dimanche 22 octobre 2017

Wicked + The Blue Butter Pot, La Dame de Canton, 20 octobre 2017.


Une jonque posée sur la Seine, sur laquelle se reflètent les lumières de la ville à travers de grandes bains vitrées, le décor boisé est à la fois classe et vintage. Ce soir nous avons donc rendez-vous sur l'eau et finalement quoi de plus indiqué pour cette soirée accueillant deux groupes bretons ? On commence avec le duo The Blue Butter Pot. Une guitare et une batterie, le duo s'inscrit dans la longue lignée de ces groupes garage qui depuis le début du 21ème siècle donnent un nouveau souffle au blues et au rock n'roll (ne pas négliger le « roll » qui est, en l'espèce, très important). On pense notamment à Seasick Steve, logiquement repris en fin de programme. D'emblée le groupe semble surpuissant, la batterie est fine et précise, la frappe redoutable, et, de sa voix de gorge, l'immense chanteur barbu, ressemblant à un bonimenteur sur une fête foraine, conte ses histoires, et se joue avec maestria du bottelneck. Pourtant ce qui retient notre attention c'est la connivence entre les musiciens et ce dialogue, musical et incessant, entre eux. Les compositions jouent les prolongations et rebondissent dans des recoins insoupçonnés, chaque mouvement est l'occasion d'explorer une nouvelle idée. Derrière son kit, le batteur joue avec parcimonie de sa double pédale, un artefact typique du heavy metal beaucoup plus rare dans le blues. Utilisé intelligemment la chose renforce le groove et évoque un roulement de tambour typique de la Nouvelle-Orléans. Le set est tellement dense et compact qu'on a finalement l'impression d'avoir assisté à un concert de deux heures, tellement de choses à écouter et à découvrir, ce groupe est une magnifique découverte !

Dans un registre différent, mais tout aussi intense, on retrouve ensuite une ancienne connaissance en la personne du trio (Breton également) Wicked. Moins roots que le groupe précédent, Wicked donne sa version personnelle du blues, sous la forme d'une guitare magnifiquement slidée, mâtinée de rock (and roll, toujours) indé et de garage. Le groupe est précis et carré, pour un résultat puissant. La voix du chanteur ressemble à un râle débordant d'émotion et de feeling alors que la section rythmique laboure et creuse au maximum le champ des possibles. La guitare alterne entre riffs puissants et divagations noisy dans un déluge de larsen psychédélique. Le trio joue parfaitement le jeu de la tension/détente, l'intensité montant soudainement d'un cran, les aiguilles du potentiomètre à fond dans le rouge. Les musiciens sortent de scène totalement lessivés, ruisselant de sueur. A coup sûr, ce trio, assez rare sur nos scènes, mériterait de revenir plus souvent à la capitale.






Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire