Intéressant parcours que celui de Jeff
Tweedy parti de la sphère indie (il est le leader de Wilco) pour
finalement côtoyer de très près le patrimoine musical de son pays,
les Etats-Unis d'Amérique, et finir par produire, avec un brio
certain, le dernier effort en date de Mavis Staples, une légende
vivante de la soul music. Tweedy, le nouveau projet de Jeff, est un
duo composé avec son fils, Spencer Tweedy, 18 ans seulement et déjà
un excellent batteur. « Sukierae » est le premier disque
du duo, enregistré en petit comité, dans des circonstances
familiales assez difficiles entre le décès du frère ainé de Jeff
(Greg) et la maladie de sa femme (et mère de Spencer) Susan. Malgré
ce contexte assez lourd, le duo s'échappe et jamais le disque ne
sombre dans la neurasthénie. La musique envisagée comme une
thérapie contre le sort. « Sukierae » est un peu la
somme des différentes expériences musicales de Jeff jusque là. Le
jeu de batterie, un peu en sourdine et assuré, de Spencer est pour
beaucoup dans le charme de l'album. L'alliance avec le songwriting,
naturel et organique de Jeff fait des merveilles : « High
as hello », « Wait for love », « Low key »,
« Nobody dies anymore », "I'll sing it"... Par ailleurs, Jeff parsème
ses compositions de ponts complexes et expérimentaux apportant un
angle progressif à la musique (« Slow love »). Hélas,
le disque se révèle (trop) roboratif, 20 titres, et aurait gagné à
être plus court. Mais le charme agit efficacement sur une bonne
moitié de ce double album. Le chef d'oeuvre n'était pas loin.
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