C’est la résurrection de l’année, Shuggie Otis, fils du
fameux bluesman Johnny Otis, de retour sur scène, pour son premier concert
depuis plus de vingt ans et à Paris pour la première fois (il était déjà venu
accompagner son père mais il s’agît de sa première en tête d’affiche), quelle
chance avons-nous ! C’est bien à la Bellevilloise qu’il fallait être en ce
samedi soir. Shuggie Otis, donc, l’homme qui a osé dire non à Keith Richards
qui souhaitait l’embaucher au sein des Rolling Stones et l’auteur de trois
albums au tout début des années 1970, qui s’apprête à rompre l’année prochaine
un silence discographique qui dure depuis 1974 ; un autre évènement en
perspective. En attendant la sortie de son nouvel album, Shuggie reprends la
route ce qui lui donne l’occasion de promouvoir la réédition de son classique
« Inspiration Information ». Shuggie, multi-instrumentiste et guitariste virtuose, œuvre dans
une genre de soul music mâtinée de blues et de jazz free vraiment très cool,
laidback, lounge. L’originalité étant que Shuggie met la guitare en avant, ce
qui est assez rare finalement dans ce style, les six cordes étant plutôt
associées aux registres blues et rock. Shuggie est l’un des rares guitar-heros
de la soul music. Les sept musiciens qui composent son groupe (claviers,
cuivres, basse et batterie), sont tous excellents et affichent une moyenne
d’age respectable, assurément nous avons affaire à des vieux routiers qui
connaissent par cœur toutes les ficelles du métier. La section rythmique groove
à point, un pianiste excellent, aux interventions toujours fort à propos, et
des cuivres qui donnent des petits coups de pêches des lors que cela s’avère
nécessaire. C’est bien entendu la guitare de Shuggie, par ailleurs un bluesman
plus que crédible, qui tire les marrons du feu gratifiant le public de soli
impeccables et inspirés (à noter cette étrange habitude pour Shuggie le
droitier de jouer sur un modèle pour gaucher, étonnant…). Malheureusement, on
ne peut pas en dire autant de sa voix, qui s’est bien étiolée avec les années,
Otis, qui semble aussi parfois un peu perdu, ayant bien du mal à chanter juste et à placer sa voix correctement, à sa
décharge des soucis techniques n’arrangeront rien à l’affaire. Tout cela aurait
été parfait si cela n’avait pas été aussi court. Trente euros pour un concert
d’à peine une heure et quart, cela fait très juste…
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