mardi 26 novembre 2024
Cinelli Brothers + Eddie 9V, Pan Piper, 25 novembre 2024.
Voyager en restant immobile, laisser son esprit s’envoler au gré des rythmes et des mélodies, les joies apportées par l’écoute de la musique sont multiples… Et l’on a fort à parier que l’un de nos pourvoyeurs de son du soir, Eddie 9V l’a bien compris, en attaquant son set par la fort bien nommée « New Orleans ». Et c’est ainsi qu’un bout de l’impasse Lamier (Paris 11ème), dans une salle à l’acoustique excellente mais manquant quand même d’âme, de personnalité, de charme, se retrouve brutalement délocalisée en plein French Quarter ! Rythmique d’enfer de la batterie, attaque incisive de la guitare, voix soulful et une nappe d’orgue pour faire groover le tout, le doute n’est point permis nous y sommes ! C’est que le natif d’Atlanta occupe un crossroad à lui tout seul ! En plein milieu du blues, de la soul et du rock’n’roll. Excellent de la première seconde à la dernière tout en multipliant les ambiances, nous avons trouvé le vol le plus court et le moins vers le sud des Etats-Unis ! « Et bon courage pour les suivants » souffle-t-on des les travées sous le charme (et le choc aussi) de la prestation qui vient de s’achever…
La barre placée aussi haut, il fallait un groupe d’une sacrée qualité, et de haut vol, pour assurer la suite. Les suspects idéaux sont tout trouvés : les Cinelli Brothers, assemblage hétéroclite de musiciens, basés à Londres, où se croisent les nationalités, français, britannique ou italiens, en même temps que les instruments passent d’une main à l’autre, passant de l’harmonica à la guitare, de la guitare à la batterie puis de la batterie à la basse et un petit tour derrière le clavier avant de retrouver la guitare. Vous suivez ? Chez les Cinelli Brothers, tout le monde joue à peu près de tout, chante à chacun son tour, sans que jamais la qualité de la musique n’en souffre. Là aussi le crossroad est bien occupé, du blues, de la soul, du rock’n’roll, une grande variété d’ambiance pour un groove qui ne jamais ne cesse mais semble prendre de l’ampleur à chaque minute au point de ressembler à un rouleau compresseur prêt à tout dévaster sur son passage. Langoureux et puissant à la fois, quel groupe ! Et puis, en guise de rappel, tout ce beau petit monde se retrouve, à 8 sur scène, autour de ce vieux saucisson de « Got my mojo working » un peu scolaire (chacun à droit à son solo à tour de rôle) mais quel pied !
samedi 23 novembre 2024
LeNoise, Concert Tribute à Neil Young, le 23 janvier 2025 à la Salle Pleyel
Depuis l'annonce tonitruante de Neil Young et son renoncement à prendre l'avion, pour raisons écologiques, actant de fait la fin des concerts hors des Etats-Unis, chaque tribute prend depuis des airs de célébration. Après la Maison Tellier reprenant "Harvest", rendez-vous est donc pris dans le cadre majestueux de la Salle Pleyel le 23 janvier 2025.
lundi 18 novembre 2024
Garciaphone : « Ghost Fire »
Troisième album pour le discret, mais ultra-talentueux, Clermontois Olivier Perez (a.k.a Garciaphone). Un troisième effort court, une petite trentaine de minutes, mais dense sans aucun superflu. Centrées sur la guitare acoustique, la qualité des compositions et l’émotion transmise à leur écoute n’est pas sans rappeler les grandes heures du folk mélancolique, de Nick Drake à Elliott Smith ("Heard of the Hermit"). Mais la grande réussite réside dans la capacité de Garciaphone à délivrer une musique à la fois sobre, délicate et intimiste mais aussi extrêmement arrangée. L’album brille par une luxuriance tout sauf superfétatoire mettant en valeur des instruments aussi variés, voire inédits, que le saz, le zither, le bouzouki ou le violoncelle. Une belle variété d’ambiance n’altérant nullement l’unité de ton passant des sonorités indie, légèrement rock, aux expérimentations quasi-psychédéliques (« Conditional love », « Weathercocks »). Une réussite.
En concert le 30/11 à la Chapelle (Châtillon)
https://www.facebook.com/garciaphone
https://microcultures.bandcamp.com/album/ghost-fire
jeudi 14 novembre 2024
Moonkiddo : « On a silver edge »
La musique peut parfois être assez simple. Ce premier album de Moonkiddo appartient à une catégorie rare, celle des albums qui, cachés derrière des atours modestes, atteignent des petits sommets. Portés par les instruments à cordes (banjo, mandoline, guitares) qui constituent le cœur battant de sa musique, Moonkiddo nous invite à fermer les yeux et à rêver, portés, bercés, que nous sommes par la gracieuseté des cordes délicatement arpégées sous les doigts de fée de Julien Omé, dont le talent conjugué à la voix délicate de Véronique Lechat nous caresse les oreilles (« Silver Edge », « Tough Man »). Parfait condensé de folk et de pop, ce premier effort ne hausse jamais le ton mais explore parfois différentes voix parfois plus électriques (« Spaces »), jouant de la répétition hypnotique (« And a light ») ou aventureuses (l’évanescente et quasi psyché « Let Me ») mais plaçant, toujours, la mélodie au centre de ces préoccupations. Preuve d’un savoir faire mélodique évident en matière d’arrangement. Légères et aériennes, les chansons de Mookiddo planent au-dessus des contingences, survolant peut-être cette fameuse côte rêvée figurant sur la pochette. Une très belle réussite.
En concert le 24/11 à Fontenay-Aux-Roses
https://moonkiddo.bandcamp.com/
https://www.facebook.com/moonkiddomusic
jeudi 7 novembre 2024
Emma Sand Group + Nick Wheeldon, La Dame de Canton, 6 novembre 2024.
Assurant la première partie de la soirée, Nick Wheeldon innove en se présentant pour la première fois en solo à la guitare folk. Une plongée dans l’inconnu pour l’artiste habitué au solo, mais en général à la guitare électrique. Le changement est fondamental, la musique devient moins colérique, moins brutale, mais gagne en profondeur et en émotion. Plus doux, mais toujours aussi intense, sa voix dégage des émotions jusqu’alors inconnues. Nick Wheeldon est un chanteur remarquable, toujours sur le fil, donnant l’impression de pouvoir se briser à tout moment tout en dégageant un coffre incroyable. Sa voix émotive remplit l’espace de sa puissance alors même qu’il se trouve un mètre derrière le micro. Seul à la guitare folk, son jeu retrouve un peu des intonations de Dylan, c’est une première partie remarquable et émouvante.
Nous retrouvons ensuite le quatuor Emma Sand Group qui, eux aussi, présentent un tout nouveau set mélangeant quelques nouveaux morceaux et des anciens qui avaient été laissés de côté ces derniers temps. Le résultat est, une fois encore, remarquable grâce à l’agilité des musiciens qui, alternant les aplats et les déliés, offrent une musique subtile et tout en nuances, entre douceur et montées en tension contenue. Toujours très intense, le rendu évoque les grandes étendues désertiques et la poussière dans un mélange de rock et d’americana. Un mélange des genres propre à faire honneur à la virtuosité des musiciens qui donnent tous l’impression de mettre leur âme dans les notes jouées, cherchant le feeling au fin fond du tempo. C’est fort, émouvant et débordant de feeling.
https://www.facebook.com/NickWheeldonMusic/
https://www.facebook.com/EmmaSandBand/
lundi 4 novembre 2024
Cy : « Day after day »
Jour après jour, ou plus exactement, note après note, Cy affine son univers. Le deuxième EP de l’artiste s’articule autour de la guitare folk, toujours arpégée avec beaucoup de raffinement, sur laquelle se superpose les influences, de l’électronique légère aux sonorités plus lointaines, venues d’Afrique (« Come Back ») ou d’Inde (les tablas qui ornent « Human »). Pris dans leur globalité ces cinq titres (dont un en français, « Décrocher ») constituent une bulle pop atmosphérique, douce et délicate, propice à l’introspection ; comme le carnet sonore d’un voyage intérieur.
https://www.facebook.com/cymusicoff
https://cymusic9.bandcamp.com/album/day-after-day
dimanche 3 novembre 2024
Catchy Peril : « Disco Sucks »
Le premier EP du quartet marseillais font montre d’une maîtrise certaine et d’un univers foncièrement attachant. Si le titre, voire la pochette, laisse penser à une attaque punk frontale, l’univers de Catchy Peril est vaste et aux ramifications multiples. Si le beat implacable de la batterie évoque, ironiquement, la disco, les synthés nostalgiques (« She’s Bored ») nous ramènent du côté de la cold/synth wave (« Deserve Better » à l’influence Cure prégnante) et forment un séduisant contraste avec l’attaque (post) punk des guitares (« Angry Kids », seul titre en français évoquant une fusillade dans les rues marseillaises). Il se dégage de l’ensemble une ambiance, un feeling évoquant tour à tour le psychédélisme ou le glam bouclant ainsi un tour à 360° tantôt enjoué (« Dancing ») tantôt nostalgique (« Nico »). Un EP inaugural des plus séduisants.
samedi 2 novembre 2024
Lowland Brothers : « Over the fence »
Ce deuxième album voit les frères Lowland passer au-dessus de la barrière. Ou plutôt des barrières. Quelles barrières ? Celles séparant l’americana de la soul et du rock’n’roll. Un grand bain de musique racinienne, inspiré par les années 60 et 70, sans pour autant entrer la sympathique formation dans la course effrénée au vintage. Une manière pour le groupe de faire entrer ses influences diverses dans un cadre personnel et surtout intemporel. Un groove de basse irrésistible (« For a while » ; « We shouldn’t be here »), un chant soul à vous retourner le cœur (« Little Big Man ») un soupçon de fièvre électrique qui traverse les guitares (« Can you hear me ? ») tout autant qu’il transperce les oreilles de l’auditeur : l’album est somptueux de bout en bout ! Le tempo alangui, l’omniprésence des claviers créant un forme de bulle ouatée (« Sound from the attic »), si l’album place parfois l’auditeur dans un cocon, c’est pour mieux le secouer par la suite (« Shape Up » ; « Don’t let me fall »). Une proposition caractérisée par un travail sur le son, loin des standards habituels, qu’ils transforment en chansons irrésistibles. Une réussite !
En showcase le 8/11 aux Balades Sonores et en concert le 9/11 au Trianon (première partie de Robert Finley)
https://lowlandbrothersband.bandcamp.com/album/over-the-fence
https://www.facebook.com/lowlandbrothers
vendredi 1 novembre 2024
Duplessy & The Violins Of The World : « The Road with you »
La route avec toi. On ne saurait rêver un meilleur titre pour décrire le parcours musical du guitariste et compositeur Mathias Duplessy. Depuis 2010, ce dernier poursuit un projet, intitulé les Violons du Monde dans lequel le guitariste croise les cordes avec différents instruments, tous dérivés de la vielle, elle-même un instrument précurseur du violon, venant de tous horizons et des quatre coins du monde. Sur ce nouvel effort, le quatrième, le groupe est ainsi constitué du fidèle Guo Gan (erhu, un instrument traditionnel chinois), et de Zied Zouari (violon oriental), Mandakh Daansuren (morin Khuur, instrument mongol), Aliocha Regnard (nyckelharpa suédoise), Sabir Khan (sarangi, Inde), enfin le contrebassiste Damian Nuevo et le pianiste Rehann Duplessy complètent le dispositif. Si la démarche de Duplessy est belle, c’est parce qu’elle donne à écouter un monde qui joue ensemble. Il n’est point question ici d’une musique dite « du monde » ou traditionnelle mais de fusionner l’ensemble desdites traditions autour des compositions du guitariste. D’obédience plutôt classique, le guitariste laisse de la place à différents styles musicaux, l’ombre du folk et du jazz manouche plane sur sa musique, certaines pièces évoquent la musique de film, le western ou le kung-fu. Grand fan de Bruce Lee depuis son enfance, paraît-il, la légende veut que ce dernier ait fait basculer le compositeur dans ces influences orientales et asiatiques qui depuis fleurissent dans sa musique. Quoi qu’il en soit, ce nouvel album est, une fois de plus, un sublime carnet de voyage musical, qui transporte l’auditeur dans une odyssée mélodique, orné d’une sublime pochette à l’avenant.
En concert le 29 janvier 2025 à La Cigale
https://www.facebook.com/Duplessyandtheviolinsoftheworld