dimanche 21 janvier 2007

Woodstock 2007 à Paris




Ah ça, ils ont fait une mine déconfite les collègues de travail vendredi dernier, quand ils m’ont vu embarquer mes affaires à midi : « Allez salut bon week end tout le monde à l’atelier crochet », moi je me casse, j’ai une vie, moi ! Il faut dire que ce vendredi je suis poussé par une force mystique une volonté de récréer une version personnelle de Woodstock qui m’a fait traverser Paris du nord au sud, de la gare Saint-Lazare à la Bastille.

Premier arrêt donc à 17h au magasin FNAC de la gare Saint Lazare pour assister au show case de Sean Lennon. A peine sorti du métro je suis la queue pour le show case, 100 mètres, 200 mètres. Je tourne au coin de la rue, la queue s’arrête un moment (pour un passage piéton) et reprend de plus belle. Je comprends bien vite mon erreur, il n’y aura jamais assez de place dans le forum des rencontres pour tout le monde. Plan B : on se pointe direct devant ledit forum. Et là je me heurte à un sergent-chef (un agent de sécurité) que l’on a par erreur (ils sont dangereux ces gens là) laisser sortir dans le civil. « IL N’Y A QUE LUI QUI RENTRE !» tonne-t-il à l’adresse de mon frère. Mec, tu comprends pas, mon délire Woodstock putain. Rien à faire, je regarde mon frère partir, j’ai les boules. Et le sergent-chef de me dégager d’un coup de coude dans le dos. Dude, you’re so totally uncool. Autour de moi les gens râlent, à juste titre, « on a fait la queue quatre heures ». Et oui mon pote, la vie c’est dur. Pour ma part je me contenterai donc de la retransmission sur l’écran plasma que la Fédération Nationale des Abrutis Complets (FNAC) a eu la gracieuseté de nous accorder. Enfin Sean Lennon fait son apparition, sans se douter le moins du monde du bordel qu’il cause dans tout le quartier. Costume dans les tons bruns, cravate moutarde, il s’installe sur un fauteuil avec sa guitare acoustique. Première surprise il parle bien français (et ça les français adorent) et a le sens de l’humour. D’emblée il attire la sympathie et se met le public dans la poche. Il confesse que c’est la première fois qu’il se livre à l’exercice acoustique en solo et qu’il est un peu inquiet : « C’est dur tu sais, euh, vous savez ». Il enchaîne les morceaux de son deuxième disque « Friendly fire » : Dead Meat, parachute... On a l'impression d'assister à un moment rare et privilégié, fût-ce par écran interposé. Sean s’adresse alors au père d’une petite fille dans le public :
- C’est son premier concert ?
- Non le deuxième.
- C’était quoi le premier ? Metallica ? J’aime bien Metallica. C’est cool.
Et Sean d’enchaîner sur le riff d’Entersandman en version acoustique. Le public est mort de rire. Plus tard : « C’est une chanson de mon premier album, into the sun, mais je ne me rappelle pas où sont les chords (accords). Il tâtonne un peu sur son manche, ah oui c’est ici, quand il trouve la bonne position, le premier album c’était il y a longtemps (1998), j’étais jeune. Le show case se termine une demi-heure plus tard avec Wait for me et une dernière facétie, au milieu de morceau, Sean s’exclame : « normalement il y a un solo de piano » ! Ce sympathique et talentueux jeune homme sera de retour en février à la Cigale.



Le temps de rapidement se sustenter d’une salade et une mini traversée de Paris en métro et il est temps pour nous de passer à la deuxième étape : 20 heures, concert de Pamela Hute à l’OPA. L’OPA, c’est un bar situé dans la rue Biscornet, une rue désertique du douzième arrondissement parallèle au boulevard de la Bastille (lui-même parallèle au canal Saint-Martin). Pamela Hute, jeune femme chantant en anglais, fait partie de cette jeune génération rock (Hushpuppies, second sex…) qui met le feu à la capitale depuis environ deux ans. En effet les concerts et résidences rock se multiplient dans Paris dans des lieux (la flèche d’or, le triptyque, l’OPA, le bus palladium) qui il y a peu n’accueillait que des DJs. Pamela et son groupe n’attaqueront le show qu’a 21h30, entre-temps la bière (mais à 4 euros le demi on dessaoule vite) et la barmaid quasi topless assurent quelques distractions de choix. Le mur derrière le bar est en brique rouge, celui derrière la scène en pierre. Au dessus du bar, un plafonnier jaune psychédélique à bulles diffuse une lumière bleue onirique. Bien que fortement connoté BOBO, l’endroit est malgré tout sympa. 21h30 donc, showtime. Ils sont quatre sur scène, premier titre : « identical ». Pamela armée de sa guitare est tout sourire, parle avec le public, esquisse quelques pas de danse, elle a envie de jouer, ça fait plaisir à voir. Laurent le batteur est puissant, groovy, carré et efficace. Pas de soli, ce n’est pas le genre de la maison, mais il soutient les morceaux tout en puissance, notamment sur « waste of time » et « my dear ». Greg, le bassiste se contorsionne dans tous les sens, l’homme élastique du groupe c’est lui. Des quatre, il est le plus expansif sur scène. Combinée avec la batterie de Laurent, la section rythmique est redoutable. Enfin le quatrième larron, Igor derrière ses claviers et son moog organ, apporte une touche 80s, un peu kitsch, contrastant avec le son plutôt vintage/garage de la guitare et de la basse. Le public danse au premier rang et reprend les paroles en cœur, Pamela peu à peu, se construit une audience fidèle. Sur « pink safari » l’émotion est palpable. Nous avons eu droit à un morceau inédit « No one else ». Au final un excellent concert, un peu court, 45 minutes. Le son est excellent, très pro, bien qu’aucun de ces quatre musiciens ne vive actuellement de la musique. Quelle maison de disque aura le bon goût de signer cette talentueuse jeune femme et son excellent groupe ?

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