lundi 3 décembre 2007

Nathaniel Mayer, La Maroquinerie, 2 décembre 2007.


Ce qui est agréable avec les grèves (comme celles du mois dernier qui m’ont coûté les concerts de Sharon Jones et d’Interpol), c’est qu’une fois qu’elles sont terminées, on a apprécie de pouvoir se déplacer, sans avoir à galérer des heures, c’est avec plaisir que l’on retrouve ses habitudes tout simplement. Pouvoir voyager assis dans le métro, lire les résultats du basket dans le journal, aller voir Nathaniel Mayer en concert… Une certaine idée du bonheur…

Bref, l’assistance est plutôt clairsemée en ce dimanche soir, Mayer est loin d’avoir fait le plein. A peine une dizaine de personnes traînent dans la fosse de la Maroquinerie (une salle de 500 places). On croise Monsieur Mayer sur le côté de la salle, on se sert la main :

- Monsieur Mayer, c’est un honneur…
- C’est comment ton prénom ?
- Régis et voici mon frère Thomas. J’adore le nouvel album…
- Why don’t you give it to me ? Tu sais petit, c’est la vérité, la vraie vie, Why don’t give it to me ? Ca arrive tous les jours…
- Oui, c’est de la soul music…

Et voilà c’était la leçon de vie de Monsieur Nathaniel Mayer. Un peu plus tard, alors que la salle s’est un peu remplie, le concert commence. Trois musiciens, basse, batterie et guitare, tous trois portant des lunettes, vêtus de jeans, baskets et de tee-shirts à l’effigie du patron. La musique commence, le guitariste le crâne dégarni mais les cheveux longs portant bouc et lunettes à la John Lennon s’approche du micro : « Ladies and gentlemen, from Detroit, Michigan, Nathaniel Mayer » ! On s’y croirait. Mayer fait alors son entrée en scène, claudiquant, marchant à l’aide d’une canne, mais classe dans son costard blanc et chemise bordeaux en soie. Malgré son age et avec tout le respect que je lui porte, Nate, entre-nous soit dit, c’est quand même un sacré lascar. A peine arrivé sur scène il pointe du doigt une jeune pépette en jupe sexy : « Hey young lady, i want dance with you ! » et de la fixer du regard pendant toute la chanson du même nom. La nénette ne sait plus où se mettre. Puis il s’attaque à une autre proie : « Shake your Booty ! ». Avant de la pointer du doigt durant sa nouvelle chanson : « Why don’t you give it to me ? » puis de désigner le mec de la donzelle « You give it to him, she’s making you an happy man »…

Bon arrêtons avec les grivoiseries, par ce que sur scène ça avoine grave ! Détonnant le cocktail blues/soul/rock n’roll. Les musiciens sont particulièrement efficaces, le groupe est très soudé autour du boss en particulier durant son tube de 1962 « Village of love » (« la chanson sur laquelle vous avez été conçus »). Après une trop courte heure d’excellent concert, la soirée s’achève dans la confusion. Nate quitte la scène : « Je reviens dans dix minutes, ne bougez pas, j’ai besoin d’un verre ». En fait la pause s’éternise, Nate improvise une séance de dédicaces près du bar. Les musiciens sont en place pour reprendre quand un employé de la salle débarque : « Ah, non c’est pas possible ! » et de mettre en route un disque. Sur scène c’est la stupéfaction, les musiciens se regardent, s’interrogent du regard, personne ne sait quoi faire. Puis obtiennent de haute lutte le droit de jouer un rappel et commencent à jouer alors qu’un disque est toujours diffusé. Finalement cette bande de petits malins réussira à enchaîner deux morceaux. Et c’est donc sur cette demie fausse note que s’achèvera cette formidable soirée. Maximum respect à Monsieur Nathaniel Mayer qui a assuré malgré sa santé défaillante, qui trahit les années à courir après le pognon.

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