mardi 29 mars 2016

John Cunningham : « Frozen in time »




John Cunningham, songwriter aussi précieux que rare, est de retour après 14 ans de silence discographique, en voilà une sacrée nouvelle ! En attendant son sixième album solo, intitulé « Fell », dont la sortie est prévue en juin prochain, l'artiste vient de poster un titre inédit, « Frozen in time ». D'emblée la chanson sonne comme un classique immédiat, dans la droite lignée des Beatles (comparaison éculée mais totalement fondée en l'espèce) avec un soupçon de mélancolie dans le chant rappelant à la fois Nick Drake mais également les Beach Boys (circa « Pet Sounds »). Si le reste de l'album est du même niveau, on tient là le disque événement de l'année ! Vivement la suite !

lundi 28 mars 2016

Shilpa Ray : « Last year's savage »




(c) EbruYildiz

S'attirer les louanges de Nick Cave, on a connu des carrières moins bien embarquées que celle de Shilpa Ray. De fait il y a un peu du ténébreux Australien chez cette New-Yorkaise dans sa façon d'habiter ses chansons de sa voix puissante telle une crooneuse d'outre-tombeau (« Johnny Thunders Fantasy Space Camp », « Noctural Emissions ») et dans l'ambiance sombre mâtinée d'humour noir qui habite ses compositions (« Pop song for euthanasia »). Musicalement tout repose sur une balance délicate entre une guitare rock puissante à la limite du punk (« Moksha ») qui bataille ferme avec un harmonium baroque ; on pense parfois à Anna Calvi ou bien encore aux Doors lorsque ceux-ci s'attaquaient à l'Opéra de quat'sous. Plutôt que d'aligner les riffs, les couplets et les refrains, Shilpa Ray préfère une forme plus expérimentale où les sons se côtoient et se cherchent des noises. Tout au long des onze plages qui le compose, « Last year's savage » nous transporte ainsi dans l'univers étrange de Shilpa Ray, quelque part entre cabaret déglingué et fête foraine bizarre. La curiosité de l'année, digne du Freaks de Tod Browning (1932).
En concert le 29 mars à Paris (festival les femmes s'en mêlent, le divan du monde)
https://www.facebook.com/shilpa.ray.9

dimanche 27 mars 2016

Why Mud : « Adam & Joe »



Un concept album autour du destin tragique de deux frères (les Adam et Joe du titre), 15 titres organisés en trois actes séparés par autant d'interludes, une heure de musique, c'est peu dire que le premier album du quatuor Why Mud déborde d'ambition. Portée par la voix pure du chanteur Roland dans laquelle on retrouve un petit quelque chose de Jeff Buckley, la musique de Why Mud se retrouve dans une zone grise, celle où le rock psyché et progressif se rencontrent. Ainsi va Why Mud parfois aussi lancinant et hypnotique qu'une vague (« Fugue ») et parfois pris d'une poussée de fièvre, les potentiomètres dans le rouge (« Inside is out », « Devotion ») et ce dans le cours du même titre (« Somebody do something »). Il faut imaginer quelque chose de l'ordre de Radiohead en version plus digeste. Et le véritable tour de force de l'album réside là, dans cet aplomb qui, en dépit de sa longueur, jamais ne lasse et projette l'auditeur dans un dédale d'émotions. A tel point qu'une seule écoute ne suffit pas pour en faire le tour. C'est à force d'écoutes répétées que Why Mud dévoile peu à peu ses trésors, nichés dans les moindres détails d'une production léchée, à la fois nostalgique et cinématographique. Un album particulièrement dense, pour un premier essai, c'est une réussite !
https://soundcloud.com/whymud

samedi 26 mars 2016

Michelle Blades : « Polylust »



Jeune Etasunienne (terme qu'elle préfère à celui d'Américaine) installée en France, Michelle Blades sort un nouvel EP. A l'image d'un David Bowie, l'univers musical de l'artiste est en perpétuelle mutation, c'est ainsi que l'on a appris que la jeune musicienne avait débuté dans le folk. Cette époque semble lointaine et dorénavant Michelle s'éclate aux synthés dans une sorte de recherche sonore aux basses très présentes dont le côté ample rappelle parfois Kate Bush (« Eternal Fugitive »). Le disque débute de manière inquiétante avec l'instrumental au titre imprononçable « How black the night o'er the hills of Machynlleth », sorte d'électro baroque et gothique lancinante. Mais c'est lorsque Michelle conjugue ses aspirations expérimentales et songwriting pop que le disque nous accroche définitivement l'oreille (cf. l'excellente « New Friends »). Dans le même ordre d'idée, « Two tongs » et sa coda psychédélique planante à la guitare pourrait bien être la bonne pioche de cette nouvelle mini-livraison. A découvrir.

En concert ce soir à Paris (le pop up du label)

jeudi 24 mars 2016

Stuart McCallum : « City »




En matière de musique, il y a les gardiens du temple, tenants de la tradition et il y a les autres. Guitariste de The Cinematic Orchestra, Stuart McCallum appartient définitivement à la deuxième catégorie. A la recherche d'un nouveau souffle musical, le guitariste mélange son jeu ouaté, très marqué par le jazz, à des boucles électro-lounge (cf. « T-Onics »). La présence d'une véritable batterie, au swing downtempo délicat et le chant soul suave (cf. « City », « North Star ») assuré par une cohorte d'invités (JP Cooper, Sharlene Hector…) renforce l'aspect profondément humain de la démarche. Ce sont deux mondes qui se rencontrent tout au long de ces huit plages. Délicat, beau et captivant à la fois.


mardi 22 mars 2016

Bror Gunnar Jansson : « Moan snake moan »



Le stupéfiant bluesman Suédois revient nous hanter avec un deuxième album habité. S'écartant des chemins balisés du blues, l'artiste scandinave élargit sa palette sur ce nouvel effort usant d'instruments jusqu'ici inédits dans son univers : le saxophone, le pump organ ou le banjo sont autant de nouveaux ingrédients destinés à varier les paysages sonores, plus proches par moments de l'americana tendance dark que du blues pur et dur (« New Mountain ballad n°1 »). C'est peu dire que Jansson est le genre d'artiste qui vous prend aux tripes quitte à vous étouffer littéralement. La tension qui habite « One for earth » est palpable, à couper au couteau. Ailleurs, Bror (aka Gugges Enmanna) renoue avec le climat sombre et inquiétant, la marque de fabrique qui habite ses compositions où les meurtriers ont le premier rôle (« William is back » suite des aventures de l'assassin William Joseph Dean ; « He had a knife »). Notons pour finir l'extraordinaire reprise du « Ain't no grave » de Brother Claude Ely où la voix et les guitares déchirées font des merveilles et transportent la chanson sur un étonnant terrain garage rock. L'album a reçu le coup de cœur de l'académie Charles Cros, une récompense amplement méritée pour cet artiste singulier.


lundi 21 mars 2016

Your Favorite Enemies : "1-2-3 (One Step Away)"

Nos amis Québécois Your Favorite Enemies sont de retour avec un nouveau clip classe et sexy. Leur rock indé est toujours aussi intense. Vivement la suite !

 

Le Mamooth : "Bad Summer trip"

Le Mamooth, groupe garage, déboule à cent à l'heure avec ce petit clip sympa et d'excellent tenue aux fausses allures de série B surf/horreur filmé sur la côte Brestoise.

 

dimanche 20 mars 2016

Bror Gunnar Jansson



Puisque la musique est un langage sans frontière, partons aujourd'hui à la découverte d'un personnage fascinant : le bluesman Suédois Bror Gunnar Jansson. Ce premier album est d'abord sorti de manière assez confidentielle (100 exemplaires produits et rapidement épuisés) dans sa Suède natale avant d'être réédité par l'excellent label, français de surcroît, Normandeep blues, cocorico, saluons l'initiative au passage ! Bror Gunnar Jansson excelle dans un exercice assez compliqué, celui du one-man band, autrement dit le musicien qui fait tout, tout seul la guitare sur les genoux et deux pédales aux pieds pour assurer la batterie, en l'espèce le flight case de sa guitare faisant office de grosse caisse ! Entièrement enregistré live, ce premier album distille un poison malsain et venimeux. Dès les premières notes, Bror instille un climat lourd qui ne fait que s'appesantir au fil des morceaux. Le disque commence de manière assez cérémonieuse avec « Dead Cold Hands », tout est dit dans le titre, martèlement martial de la grosse caisse, guitare lourde et traînante, Jansson traîne le blues du fin fond de l'âme humaine pour le ramener sous la lumière blafarde d'un lampadaire. Sa voix de gorge, au timbre profond, sort littéralement des tripes, on jurerait redécouvrir un vieux bluesman oublié du Delta, plus vrai que nature ! Avec son climat inquiétant (le tueur William Joseph Dean, personnage récurrent de son œuvre) et son ambiance sombre, Bror Gunnar Jansson livre un album dense dont on ne revient pas tout à fait indemne.
En concert le 16 juin à Paris (La Boule Noire).



samedi 19 mars 2016

Mavis Staples : « Livin'on a high note »



Est-il réellement besoin de présenter Mavis Staples ? Légende vivante de la soul, qui a, au sein du groupe familial The Staple Singers, donné une conscience politique à la scène soul des années 1960/1970 ? La fille du regretté Pops, immense artiste, est aujourd'hui une survivante et est toujours la digne représentante (avec entre autres Candi Staton et Bettye Lavette) du genre old school. Depuis quelques années, la chanteuse recherche un nouveau souffle musical collaborant avec des artistes de la nouvelle génération souvent venus de l'indie rock. Après Jeff Tweedy (Wilco) sur le précédent album et un virage électro sur l'EP « Your good fortune » sorti l'an dernier, Mavis se tourne maintenant vers M. Ward (She and Him) pour ce nouvel effort. Les bienfaits de cette nouvelle collaboration sautent aux oreilles dès le premier titre « Take us back », les guitares sont tranchantes et la voix de Mavis est particulièrement bien mise en valeur. C'est un bain de jouvence, un hybride parfait de soul music (le chant grave et profond de Mavis) et de rock n'roll, à rendre fous de jalousie tous les jeunes turcs de la scène garage (cf. « Action », « High note »). Et ce n'est pas tout, le savoir faire de M. Ward se déploie également sur les morceaux les plus tendres à grands renforts de violons (« If it's a light »). Auprès de la jeune génération, Valerie June, Trombone Shorty et Aloe Blacc (la merveilleuse "Tomorrow", un passage affolant du disque), qui ont tous de près ou de loin participé à ce nouvel effort, Mavis Staples a retrouvé sa voix, un souffle rauque et subtilement brisé, transpirant le vécu, qui donne des frissons. Un must, pas le moindre des exploits après cinquante ans de carrière.
http://livinonahighnote.com/
https://www.facebook.com/mavisstaples
https://twitter.com/mavisstaples

vendredi 18 mars 2016

Team Wild : « Clear eyes, Full hearts, Can't lose »



Pour son premier album, la jeune nordiste Amélie D. Noordzee (a.k.a Team Wild) n'a pas fait les choses n'importe comment. Ce bel objet a été enregistré à Nashville sous la houlette de deux producteurs de renom Robin Eaton (The Spinto Band) et Brad Jones (Yo La Tengo). Voilà de quoi rendre jaloux bon nombre de confrères rêvant d'Amérique. Dix jours sur place ont suffi pour revenir avec ce petit bijou de rock âpre et empreint de blues. Car, contrairement à ce que pouvait laisser penser le pedigree des deux producteurs, Team Wild ne joue pas dans un cour indie/power pop mais propose un rock n'roll où des guitares crades, comme autant de coups de fouets électrisants (« Skin Coat », « Darkness speaks to me »), le dispute à des influences venues du blues. C'est le Gun Club réinventé avec une touche féminine. Amélie se révèle être une chanteuse déroutante, une voix ample et ronde, assez aiguë, qui n'est pas sans rappeler Kate Bush (« Ô my broken heart »), assez étonnant dans ce contexte pour le moins électrique qui constitue la grosse majorité du disque et parfait sur les morceaux les plus folk (« At the end of everything », "Fell from a tree"). Enregistré live, privilégiant une dynamique intime et la relation musicale avec ses partenaires, « Clear eyes, full hearts, can't lose » est une petite merveille de rock garage à l'emporte pièce, urgent comme il se doit.


mercredi 16 mars 2016

Matt Elliott : « The Calm Before »



Tiens, seulement six titres, probablement un EP, « rapide à chroniquer ça », se dit l'auteur, débordé de demandes, dont les piles de cds sauvagement entassées sur le bureau, mieux achalandé que n'importe quel rayon disques de la fnac soit dit en passant, menacent de s'écrouler à tout moment… Erreur, erreur, car Matt Elliott, notre héros du jour, est le genre de type qui aime prendre son temps. Son nouvel effort, « The Calm before » n'a beau contenir que six chansons, c'est un album à part entière. Commençons par résumer un peu les choses. Par le passé, sous le nom de Third Eye Foundation, Matt Elliott était le chantre de la drum n'bass soit le genre de mec qui animait le dancefloor à des heures indues. Aussi improbable que cela puisse paraître, c'est métamorphosé en baladin folk qu'on le retrouve aujourd'hui, la guitare sèche sous le bras. Elliott excelle dans le genre en échappant aux canons classiques. Bien loin de la structure couplet/refrain, Matt évolue en territoire inconnu, peignant à l'aide de son instrument des paysages sonores. Car à ce niveau de durée (quinze minutes pour le morceau titre) on ne parle même plus de chansons. Tout ici est affaire de climat et de sous entendus. Derrière le calme apparent (celui du titre) une angoisse sourde apparaît en sous texte et c'est une tension qui va crescendo qui anime ce disque (« I only wanted to give you everything », « Wings and crown »). Pas nécessairement facile d'accès pour le grand public, l'album demande de l'attention et de l'écoute de la part de l'auditeur. Accéder à la beauté, celle qui se dégage des ces arpèges délicats et de ces subtils arrangements de cordes, est à ce prix.


mardi 15 mars 2016

Tue-Loup : « Ramo »



A la fin des années 1990, sur la foi de deux albums remarquables, Tue-Loup (du nom du hameau sarthois dont ils sont originaires) ouvrait une brèche inédite sur la scène française entre folk, rock et chanson, teinté d'une certaine noirceur. Puis le groupe avait disparu de nos radars au début des années 2000, on le pensait démissionnaire, vaincu par les éléments contraires : on avait tout faux ! La formation sarthoise avait continué sa route, en toute discrétion, loin des médias. Sortant de nouveaux disque avec une régularité métronomique, année après année, sans faire trop de bruit, Tue-Loup en est aujourd'hui à son dixième album ! Et on se retrouve fort contrit de réaliser que, en 2016, on a loupé la majorité de leur parcours… Et c'est regrettable. Car, loin d'avoir éteint leurs qualités intrinsèques, le temps les a, au contraire, affirmées. En 2016, Tue-Loup est une formation précise et rigoureuse pratiquant l'épure musicale où chaque élément est à sa place. Sans superflu inutile, le groupe repose toujours sur une base guitare/basse/batterie mais cette dernière est particulièrement fine. La musique de Tue-Loup possède quelque chose de rare, une âme, une ambiance, que l'on ressent dans le moindre glissé de contrebasse ou dans le chant subtilement « cassé » de Xavier Plumas. Nul n'est besoin pour le groupe de courir après une quelconque mode puisqu'il est évident qu'il a trouvé sa patte entre folk ombrageux (« Tejo ») et rock ouaté (« In Vivo »). Mais le groupe sait aussi s'ouvrir à de nouvelles sonorités, des rythmiques teintées de free jazz, ou une appétence nouvelle pour les arrangements au clavier (rhodes, piano, orgue, synthés discrets etc.) et la langue portugaise (ce nouvel album est né sur les bords du Tage). Du travail d'orfèvre…


lundi 14 mars 2016

Parnell : « Ce qu'il en reste »



Plume élégante, c'est en Irlande que Parnell a trouvé son nom de scène et son inspiration musicale (cf. "Quel décor"). Ce premier album s'impose comme un résumé de son parcours et « ce qu'il en reste » finalement ce sont ces dix chansons comme autant de petites vignettes collées sur l'existence (« Ma vie »). Sa guitare folk sous le bras, Parnell pose un regard mélancolique sur les relations sentimentales (« Elle passe ») ou le quotidien (« Encore ») estimant qu'il « sera bientôt prêt ». Pourtant, jamais l'album ne sonne sombre ou désespéré mais se situe dans un entre-deux où la joie et la mélancolie sont intrinsèquement liées, comme un rayon de soleil dans un ciel noir de suie. Guitariste habile, Parnell a fait de son instrument fétiche le cœur de sa musique. L'album s'avère un régal d'arpèges folk pour les oreilles (« Piste Noire », « Elle Passe », « Pour que mon cœur ») délicatement arrangé au violoncelle et à l'aide de divers claviers vintage (Mellotron, Rhodes). Un ensemble harmonieux, intimiste et délicat où plane le fantôme de Nick Drake.


mercredi 9 mars 2016

Refuge : « Brokenbird »



Refuge. C'est, bien entendu, le nom du groupe. Mais c'est également, au-delà, une conception de la musique. Un Refuge. En effet, la formation déploie les grands moyens pour faire de chaque chanson un cocon précieux et confortable. L'ambiance est langoureuse entre cordes soyeuses et nappes synthétiques atmosphériques au-dessus desquelles plane la voix de tête du chanteur, à laquelle se joint parfois une chanteuse. Ces sept compositions inaugurales font montre d'un art consommé de la pop, hypnotique (« Brokenbird ») fine et ciselée. On pense parfois à Talisco (« Dumb believers ») parfois à un version masculine de Kate Bush. Un EP apaisant, propice à la rêverie, à écouter pour se détendre en fin de journée.


mardi 8 mars 2016

Nadéah : « While the heart beats »



Après l'ep « Met a man » sorti à l'automne dernier, Nadéah continue son aventure musicale avec ce deuxième album en forme de rupture. Son premier disque en solo, « Venus gets even », sorti il y a cinq ans, avait séduit par son approche vintage entre rockabilly et jazz swing. Tout ceci appartient au passé à l'écoute de cette nouvelle livraison aux sonorités contemporaines, incarnée par les synthés qui font leur apparition dans son univers. L'album commence fort avec « Met a man » qui nous avait déjà impressionné l'année dernière. De la basse disco 70s balancée sur un rythme d'enfer en intro à la coda aux guitares bruitistes, la chanson, hyper efficace, est un tube en puissance. Comment dès lors que l'on frise la perfection dès les premières secondes de l'album tenir le rythme sur la longueur sans sonner fade ? C'est toute la problématique de ce disque à laquelle l'Australienne a décidé de répondre par la diversité, incarnée par le duo de producteurs convoqués : Rob Ellis d'un côté, Marc Collin (son comparse du collectif Nouvelle Vague) de l'autre. Les deux hommes mettent en son les différentes facettes de l'album : la disco (« Met a man », « Kansas »), le rock (« Unknown », « Darling ») et les ballades, « Run », l'intimiste piano/voix « Pocket full of holes » placée en conclusion. Sur un plan vocal, Nadéah se démène et donne de la voix pour trouver une unité qui fait parfois un peu défaut. Car si l'album possède un peu de tout pour plaire à tout le monde, chacun fera sa sélection personnelle en sautant quelques plages…
En concert le 14/03 à Paris (Café de la danse)
https://twitter.com/nadeah

lundi 7 mars 2016

Inglorious



Tout, absolument tout, chez Inglorious exhale l'amour du (hard) rock classique, celui des années 1970. Il faut dire que Nathan James, le chanteur et leader du groupe a été à bonne école. Avant d'avoir sa propre formation, Nathan a chanté auprès du mythique guitariste de Scorpions, Uli John Roth. Difficile d'échapper à son destin avec un cursus pareil… L'écoute de l'album se révèle ainsi un jeu de cache-cache où le groupe s'amuse à évoquer, avec classe toujours, ses influences. Il y a du Led Zeppelin (celui de « Kashmir ») dans « High Flyin' Gypsy » alors que l'imparable « Breakaway » évoquerait plutôt le hair métal des années 1980. Mais c'est lorsqu'il lorgne du côté du blues que le groupe est à son meilleur, « Holy water » ; le rendu est alors proche de formations contemporaines dans une veine Rival Sons/Blues Pills. A défaut d'être original, Inglorious se révèle être une formation carrée et puissante, toutes guitares dehors (la poisseuse « Warning ») mais sans ostentation et également agile en acoustique (l'intro de « Bleed for you », "Wake"). Que demander de plus ?
https://twitter.com/WeAreInglorious

dimanche 6 mars 2016

The New Roses : « Dead man's voice »


The New Roses, quel étrange patronyme que voici, mélangeant à la fois nouveauté et un petit air de ressemblance avec un autre groupe à roses (et à armes à feu aussi) des années 1980. Et de fait, il y a beaucoup de cela chez ces nouvelles roses qui nous ramènent trente ans en arrière lorsque le rock était fun et hédoniste, avant que Nirvana ne mette la noirceur à la mode. Ecouter the New Roses, c'est donc se transporter dans le Los Angeles des années 1980, se balader cheveux au vent dans une décapotable sur Sunset Boulevard en route pour faire la fête au bord de la piscine dans d'immenses villas hollywoodiennes. Étonnant lorsque l'on sait que le quartet est tout ce qu'il y a de plus... Allemand ! Une sacrée bande d'usurpateurs donc, mais avec un talent certain pour le hard rock teinté de glam et un (léger) soupçon de blues au travers d'une guitare bien sentie (« Thirsty », « Partner in Crime »). Et pourtant, The New Roses réussit à injecter de la fraîcheur dans ce style franchement daté, en mettant l'accent sur les compositions plutôt que sur la recherche obsessionnelle d'un temps révolu. Un album d'excellente tenue qui ravira les amateurs de rock (au sens large) et pas seulement ceux dont la discothèque est en jachère depuis 1990 et n'ont jamais digéré la déchéance d'Axl Rose et autres Mötley Crüe…





samedi 5 mars 2016

Daria : « Impossible Colours »



Originaire d'Angers, Daria assouvit ses rêves d'Amérique, enregistrant son quatrième album à Baltimore dans le studio du mythique Jay Robbins (Clutch, Against Me, Jawbreaker). Le quatuor revient de sa virée outre-Atlantique avec un album remarquable, aux influences ancrées dans le rock indépendant étasunien des années 1990. La chose impressionne par sa cohérence, le son est énorme mais, plus encore, le groupe semble être animé d'un feu intérieur dopé à l'adrénaline. Une tension sous-jacente anime ce disque qui semble aller crescendo alors que les premiers titres défilent (« Margins », « February », « A quiet anarchy »). L'album a été enregistré live sur un magnéto 16 pistes et cela s'entend, tant le son est abrasif et plein d'aspérités qui font son charme. La musique vit et respire à mille lieues des productions aseptisées. Placé en milieu de programme le morceau titre « Impossible Colours » offre un moment de répit qui n'est qu'illusoire avant que la cavalerie ne déboule sous la forme d'une batterie explosive et d'un arrangement de cuivres pour le moins surprenant. A force de larsens lancinants, Daria peint un paysage inquiétant comme un ciel noir de suie avant que l'orage ne gronde (« Suspension of disbelief », « Inner dialogue », « A tired hand » peut-être la meilleure du lot). Excellent sur les formats courts, comme autant de petites bombinettes soniques de moins de deux minutes (« February », « Coup de grâce » qui porte bien son titre soit dit en passant), Daria sait aussi prendre des risques et clôture son album avec un « Empirical Dismay » frôlant les dix minutes, un tour de force. Les Foo Fighters ont annulé la fin de leur tournée mondiale ? Pas grave, Daria passera certainement en concert près de chez vous dans un futur proche…
https://twitter.com/dariatheband

vendredi 4 mars 2016

Bill Pritchard : « Mother town hall »



Appelons cela un signe des temps. Ces derniers mois ont vu la résurgence d'une génération de songwriters oubliés des années 1980 revenir sous les feux de la rampe, avec des albums de haute tenue, souvent publiés sur le label Tapete Records. C'est ainsi que l'on a pu découvrir, avec un ravissement certain, les nouveaux efforts de Lloyd Cole, Robert Forster ou Pete Astor. Bill Pritchard pour sa part était parti avec une longueur d'avance sur ses collègues, publiant il y a deux ans le remarquable « A trip to the coast » après pratiquement une décennie d'inactivité. Ce nouvel album « Mother town hall » reprends les choses là où elles s'étaient arrêtées en 2014, toujours produit par le fidèle Tim Bradshaw. Et dès les premières notes de « Saturn & Co » qui ouvre le bal, la magie opère une fois de plus. Lignes claires, orchestrations classique et classieuse, comme lassé par une vaine course à l'échalote, Bill Pritchard, abandonne ici ses oripeaux hasardeux (cf. l'électronique de l'album « By Paris, By Taxi, By Accident ») pour s'inscrire dans une veine pop intemporelle. Un peu comme si le Britannique, lassé par des années d'errance artistique, avait décidé de faire de la musique pour son propre plaisir n'écoutant que ses envies. Cette fois encore, ce francophile invétéré, prof de français dans le civil et co-interprète en 1988 de l'album « Parce que » en duo avec Daniel Darc, a décidé de chanter dans sa langue maternelle même si la France apparaît toujours en filigrane (« Mont St Michel »). L'orchestration s'appuie sur du classique, du solide, piano, guitare, basse et batterie parfois agrémenté de quelques cuivres distillant un parfum jazzy (« Vampire from New York »), mélancolique (« Déjà vu boutique », « September haze ») ou plus enjoué sur un tempo rock (« In heaven »). Agé de cinquante deux ans, Bill Pritchard est plus que jamais cet honnête artisan de la chanson, résistant aux sirènes du temps et des modes, composant pour la beauté du geste. Puisse-t-il longtemps continuer à sortir des disque de cette qualité.
http://www.billpritchardmusic.com/

mardi 1 mars 2016

The Rebels of Tijuana


Le Pop Club, excellente structure Suisse basée à Genève, multiplie depuis quelques années les projets séduisants (Monkberry Moon Orchestra, The Green Flamingos) démontrant un attachement sans faille au rock garage et psyché des années 1960. Le nouveau joyau du label se nomme The Rebels of Tijuana qui passe ici au format long après un remarquable EP. Comme son nom ne l'indique pas, The Rebels of Tijuana chante dans la langue de Molière sur cet effort, c'est (hélas) devenu suffisamment rare pour être non seulement souligné mais également encouragé. Ce premier effort baigne dans l'ambiance garage/psyché typique du label. Rien ne manque, les guitares fuzz, les claviers vintage et la basse énorme au son rond complétée par une batterie pleine de groove. La langue française apporte un plus incontestable, et distingue le groupe dans la mêlée de revivalistes, particulièrement fournie à l'heure actuelle. Un peu comme si les Rebels of Tijuana se réclamait de Serge Gainsbourg (époque Melody Nelson) ou des bandes originales de François de Roubaix plutôt que de Pink Floyd. Mais c'est surtout l'influence du Jacques Dutronc déglingué des premiers albums (circa 1966-1967) que l'on retrouve dans la causticité des paroles (« Bizarre », « Remington », "Le Solitaire"). Un groupe et un album attachant.