A 78 ans, Mavis Staples, figure légendaire de la soul étasunienne, a peut-être bien trouvé un nouvel alter-ego musical en la personne de Jeff Tweedy (Wilco) qui collabore pour la troisième fois avec la chanteuse. Cette dernière n'a en tout cas rien perdu de son mordant (cf. "No time for crying") et le titre de ce nouvel effort pourrait se lire comme une question : et si je n'étais que noire et si toute la complexité et la personnalité d'une personne ne se résumait qu'à ça : une couleur de peau ? La pensée, aussi glaçante soit-elle, donne l'occasion à l'artiste de s'interroger sur les questions d'identité et de tension raciale en pleine expansion depuis l'élection d'un certain Donald Trump à la Maison Blanche. Un combat à rapprocher de celui pour les droits civiques des années 1960 (même si l'époque n'a plus rien à voir) et à l'unisson sur la plan musical ; Jeff Tweedy (également compositeur) prenant un malin plaisir à évoquer les classiques de la soul et du blues (voire du gospel/folk cf. « Peaceful dream ») le long d'un album compact, dense et ramassé, remarquable d'unité sonore, aux allures de classique immédiat dont la durée relativement brève (30 minutes) renoue avec celle d'un vieux vinyle. Intemporel.
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