
l’on a retrouvé Alex Winston. Mais qu’importe la maigre influence puisque le
public présent est au taquet crie et applaudit comme cent. Maigre influence
certes mais de qualité, ce qui change tout. Sur scène Alex est accompagné par
une formation assez nombreuse de six musiciens : guitare, basse, batterie,
clavier, une choriste (contre trois auparavant) et un dernier membre qui
alterne entre guitare, mandoline et clavier. Si ses enregistrements sont
tiraillés entre classicisme pop et modernisme électro, sur scène Alex Winston
est résolument pop dans un registre dynamique, plus musclé en quelque sorte grâce
à la dynamique du batteur (une scansion assez impressionnante au demeurant).
Mais le personnage le plus énigmatique reste Alex elle-même, elle semble
parfois complètement déconnectée, le regard dans le vide avant d’arborer un
sourire lui barrant le visage d’une oreille à l’autre. Malgré son jeune age
Alex assure le show avec professionnalisme, prend le temps de parler avec le
public, de le remercier (en français), elle s’amuse d’un micro qui larsen avec
un sourire désarmant avant de danser debout sur la grosse caisse. On sent
surtout une fragilité adorable chez ce petit bout de femme, elle est presque au
bord des larmes quand elle interprète seule à la guitare folk « I don’t
care about anything » (ça tombe bien c’est ma chanson préférée) qui la
rend absolument craquante. La minute suivante elle pète littéralement les
plombs balançant sa chevelure à quatre pattes devant la batterie ou sautant
pieds nus dans la fosse pour chanter au milieu du public dans un rare moment de
communion. Alors qu’arrive l’heure des rappels, Alex a décidé d’innover puisque
ceux-ci n’auront pas lieu sur scène mais dans le patio de la maroquinerie, à
l’extérieur et en acoustique. La soirée se termine donc par ce petit happening
à moitié improvisé ou elle chante (et laisse exploser sa joie de vivre)
accompagné de sa choriste Sarah, de la guitare folk avec un soupçon de
tambourin et de mandoline. C’est parfait. Avant de nous quitter Alex nous
confie : « surtout dites-leur que je veux absolument revenir chanter
à Paris ». L’appel est donc lancé, espérons la revoir assez vite.
lundi 26 mars 2012
Twin Arrows
Serait-on en train d’assister en France à l’émergence d’une
scène garage-rock digne de ce nom ? Quoi qu’il en soit, les Twin Arrows
avec cet excellent premier album viennent apporter un argument de poids au
dossier. Les Twin Arrows sont donc baignés dans le rock, lourd et sale si
possible, mâtiné d’influences blues (la guitare slide de « Jinx »).
Certains plans et breaks ne sont pas sans rappeler Led Zeppelin où les Doors.
Mais refaire ce qui a été fait par le passé ne serait pas drôle et puis par ce
qu’ils ne sont pas Led Zeppelin non plus, les Twin Arrows ont décidés
d’arranger la chose à leur façon rajoutant une note plus moderne et
expérimentale ici et là (l’intro de « Track Trombone » ;
« Sleepwalker’s burn ») offrant un contrepoint aux claviers vintage
qu’ils adorent par ailleurs. « Hey day » dévoile une autre facette du
groupe acoustique et mélodique alors que « Soup of rocks » est pleine
de groove (mention spéciale à la section rythmique). Ce disque constitue une
excellente surprise pour tous les amateurs de rock millésimé.
dimanche 25 mars 2012
Duplex + Elliott Murphy, le new morning, 23 mars 2012.
Comme tous les ans, Elliott Murphy nous convie au new
morning, le club de jazz parisien, pour fêter son anniversaire lors des fameux
« Birthday Shows » qui sont devenus au fil des années un passage obligé
pour ses fans. Certains n’hésitant pas à faire le déplacement depuis
l’étranger.
Ce cru 2012 prend un tour assez particulier et émouvant pour
Elliott puisque cette année c’est Gaspard Murphy, son propre fils, qui assure
la première partie avec son groupe Duplex (voir chronique ici), formation qui
fait pour l’occasion ses grands débuts sur scène. Le groupe se présente en
quartet, deux guitares, basse et batterie, le clavier initialement prévu
n’ayant pas fait le déplacement ce qui se traduit par un son plus rock que sur
disque. Toujours aussi pop et chanté en français, mais toutes guitares dehors.
Une bonne occasion pour Gaspard d’exhiber son nouveau jouet, une superbe
Telecaster en plexiglas. La formation est menée par un Gaspard en forme
olympique qui saute partout et finira en nage. Le concert se termine avec la
reprise du « Dancing in the dark » de Bruce
Springsteen, Elliott rejoignant son fils sur scène pour l’occasion dans un duo
improvisé et au final assez touchant. Gaspard remerciera le public présent pour
sa générosité mais c’est oublier que lui aussi donne beaucoup lorsqu’il est sur
scène.
On a ensuite retrouve Elliott Murphy toujours accompagné de
ses Normandy All Stars, Olivier Durand à la guitare, Alain Fatras à la batterie
et le bassiste Laurent Prado qui, pour rester dans le ton, a lui aussi une
nouvelle basse en plexiglas. La formation est ce soir renforcée par le clavier
Kenny Margolis que l’on ne voit pas souvent en Europe. Bonne humeur et
plaisanteries sont au rendez-vous à l’image de la chorégraphie accompagnant
« Rain Rain Rain », stratagème utilisé par Elliott pour se faire
inviter à la nouvelle star. Le concert est jalonné de grands classiques d’hier
« You never know what you’re in for », « The last of the rock
star » et d’aujourd’hui « Take that devil out of me » (Olivier
dans le rôle du diable), « Green river » revisité sur un mode
intimiste et blues, tempo ralenti et superbe jeu aux balais du batteur Alain.
On retrouve donc nos petites habitudes avec ce qu’il faut de nouveautés pour
éviter la redite, Elliott profitant de l’occasion pour tester de nouveaux
titres ou ressortir d’autres morceaux plus anciens joués plus rarement en
public (« Everything i do (leads me back to you )». Généreux avec le
public le groupe reviendra plusieurs fois sur scène pour les rappels appelant
Gaspard en renfort (Gaspard, à table !) notamment pour une reprise
acoustique de « Rockin in the free world » (Neil Young) jouée
totalement unplugged. Les musiciens sont enjoués, le rythme est entraînant, le
public est aspiré dans une spirale positive. Une soirée avec Elliott Murphy et
les Normandy All Stars est en général réussie.
www.myspace.com/duplex
www.vimeo.com/duplex
www.youtube.com/duplexvideos
mercredi 21 mars 2012
Leon Russell, New Morning, 19 mars 2012.
Relativement peu connu du grand public, Leon Russell est
pourtant un monstre sacré de la musique dont la carrière a débuté des les
années 60 comme pianiste pour le producteur Phil Spector. Longtemps resté dans
l’ombre des stars (Joe Cocker notamment) pour lesquelles il oeuvrait comme
musicien et songwriter, sa carrière en solo n’a vraiment commencée qu’en 1970
avec son premier album. Un peu tombé dans l’oubli ces dernières années sa
carrière est repartie grâce à Elton Jones avec lequel il a enregistré un
sublime album (« The Union ») il y a deux ans. Le revoir en concert
aujourd’hui tient un peu du miracle, comme tenu de son age et de ses
difficultés à se déplacer, il est arrivé au new morning poussé dans une chaise roulante
et marche à l’aide d’une canne. Et il faut se pincer pour croire que le concert
va se tenir au new morning, une petite salle intimiste à taille humaine.
Pourtant dès les premières secondes, Leon Russell balaye tous les doutes. Sa
voix est toujours là. Ses mains aussi. Placé sur le côté de la scène on est au
début un peu déçu quand on réalise qu’on va le voir de dos. Puis on réalise la
chance que l’on a de pouvoir observer de près le travail de sa main gauche sur
le piano. Car cet homme a du groove plein les doigts. Et si ses jambes ont des
difficultés à le porter, ses doigts eux cavalent sur le clavier avec autant
d’agilité qu’au premier jour. Accompagné par un groupe soudé et hyper efficace
(batterie, deux guitares et une basse), Leon nous a emmené en ballade dans son
paysage musical où se mélangent rock n’roll, country, blues et soul. Composé
pour partie de reprises en vrac les Meters (mention spéciale au batteur qui
maîtrise à la perfection ce petit swing New Orleans spécifique), les
Temptations, les Rolling Stones, Robert Johnson et Jerry Lee Lewis ; Leon
a également fait honneur à son répertoire personnel : « Delta
Lady » ; « A song for you »… Seule petite déception Leon a
un peu trop forcé sur les nappes synthétique en fond sonore, un peu datée 80s
et qui ont tendance à empiéter sur les fréquences du deuxième guitariste qui
joue sur une lap steel. Quand ce dernier passe à l’orgue, on ne l’entend plus
du tout. C’est dommage. Pour le reste ce fut du très haut niveau de la part
d’une pointure qui a fait honneur à sa réputation. Saluée par une chaude
ovation qui l’a fait revenir sur scène pour des rappels alors qu’il était à
cours de compositions. Une excellente soirée.
dimanche 18 mars 2012
Blankass : « Les Chevals »
Nouvel album pour ces vétérans de la scène rock française et
même si Blankass ne propose rien de véritablement original, on éprouve pour eux
une sympathie non feinte. Voilà des musiciens qui qu’importe les modes jouent
la musique qu’ils aiment avec passion et sincérité. Et Blankass aime les
guitares et le rock et le prouve le temps de ces 10 titres, efficaces et
enlevés avec de temps une touche d’émotion (« l’empreinte »),
d’euphorie pop voire un soupçon de blues (« Killer inside »). Loin
d’être tourné vers le passé Blankass fait aussi évoluer sa formule incluant
quelques machines dans les arrangements. Un bon petit album qui s’écoute avec
plaisir.
MC Pampille : « Un vert parmi tant d’autres »
Le problème des groupes qui jouent trop ouvertement la carte
de la dérision et du second degré, c’est qu’il est difficile de les prendre au
sérieux. Précisément le défaut qui plombe ce disque avant même que l’on ait
écouté la moitié de l’album… Comment dès lors croire en ce MC Pampille, rappeur
loufoque fan de l’AS Saint-Etienne et qui chante faux (« A l’ombre des 7
collines ») ou n’importe comment (« Je suis bien content ») et
sans identité musicale, jouant la carte de la dance bon marché (« Pampille
of the night » ; « Mouille le maillot »), du slam
(« Slam fout le mouron ») ou de la chanson décalée ? A moins de
considérer que les dialogues abracadabrants font office de chansons (« Le
cousin du Québec »)... A réserver aux fans des ambiances foot… Pour tous
les autres ce « Vert parmi tant d’autres » restera l’auteur d’un
album parmi tant d’autres…
samedi 17 mars 2012
Tennis : « Young and old »
Tennis, trio originaire de Denver, à fait appel aux services
de Patrick Carney (le batteur des Black Keys) qui a produit le deuxième album
du groupe, « Young and Old » dans un studio de Nashville (où les
Black Keys ont élu domicile). Le résultat est spectaculaire, avec moult petits
détails dans les arrangements (des pianos, des orgues) qui permettent au groupe
de dépasser la sempiternelle formule basse/guitare/batterie. Il émane des ces
sessions une sorte de sérénité, un côté cool qui fait que la musique s’écoule
le plus naturellement du monde : des tempos pas trop rapides, des
compositions pop suffisamment efficaces pour accrocher durablement l’oreille.
Et puis il y a la voix de la chanteuse Aliana Moore, sexy, mélodique et charmeuse.
Fidèle au principe appliqué à son propre groupe, Patrick Carney un produit un
album court, 40 minutes environ, soit la durée d’un vinyle, comme à la grande
époque. Ca a le grand avantage de favoriser l’aspect pop 60s des Tennis et de
faire un disque efficace sans temps mort. Un album particulièrement attachant.
vendredi 16 mars 2012
Black Minou, la boule noire, 15 mars 2012.
En prévision de la sortie prochaine de leur premier EP
(chronique ici), Black Minou a mis le feu hier soir sur la scène de la boule
noire. Confirmant tout le bien que l’on pensait d’eux après avoir écouté l’ep,
la bande menée par les frères Yarol (guitare lead) et Melvil Poupaud (basse) a
démontré être à l’aise dans plusieurs registres : le gros son et le
groove. La reprise du « Hey Pocky a way » (The Meters), la présence
de l’harmoniciste de blues Greg Zlap, invité le temps d’un rappel ou bien d’un
trombone ont prouvé l’ancrage dans les musiques noires de Black Minou. Qui
reste par ailleurs un groupe de rock n’roll diablement efficace, sortant les
guitares, les pédales wha-wha et Yarol se déchaînant le temps de soli incisifs.
Ce dernier est bien aidé dans sa tache par Aurélien à la deuxième guitare (et
par ailleurs membre de Klink Clock) et par le batteur Thibault qui ne perd
jamais son sens du swing. Alternant aussi bien les compositions personnelles
que les reprises qui vont de John Lennon (« Cold Turkey ») à LCD
Soundsystem (« Daft punk is playing at my house »), Black Minou rend
cohérent un répertoire divers et varié, comme si finalement tout découlait des
sixties. Un groupe foncièrement attachant.
www.black-minou.com
mercredi 14 mars 2012
Sharon Jones and the Dap-Kings, La Cigale, 12 mars 2012.
Sharon Jones, la soul sister number one, est récemment
revenue dans l’actualité grâce à la sortie de l’album « Soul time »,
compilation de faces B et d’inédits. Si ce matériel, à haute teneur funky,
n’est certainement pas le meilleur de Sharon et est très certainement quelques
crans en dessous de ses fabuleux trois derniers albums, « Soul time »
bénéficie des standards de qualité du label Daptone. Et cela nous donne
également l’occasion de revoir Sharon Jones et son groupe les Dap-Kings sur
scène. Et c’est à peu près ce qui se fait de mieux à l’heure actuelle en
matière de soul music. Ce retour sur scène se fait dans des circonstances
dramatiques car, comme elle l’a confié sur scène, Sharon Jones vient de perdre
sa maman mais a cependant tenue coûte que coûte à terminer cette tournée, car
comme elle l’explique : « elle n’en serait pas là sans elle ».
Comme toujours avec les artistes du label Daptone, le concert se présente sous
la forme d’une soul revue à l’ancienne. On commence par quelques morceaux
instrumentaux des Dap Kings puis c’est au tour du guitariste Binky Griptite
(également auteur de plusieurs 45T en solo) d’assurer le chant sur un titre.
L’ambiance commence à monter quand les choristes font leur entrée sur scène et
qui ont également le droit de chanter une chanson chacune. Le public est alors
chaud bouillant pour accueillir Sharon Jones qui, sous les vivas de la foule,
fait une véritable entrée de star. Il n’y a pas à redire mais nos amis Américains
s’y entendent vraiment lorsqu’il s’agît de faire le show. Si Sharon Jones a
montré une évolution musicale intéressante sur ces derniers albums avec des
arrangements toujours plus fins et plus soul à base de cordes, sur scène, la
formule reste des plus funky ce qui transparaît à travers le line up
choisi : deux guitares, basse, batterie, congas et trois cuivres. Avec ça,
ça devrait dépoter (un orgue par exemple aurait apporté une note plus smooth).
D’autant plus que Miss Jones est particulièrement physique sur scène. Chante,
saute partout et danse (un fameux medley à base de danse sixties : swim,
funky chicken, boogaloo, twist). Il n’y a guère que des talons un peu trop
hauts pour l’arrêter et encore de façon très provisoire. Après un set
particulièrement énergique, mais parsemé de moments d’émotion pure lorsque
Sharon évoque sa maman, Miss Jones est revenu sur scène pour des rappels
particulièrement émouvants. Seule accompagnée par le guitariste Binky Griptite
et des deux choristes Sharon a rendu hommage à Amy Winehouse (qui a tourné avec
les Dap Kings en backing band) reprenant « You know i’m no good ».
Moment qui a du être très émouvant également pour le guitariste Binky Griptite
qui a participé à l’enregistrement de l’album « Back to black » même
si il n’a rien laissé transparaître. Après viendra l’hommage à Etta James puis
Whitney Houston, elle fait le « I’ll always love you » aussi bien que
l’original. L’occasion de constater une fois de plus que Sharon a une voix à se
pâmer et que, même à cappella, elle peut mettre tout le monde à genoux. Les rappels ont en outre montré une autre facette de Sharon Jones, plus dépouillée et plus gospel, que l'on entends pas forcément sur disque. Assurément une grande voix de la soul music, toute période confondues, à voir
absolument sur scène au moins une fois.
dimanche 11 mars 2012
Manu Larrouy : « Des mots doux, des mots durs »
Nouveau venu sur la scène hexagonale, Manu Larrouy se pose en héritier de la scène french pop
des années 80. Au-delà du parti pris synthétique, l’album se distingue par sa
qualité d’écriture. Manu Larrouy a véritablement cherché à faire un disque pop
avec de jolies mélodies, des refrains qui se retiennent facilement et des
titres d’une durée moyenne de trois minutes. Manu a trouvé la note juste,
l’album joue la carte du minimalisme mais avec finesse. Ni surproduit, ni
rêche, mais privilégiant un climat un peu « bleuté » doux et
confortable. Doté d’un plume fine, Manu a également soigné l’écriture de ses
textes avec un joli sens de la formule agrémenté de rimes assez riches sur le
thème de la déception sentimentale. Le charme du disque vient en partie de son
unité de ton, l’écoute procure un sentiment d’intimité avec son auteur, on
recueille les histoires de Manu comme on écouterait celle d’un copain. Un bel
album qui ravira tous les fans d’Etienne Daho.
samedi 10 mars 2012
Sallie Ford and The Sound Outside, Le divan du Monde, 8 mars 2012.
Grande révélation rockabilly de l’année, l’Américaine Sallie
Ford (dont j’aurais bien aimé vous toucher deux mots de son excellent album
Dirty Radio si j’en avais eu le temps) n’en finit plus de séduire le public
parisien, il s’agit ce soir de son deuxième passage dans la sublime salle du
divan du monde en l’espace d’un mois pour une soirée qui affiche complet encore
fois. En dépit de quelques problèmes liés au mixage qui ont fait que l’on a
parfois eu un peu de mal à l’entendre chanter, dommage par ce qu’elle a une
belle voix, la soirée est à classer parmi les belles réussites. Sur scène
Sallie séduit par son attitude un peu gauche, elle danse et saute
maladroitement, cherche à faire de grandes arabesques avec ses cheveux et
s’applique pour faire le show sans sembler être totalement sûre de ce qu’elle
fait, c’est mignon et très touchant. Un autre qui ne semble pas tellement dans
son élément, c’est le guitariste de Sallie, Jeffrey Munger, moustaches,
lunettes « cul de bouteilles » et casquette verte sur la tête,
Jeffrey, excellent musicien par ailleurs, donne l’impression de débarquer de la
campagne. D’autant qu’il a un accent à couper au couteau et quand il chante, de
la country évidemment, il ne peut s’empêcher de faire des « yeeh
ah ». Il est aussi très doué pour jouer de la guitare avec une bouteille
de bière, en la faisant glisser sur les cordes comme un bottleneck. Sacré
Jeffrey, va ! Sallie peut également s’appuyer sur une section rythmique
très forte : Tyler Tornfelt à la contrebasse et Ford Tennis à la batterie.
Le batteur se révèle être très créatif, joue ses rim shots sur la cerclure de
la grosse caisse et parfois démonte la charley pour l’installer sur la caisse
claire avant de jouer dessus. Pas mal. Il a en outre du swing plein les
poignets et un feeling ternaire jazzy imparable. Avec en plus une bonne petite
reprise de ce bon vieux Buddy Holly, la soirée ne pouvait être que réussie.
vendredi 9 mars 2012
Ginkgoa + Mat Hilde, le divan du monde, 7 mars 2012.
La première est assurée par la jeune et charmante Mat Hilde.
Sagement assise sur son tabouret, une jolie fleur rouge dans les cheveux, la
jeune artiste gratte ses chansons sur sa guitare acoustique. Une jolie musique
folk, délicate et féminine, bien servie par la voix mélodique de Mat Hilde, une
belle découverte bien que le set fût très court.
On a ensuite retrouvé
sur scène Ginkgoa, toujours mené par le guitariste/auteur/compositeur Antoine
Chatenet et la chanteuse Américaine exilée en France Nicolle Rochelle, groupe
qui a beaucoup évolué depuis un an. La violoncelliste Anne-Colombe Martin s’est
depuis mise à la contrebasse, alternant entre les deux instruments durant le
concert. Le clarinettiste Sylvain Hamel alterne également avec le saxophone.
Ajoutez à cela la batterie swing de Grégory d’Addario et la guitare
d’inspiration manouche d’Antoine et on obtient Ginkgoa groupe dont la musique
s’ancre dans le jazz et la chanson française. Le son Ginkgoa a également
intégré des éléments inattendus comme les samples de dialogues sur
« Dolorès » ou la guitare wha-wha de « Queen of Swing »,
tous ces ingrédients s’intégrant naturellement les uns dans les autres, ce qui
tend à prouver que Ginkgoa a trouvé son identité sonore. La chanteuse Nicolle
tient évidemment une place essentielle dans le cœur du groupe. Energique,
enjouée, Nicolle apporte une bonne dose d’énergie et de fantaisie. Elle chante
(en trois langues : français, anglais et espagnol), danse (et parfois même
avec le public), fait des claquettes... Sa présence fait de Ginkgoa un groupe
festif et le concert se transforme rapidement en fête avec les spectateurs
dansant sur scène. Parmi les bonnes surprises, les reprises de Serge Gainsbourg,
« Comic Strip », et d’Erykah Badu (un apport direct de
Nicolle ?). Un groupe attachant qui vient tout juste de sortir son premier
EP dont on reparlera très bientôt.
www.ginkgoa.com
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Elliott Murphy : « Just a story from New York »
Nouvel album live pour Elliott Murphy, le quatrième de sa
carrière, dont le titre « Just a story from New York » résonne comme
un clin d’œil à son LP « Just a story from America ». Toujours
accompagné par ses fidèles Normandy All Stars (Olivier Durand, guitare ;
Alain Fatras, batterie et Laurent Prado, basse), Elliott retrouve pour
l’occasion le clavier Kenny Margolis que l’on ne voit pas souvent à ses côtés
lors des concerts européens. Sans changer radicalement la donne, sa présence
apporte un plus sous la forme d’accordéon ici ou d’orgue là. Lors de cette
soirée, sold out, enregistré au Rockwood de New York Elliott revisite son
répertoire mélangeant grand classiques des années 70 (« You never know
what you’re in for », « Diamonds by the yard », « Last of
the rock stars ») et titres plus récents (« Rock n’roll’n rock
n’roll » extrait de sa dernière livraison studio en date). Les douze morceaux
ici présents nous permettent de revisiter avec bonheur l’univers de cet
attachant, et très littéraire,
songwriter évoluant entre folk et rock n’roll installé en France depuis
une bonne vingtaine d’années. Une bonne heure d’excellente musique, typiquement
US, et on ne comprend toujours pas pourquoi Elliott n’a jamais confirmé sur sa
terre natale le succès de son premier effort (« Aquashow », 1973) ni
la raison pour laquelle il est autant boudé en Amérique. Quoiqu’il en soit, trois
ans après l’album « Alive in Paris » voici ce live enregistré à New
York City, New York-Paris, la boucle est désormais bouclée.
En concert les 23 et 24 mars 2012 au New Morning.
samedi 3 mars 2012
Marshmallow, Le lautrec, 2 mars 2012.
Le lautrec est un petit café/bar situé à Pigalle qui dispose
d’une petite salle de concert aménagée dans la cave. Comme une sorte de
Mécanique Ondulatoire ou d’International en plus petit. La cave est plutôt
sympa, voûtée et les murs en pierre donnent un caché rock à l’endroit. Le seul
problème c’est la petitesse du lieu, la cave se remplit vraiment vite et comme
le bar est souvent animé, beaucoup trouvent refuge dans l’escalier pour essayer
d’écouter malgré tout. Les spectateurs qui ont la chance d’être dans la salle
on à peine la place de bouger. Sur la scène ce soir on retrouve Marshmallow,
groupe basé à Clermont-Ferrand et qui nous avait fait forte impression après
son excellent premier EP. Le son de Marshmallow est imprégné d’influences
sixties, les Beatles pour les mélodies, les Kinks pour la pêche et les Beach
Boys pour les harmonies vocales. Tout cela serait extrêmement classique si les
Marshmallow n’avaient pas le choix du chant en Français. Le son du quatuor sur
scène est beaucoup plus péchu, la guitare de Fabien joue a un volume
respectable, son saturé (certainement l’overdrive de l’ampli), ce qui n’est pas
fait pour nous déplaire. On sent tout de suite l’expérience de ce groupe assez
jeune mais qui affiche tout de même plus de trois cents concerts au compteur.
Les Marshmallow sont sur scène comme à la maison, tout est carré parfaitement
en place d’un point de vue musical. La section rythmique en particulier, basse
énorme de Julien, et batterie assez véloce de Pierre que l’on verra à peine,
malheureusement, coincé dans un coin de la scène. Fred, chanteur plutôt speedé,
a une voix assez mélodique et aime bien raconter des blagues quand il ne chante
pas. Une bonne humeur contagieuse règne au sein du groupe et on passe un
excellent moment. Les Marshmallow ont la chance d’avoir beaucoup de potes chez
les musiciens, ce soir c’est le duo Hey Hey My My qui est venu leur prêter main
forte pour les rappels, « We can work it out » des Beatles et leur
propre composition « A l’heure d’été » qui ouvre et clôture le set du
soir. Les paroles de leurs chansons sont souvent imprégnées d’ambiances
estivales. Alors qu’importe que l’on soit au mois de mars, quand ils sont sur
scène il fait toujours beau.
En concert le 15 mars au Lautrec.
www.facebook.com/marshmallowmusic
vendredi 2 mars 2012
Jenny Gillespie : « Belita EP »
Nouvel épisode des aventures musicales de Jenny Gillespie
sous la forme de cet EP de cinq titres. Et un énorme coup réussi par Jenny qui
a réussi à s’assurer pour l’occasion les services d’un virtuose, le guitariste
Marc Ribot, habituel accompagnateur de Monsieur Tom Waits, rien que
ça !!!! Ce nouvel effort marque le retour vers un son plus acoustique plus
proche du folk du début (l'album "Light Year"). Néanmoins, Jenny a gardé de « Kindred », son
album précédent, une approche post-rock, des compositions assez longues et une
instrumentation complexe très éloignée des classiques couplet/refrain/couplet.
Disons que si la base est acoustique (piano, arpèges folk), les arrangements
apportent une touche de modernité à l’ensemble qui est également marqué par une
certaine mélancolie (c’est du moins mon impression personnelle ressentie à
l’écoute) qui se caractérise par des tempos assez lents et des arrangements de
cordes. On retrouve également les talents de songwriter et la voix mélodique de
Jenny qui chante toujours aussi bien. Jenny Gillespie, jeune artiste exigeante,
continue son petit bonhomme de chemin en totale indépendance. Que dire de plus,
que l’on aimerait beaucoup la voir en concert de ce côté ci de l’Atlantique…
jeudi 1 mars 2012
Alex Winston
Apparue il y a un an avec un premier EP prometteur, la jeune
Alex Winston est de retour avec un premier album, éponyme, sur lequel on
retrouve « Sister Wife », « Choice Notes » et
« Locomotive » déjà présentes sur son effort inaugural. Sur ce
premier opus, Alex Winston s’impose comme une artiste à la croisée des chemins
coincée dans une bulle spatio-temporelle quelque part entre les sixties et le
vingt et unième siècle. Alex regarde le monde avec ses yeux de jeune fille et
s’en amuse. L’album s’écoute comme une chronique pop dédiée aux
« outcasts », aux marginaux qu’ils soient sosies d’Elvis (« Velvet
Elvis ») ou gourou évangéliste/guérisseur (« Benny »). Native de
Detroit, Alex a probablement grandi sur le son de la Motown dont on retrouve quelques
traces ça et là dans sa voix mais aussi dans les chœurs féminins qui parsèment
cet effort. L’album se présente ainsi comme un disque d’une facture plutôt
classique présenté dans un emballage moderne (« Shock Me ») grâce à
sa production assurée par Charlie Hugall (Florence and the machines), le duo
électro new yorkais The Knocks et Bjorn Yttling. Une production riche et
rutilante mais qui a su garder la fraîcheur et le « feel good »
propres aux girls groups des années 60 dont regorgent les compositions d’Alex
(« Medicine », « Velvet Elvis », « Sister Wife »,
« Choice Notes »). Chanteuse formée à l’Opéra, Alex étonne tout au
long de l’album, sa voix pourtant cristalline fait étonnamment sensation par
son ampleur et sa profondeur. Une star est née.