mardi 11 avril 2017

Portrait Mathis Haug


(c) Clément Puig

Si Mathis Haug donne autant l'impression de faire partie du paysage, c'est avant tout parce qu'il a élu domicile dans l'Hexagone depuis fort longtemps : « Je suis arrivé avec ma Mère, après le divorce de mes parents, en 1982 à l'age de 6 ans » après un retour en Allemagne puis un détour par Barcelone, Mathis s'est finalement installé en France, « dans le pays où j'ai suivi toute ma scolarité » autant d'expériences qui lui permettent d'affirmer aujourd'hui « Je suis Européen avant tout ». Pourtant Mathis aimerait bien maintenant percer sur sa terre natale : « Je n'ai pas vraiment de carrière en Allemagne, c'est un très gros marché. Pour les concerts c'est compliqué sauf à jouer dans les bars. Mes deux premiers albums Paying my dues et Distance, on s'est focalisé sur le marché français. Cela devrait changer bientôt, mon nouveau disque Wild Country va être distribuer en Allemagne ». On y trouve d'ailleurs un titre en allemand, « Une langue très douce à mes oreilles », Luigi et c'est une première pour l'artiste: « Cette chanson parle d'un sentiment d'exil que j'ai connu. Assez mélancolique. Luigi c'est le type qui est bien intégré mais qui, dans le fond, reste le vendeur du kiosque, à côté »...



(c) Clément Puig

(c) Clément Puig
Ce nouvel album, somptueux cocktail de blues, folk, country et rock n'roll, a pris naissance de manière assez particulière, après sa participation au festival Rochefort en accords : « C'est un chouette festival ! 20 artistes sont invités, des chanteurs, des musiciens, tous venant d'horizons différents et tous s'accompagnent les uns, les autres. On a voulu reproduire la même chose pour le disque, ne pas trop préparer les arrangements, laisser couler les choses. On a fait un album teinté de country avec des musiciens qui n'étaient pas spécialistes du genre». Ce nouvel album marque ce que Mathis appelle « Une ouverture musicale. J'ai appris la guitare avec le blues et ma musique en est empreinte sans être du blues pur et dur. Je suis curieux d'autres formes musicales. J'aime beaucoup la country car elle raconte des histoires simples de la vie de tous les jours. La musique ne doit pas être enfermée dans un musée et rester vivante avant tout ». Vagues migratoires (Des Miles), exils (Luigi), les thèmes abordés dans ce nouvel effort son parfois assez graves et teintés de mélancolie : « On arrive à l'automne de notre civilisation » constate le musicien. « Où on va ? Notre train de vie nous mène droit dans le mur et le changement fait peur. Où on va ? C'est quand même hallucinant, des gens travaillent et dorment dans leur bagnole, on fabrique des bancs pour empêcher les sdf de s'allonger, notre société est malade. Il y a un truc qui ne fonctionne pas ». Dans ce contexte, la musique fait office d'ultime planche de salut, comme l'artiste s'en explique dans sa chanson Rock n'roll band : « On pousse nos gosses à faire des études, à être les meilleurs. Ils sont diplômés puis se retrouvent à faire complètement autre chose dans la vie. Il n'y a pas de place pour tout le monde, c'est dur. Finalement il ne reste plus qu'une seule chose à faire, prendre une guitare, former un groupe de rock et essayer de s'en sortir comme ça ». Une résolution à laquelle l'artiste s'accroche coûte que coûte : « Jouer mon dû. Cela sera comme ça jusqu'à la fin je pense. Prendre une guitare et jouer le blues. Il y a eu beaucoup de monde avant, il y en aura beaucoup après. Il faut le prendre au sérieux ».



(c) Victor Delfim


Propos recueillis le 02 Mars 2017.
En concert à Paris le 20/04 (New Morning).
Un grand merci à Mathis, Bruno et Sophie.


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