Elle est mignonne Alex Winston. Et rigolote aussi. Entourée de ses copines choristes, trois belles jeunes filles toutes plus jolies les unes que les autres, qui l’accompagnent aujourd’hui, la salle d’interview ressemble à une colonie de vacances. Un gang d’adolescentes en virée européenne. Elles ont l’air ravie d’être ici en tout cas : « C’est la première fois que je vient en Europe (à l’exception d’un voyage à Londres où elle rencontré le producteur Charlie Hugall, ndlr). Il y a tellement de choses à voir et si peu de temps… ». Alex a commencé à chanter très jeune, à six ans et a passé une grande partie de son enfance dans le sous-sol de la maison parentale à Detroit : « J’avais de la chance, il y avait du matos, une batterie, un magnéto douze pistes… ». Et vous les filles, dis-je en m’adressant au gang des choristes sagement assises dans le canapé d’à côté, vous aussi vous avez passé du temps dans le fameux sous-sol ? « Oui » m’assurent-elles en choeur, certaines sont ses copines d’enfance… Alex est très fière de ses origines de Detroit : « La musique, c’est quelque chose dont tout le monde est très fier là-bas » m’assure celle qui cite pèle mêle, le MC5 et les Stooges mais aussi les Detroit Cobras et les Von Bondies parmi ses influences. Autant de groupes dont il n’est pas facile de retrouver la trace dans sa pop orchestrale : « Oui c’est vrai ma musique n’est pas très rock. Ce que je garde surtout de ces groupes c’est l’énergie. Ma première démo a été enregistrée dans un studio à Detroit juste à côté de la maison où habitait Ron Asheton. On voyait son jardin. C’était cool… ». Ses influences seraient-elles à rechercher du côté de la Motown ? « J’adore Diana Ross and The Supremes. C’est pour ça que j’ai pris ces jeunes femmes magnifiques pour chanter avec moi » dit-elle en désignant les beautés installées sur le canapé d’à-côté. A l’écoute du mini album « Sister Wife », c’est surtout à Kate Bush que l’on pense : « Kate Bush je ne connaissais pas du tout. J’ai découvert très récemment. Mais j’adore. J’ai une grande admiration pour elle, c’est une grande musicienne, elle joue de beaucoup d’instruments. On a un peu le même genre de voix. J’ai toujours eu une voix haut perchée ». Ta voix est différente quand tu parles. « Heureusement » souffle-t-elle avec un sourire désarmant. « La différence avec Kate Bush, c’est que moi j’adore être sur scène. On est un groupe complet huit musiciens… ». « La scène musicale à Detroit était géniale, elle me manque parfois… » Lâche dans un éclair nostalgique celle qui a quitté la ville pour s’installer à New York City. « Je suis partie par ce qu’il ne m’arrivait plus rien à Detroit. Mais je reviendrai, mon histoire avec la ville n’est pas finie ». Elle semble un peu déçue du manque de reconnaissance dans sa cité natale. C’est à New York qu’Alex a rencontré The Knocks que l’on retrouve aujourd’hui comme co-producteurs du mini-album : «Ils ont un profil plus électro que Charlie Hugall (également co-producteur du disque, ndlr) qui est très branché par la pop symphonique (comme le prouve son travail avec Florence and the machine). Les deux styles mélangés ensemble on obtient une balance parfaite. Tu enlèves un élément et c’est l’ensemble qui paraît bancal. Moi c’était surtout les « vrais » instruments qui me plaisaient. Les Knocks m’ont littéralement, elle insiste, littéralement obligée à utiliser du synthétiseur. Mais ça m’a bien plu, ça ouvre des possibilités… ». Intrigué par les photos promos au caractère un peu rétro d’Alex, on ne peut s’empêcher de lui poser la question : Alex, si tu pouvais voyager dans le temps, quelle décennie aimerait tu visiter ? « Oh, les sixties probablement. J’aurais voulu être l’adolescente qui a épousé Jerry Lee Lewis ! ». Déclaration qui déclenche l’hilarité générale dans l’assistance (et dont l’auteur de ces lignes a bien eu du mal à se remettre…). « Et maintenant comment tu enchaînes ? » me demande l’une des choristes. Parlons d’une autre star du rock n’roll : Chuck Berry, tu as fait sa première partie, non ? « Oui, c’était à Saint-Louis. Il était bizarre, il me foutait les jetons, il est tellement grand… Quand tu fais sa première partie, tu n’as pas le droit de citer son nom sur scène. Il est interdit d’aller le déranger dans les loges. Il est venu me voir pour me serrer la main avant de me taper sur le bras et de me le tordre dans tous les sens. Me dit-elle tout en mimant la scène dans une chanson de gestes indescriptible prenant une choriste comme cobaye. J’étais là, WOW mais qu’est-ce qui se passe… » Déclenchant un nouvel éclat de rire. « Tu n’a jamais eu le plaisir de le rencontrer ? ». L’heure tourne et il faudra bientôt se séparer : « On est une grande famille internationale. Maintenant tu en fais partie ! » Me dit-elle dans un grand éclat de rire tout en gigotant sur son fauteuil. « Tu viendras nous voir en concert la prochaine fois ? On t’aime bien. On compte sur toi. L’album sortira à l’automne prochain…». Oui, oui, Alex, c’est promis… Elles sont très excitées le départ pour la prochaine étape, Berlin, est prévu pour 17 heures. « Il paraît que c’est génial ! On part par la route ». Alors que l’on se lève pour prendre congé, Alex recommence à taquiner ses copines. Elles sont mignonnes…
Propos recueillis le 17 février 2011.
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