mercredi 16 juillet 2014

Interview avec Alexandre Grondeau



Sorti en début d'année, Sélection Naturelle, le troisième roman d'Alexandre Grondeau, est un ouvrage choc questionnant la société de consommation et s'interrogeant sur la place réservée à l'humain dans ce monde ultra libéral. Un livre coup de poing, engagé mais qui n'a pas oublié d'être divertissant. Rencontre avec l'auteur...
 
Quelle place occupe la musique dans votre travail ?
Alexandre Grondeau : La musique occupe une place essentielle dans mon travail de romancier. C'est la raison pour laquelle je propose toujours une playlist à la fin de mes livres afin que les lecteurs puissent se plonger dans une ambiance sonore qui correspond à l'histoire et à l'intrigue du livre. J'ai également produit une compilation 100% enragée, 100% engagée, avec plus de trente artistes qui ont accepté de composer un morceau en relation avec le livre. La compilation est offerte à tous les lecteurs de sélection Naturelle et reprend le fameux hymne révolutionnaire Bella Ciao. L'implication de tous ces chanteurs montre que les artistes sont toujours aussi motivés pour changer les choses, et qu'ils refusent le monde consumériste dans lequel nous vivons. Un autre monde est possible. Nous en sommes convaincus.
 
Pourquoi un "roman capitaliste" ? Le sous-titre semble paradoxal...
AG : Il est pourtant bien réel ! Sélection Naturelle un roman capitaliste, aborde les dérives de la sociétés de consommation de manière frontale en posant une double question : peut-on arrêter la machine bien ordonnée qui nous broie ? Jusqu’où accepter la compromission dans ce système devenu fou ? Les trois personnages aux destins et aux situations sociales (le premier est un avocat d'affaire, le second un dealer, le troisième un retraité) très différentes se retrouvent confrontés à un choix décisif : jusqu'où sont-ils prêts à aller pour réussir ? Et avec quelles conséquences pour leurs vies et leurs entourages ? Chacun d'entre nous s'est un jour posé ces questions et a été confronté à ce paradoxe : rester fidèle à ses valeurs et se faire écraser par la machine capitaliste ou écraser les autres, quitte à se renier.
 
Sans vouloir trop dévoiler l'histoire, il y a une économie souterraine et une autre légale. Pourtant les deux semblent fonctionner suivant le même système et l'une ne vaut pas mieux que l'autre. Le constat peut faire froid dans le dos. Faut-il y voir un constat d'échec ou de l'amertume ?
AG : Pour moi, le système ultra-libéral va droit dans le mur à force de déshumaniser notre société. Le constat d'échec est donc bien présent mais pas l'amertume. Nous restons maîtres de nos destinées, nous avons la possibilité de dire non, ça suffit, je ne veux pas de ce futur. Et devant le constat d'un monde qui s'écroule, il nous reste un échappatoire formidable : profiter de la vie. C'est le message du livre et de la compilation qui va avec.
 
Un petit mot sur le visuel de la couverture assez frappant ?
AG : J'aime les couvertures qui frappent. Génération H était déjà dans cette veine, j'ai voulu poursuivre ma démarche et offrir un visuel choc. Pour moi avoir tatoué un code barre sur le crâne d'un homme qui a un flingue posé contre la tempe était évident. L'image symbolise le formatage de la société ultra-libérale et je voulais l'aborder frontalement. Les retours que j'ai eu sont très positifs, je suis donc content que les lecteurs adhèrent à mon idée.
Propos recueillis par email le 15/07/2014.

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