mercredi 10 juillet 2019

Eurockéennes de Belfort, 4, 5, 6 et 7 juillet 2019.


LES RÉVÉLATIONS : 

The Hu (jeudi 4 juillet, Loggia) : Alors ça, on ne l'aurait jamais crû, même avec l'imagination la plus débridée ! The Hu, groupe parfaitement inconnu, débarque de sa Mongolie natale équipé d'instruments baroques (mais tellement beaux) jouant une musique qui l'est tout autant, manière de folk mâtiné de métal symbolisant la rencontre de deux mondes ! Hyper percussif (un tambour traditionnel double la batterie) et usant d'instruments traditionnels (dont une sorte de vielle jouée à l'archet) The Hu trouve la juste dose d'agressivité pour rendre accro sans assommer le spectateur. Mortel ! 

Jambinaï et la Superfolia Armada (vendredi 5 juillet, Loggia) : Avant de plonger la tête la première dans le post-rock et le métal atmosphérique, Ilwoo Lee, leader du groupe coréen, a étudié en profondeur la musique folklorique de son pays natal. Il en résulte un groupe fonctionnant à différents niveaux de confrontations. Entre, en premier lieu, la mélancolie mélodique de l'haegeum (une sorte de violoncelle miniature) et la force percussive du geomungo (une cithare jouée avec des baguettes). Entre, ensuite, les instruments traditionnels et un trio métal classique (guitare, basse et batterie). Et pour finir, la rencontre des musiciens français (Olivier Mellano, guitare, Erwann Keravec, cornemuse, Yann Gourdon, vielle à roue). Une magnifique création exclusive du festival alternant entre climats apaisés et/ou dark, franchement prenants, et de fulgurants éclats de guitare électrique. Superbe ! 

88Kasyo Junrei (dimanche 7 juillet, Loggia) : Depuis fort longtemps le Japon est réputé pour ses formations hybrides et débridées. Nouvel exemple nous est donné avec ce prolifique trio au mélange baroque allant du hard-rock au psychédélisme en passant par la case punk. Emphatique, exubérant, speedé, enthousiaste, sans conteste le concert le plus fou du week-end. 

Fontaines D.C. (jeudi 4 juillet, Loggia) : Les Irlandais affolent les compteurs depuis quelques mois, l'occasion nous est ainsi donnée de juger sur pièce, on n'a pas été déçus ! Avec un air je m'en foutiste de ne pas y toucher, le guitariste à lunettes tire limite la tronche, le groupe balance ses hymnes punk avec conviction. Excellent ! 

Idles (vendredi 5 juillet, Greenroom) : Précédés d'une réputation flatteuse à laquelle ils ont fait honneur, les Anglais ont donné une performance incroyable et débridée, électrique où la violence atteint un stade quasi expérimental. Le nuage de poussière soulevé par le public pogotant donne un air apocalyptique fort à propos à l'ensemble. 

MNNQNS (vendredi 5 juillet, La Plage) : Proximité avec la côte aidant, les Normands sont probablement le plus britannique des groupes français. Climat cold wave classieux et fureur punk, le cocktail parfait ! 

Julia Jacklin (dimanche 7 juillet, Loggia) : La petite scène nichée entre les arbres s'est finalement révélé la plus consistante du week-end ! Une nouvelle preuve avec cette jeune Australienne. Si le concert commence de façon trop calme et répétitive, avec le premier titre, un bon coup de sang de l'excellent batteur réveille tout le monde. On est vite gagné par le charme de ses compositions folk/alt-country jouées sur un ton indie pop. Très chouette. 

Bigger (jeudi 4 juillet, La Plage) : Quasiment local de l'étape, le quatuor avait la lourde tâche d'ouvrir les débats. Mission réussie haut la main grâce à des compositions où la pop ultra mélodique du groupe est viciée avec génie par l'interprétation survoltée du guitariste Damien Félix (également moitié du duo Catfish) et du batteur Antoine. Enfin, un chanteur anglophone, Kevin l'irlandais, est un plus incontestable lorsque l'on prétend chanter dans la langue de Shakespeare sans sombrer dans le ridicule. Excellent set ! 

Hubert Lenoir (samedi 6 juillet, La Plage) : Cela commence tranquillement sur un air de jazz avant que les choses ne s’accélèrent brutalement sous les assauts de la guitare. Jouant de l’ambiguïté sexuelle, ses airs glam rock androgynes, ne sont pas sans rappeler le Bowie première période 70s (cf. le saxophone) ou Lou Reed. Efficace mais un peu trop surjoué, pas encore tout à fait mature, le Québecois (passé par l'émission La Voix, version locale de The Voice) constitue néanmoins une belle promesse pour l'avenir. 

LES VALEURS SÛRES : 

Stray Cats (dimanche 7 juillet, Grande Scène) : Eux, au moins, assurent le job avec classe, efficacité et sans prétention aucune ! Les « punks à chats » revisitent leur grands classiques avec swing suivant la guitare inspirée de Brian Setzer et le swing incomparable du batteur Slim Jim Phantom (toujours debout derrière son kit) et de la contrebasse (un instrument rare dans le cadre du festival) de Lee Rocker. Remerciements éternels ne serait-ce que pour avoir fait résonner un peu de ce bon vieux Eddie Cochran sur le site du Malsaucy. Chapeaux bas, Messieurs ! 

Rival Sons (vendredi 5 juillet, La Plage) : La vue magnifique sur le lac du Malsaucy et les Vosges à l'arrière plan baignant dans la lumière orangée du soleil couchant ne saurait occulter la constance du groupe californien usant à merveille des codes du hard-rock 70s. Et même si tout cela flirte d'un peu trop près avec Led Zeppelin, les qualités d'écriture et d'interprétation nous ont fait passer un excellent moment sur la plage salué par une belle ovation amplement méritée. Et quelle voix, quelle guitare ! Magique ! 

Slash feat. Myles Kennedy and The Conspirators (jeudi 4 juillet, Grande Scène) : On ne rigole pas mais l'ex-Guns, que l'on croyait à la retraite, retiré des affaires, possède d'excellents restes ! Riffs efficaces, virtuosité contrôlée évitant les excès et bien secondé par un excellent groupe, le tout suffit à notre bonheur du jour. Un peu longuet et lassant sur la fin quand-même. 

Suprême NTM (jeudi 4 juillet, Grande Scène) : On avoue, forts contrits, qu'on les avait un peu oublié et leurs disques prenaient gentiment la poussière mais la prestation du soir nous a fait une sacrée piqûre de rappel ! Galvanisé par la scène, le duo n'a rien perdu de son acuité, après deux décennies de silence discographique, une punchline après l'autre, tour à tour touchant ou percutant. Mais faut-il s'en réjouir tant la chose paraît dans le fond totalement déprimante ? Un concert survolté sublimé par une scénographie spectaculaire et les scratches incisifs. Détail amusant, une brigade de la Police assiste en toute discrétion à une bonne moitié du set, s'éclipsant juste avant la bien nommée « Police » ! Un show dantesque devant une foule immense ! Y'a du monde sur la corde à linge ! 

Frank Carter (samedi 6 juillet, Greenroom) : Showman exceptionnel, suffisamment roublard pour se mettre le public (nombreux) dans la poche, il fût le seul (du moins à notre connaissance) à remercier le service de sécurité, le personnel des différents bars œuvrant sur le site ; tout comme à inviter la gente féminine à venir crowd surfer en toute sécurité. Grand bonhomme et punk-rock de facture classique mais ô combien efficace. 

ON A ÉTÉ UN PEU DÉÇUS : 

Interpol (jeudi 4 juillet, Greenroom) : Aïe, aïe, aïe, mais que se passe-t-il ? Entre problème de sons et répertoire qui commence à tirer la langue (« Say hello to the angels » massacrée sur un tempo beaucoup trop punk) la magie d'antan semble bien loin. On s'ennuie tellement que l'on part avant la fin. Le groupe nous rattrape par l'oreille le temps d'un « Stella », c'est déjà ça... 

Weezer (samedi 6 juillet, Grande Scène) : Le constat est rude mais nos idoles d'adolescent ont sérieusement pris du plomb dans l'aile, entre albums misérables (« Pacific Daydream », le récent « Black Album » que l'on n'a toujours pas réussi à écouter en entier) et prestation gâchée par de nombreux problèmes sonores. Il est certes toujours sympa de réécouter les tubes de l'époque bleue (« My name is Jonas », « Undone », « Say it ain't so »), verte (« Hash Pipe », la bien nommée « Island in the sun ») voire rouge (« Pork and Beans ») mais, navré, même pour la déconne au 36ème degré, on n'adhère absolument pas à l'inanité des reprises 80s (« Africa » de Toto, « Take on me » d'a-ha). On s'attendait à mieux et il s'agît là d'un doux euphémisme. 

Smashing Pumpkins (Grande Scène, dimanche 7 juillet) : Le retour de Jimmy Chamberlin derrière la batterie fait certes du bien mais le répertoire du groupe a bien mal vieilli et semble atrocement ampoulé de nos jours. La formation à trois guitares (James Iha reprenant sa place aux côtés du valeureux Jeff Schroeder) passe plutôt bien, c'est une agréable surprise on s'attendait à pire. Bon, allez, ça n'était pas si mal que ça. 

LE COUP DE CŒUR DU WEEK-END : 

The Psychotic Monks (samedi 6 juillet, Loggia) : Totalement possédé par le son, au point de faire peur à la sécurité, le quatuor nous a embarqué dans une odyssée en forme d'ascenseur émotionnel où les guitares se font tour à tour addictives, hypnotiques ou expérimentales. Un voyage au cœur des émotions entre dark et psyché où la poussière soulevée par la foule en train de sauter a donné un air apocalyptique du plus bel effet. Quel concert ! Une prestation remarquable saluée par un tonnerre d'applaudissement et des mercis spontanés lancés par le public alors que le groupe remontait sur scène ranger ses instruments. Le coup de cœur du week-end, sans hésitation !

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