dimanche 2 octobre 2016

Interview avec Parlor Snakes

(c) Eric Keller
En mini-tournée cet automne avant de prendre un peu de temps pour mieux inventer la suite, le quatuor Parlor Snakes revient longuement sur son deuxième disque, une étape fondamentale de leur évolution, enregistré à New-York City en compagnie du légendaire Matt Verta-Ray. Interview fleuve avec la chanteuse Eugénie Alquezar accompagnée du batteur Jim.

Il s'agît de votre deuxième album. Le groupe aime bien prendre son temps…
Eugénie (chant/clavier) : C'est une façon de voir les choses. Entre le premier album qui est sorti en 2012 et celui-ci, il y a eu pas mal d'événements. On a beaucoup joué, beaucoup de concerts, de premières parties, une tournée avec Jim Jones Revue… L'écriture, le rodage. On peut avoir l'impression qu'on prend notre temps mais au final on n'a pas arrêté de bosser. C'était aussi un choix d'enregistrer à New-York et il a fallu s'organiser en amont.
Jim (batterie) : Mais c'est vrai que dans l'ensemble ça ne va pas vraiment dans le sens où la durée de vie des disques est de plus en plus courte. Pour beaucoup de groupes il y a 4 ou 5 ans entre deux albums. On n'est pas pressés. Mieux vaut faire les choses bien. Après rien ne dit qu'on ne va pas sortir un autre album dans un an…

Est-ce que vous pensez que la collaboration avec Matt Verta-Ray (guitariste des légendaires Speedball Baby, ndlr) a amené le groupe vers autre chose ? Vous étiez surpris par le résultat ?
Eugénie : Surpris, non. On l'a sollicité parce qu'on voulait un certain résultat. On savait qu'il pouvait apporter ce son spécifique, sale et organique, sur bande. On voulait ce type de son et c'était le spécialiste. On a eu plein de bonnes surprises pendant l'enregistrement. Tu rêves d'un truc dans ta tête, t'imagines des choses, le résultat est toujours un peu différent de ce que tu as rêvé. Mais là c'était différent dans le bon sens du terme. C'était mieux que ce que j'espérais personnellement.
Jim : Ne serait-ce que techniquement, la configuration de son studio, on est presque tous dans la même pièce. De point de vue du batteur, je m'étais préparé à un certain type de jeu. Il faut que je sois Dave Grohl sur cet album (rires) ! Et on se retrouve dans la même pièce, on ne va pas s'assourdir non plus juste parce qu'on est musiciens (rires) ! On passe alors à un mode de jeu, peut-être un peu plus léger. Au final ça va sortir un truc auquel moi je ne m'attendais pas et duquel je suis content finalement. J'ai pris un parti sur chaque chanson de ré-accorder la batterie, modifier le son des cymbales, j'espère que cela va s'entendre. Mais cela nous a fait prendre une direction différente.
Eugénie : C'est assez garage dans la manière d'enregistrement. On était dans une cave. C'est pas un studio immense et high-tech. C'est pas Hollywood. Mais c'était exactement l'ambiance qu'il nous fallait pour enregistrer ce disque. Il nous fallait de la chaleur, de la moiteur.
Jim : De la pluie et des inondations aussi (rires) !
Eugénie : Un côté exigu mais avec des instruments et des livres partout… Des bandes de groupes qu'on adore qui traînent. Tout ça participait d'une ambiance hyper-inspirante.

Le fait d'être dans la même pièce ça a donné quelque chose de particulier au niveau de l'énergie ?
Jim : Bien sur.
Eugénie : Oui. La basse et la batterie ont été enregistrées ensemble sur la plupart des morceaux. La guitare aussi parfois. On se voit, on se regarde, on transpire ensemble… Forcément l'énergie différente par rapport à d'habitude où chacun joue sa partie à tour de rôle et on attend sur le canapé. Ce n'est pas du tout la même manière de procéder.
Jim : Et pour le coup c'est complètement raccord avec sa technique d'enregistrement. Tout
est vivant de A à Z, de la conception jusqu'au mixage.
Eugénie : Même pour la partie mix, tu ne vois rien. Tu n'es pas devant un ordinateur avec des fréquences qui s'affichent. Tout est patché sur la table de mix, tout est fait manuellement. Des fois on était quatre, il y avait huit mains qui tripotaient les boutons, c'était vraiment un échange. Si tu n'est pas content du premier mix tu recommences en écoutant le morceau du début à la fin. C'est vraiment de l'écoute et du doigté. Moi j'aime bien ce côté artisanal.

(c) Renaud Montfourny

Et les retrouvailles avec Matt Verta-Ray à la maroquinerie quand Heavy Trash (le groupe formé avec Jon Spencer, ndlr) est passé au Nuits de l'Alligator (le 27/02/2015, ndlr) ?
Eugénie : Oui on l'a revu. C'était un moment un moment très particulier pour moi. C'était à la maroquinerie que l'on s'était rencontré avec Matt la première fois, il y a quatre ans. Se retrouver en ayant travaillé ensemble avec tous les souvenirs que cela suppose. C'était encore plus fort. Je lui ai donné le vinyle de l'album. On a passé une super bonne soirée, on a dansé, c'était super cool. Un bon moment d'échange et de retrouvailles. Très chouette.

Et son studio ?
Eugénie : Il a peu d'instruments finalement, beaucoup de claviers. Peu de guitares, trois ou quatre, mais vraiment très bonnes.
Jim : Il a peu de basses, une ou deux et un seul ampli mais, encore une fois, c'est le bon ampli.
Eugénie : C'est bien ordonné mais c'est petit.
Jim : C'est bien tout est facilement accessible.
Eugénie : Peter (le guitariste du groupe) s'est bien amusé a essayer les guitares…

Il n'en a pas embarqué une au passage (rires) ?
Eugénie (rires) : Si tu veux c'était déjà tellement galère de transporter nos instruments jusqu'à New York…
Jim : Peter a dû démonter sa guitare pour la faire tenir dans une valise (rires) ! Il a dû la dévisser ! Avec la peur constante qu'un mec jette la valise comme ça ! Cela fait flipper…
Eugénie : On a voyagé assez léger. Par contre on est revenus avec les bandes. C'était le mic-mac à l'aéroport pour le partage du poids sinon t'es taxé à mort…

Qu'est-ce que vous espériez en débarquant à New-York et qu'est-ce que vous avez finalement trouvé ?
Eugénie : Moi j'y étais allé une fois en touriste avec Peter. Pour lui c'était comme un retour à la maison il a vécu là-bas pendant de longues années, il a ses repères et une partie de sa famille à Brooklyn. Nous on était partis avec l'objectif de travailler et ça change complètement ta manière de vivre la ville. C'est encore mieux. T'as vraiment l'impression de faire partie de la ville, de vivre comme un new-yorkais. On se levait tôt, on prenait le métro, on arrivait au studio, on allait s'acheter un café avant… Le soir on sortait on a vu plein de concerts à droite, à gauche.
Jim : C'est drôle parce que du coup en fait tu te retrouves très vite dans un mode de vie structurant. En treize jours on s'est retrouvé dans le mode vie d'un habitant. Tu habites en banlieue parce que le centre est trop cher…
Eugénie : On était dans un appart un peu cra-cra. Un peu le bordel mais c'était cool.
Jim : Non pas cra-cra. On n'avait pas de bed bugs et ça c'est une vraie plaie…
Eugénie : On était à Brooklyn, quand on est arrivés on avait l'impression que le quartier était un peu craignos mais en fait tout le monde se dit bonjour. Il y a un truc hyper agréable à New-York, les gens sont très sympas, très positifs, très enthousiastes. Ils ne sont pas flippés comme à Paris où tout le monde fait la gueule et personne ne se parle. Ils n'ont pas la même manière de voir les choses que nous. Il n'y a pas de meilleur endroit pour bosser. Ils sont dans cette optique de boulot, tu décides de tes horaires comment tu vas organiser ta journée, ce n'est pas l'ingénieur du son ou le technicien qui veut rentrer chez lui qui décide. C'est toi et franchement je trouve ça très agréable. Il y a une manière de te pousser à donner le meilleur de toi-même avec beaucoup d'enthousiasme, d'écoute. C'est peut-être un peu faux au début mais quand tu arrives de Paris, le faux ça ne te dérange pas du tout. Je disais même bonjour au flic dans la rue. Dans le métro, il n'y a pas une seule fois où on n'a pas discuté avec quelqu'un. Il y a des choses qui ne se font pas à Paris et là-bas ça se fait… Bizarre. Avant que ça arrive à Paris… Soit c'est parce que tu te fais emmerder soit il se passe un truc agressif mais c'est quand même très rare qu'il y ait un échange.

Quand tu es avec tes bagages dans le métro parisien tu galères tout seul…
Eugénie : Oui et en plus t'es dans le passage dont tu fais chier.
Jim : Là-bas c'est : « Vous êtes touristes, c'est bien, vous pouvez aller voir cet endroit... »
Eugénie : En revenant j'ai essayé de garder ce côté enthousiaste, dire bonjour etc... Et puis t'es vite rattrapé par la mentalité générale… Je suis Parisienne et j'aime beaucoup ma ville mais c'est bien de voyager voir comment ça se passe ailleurs…

(c) Marion Ruszniewski

Eugénie est-ce que tu pourrais nous parler de ton travail aux claviers sur le disque ? Ils sont assez discrets mais prépondérants...
Eugénie : Je ne suis pas une grande pianiste, il n'y a pas de solo comme c'est le cas avec Henry (Herbert, ndlr) des Jim Jones Revue parce que, tout simplement, je n'ai pas le niveau. Et puis il n'y a pas trop la place pour dans notre musique. Les claviers, pour la plupart des sons d'orgues que j'utilise comme des nappes. Un soutien. Il y a des moments où ça fait partir le morceau ailleurs. C'est ça que j'aime beaucoup, les ambiances, qui t'amènent à un autre endroit. Matt (Verta-Ray, ndlr) les a mixé de manière très subtile et j'adore cette manière de faire. Tu le sens plus que tu ne l'entends. « Just Drive » sans les claviers ce n'est pas le même morceau. Il est extrêmement discret mais ça pose l'atmosphère, le morceau. En live, le clavier est différent, plus agressif, distordu et mis en avant.
Jim : Surtout que maintenant tu as un ampli !
Eugénie : Au tout début du groupe il n'y avait pas de claviers. Et puis c'est venu au fur et à mesure. On avait envie de quelque chose d'un peu retro, d'un peu saturé. Il est chouette mon clavier, il y a plein de sons d'orgues et plein de sons bizarres, modulables qui vont bien avec les effets rajoutés sur la voix.

Un des aspects qui m'avait beaucoup plu dans le disque c'est la sensibilité pop comme sur « Always you » qui se cache derrière le rock n'roll garage…
Eugénie : C'est marrant ce terme de pop parce que pour moi c'est presque un morceau punk, un peu psyché. En live c'est une chanson qui envoie bien la patate. Moi ça me rappelle le Velvet Underground, cette structure répétitive. C'est une chanson féministe, c'est vraiment le point de vue d'une nana. Ce côté pop vient de peut-être des chœurs, le fait que la chanson soit assez courte. Qu'est-ce que tu dirais toi ?
Jim : Moi je dirais pourquoi pas pop après tout… Populaire si cela touche des gens dans ce cas oui, tant mieux.
Eugénie : Bien sur ! On veut faire une musique populaire !
Jim : On n'est pas là pour faire peur aux gens non plus. Il y a d'autres morceaux dans le disque qui sont plus vénéneux, plus péchus. C'est léger, ça envoie. Il y a quand même un enjeu au niveau du texte.
Eugénie : C'est une manière féministe légère, mais rentre-dedans avec de la mélodie, de raconter la vie d'une nana qui doit absolument avoir des bébés, être une bombe sexuelle, gérer le quotidien, le ménage, la famille.
Jim : Et elle n'a pas le temps (rires) !
Eugénie : Et non elle a autre chose à foutre (rires) !

Et « Watch me live » le premier single ? Les paroles m'ont intriguées...
Eugénie : C'est pareil, c'est un morceau qui parle des nanas. La chanson est venue d'une situation que j'ai vécu à un moment donné. C'était l'été, il faisait très chaud, j'étais habillée avec une petite combinaison blanche, des talons. C'est l'été, quoi. Je sors du métro et je me retrouve entourée de femmes voilées, tout en noir, en burqua. Je suis sortie de moi-même, je suis allée de l'autre côté du trottoir pour voir l'image. Ces quatre nanas, autour de moi, étaient des fantômes…
Jim : Alors que, fondamentalement, sous le voile, ces quatre filles étaient semblable à toi…
Eugénie : Bien sur. Mais l'image me choque, c'est ça le problème. Je suis allée leur parler : vous n'avez pas trop chaud, vous voyez quelque chose là-dessous, avec humour, tu vois. Elles m'ont répondu qu'elles me voyaient très bien… Donc je voulais écrire là-dessus en évitant les références trop directes, parce que ça ne fait pas partie de l'univers de Parlor Snakes. Les textes sont très importants mais l'interprétation est libre de la part de l'auditeur, le sous-texte est sous-jacent. Rien n'est jamais extrêmement clair sauf peut-être pour « Always you »… J'aime bien parler de problèmes sociétaux mais autrement. Jim a trouvé le refrain « watch me live, watch me love » et c'était comme un cri du cœur. Voyez avec vos yeux, pas ceux des autres, de vos mecs ou de je ne sais quel fondamentaliste. J'aime bien aussi le fait que tout le monde chante sur ce morceau.

Et « Just Drive » ?
Eugénie : J'adore l'ambiance, Matt a fait un boulot exceptionnel. Il y a un souffle continu… Quand tu l'écoutes tu ne peux pas penser à autre chose qu'un couple sur la route. La chanson ne pouvait pas s'appeler autrement.
Jim : Conduit et lâche prise.
Eugénie : Voilà ! Il y a quelque chose d'inabouti entre eux, une tension, un truc vénéneux. Quand on a commencé à répéter la chanson, je chantais n'importe quoi, du yaourt, « devil, devil »… Peter a écrit une grosse partie du texte en se calant sur les mots que j'utilisais et c'est devenu « Just Drive ». On imagine la nuit, une route, « Sailor et Lula » (film de David Lynch, ndlr)… J'aime bien.

Comment est-ce que vous vivez en tournée ?
Jim : Bien mais ça peut être un peu éreintant. Je peux prendre pour exemple la tournée qu'on a fait avec Jim Jones Revue. C'était la plus longue et la plus intense. C'était un groupe avec un mode de vie très sain. Ils prennent soin de leur show avant tout. Ça nous a inspiré. Ne pas abuser de la picole après un concert par exemple, même si tu es très content que tout se soit bien passé, ça fait que tu te réveilles à neuf heures du matin, frais et ça change tout. Tout le monde veut aller de l'avant, monter dans la bagnole sans se péter une épaule parce que tu as pris un ampli et que tu es déshydraté à cause de l'alcool…
Eugénie : C'est tout pour le show en fait. Le plus important c'est le concert. Je pense qu'on est assez raisonnables…
Jim : Assez vieux en fait (rires) !
Eugénie : Moi j'adore partir en tournée parce que c'est des moments hors quotidien, de liberté.
Jim : Et on est ensemble. On est très bien ensemble.
Eugénie : Oui, on se marre beaucoup…
Jim : Et il y a très peu de tension et quand il y en a elle se résout par le dialogue.
Eugénie : L'exemple des Jim Jones Revue est pertinent, c'est des mecs qui vivaient pour la performance et le concert. Encore une fois, le plus important c'est le concert. Ils boivent de la Badoit, beaucoup sont végétariens. C'est un mode de vie. Après eux étaient en tournée six mois par an. Sans ce mode de vie, le groupe aurait périclité bien avant. Je trouve ça bien de faire la fête mais au final le plus important c'est de faire de bons concerts.
Jim : Et finalement tu profites beaucoup plus de ta tournée en faisant gaffe à ce que tu manges, bois. C'est primordial d'avoir une homogénéité dans les concerts. Si un soir tu fais un concert exceptionnel et que tu es tellement content de toi qu'après tu te mets une mine, tu vas être incapable de jouer le lendemain. Quel est l'intérêt ? C'est un peu comme aux échecs si t'échanges un fou contre un pion tu perds au change. Et c'est exactement ce qui se passe.
Eugénie : Et l'ambiance entre nous est vachement importante. Si il y en a un qui devient un boulet, parce qu'il est relou, bourré et qu'il ne gère pas sa partie à lui ça peut créer une mauvaise ambiance. Bon je dis ça mais ça n'est jamais arrivé, hein !
Jim : Absolument.
Eugénie : Le but c'est d'être le plus zen possible parce que, mine de rien, c'est énormément de contraintes, même si je les aime. Dormir à l'hôtel, ou dans endroits plus « roots », tu te tapes beaucoup de bagnole, décharger le matos, remettre le matos dans le van… Physiquement une tournée, c'est du boulot. Le bien vivre ensemble pendant la tournée c'est très important. Chacun dort avec la personne de son choix…
Jim : Et souvent je dors tout seul parce que personne ne me choisit (rires) !
Eugénie : C'est pas vrai (rires) !

Comment décririez-vous le lien entre les différents membres du groupe ? J'imagine qu'il est assez fort…
Jim : Oui.
Eugénie : On est quatre amis dans la vie. On ne fait pas seulement partie du même groupe. On sort ensemble, on va voir des concerts ensemble, on fête des anniversaires… Il y a une bonne ambiance entre nous, pas trop d'histoires d'égos mal placés.
Jim : Pour le coup c'est une sacrée chance. Il y a beaucoup de groupes qui vivent du conflit, des crises créées par deux ou trois entités qui veulent être prépondérantes dans le groupe. Et chez nous ça n'a jamais été le cas (il insiste).
Eugénie : Non jamais. Il y a une alchimie unique entre nous. Chacun connaît son rôle. On a un fonctionnement très démocratique au niveau de la composition et ça évite beaucoup de frustrations. La genèse des chansons vient très souvent de Peter mais après il y a un fonctionnement très démocratique entre nous. C'est un échange permanent, dans le groupe, personne n'est lésé parce qu'il voudrait faire autre chose. Il n'y a pas de remise en question de la position d'untel. L'important c'est de faire des bonnes chansons et de bonnes tournées, de bien s'amuser sans perdre de vue nos objectifs et en restant soudés.
Jim : Et si je peux devancer une de tes questions, on nous demande parfois quels sont les enjeux d'avoir une fille dans le groupe et sa place et il n'y a aucun souci...
Eugénie : Moi j'apprécie beaucoup d'être avec tous ces mecs tout le temps. Ça me correspond bien. Il y a un côté bon pote.

La tonalité de l'album est en générale assez brute. Est-ce que cela peut-être une limite en termes d'arrangements au moment de transposer les morceaux sur scène ?
Eugénie : On ne se pose pas vraiment la question. L'enregistrement est assez brut, on n'a pas rajouté trop de choses. C'est une guitare ou deux maximum, basse, batterie et claviers. C'est notre formation en live, c'est pas compliqué à recréer sur scène. C'est très intéressant de voir comment évolue une chanson de l'album au live. L'idée c'est quand même de proposer les morceaux de l'album mais d'avoir une liberté dans la réinterprétation.
Jim : L'idée étant d'avoir le show le plus personnel possible. On est Parlor Snakes, on vient voir Parlor Snakes. Le principe, c'est pas tellement de savoir comment vont sonner les morceaux en concert, plutôt de savoir comment ils vont sonner ensemble. Les enchaînements, le track listing. L'enjeu est là. Techniquement on n'a pas mis des tonnes d'arrangements sur le disque.
Eugénie : Pour en revenir à l'album, on a mis beaucoup de temps avant de trouver la bonne manière d'enchaîner les morceaux, les positionner. On doit gérer la même problématique pour les concerts. Il y a des moments très énergiques et rock n'roll sur le disque mais aussi des morceaux très calmes. Et cet aspect là est aussi très représentatif du groupe. On a une ambivalence. On a un goût pour la mélodie, l'ambiance, le calme, le silence parfois et en même temps on est aussi un groupe de rock. On fait des chansons avec très peu de choses parfois. « Man is the night », il y a tout un passage avec juste la batterie, la voix et la basse. On recherche le déséquilibre à l'intérieur de la chanson.
Jim : Je pense que la diversité des ambiances tient au fait qu'on a une perception visuelle des morceaux. On va voir les choses différemment, ce qui est drôle c'est que souvent on a une direction commune. On imagine les morceaux, on se représente des scènes. Et du coup il y a plein de scènes différentes donc plein de titres différents.
Eugénie : On attache aussi une grande importance à la lumière dans nos spectacles, quand il y a la possibilité de faire le show lumière qu'on a créé, on joue quand même beaucoup dans des petits clubs. La lumière à beaucoup d'importance dans un concert de Parlor Snakes, cela participe au visuel et à la création d'ambiances. J'aime bien voir des choses subtiles en lumière qui t'aident à te mettre dans l'ambiance. Et j'espère que cette ambiance nous est propre.

« Man is the night » est un morceau intéressant, on pense forcément à Kate Bush dans ta façon de chanter mais musicalement cela reste très rock. J'ai perçu ce morceau comme une fusion de deux univers…
Eugénie : Alors déjà j'aime beaucoup Kate Bush donc je te remercie. Ce morceau est né de manière très spontanée, on jammait en studio à la recherche d'une structure et tout d'un coup, comme ça, je me suis mise à chanter très aigu. Tout le monde a trouvé ça vachement bien.
Jim : En fait tu peux le faire…
Eugénie : Oui c'est ça, en fait je peux le faire... Avec de bons abdos (rires) ! J'avais ce titre en tête, avant même que le texte ne soit écrit « Man is the night ». On a donc écrit le texte avec Peter et puis on m'a encouragé à chanter très aigu. Il y a quelque chose de très féminin dans le chant et en même temps il y a cette grosse batterie et ce son de guitare énorme. Visuellement, je vois un milliard de choses sur ce morceau là. Il est à la fois riche et très étrange.

Il est étrange aussi dans le contexte de l'album…
Eugénie : Il fait un peu ovni et pourtant il nous ressemble complètement, la guitare western, la rythmique très forte.
Jim : Les chœurs aussi…
Eugénie : En live il est aussi très bizarre. J'adore chanter cette chanson, la voix perce tout ! On a fait du bon boulot sur ce texte, il a quelque chose de très mystérieux.
Jim : La phrase en elle-même est très étrange. « Man is the night »…
Eugénie : J'avais ce truc dans la tête, je me suis réveillée un matin, il nous fallait un morceau qui s'appelle « Man is the night », c'est trop beau (elle répète le titre)…
Jim : Donc les paroles ont été écrites autour du titre et non l'inverse…
Eugénie : Non mais tu sais quoi, moi je trouve souvent le titre avant le texte.
Jim : C'est l'ambiance du groupe, on trouve d'abord les thèmes.

Pourquoi l'album est-il éponyme ? Il s'agît du deuxième du groupe, et souvent les premiers albums sont éponymes. C'est un nouveau départ ?
Eugénie : Chaque album est un nouveau départ, une nouvelle histoire. C'est le premier où on est tous les quatre ensemble.
Jim : C'est le premier composé à quatre aussi.
Eugénie : Sur notre premier album, Séverin (bassiste, ndlr) ne faisait pas encore partie du groupe et Jim venait d'arriver.
Jim : J'ai participé un peu au premier disque, j'ai surtout apporté ma griffe sur ce qui existait déjà. C'est tout à fait sensé que ce disque soit éponyme parce qu'il nous ressemble plus.
Eugénie : Il est plus abouti. Et puis on a recherché des titres et on n'était pas satisfait. Pourquoi ne pas l'appeler tout simplement Parlor Snakes (sourire).

Propos recueillis le 21/04/2015.
En concert le 3/10 à Paris (Supersonic)


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