Figure incontournable du rock français,
Little Bob a donné une nouvelle orientation à sa musique mettant
(provisoirement?) sa story entre parenthèse pour lancer une nouvelle
formation, les blues bastards, qui sortent ces jours ci leur deuxième
album. Tout est dans le titre, « Howlin' » (hurler).
Quarante et quelques années de carrière n'ont toujours pas assagi
Little Bob, toujours prompt à hurler à l'injustice (cf. « Only
liars »). L'homme de cœur qu'il est sera toujours du côté
des plus faibles (« Sleepin' in a car ») ; un fait
naturel pour lui, l'immigré Italien arrivé en France à 12 ans sans
parler un mot de français. Musicalement, l'album se place d'emblée
dans le haut du panier et est très certainement une des plus belles
réussites du blues hexagonal de ces dernières années. Quarante
années à jouer du rock n'roll ont laissé des traçes et si Bob
s'est désormais épris de la chose bleue, il est hors de question
pour lui de se renier. Sa version du blues est nerveuse, comme sous
l'emprise de la fièvre rock, ainsi le « We are the Blues
bastards » d'ouverture et plus encore les stoniens en diable
« Dirty mad asshole » et « Can't you hear me »
cloueront tout le monde sur place. Pourtant, c'est lorsque les
décibels sont en berne que Bob touche au cœur. Le swing délicat de
la contrebasse sur « You better run » et « Zig zag
wanderer » (chipée chez Captain Beefheart) font montre d'une
sensibilité et d'une compréhension intime du blues, débordantes de
feeling. Et que dire alors de « I'm howlin » où Bob se
montre à la hauteur son modèle Howlin'Wolf, les cordes vocales à
vif ? Toujours prêt à surprendre son auditoire, Bob reprend
ici Louis Armstrong le temps d'un « The blues are brewing »
inspiré et totalement réapproprié. Un album surprenant (« Kissed
by lightning »), riche d'ambiance variées, à la fois nerveux
et tendre (« My heart keeps beating »), excellent et
revigorant pour résumer.
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