Premier effort pour cette énigmatique
formation dont on ne sait finalement que peu de choses. Pas de site
internet, des informations plus qu'éparses sur les réseaux sociaux,
clairement, en ces temps où la communication prends le pas sur tout
le reste, les Bridgers pratiquent une sorte de startegie de
l'évitement, à contre-courant des mœurs actuelles. Pas un mal
finalement puisque, de fait, la musique reprends le dessus sur le
reste et dans le fond c'est bien cela le plus important. Et cela
tombe bien puisque le disque du groupe est particulièrement
attachant à bien des égards. The Bridgers donc baigne dans le son
rock étasunien, tendance années 1970 (cf. la très belle « Learning
from the ground »), certes cela devient un peu cliché, mais le
groupe possède ce petit plus qui fait toute la différence :
l'âme des vrais bluesmen. Qu'il s'agisse de boogies à grosse sature
(« Blind rider ») ou d'un son plus classique (« Tortured
man ») le quintet Toulousain s'approprie la note bleue à tout
les coups avec beaucoup de feeling. Ailleurs, le groupe réveille le
fantôme de Creedence Clearwater Revival (« Gold as a reptile »
placée en ouverture) et se révèle également très habile en
acoustique (« The fellows house »). « Music Comes
in colours » et « Just a shadow » calment un peu le
jeu sur un registre plus rock mais « Mystic Fire » avec
un court mais joli solo de guitare, décroche la palme de la chanson
la plus émouvante de l'album et offre au passage une respiration
bienvenue. Enfin, dans le genre de final inoubliable, on n'est pas
près d'oublier « Volunteer » et son art de
tension/détente soufflant le chaud et le froid qui s'enchaîne avec
une reprise très connue (un indice : signée Lee Hazelwood).
Tout au long du disque, la présence de deux chanteurs apporte un
dynamique intéressante au niveau des voix. Finalement on ne trouve
qu'un seul défaut à ce LP : un son qui manque d'ampleur et une
production un peu chiche. Ne blâmons cependant pas le groupe qui a
certainement du faire avec les moyens du bord.The Bridgers, comme un
pont tendu entre les époques et les styles pour le plus grand
plaisir de nos oreilles.
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