vendredi 5 août 2011

Interview Meltones.


Vraiment, quel bonheur d’interviewer un groupe comme les Meltones. Quatre jeunes, à peine sortis de l’adolescence, simplement heureux d’être là et débordants d’enthousiasme à l’idée de défendre leur tout premier album. Et il se trouve qu’en plus ledit album est un petit chef d’œuvre pop qui restera à coup sur comme l’un des coups de cœur de cette année 2011. Une rencontre rafraîchissante…

Comment avez-vous débuté ?

Meltones : Au collège comme beaucoup d’autres groupes. On avait 13, 14 ans. On avait des amis qui étaient tous dans des groupes, alors on a commencé le notre. On était super potes. Pierre et Daniel ont commencé la guitare en même temps que le groupe, pour faire le groupe. Au début on s’éclatait puis on a commencé à composer, des trucs de qualité très variable d’ailleurs (rires). Et on a commencé à se faire un répertoire que l’on retrouve aujourd’hui sur l’album.

Vous êtes le premier groupe issu du label My Major Company que j’ai en interview. Est-ce que vous pouvez rapidement nous rappeler le mode de fonctionnement de ce label ?

Meltones : Il faut commencer par s’inscrire sur le site internet. Nous à l’époque il y avait une petite sélection faite par les patrons du label, mais aujourd’hui cela n’existe plus, c’est en entrée libre. On crée ensuite sa propre page avec des vidéos, des photos, des chansons. Si les internautes aiment ils peuvent investir de l’argent, peu importe le montant. Les sommes récoltées servent pour financer l’enregistrement et la promo de l’album ainsi que le tournage du clip. Aujourd’hui cela coûte cent mille euros. Et les internautes qui ont investi touchent une part sur les ventes du disque, il est possible de doubler voire de tripler la mise. Encore que tripler, il faut vendre des millions de disques (rires)…

Et vous alors, vous avez eu combien de souscripteurs ?

Meltones : 923. C’est quand même pas mal !

Et vous pensez que cela aurait été possible d’enregistrer un album sans my major company ?

Meltones : C’était une opportunité de folie évidemment. D’ailleurs maintenant on réalise que l’on a eu beaucoup de chance de tomber sur eux à ce moment là. Mais sans eux, je ne sais pas du tout ce que l’on serait devenu. On n’a jamais été démarché par une maison de disque. On ne le faisait pas à l’époque. On a eu cette chance par l’intermédiaire de notre amie qui a envoyé la maquette à notre place.

Et vous n’étiez même pas au courant ? C’est dingue non ?

Meltones : Non, non on n’était pas au courant (rires). L’opportunité est venue comme ça et on a sauté dessus.

Deux producteurs, Florent Livet et Philippe Zdar, qui ont travaillé sur l’album. Comment vous définiriez la contribution de chacun ?

Meltones : Florent c’était vraiment une contribution quotidienne, il était là tous les jours et il est devenu le cinquième membre du groupe. Il va même nous accompagner pour certains live et je pense même qu’il connaît les chansons mieux que nous ! Philippe, lui c’est le grand Maître, le grand Manitou ! Il nous a fourni un studio d’une qualité incroyable avec un matériel pff… Epoustouflant ! Une qualité d’enregistrement vraiment luxueuse (cela s’entend sur le disque, ndlr). Et humainement aussi ! Après Philippe Zdar c’est un mec qui est vachement occupé et il n’est pas souvent là. Mais cela peu être un bonus car il a une oreille fraîche. Quand il vient en studio on ne l’a pas vu depuis une semaine à peu près. Donc il écoute tout ce que l’on a fait en une semaine. Après il analyse, ce qui va ou pas, la direction à prendre... Florent c’est son bras droit, un très bon ingénieur du son à qui il fait entièrement confiance. C’est vraiment un personnage.

Zdar a un profil plutôt électro. Est-ce qu’il vous a entraîné sur un nouveau terrain ? Vous êtes plutôt un groupe typé rock 70s à la base ?

Meltones : Sur le son de l’album, oui clairement. Il a participé au mixage et a donné une petite touche électro, sur les batteries, les synthés. C’est aussi dû au matériel à disposition dans le studio, il y avait plein de synthés des années 80 que lui-même utilise pour ses propres compos. Du coup on s’en est servi aussi ! Pour se faire plaisir ! Et Thomas (Valancelle, le chanteur/bassiste, ndlr) joue aussi très bien du piano !

Comment s’est passée la rencontre avec Philippe Zdar ?

Meltones : C’était énorme ! C’est My Major qui s’est chargé de le contacter. On avait rendez-vous avec lui devant son studio pour notre première rencontre et on s’était trompé de numéro ! On était sur le trottoir d’en face et on voit un type débarquer en vélo, il enlève ses lunettes et il nous fait, les meltones ? On est allé avec lui et on a rencontré toute l’équipe, Florent, Fabien, Julien… Et ça c’est super bien passé ! On s’est rendu compte que c’était le seul mec, dans tout l’univers, capable de parler pendant une heure sans jamais être interrompu et rester toujours aussi captivant ! Il a un charisme de dingue ! Sans s’imposer plus que ça. C’est naturel chez lui, il a toujours des histoires à raconter et nous on a toujours envie d’écouter ! Et il est super drôle en plus ! Il travaille avec plein de jeunes groupes, même des petits projets. Il aime bien faire un peu de tout et marche beaucoup au coup de cœur. Il a même refusé de très gros trucs pour bosser avec des jeunes pousses et les aider.

Sur l’album, il y a une alternance entre les morceaux très rock et les titres plus atmosphériques…

Meltones : C’est vrai. On a commencé par les titres énergiques. Après on a rajouté des chansons acoustiques. On voulait surprendre un peu de ce côté-là.

Et c’est encore une autre influence apportée par Zdar ?

Meltones : Ouais, un peu, pas totalement quand même. Nos compos ont aussi beaucoup évoluées avec Florent. Après Zdar a rajouté sa patte, des sons. Il nous a aussi conseillé sur les structures. En studio, on a vraiment énormément travaillé sur les structures. C’est clair que nos compos n’étaient pas au niveau avant. Après le studio, on a réalisé qu’il y avait vraiment un très gros travail à fournir là-dessus. Savoir quand il faut passer sur le couplet, est-ce qu’il vaut mieux mettre une intro de deux ou quatre secondes, c’est vraiment très très subtil. A la fin on se posait des grosses questions genre est-ce qu’il faut mettre un coup de crash (une cymbale, ndlr) ? Pourquoi est-ce que cela groove plus sur la maquette, comment ça se fait, est-ce le son, le pattern ? Toute une somme de détails qui à la fin changent complètement le morceau par rapport à ce qu’il était au début. C’est vraiment complexe. On a pris une claque ! En fait, avant, on faisait de la musique intuitivement, le studio nous a appris à réfléchir dans le détail sur nos chansons. On a découvert des aspects qu’on ressentait mais que l’on ne voyait pas. Maintenant on a une vision beaucoup plus nette et précise.

Donc de passer en studio, cela a fait de vous un meilleur groupe ?

Meltones : C’est clair ! Techniquement, humainement, on a beaucoup gagné en maturité.

Comment le décririez-vous cet album ?

Meltones : Il est plein de couleurs. Il y a des titres pop énergiques, que l’on aime beaucoup et on s’éclate sur scène et d’autres chansons beaucoup plus travaillées musicalement au niveau des arrangements et de la structure. C’est un album à facettes. Il y a un titre de sept minutes trente, « I don’t live today », que l’on aime beaucoup. C’est un morceau avec une grosse influence Pink Floyd et un passage assez planant. L’album nous ressemble beaucoup, c’est un condensé de toutes nos expériences et influences.

D’après vous, un premier disque c’est un aboutissement, le début d’une histoire ou les deux en même temps ?

Meltones : Les deux. C’est déjà l’aboutissement de pas mal d’années de boulot mais aussi d’évolutions. Tant sur le plan musical que personnel. Après c’est aussi le début. On espère pouvoir en écrire beaucoup d’autres, des albums… Maintenant on va le défendre en live, une autre histoire va s’écrire... On a hâte…

La tournée est déjà calée ?

Meltones : On a un tourneur depuis un mois ou deux. On est en train de caler les dates pour la rentrée, vers octobre/novembre.

L’anglais peut aussi constituer une ouverture à l’international…

Meltones : On a fait un concert à Glasgow il y a quelques semaines. Et ça s’est vraiment super bien passé. Les gens étaient réceptifs. Ca fait plaisir par ce qu’on avait très peur au niveau des paroles, de la prononciation… Les anglophones sont très exigeants là-dessus. Sur la musique aussi. C’est très dur. Et nous arrivant, tels des petits frenchies… On était très content qu’ils apprécient.

D’où vient le nom du groupe ?

Meltones : Ah ça, c’est encore toute une histoire… La veille de l’entrée sur le site de my major company, le groupe n’avait toujours pas de nom. On cherchait depuis trois ans. On en avait essayé plusieurs et il n’y en avait aucun qui nous plaisait. Et vraiment la veille de l’entrée sur le site, on avait absolument besoin d’un nom, on allait signer le contrat, il n’y avait plus le choix. On était désespérés. Un pote nous a dit : « Ne vous prenez pas la tête, allez sur Google maps, regardez Londres, regardez les noms de rues, vous allez forcément trouver un truc.» Et on a effectivement trouvé la rue Melton Street. On a rajouté le « e » et le « s » et on est resté là-dessus. Après moult discussions, et au final on est tous très content ! Finalement ça colle aussi très bien avec notre musique, Meltones, mélancolie… Et puis « melt » en anglais signifie fondre, et ça nous plaît pas mal aussi.

Justement, en parlant de mélancolie, la chanson « Audrey » est-elle une chanson triste ?

Meltones : Déjà c’est un titre qui a beaucoup évolué, on en a fait au moins une dizaine de versions différentes avant d’avoir celle-ci. Au début cela n’avait rien à voir avec la version finale. Après il y des montées, des descentes donc on peut le voir comme on veut (s’ensuit un débat passionné sur la nature profonde du morceau en question et au final la majorité du groupe trouve finalement « Audrey » plutôt joyeuse, « Outer Space » étant considérée comme la chanson triste du disque).

Comment composez-vous ?

Meltones : Il n’y a pas vraiment de règles. On part parfois d’improvisations, « Early Colors » par exemple a été pondu en cinq minutes. On était vachement inspirés, on a rajouté plein de trucs et au final l’assemblage de tout a donné le morceau. D’ailleurs il y en a eu deux comme ça. On a du choisir lequel enregistrer pour le faire écouter à Philippe Zdar. Finalement on a gardé « Early Colors », l’autre on la gardera pour le prochain album. D’autres fois, l’un de nous emmène un riff et on brode autour.

Le packaging est assez classe, non ?

Meltones : Oui, tout le monde nous le dit. On est très content. Le graphisme aussi nous plaît beaucoup. C’est Thomas Cantoni qui l’a fait. Dès le premier jet on lui a dit : « Wow, c’est juste génial » ! Et cela n’avait rien à voir avec les directives sur lesquelles on était partis. On a juste modifié la typo.

Comment voyez-vous l’avenir ?

Meltones : On n’y pense pas trop à vrai dire. On essaye de déguster chaque moment. Déjà si on arrive à vivre de notre musique, ça serait super. Rien qu’en vivre ça serait vraiment génial, de faire des concerts, de vendre quelques cds ! Juste d’en vivre, franchement, cela nous irait parfaitement par ce que c’est un truc que l’on adore faire… Et même avant d’être un groupe, on est des potes. Alors rester tout le temps ensemble, ce n’est pas du tout un problème, c’est même super ! Alors si on pouvait faire ça, cela serait l’aboutissement de quelque chose... La vie d’artiste, c’est un peu comme un voyage en permanence, forcément cela nous tente !

www.myspace.com/meltonesmusic

http://www.mymajorcompany.com/artistes/meltones/

Propos recueillis le 25 mai 2011.

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