dimanche 21 décembre 2008

Jamie Lidell + Duffy, le Bataclan, 19 décembre 2008.


A l’invitation d’une radio « jeunes », l’excellent Jamie Lidell et la moins excellente Duffy ont rempli le Bataclan en ce vendredi soir. C’est donc à Jamie qu’est revenu l’honneur de débuter ce qui est, en principe, le dernier concert 2008. Le batteur fait son entrée en scène seul et commence avec un moulin terrible annonçant la venue de l’une des principales révélation soul de l’année. Vint ensuite deux baltringues qui arrivent en bondissant tels, des cabris en rut, et jetant dans le public des objets volants non identifiés (Pommes ? Balles de tennis ? Mystère…). L’un, vêtu d’une simple robe de chambre joue du saxophone, l’autre dans une combinaison ultra kitsch blanche à rayure rouge et agrémentée de faux diamants est guitariste. Un clavier, plutôt sobre en comparaison des deux lascars, complète le line-up. Puis ce fût au tour du guignol en chef d’arriver sur scène, Mister Lidell himself, attifé d’une demi boule disco à facettes en guise de couvre chef. Vous l’avez certainement deviné à la lecture de ces lignes, ces types sont complètement allumés. Ils se donnent beaucoup de mal et payent de leur personne pour faire le show, mais, surtout, dès lors qu’il s’agit de jouer, là, on ne rigole plus. Le set commence avec un « Where D’You go » d’anthologie. Lidell vient de l’électro, ce qui ne s’entend pas tellement sur ses derniers disques mais est particulièrement flagrant en live, pour preuve ce « Figured me out » agrémenté d’un long passage électro ou ce « Out of my system », l’un des titres les plus percutant du disque, interprété en solo ou Jamie chante tout en tripotant Dieu sait quoi sur ses deux ordinateurs portables. Même si Lidell à la différence de James Hunter (voir mes messages des 20 septembre et 19 octobre) et Eli Paperboy Reed (cf. mes messages des 20 juillet et 30 novembre), ne peut s’appuyer sur une vraie section de cuivres, le saxophoniste qui joue parfois de deux saxs en même temps assure le boulot sans problème même si j’estime qu’il abuse un peu trop du vocoder, dont il joue également, le genre de gadget amusant au début mais lassant à la longue. Le batteur est aussi impressionnant et assure la section rythmique à lui tout seul sur plusieurs titres jouant les lignes de basse grâce à un pédalier spécifique en plus de la batterie. C’est tout à fait le genre d’exploit vain et inutile car il n’y a guère qu’un reporter de choc comme votre serviteur pour s’intéresser à ce genre de détails. Heureusement pour lui le guitariste joue parfois de la basse pour le soulager un peu, ce qui swingue tout de même un peu plus. Lidell a une voix magnifique et est particulièrement magnétique sur scène, bouge dans tous les sens pour faire vivre son concert. Il dispose également de percussions avec une cymbale savamment saccagée pour obtenir un son plus mat qui ne résonne pas trop sur laquelle il frappe comme un malade. Ils finiront en nage sous les vivas du public car ils s’y entendent pour ce qui est d’enflammer la foule.

Après cette euphorisant première partie ce fut le tour de Duffy et la comparaison fait mal. Son nom est affiché en lettre géante derrière la scène, il semble que la pépette a déjà la grosse tête après un seul album. Il n’y a rien a redire sur le travail des musiciens, tout est cadré, impeccable et pro à l’extrême, même les, timides, chorégraphies de la star semblent calculées au millimètre. Mais bon voilà, on ne peut s’empêcher de bailler, dans le fond on s’emmerde, c’est d’un ennui mortel. Ca manque de vie, d’âme. Ce qui est fâcheux dans le sens où c’est supposé être de la soul music. Et le fait qu’elle parle à peine au public n’arrange rien. C’est peut-être ça le fond du problème, Duffy, pas plus qu’Amy Winehouse ou Joss Stone (je suis sévère et tout le monde ne sera pas d’accord) tient plus de la midinette pop que de la vraie soul woman. La soul (britannique ou non) est suffisamment riche en ce moment de voix féminines ou masculines, ce qui a été loin d’être le cas, et il suffit de jeter régulièrement un œil sur cette page pour s’en persuader. Tout ça pour dire que Duffy, finalement, est inutile.


Jamie Lidell : Wait for me

Jamie Lidell : "Another Day"


Jamie Lidell : "A little bit of feel good"

2 commentaires:

saab a dit…

Cela a du être top d'assister au concert de Jamie Lidell, il a une de ces énegie ce type et il y croit, c'est ce qui permet de transmettre les émotions. Duffy c'est simple j'y suis allergique, tout simplement elle force sur sa voix pour se donner un genre et cela se sent de trop, c'est trop calculé, je ne retrouve pas ce défaut chez Amy ou Joss, bien sûr c'est une question de goût, je mise sur la petite Joss, elle est encore un peu jeune mais dans quelque temps la maturité viendra. Il faut avoir vécu pour ressentir la soul music ;-)

My Head is a Jukebox a dit…

Je suis entièrement d'accord avec toi, Duffy elle force tellement que cela sonne à la fois faux et froid. Tu as raison la soul il faut l'avoir vécu pour la ressentir la chanter, peut-être que pour la petite Joss cela viendra avec le temps si elle ne s'égare pas en route...