mercredi 31 août 2016

Rock en Seine 2016

Une chaleur accablante (c) Victor Picon

Vendredi 26 Août.

Déjà six ans que l'on parcours en long, en large et en travers le parc de Saint-Cloud à la fin de l'été. La rentrée est déjà là et Rock en Seine aussi, sous une soleil de plomb et une chaleur accablante…

Two Door Cinema Club (c) Victor Picon

Theo Lawrence & The Hearts (c) Olivier Hoffschir
The Strumbellas (c) Olivier Hoffschir
Brian Jonestown Massacre (c) Olivier Hoffschir

Brian Jonestown Massacre (c) Olivier Hoffschir
Jack Garratt (c) Olivier Hoffschir
On commence par des retrouvailles avec une vieille connaissance Theo Lawrence and the Hearts, que l'on avait découvert ici même avec son ancien groupe, les Velvet Veins, qui ont d'ailleurs joué leur dernier concert à Rock en Seine, sur la scène Île-de-France. C'était il y a deux ans et depuis, Theo a pris le temps de laisser mûrir son nouveau projet. Résultat, c'est avec l'aplomb d'un vieux briscard que Theo, toujours très classe, cheveux parfaitement gominés et chemisette à carreaux, a pris possession de la scène de l'industrie. L'artiste a évolué dans l'intervalle, on retrouve ses influences blues/rock 60s qui désormais se parent de nouvelles couleurs issues de la soul. La voix de Theo s'est également métamorphosée entre-temps. Une prestation très classieuse, hélas polluée par des problèmes de sons et une présence trop imposante de la basse qui a tendance à avaler toutes les autres fréquences (hélas ça ne sera pas la dernière fois du week-end, une conséquence de la canicule). On continue par un petit saut de puce en direction de la scène pression live pour découvrir The Strumbellas, une formation Canadienne assez nombreuse pratiquant un folk choral post-hippie. La présence du violon ajoute une note originale évoquant tour à tour la country ou le folk celtique. Assez plaisant… On continue dans cette veine post-hippie avec nos héros Brian Jonestown Massacre. Et désolé de le dire mais il s'agît là du plus mauvais concert donné par la troupe menée par Anton Newcombe (on en a vu un certain nombre) qu'il nous ai hélas été donné de voir. Pire encore, le groupe n'y est absolument pour rien. Mais on retrouve les problèmes de son évoqués plus avant, une présence trop forte de la basse, avalant toutes les fréquences. Dès que ce pauvre bassiste à la malheur de frôler une corde on n'entends plus rien, un véritable massacre (c'est le cas de le dire). Le même problème se reproduit avec la batterie (la grosse caisse et le tome basse). Une véritable cacophonie. On s'étonne encore qu'Anton Newcombe, pourtant coutumier du fait, n'ait pas piqué une crise de nerfs. On l'a déjà vu péter les plombs pour moins que cela… Faisons ensuite connaissance avec un véritable équilibriste du son Jack Garratt, un one-man-band d'un genre particulier entre pop et électro. Un main sur le synthé, l'autre sur la batterie Jack fait tout absolument tout seul et surtout, sait communiquer son enthousiasme avec le public ! L'apparition sporadique d'une guitare, jouée également par ses soins, ajoute une note heavy voire bluesy aussi étonnante dans ce contexte que bienvenue. Sa voix tirant plutôt vers la soul Jack mélange les influences pour un résultat autant unique que personnel. Rafraîchissant. On termine cette première journée avec Two Door Cinema Club. Le concert nous confirme ce que l'on savait déjà, les Irlandais sont nettement plus impressionnants sur scène que sur disque, les partis-pris de production très FM 80s ayant tendance à gommer leur agressivité naturelle. Le groupe trouve son équilibre entre synthés, datés, et un son de guitare personnel qui a fait leur fortune (cf. leur synchro très connu dans la pub). Le groupe a trouvé sa formule et la répète à l'envi, les nouvelles compositions jouées ce soir (le nouvel album sort en octobre) ne faisant que confirmer cet état de fait. Efficace à défaut d'être surprenant.

(c) Victor Picon

Kaviar Special (c) Olivier Hoffschir

La Femme (c) Christophe Crénel
L7 (c) Olivier Hoffschir
L7 (c) Olivier Hoffschir

Samedi 27 Août.

On commence la journée avec une grosse pensée pour Sharon Jones & The Dap-Kings qu'hélas on n'applaudira pas cette année après l'annulation pour raison de santé… L'après-midi débute par un énorme coup de cœur pour les Rennais de Kaviar Special. Leur prestation rageuse entre rock, garage, psyché et surf a réussi à créer l'illusion d'une plage en pleine banlieue parisienne. Il n'en faut pas plus pour s'attirer les vivas d'un public nombreux en plein cagnard. Enjouée, avec ce délicat équilibre entre swing rythmique et gros son, la prestation du groupe a durablement marqué les oreilles de votre serviteur. Excellent ! Ce soir La Femme vous donne du plaisir… Rassurez-vous, vous êtes bien à la bonne adresse, La Femme (de Biarritz) étant le groupe le plus bigarré du week-end, chevelure arc-en-ciel, bretelles tricolores, ce genre de choses. Un univers décalé et coloré qui se prolonge au niveau du son, la formation prenant un malin plaisir à brouiller les pistes entre surf music, new wave et électro-psychédélisme… Il faut imaginer quelque chose comme « Rebop » (Marie et les Garçons) repris par les Challengers (ou inversement), porté par un équilibre fragile entre les trois synthés et une guitare aux interventions sporadiques mais judicieuses. Une chose est sûre La Femme va à tout les coups nous donner beaucoup de plaisir pour de nombreuses soirées encore… Leur deuxième album sort ces jours-ci et on est curieux de l'écouter… C'était le rendez-vous immanquable pour tous les kids des 90s biberonnés au grunge : L7 est de retour ! Pionnières du mouvement riot girls, le quatuor de punkettes vieillit bien, toujours aussi abrasif après quelque trente années de carrière. On a bien kiffé (comprendre headbanggé) : c'était l'heure nostalgique du week-end ! Réservée aux groupes locaux en développement, la scène Ile-de-France, un chapiteau reproduisant le décor d'une salle de concert, a été le théâtre de nombreuses surprises ces dernières années (Marietta, Velvet Veins, Blackfeet Revolution etc.). Et encore une fois c'était là qu'il fallait être pour avoir sa dose de rock n'roll ! Le groupe s'appelle The Psychotic Monks et on avait déjà évoqué deux de leurs Eps auparavant. Entre les mains, jeunes mais expertes, des Psychotic Monks le rock n'roll devient cette matière éruptive, une boule de feu explosive prête à vous brûler les tympans et le reste. La petite demi-heure passe trop vite, en forme de grand huit, faîte de hauts et de bas, de passages calmes et aériens et de crashs spectaculaires, les yeux révulsés, les cheveux en pagaille. Un grand moment !

Blues Pills (c) Olivier Hoffschir
Kevin Morby (c) Olivier Hoffschir
Gregory Porter (c) Olivier Hoffschir

Gregory Porter (c) Olivier Hoffschir
Iggy Pop (c) Olivier Hoffschir


Dimanche 29 Août.


En bon fan de rock on attendait le moment avec impatience, la venue, toujours assez rare de Blues Pills en dépit de la présence de l'excellent guitariste français Dorian Sorriaux au sein de la formation. Entre psyché et hard rock, marqué par les sixties, Led Zeppelin n'est jamais bien loin, Blues Pills est l'un des meilleurs groupes dans le genre à l'heure actuelle (avec les Rival Sons) dont on parle hélas assez peu. La musicalité du groupe est extrême, la virtuosité à l'avenant, entre attaques de guitare et séquences planantes au clavier. L'audience est sous le charme de la chanteuse Elin Larsson, les pieds nus, et de sa combinaison moulante. On prend ensuite nos quartiers sur la scène de la cascade ou nous attend Kevin Morby, une magnifique plume entre pop et folk, excellent songwriter, héritier de Dylan. Afin de rendre le set live plus dynamique, Kevin et son quatuor optent pour une option électrique ce qui ne change pas fondamentalement la donne ni le pouvoir d'attraction de sa musique. Extrêmement bien écrite, ses chansons prennent la forme de petits bijoux indémodables gageons que sa musique vieillira bien. Vint ensuite l'heure de retrouver une présence étonnante en ces lieux, celle du jazzman Gregory Porter, mais un peu de swing ne fait jamais de mal. Saxophone, piano, autant d'instruments que l'on a peu eu l'occasion d'entendre ce week-end et qui font tous le sel de la musique de Gregory Porter. Showman né et chanteur au timbre impressionnant de puissance, Porter aurait dû nous combler si son set n'avait pas été pollué par ces problèmes récurrents de sonorisation de la contrebasse. Cette dernière avalant toutes les fréquences et transformant la musique, pourtant oh combien subtile et délicate de Porter, en imbuvable cacophonie. Une belle occasion de ratée, on enrage… Dernier survivant, qui l'eut crû, du trio formé avec Lou Reed et David Bowie, Iggy Pop a toujours la pêche et une furieuse envie d'en découdre. Revisitant avec panache sa carrière avec les Stooges (« I wanna be your dog » en ouverture) ou en solo (« Lust for life », « The Passenger ») Iggy devient une sorte de créature, animal rock sur qui le temps n'a pas de prise. Les compositions n'ont pas pris une ride et sont délivrées avec autant de patate qu'au premier jour. Enfin du moins au début du show. Toujours excentrique et prince du second degré Iggy multiplie les mimiques sur l'avancée de scène avec une fraîcheur qui fait plaisir : « S'il vous plaît la sécurité laissez-là monter sur scène »… En revanche se produire torse nu à son age semble au-delà du raisonnable… Mais tentez donc de faire entendre raison à Iggy… Un seul regret, le répertoire de son excellent dernier album (« Post pop depression ») est un peu délaissé au profit des vieux tubes. Dommage même si on est toujours heureux de réécouter ces grands classiques indémodables...

(c) Christophe Crénel

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