Garland Jeffreys, le petit métis de Brooklyn, me ramène immanquablement à mes souvenirs d’ado, un après-midi en rentrant du lycée j’avais vu le clip de « hail hail rock n’roll » sur M6. Garland a eu une carrière en dents de scie. Premier album en 1970 avec le groupe Grinder’s Switch, qui se séparera dans la foulée. Son premier album solo, éponyme, sortira en 1973, suivront « Ghost Writer » en 1977, « One eyed jack » en 1978, « American Boy & Girl » en 1979, « Escape Artist » en 1981, « Guts for love » en 1983 puis une pause de dix ans avant l’album « Don’t call me buckwheat » en 1991 et enfin son dernier disque en date « Wildlife Dictionnary » en 1997, il y a dix ans déjà. C’est dire si le concert de ce soir tient à la fois de la résurrection et du miracle.
Saisi par le froid à la sortie du métro Bastille, je me dirige vers la rue, pavée et piétonne, de Lappe, toujours très animée les soirs de week-end, puis sur la gauche se trouve le passage Louis Philippe où est situé le Café de la danse ; petite salle en forme d’amphithéâtre avec des sièges en plastique blanc. Le bar se trouve dans une mezzanine à droite de la scène. Garland vêtu de noir avec un chapeau arrive seul sur scène avec sa guitare acoustique. Il ne restera pas sur scène très longtemps et sautera de suite dans la fosse pour chanter (sans micro) au milieu de la foule avant de monter dans les gradins tout en continuant de jouer de la guitare acoustique. Ma foi, ça me semble plutôt bien parti, cette affaire. Garland retourne sur scène entouré de son groupe : deux guitaristes, un clavier, le batteur, le bassiste et Garland au chant. Le groupe attaque avec « I’m alive », titre inédit issu de la récente compilation du même nom. Puis on change d’ambiance, plus reggae, avec « I may not be your kind » et le medley « Ghost Writer/New York skyline » extraits de l’album du même nom. Un peu plus tard le groupe se retire Garland reste seul sur scène avec le guitariste, chacun tire un chaise et prend une guitare acoustique et c’est parti pour « Washington DC hospital center blues » reprise du bluesman Skip James et enregistré pour la bande originale du film « The soul of a man » de Wim Wenders. Vint alors le premier invité de la soirée Monsieur Elliott Murphy. Il y a environ un an Elliott Murphy et son guitariste Olivier Durand jouaient en show case à la FNAC Saint Lazare. Après la chanson « On Elvis Presley’s birthday » Garland Jeffreys, présent ce jour là dans le public, s’était exclamé : « This is a fantastic song ! ». Retour au café de la danse : Elliott entre en scène avec sa guitare acoustique prend une chaise et attaque en duo le même « Elvis Presley’s birthday » qu’ils dédicaceront à leurs pères décédés. Emotion, émotion. Le groupe fait son retour sur scène et un nouvel invité fait son apparition : Louis Bertignac, oui, oui, le guitariste de téléphone. Avec Elliott passé à l’harmonica ils sont maintenant huit sur scène qui reprennent tous en cœur « 96 tears », le tube de Question Mark ( ?) & the mysterians. Garland saute dans tous les sens, il me fait un peu peur, est-ce bien raisonnable à son age ? Viendra ensuite le fameux « Hail Hail Rock n’Roll » de mon adolescence repris en cœur par la foule : “ The color of her/the color of him/It doesn’t really matter what skin you’re in/you can’t judge a man/by looking at the marquee”. Tous ceux à qui l’on a un jour reproché leurs origines ethniques ne peuvent que se reconnaître dans ce message. Pour cela aussi, merci Garland. Après deux heures de voyage au cœur de la musique noire américaine du blues à la soul en passant par le rock n’roll et le reggae, le concert s’achève sous un tonnerre d’applaudissement. Garland et son groupe reviennent et reprennent le « i’m alive » avec lequel ils avaient entamés le show (faute de titres ?). Nouveau tonnerre d’applaudissement, le public refuse de le laisser quitter la scène, Garland se lance alors dans une chanson a cappella. Puis les lumières se rallument et cette fois c’est vraiment fini. Mais Garland a promis qu’il reviendrait bientôt et qu’il y aurait « a lot of shows ». A très très vite alors.
Merci Regis d'être passé par le blog Juke Joint Blues & Soul ! A mon tour de te féliciter pour ce blog dès plus instructif dédié à toutes les bonnes musiques. JLV
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