samedi 21 juin 2025

Alex Henry Foster : « Kimiyo »

 


Episode 1/3. Ce nouvel album revêt une importance particulière pour Alex Henry Foster. Crédité sous son nom voici un album qu’il a coécrit, coproduit sur lequel il joue mais ne chante pas. Et pour cause… Confronté à de graves problèmes de santé, passé par la case chirurgie, le Québecois a, un temps, perdu sa voix. Pas question cependant de baisser la garde, ce qui aurait pu relever de l’arrêt définitif c’est transformé en nouveau départ. La voix que l’on entend sur le disque c’est celle de la chanteuse japonaise Momoka Tobari qui s’est chargée de traduire en japonais les paroles d’Alex. Il s’agit donc d’un album japonais et ce n’est là que de la première transformation dans le processus de renaissance d’Alex. Sans son groupe les Long Shadows, la musique a été enregistrée en compagnie de Ben Lemelin (d’ordinaire guitariste dudit groupe). Un effort en petit comité donc, à la fois intime et qui pourtant marque par son sens de l’ampleur sonore. Certaines compositions frôlent les dix minutes, la musique passe par différentes étapes, tantôt extatique et aérienne, tel un élan lyrique parfois brutalement coupé par une attaque sèche et électrique de la guitare ou par un break de batterie ravageur. Baignant dans une ambiance assez dark (peut-être révélatrice de l’état d’esprit d’Alex) l’album peut aussi se révéler lumineux dans un étrange contraste entre rock progressif et ambiance froide, voire gothique à la Cocteau Twins, et s’écoute comme un vol plané conclu dramatiquement dans le fracas de la tôle brisée. C’est à un sacré périple musical que nous invite le trio. L’album dégage une sorte d’onde par laquelle il convient de se laisser porter. La musique s’étire à l’infini et le voyage ne fait que commencer…

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vendredi 20 juin 2025

Tami Neilson, New Morning, 19 juin 2025

C’est dans un New Morning étouffant sous la chaleur et devant un public autant en nage que les artistes sur scène que Tami Neilson a fait son retour, trois ans après un passage au Balajo et à quelques semaines de la sortie de son très prometteur nouvel album « Neon Cowgirl » (sortie le 11 juillet), dont plusieurs extraits furent joués. Entourée par un merveilleux groupe de musiciens, au touché et au feeling impeccable, la chanteuse a fait montre de l’étendue de son talent. Un peu de country et un peu de rockabilly, pour un rendu soul à 100 % : quelle voix à faire frissonner la colonne vertébrale, quel charisme ! Très à l’aise avec ou sans son harmonica et sa guitare, Tami Neilson habite la scène d’une façon unique avec un sens de l’humour imparable. Et le public le lui rend bien, chaude ambiance (dans tous les sens du terme) ! Une artiste authentique. Tami Neilson, la garantie d’une soirée réussie !







dimanche 15 juin 2025

Cymande : « Renascence »

 


Logiquement, ce groupe aurait dû cartonner. Auteur de trois albums entre 1972 et 1974, Cymande (on prononce chi manne day) s’inscrit dans cette veine soul, engagée, à la fois langoureuse, tropicale grâce à des influences calypso et reggae parfaitement intégrées et marquée par de nombreux coups de sang funk. Un classique de la soul passé parfaitement inaperçu à l’époque car britannique. Pas évident de se faire entendre au pays des Beatles et des Rolling Stones alors que la qualité musicale du groupe égale sans aucun problème celle des américains. C’est donc dans un relatif anonymat que la carrière de Cymande s’est éteinte au mitan des années 1970 avant de connaître une seconde vie, grâce à de nombreux sample hip-hop, comme bon nombre d’oubliés de l’histoire de la soul. Pourtant, en 2015, 40 ans plus tard, le groupe a tenté un premier come-back avec l’album « A Simple Act of Faith » avant la sortie de ce nouvel effort après un deuxième hiatus de dix ans. Et ça valait la peine d’attendre ! Car à l’écoute, le groupe a mis à profit ce long laps de temps pour soigner ses effets. Compositions élégantes, production nickel chrome entre arrangements de cordes soyeux (« Road to Zion »), percussions incisives (« Chasing an empty dream »), envolées au piano et swing jazzy (la bien nommée « Coltrane ») ; il n’y a pas à dire le groupe connaît son affaire et le prouve avec ces dix compositions intemporelles et impeccables (dont « Only One Way » avec la merveilleuse chanteuse Celeste). Un album qui arrête le temps comme par magie et digne de figurer dans toutes les discothèques.

En concert le 14/10 à La Cigale

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lundi 9 juin 2025

Cunningham Bird

 


Martingale de l’histoire du rock l’album Buckingham Nicks (1973) est autant considéré comme un classique du rock qu’un marqueur important de l’histoire ; sorti juste avant que la paire Stevie Nicks / Lindsay Buckingham ne parte rejoindre Fleetwood Mac deuxième mouture. Un disque important donc, mais assez méconnu, jamais réédité en CD et dont le prix s’envole jusqu’à dépasser les mille euros sur les plateformes spécialisées (étant entendu que l’on parle là d’un vinyle et non d’une vulgaire playlist sur youtube). C’est donc à un classique qu’une autre paire, composée du chanteur/violoniste Andrew Bird et de la chanteuse/guitariste Madison Cunningham a décidé de rendre hommage reprenant l’intégralité du disque en suivant le même séquençage que l’original. Evidemment avec un tel matériel à disposition le duo est assis sur une mine d’or et ne manque pas l’occasion, servie sur un plateau, d’aligner les perles (on pense en particulier à « Don’t let me down again ») qu’ils prennent cependant soin d’arranger à leur goûts, assez différents des originaux, s’articulant autour du violon et de la guitare folk (« Races are run » ; « Lola (my love) »). Le clavier et la batterie ajoutent du peps quand nécessaire mais s’effacent volontiers lors des moments plus intimes (« Django » ; « Frozen Love »). Les voix des deux protagonistes se mêlent à merveille, c’est à la fois un classique revisité avec bonheur et réussite et, aussi, une redécouverte eu égard à la rareté de l’original. De quoi revivre les grandes heures du rock des années 70 où il était possible de conjuguer FM et qualité.



dimanche 8 juin 2025

Diamond Day, Petit Bain, 6 juin 2025.

 




Tout nouveau festival itinérant (un peu sur le modèle des Nuits de l’Alligator), Diamond Day a fait escale à Paris, au Petit Bain, en ce vendredi soir, avec une alléchante affiche folk à la parité parfaite, deux chanteuses et deux chanteurs.

Petite surprise, c’est sur le rooftop du Petit Bain, dominant la Seine et les quais, que débutent les agapes avec un showcase de la chanteuse Naima Bock. Alors que les nuages noirs comme la suie s’accumulent au dessus de nos têtes, c’est seule avec sa guitare folk que Naima Bock arrive sur scène, souriante et une casquette bleue sur la tête. Pendant une grosse demie-heure Naima nous aura séduit, charmé, de ses arpèges délicat et de sa voix particulière et assez impressionnante. Si son univers n’est pas sans rappeler le folk anglais, il s’étend bien au-delà comme le prouvera sa reprise d’un standard brésilien. Un passage charmant quoique trop bref et perturbé par le vent. La pluie nous sera finalement épargnée, est-ce un signe que ce nouveau festival est béni des cieux ?

La suite se déroule de façon plus conventionnelle dans la salle habituelle, le temps de descendre les escalier et on y est. C’est alors la toute jeune Clara Mann, parfaitement francophone bien que trop stressée pour s’exprimer dans la langue de Molière, qui occupe la scène, toute auréolée de la sortie de son premier album. Elle aussi est seule avec sa guitare folk comme unique accompagnement et nous plonge également dans une bulle de douceur bien agréable avec un aplomb remarquable. La musique est lente, délicate, parfaitement relaxante, ça fait du bien.

Seul musicien a être accompagné, par un batteur, Jake Xerxes Fussell, la raison principale de notre venue il faut être honnête, aligne les albums magnifiques (cinq au total) avec une régularité métronomique depuis dix ans. Il incarne également, dans le cadre spécifique du festival, une pointe d’americana dans un environnement très british pour cette première. Le répertoire de Jake Xerxes Fussell se compose à la fois de compositions personnelles mais aussi de standards issus du répertoire traditionnel extraits du domaine public (un genre auquel il a consacré des albums entiers). Il est à la fois un garant de la tradition et un songwriter remarquable. Un artiste rare, et ce n’est pas la prestation du soir qui nous fera changer d’avis. Aussi à l’aise à la guitare électrique (une Telecaster son clair) que folk, ses arpèges dégagent quelque chose de profondément hypnotique. La batterie accentue cet aspect, ménageant de nombreux silences comme autant de notes fantômes, et accompagne avec une douceur inhabituelle pour un instrument volontiers qualifié de bourrin. La voix de Jake, douce, est à l’avenant. Nous avons assisté à un moment rare et précieux.

A l’autre bout du spectre pourrait se situer Richard Dawson, qui lui dégage un sentiment de puissance sonore bien que seul accompagné de sa guitare électrique. Déjà de ses arpèges ressort quelque chose d’âpre et de rugueux. Eux-mêmes sont entrecoupés d’attaques sèches et violentes d’accords et de phrases dissonantes à la limite de l’expérimentation. A peine coupé dans son élan par des problèmes techniques qui ont coupé son set en deux parties, Richard s’est cependant attiré l’affection du public, massé devant la scène et applaudissant à tout rompre. Un public nombreux ayant répondu au rendez-vous et une programmation de très haute tenue, espérons que ce nouveau festival s’inscrira dans la durée pour devenir,à terme, un rendez-vous incontournable.