mardi 30 juin 2015

Le Zets : « Deadweight »



Suivant l'adage populaire, la pomme ne tombe jamais bien loin de l'arbre. A l'écoute du tout premier album de Le Zets, on peut affirmer sans prendre trop de risques que le talent non plus. Arrivé à ce point, une petite explication s'impose. Originaire de Phoenix (Arizona), le duo Le Zets est mené par la chanteuse Margo Swann qui n'est autre que la fille de Nicole Laurenne, l'hyperactive front woman des Love me nots, Zero Zero et autres Motobunny. Après avoir été nourrie de décibels et de gros son depuis l'enfance, la jeune Margo franchit le Rubicon à son tour et s'approprie l'héritage familial avec son style bien à elle. Situé dans un pré carré magique entre stoner, garage rock et même blues (à condition toutefois de bien tendre l'oreille) le Zets a tout pour faire saliver l'amateur de rock n'roll. La guitare de Richard Romero est un élément cardinal de la séduction exercée par le Zets. Inspiré et incisif (« Lovely eyes », « Little blue dress », « Burning Brides » aïe, aïe, aïe !!!), Mr Romero s'impose au fil des titres comme l'un des meilleurs guitaristes entendus ces derniers temps pouvant aussi bien tenir le tempo en sourdine d'une main de fer que lâcher les décibels dans une déchaînement infernal ou même partir en vrille (« Burning Brides »). Les claviers et autres orgues sont utilisés plus parcimonieusement que chez les groups précités, cependant leur apport, à la fois discret mais juste, suffisent pour insuffler ici un supplément de groove (« Show me some love ») ou une note étrange évoquant la bande originale d'un film de science fiction (« Red Death Mobile »). L'album est plutôt varié alternant les morceaux lourds et les explosions d'énergies, limite punk, dépassant à peine la minute trente toujours dans une ambiance assez marquée 70s. Quelque soit le contexte la jeune Margo assure au chant, même en acoustique (la très étonnante « LOBS »), voilà une jeune chanteuse au timbre très prometteur. Alors certes tout ceci n'a rien de fondamentalement original mais qu'importe, avec ce premier album très réussi Le Zets nous apporte notre dose d'adrénaline rock n'roll : on a trouvé notre disque de l'été !


lundi 29 juin 2015

King Ayisoba : « Wicked leaders »



Véritable star dans son Ghana natal, King Ayisoba, joueur de kologo (une guitare traditionnelle à deux cordes) sort son troisième album. Entièrement acoustique, le disque est une véritable fusion incandescente, un bouillonnement musical porté par des percussions endiablées, un chant choral où les voix se répondent (ce qui n'est pas sans rappeler le rap à plusieurs flows) et des arrangements baroques (flûtes, instruments traditionnels) à la limite du free jazz (« Akolbire »). Le kologo se révèle à l'occasion être un instrument particulièrement puissant et hypnotique (« Wicked leaders », « Mbhee », "Asa'ala Daandera"). Fait pour la danse, la transe, l'album est chaud comme la braise, au point que l'on sent le soleil sortir par les enceintes. Ce qui ne doit pas occulter l'engagement de l'artiste et, à ce titre, l'incompréhension des paroles relève d'une terrible frustration. Et pourtant c'est sur sa facette plus intime (« Yele Mengire Nbo Se'ena »), plus délicate, que le disque séduit véritablement comme si l'émotion transcendait les mots. A recommander à tous les auditeurs en mal d'exotisme.
En concert le 3 juillet aux Eurockéennes de Belfort.
https://www.facebook.com/kingayisobaofficial

dimanche 28 juin 2015

Outfit : « Slowness »




Tout auréolé du succès d'estime rencontré par son premier effort, le quintet est de retour. C'est l'heure tant redoutée du toujours « difficile deuxième album ». Intitulé « Slowness », ce dernier annonce la couleur sans ambages. Ce disque sera l'apologie de la lenteur, composé en grande partie de ballades. Et de fait, le gang de Liverpool a mis les petits plats dans les grands, soignant chaque composante de l'album, fait d'arrangements luxuriants. On se jette donc dans l'album en confiance, les titres passent, on attends l'étincelle qui ne viendra finalement jamais. Apprêté, l'album est fait d'ambiances langoureuses, plongeant l'auditeur dans cet entre-deux bizarre, trop lisse, sans aspérité, manquant cruellement de piquant. Feutrée, la musique étouffe. Alors certes, le piano sonne magnifiquement bien, Andrew PM Hunt chante avec la classe d'un crooner mais les synthés rutilants finissent par franchement agacer : « Boy », "Genderless", « New Air » qui a le malheur d'ouvrir les débats.
https://www.facebook.com/outfitoutfitoutfit

samedi 27 juin 2015

Tedmo Festival : « Theatrum Mundi »



Le moins que l'on puisse dire, c'est que Tedmo Festival porte plutôt bien son nom. En effet, le premier effort du sextet Strasbourgeois est un véritable festival de musique pour les oreilles de l'auditeur. Pratiquant le mélange des genres avec brio, Tedmo Festival emporte l'auditeur dans son univers bien particulier où les guitares métalliques croisent le fer avec des cuivres (trompette et saxophone) plutôt jazz/ska. Un peu de piano par ici, des compositions échevélées par là et l'auditeur est transporté en plein barnum. C'est le big bazar ! Le fait que l'on n'est jamais au bout de ses surprises à l'écoute de cet album tant au niveau musical, qui piochent allégrement dans différents genres quitte à prendre des chemins détournés, que des paroles au sens de l'humour potache (« Daubestep ») pratiqué dans la langue de Molière (« Bal des Cannibales »). A n'en point douter, le sens de la fête du groupe doit prendre toute son ampleur sur scène. A découvrir...


jeudi 25 juin 2015

Red Money : « Chase Me »


Il est de ces disques qui, parfois, réveillent de bons souvenirs aux oreilles de l'auditeur dès que les premières notes s'échappent des enceintes. Incontestablement, « Chase Me », l'effort inaugural du duo Red Money fait partie de ce lot choisi. Le regard fixé au-delà de l'Atlantique, Red Money revisite quelques idiomes bien aimés entre douceur folk aérienne (« New Orleans », « Sweet Joe ») et rock puissant et musclé aux relents de blues (« 24-7 ») et de garage « sale » (« Waker », « Chase Me »). L'utilisation, parcimonieuse, d'une boîte à rythme donne également une couleur inédite à la musique, rapprochant le groupe de la scène punk à synthés du début des années 1980. Le duo s'est trouvé une excellente chanteuse en la personne de Laure Laferrerie, son timbre chaud, profond et séduisant - écoutez là sussurer sur « Poison » ou « 24-7 » - incarne à la perfection l'ambiance nocturne de l'album. Les images se bousculent dans le subconscient de l'auditeur : clubs minuscules, enfumés, des murs de briques rouges... Ce premier disque constitue des débuts plus qu'honorables. A découvrir...


mercredi 24 juin 2015

M. Poupard : « Canaux »



Pianiste, guitariste et chanteur de formation classique, Matthieu Poupard sort son premier EP sous son nom. Situé au croisement de différentes cultures, la chanson française, le folk anglo-saxon, M. Poupard est adepte d'une démarche peu commune où se croisent acoustique pure et liberté musicale. Liberté est bien le maître mot ici. Tout au long de ces quatre titres, Poupard tente, le plus souvent avec succès, de s'éloigner autant que possible des canons habituels de la chanson refrain/couplet. Point de structures alambiquées ici, il s'agit de laisser la musique respirer : « Sort de ton palais des glaces » ainsi que Matthieu le chante sur le morceau éponyme. Autour d'un noyau dur composé d'une batterie ferme mais légère, du piano et de la guitare (souvent acoustique) Matthieu redessine ainsi les contours des chansons et peint un joli tableau de poésie musicale où la façon de déclamer les mots compte autant que les notes. Plus dure, « Carnaval Cannibale », est la seule à se rapprocher des structures rock(abilly) que l'on aime tant sur cette page. Quatre titres, comme suspendus, au dessus desquels plane l'ombre du Van Morrisson époque Astral Weeks.
matthieupoupard.bandcamp.com


jeudi 18 juin 2015

Close Talker : « Flux »



Avec son deuxième album, le quatuor Canadien renoue avec un genre d'indie pop faisant la part belle aux ambiances et aux climats. La précision rythmique (de la batterie en particulier) qui caractérise le groupe est mise au service de compositions amples où guitares et nappes synthétiques s'entremêlent dans un ensemble harmonieux. A mi chemin entre le math rock et le songwriting pop. Privilégiant ainsi les chemins de traverses, tortueux si possible, et les ruelles de la pop, Close Talker accouche d'un album aux multiples surprises. Cinématographique, la musique semble tout indiquée pour illustrer les photos illustrant l'album : des paysages infinis, des lacs, des forêts et la montagne en arrière plan. Plutôt agréable même si l'ensemble manque parfois un peu de nerfs.
https://www.facebook.com/closetalkerband

mercredi 17 juin 2015

Lux



Formé autour de la chanteuse Américaine, française d'adoption, Angela Randall et du guitariste Sylvain Laforge, Lux nous arrive avec ce premier ep de cinq titres. Contrairement à bon nombre de groupes contemporains, Lux ne s'est pas lancé dans une quête désespérée du son « vintage » ou « seventies ». Lux se contente d'écrire de bonnes petites chansons, intemporelles et rien que ça, c'est déjà énorme. Situé dans un crossroad bien particulier, Lux laisse transparaitre ça et là des influences venues de la pop, du rock, du blues (« Radio Static ») ou du folk (« Winter in New York », « Gare Saint-Lazare »). Du classique, du solide. L'écriture et simple et limpide, de la pop/folk song de bonne facture que Sylvain s'amuse sciemment à « salir » de sons et soli de guitares bien sentis (« In the end »). Au dessus de cette mélée savamment produite et agencée, plane la voix, ronde, chaude, haut perchée quand cela est nécessaire, d'Angela qui n'est pas sans rappeler les grandes chanteuses des années 1970 Stevie Nicks et autres Joni Mitchell. Le tout manque peut être un peu de surprise ou de folie mais il n'empêche, ce disque inaugural est rudement bien foutu et procure un réel plaisir d'écoute. Attachant et à suivre.

Ron Sexsmith, le new morning, 15 juin 2015.




Avec la régularité d'un chronomètre Suisse, le Canadien Ron Sexsmith enchaîne les albums depuis 1995, douze à ce jour. Sans jamais vraiment percer auprès du grand public, Ron a acquis avec le temps un certain niveau de respectabilité chez ses confrères auteurs-compositeurs, Paul McCartney, John Hiatt ou Elvis Costello. Sa notoriété, assez confidentielle, fait qu'à ce jour Ron se produit encore dans des salles à dimension humaine, comme le new morning que le natif de Toronto et son groupe de quatre musiciens (guitare, basse, batterie et piano) investissent ce soir. Plutôt gauche et emprunté Sexsmith fait montre d'un sens de l'humour assez particulier : « Cette chanson s'appelle « Sneaking out the back door » (prendre la fuite par la porte de derrière), c'était ma philosophie de vie pendant quelques années ! ». Entre ballades folks un tantinet mélancoliques et morceaux plus rocks et enlevés de son dernier effort, l'excellent Carousel One (Ah "Getaway car" !!), Sexsmith revisite sa discographie et offre la bande son rêvée pour une ballade automobile sur une route d'Amérique du Nord. Juste avant un passage acoustique en solo, le légendaire Steve Nieve (pianiste historique des Attractions d'Elvis Costello) est venu faire un petit tour derrière le clavier le temps d'une relecture de « Everyday i write the book », son jeu de piano, virtuose, est toujours aussi aérien, un pur moment de grâce musicale, comme suspendu. Une bien belle soirée et une ambiance chaleureuse en dépit d'un public un peu clairsemé.
http://www.ronsexsmith.com/
https://www.facebook.com/ronsexsmith

lundi 15 juin 2015

Tahiti 80 : « Coldest summer remix EP »



Dans la foulée de leur excellent album Ballroom, Tahiti 80 sort pour l'été un EP de remix de  Coldest Summer. On attend généralement peu de ce genre d'entreprise, qui ressemble fort à un truc de monomaniaques. S'enfiler cinq fois de suite le même morceau, dans des versions différentes certes... Cependant, l'EP nous donne à entendre des choses intéressantes. Vue par le prisme de Reflex, Coldest summer prend des allures groovy et sacrément funky. Dans un monde parfait, c'est la bombe dancefloor de l'été. Les excellents Dorian Pimpernel ont choisi une option différente, retravaillant le morceau en profondeur ajoutant de nouvelles parties de leurs chers claviers vintage. Coldest summer prends alors des atours de rock psychédélique made in Canterbury à la fin des années 1960. On en attendait pas moins de Dorian Pimpernel mais ça fait du bien quand même. On termine enfin par la version de My Tiger Side qui fait de Coldest Summer un morceau ambiant abstrait servi par une voix fantomatique digne du Madchester de la fin des années 1980, psyché façon Stone Roses. Cinq versions différentes pour autant de pistes d'écoutes, c'est amusant de constater le nombre d'incarnations de la même chanson. Ca reste quand même un truc de monomaniaque.
http://tahiti80.com/

dimanche 14 juin 2015

Bosco Rogers : « French Kiss EP »



Puisant sa source dans le rock n'roll et le garage des années 1960, le duo Bosco Rogers accouche de quatre titres furieux sur son deuxième EP. Le ton est donné dès le « Banana Socks », d'ouverture qui scelle la rencontre entre Bo Diddley et la scène psychédélique. Fort. On monte encore d'un cran dans l'intensité avec « Buttercup », une petite décharge d'adrénaline d'à peine une minute quarante. Le MC5 version express. « French Kiss » explore une autre source d'inspiration pour le groupe, le rock psychédélique, chant d'imprécateur éthéré, orgues tombés de l'espace et guitares fuzz, tout y est pour le grand délire hallucinogène collectif. « Shelter » clôture cette nouvelle livrée sur une note plus douce et planante. Un atterissage en douceur pour l'auditeur passé par toutes les couleurs à l'écoute du disque. Vivement l'album.


vendredi 12 juin 2015

Alexis and the Brainbow : « A young gun »



Sur la pochette du disque, une bulle de chewing gum remplaçe le projectile s'éjectant de l'arme. Un peu à l'image de la musique d'Alexis and the Brainbow qui entre pop psyché et électro se crée une brèche originale. Un savant alliage de sonorités entre chant éthéré, nappes synthétiques planantes et répétitives et rythmes dansants (mention spéciale à la basse très élastique). Les compositions sont complexes et partent souvent dans des directions inattendues avec de brusques changements de cadence, la basse toujours, ajoutant à l'occasion un soupçon de rock dans l'équation (« Flow »). Assez surprenant, l'ep se révèle tellement riche que plusieurs écoutes sont nécessaires pour en faire le tour. Enivrant.

En concert le 22 juin à Paris (les trois baudets)

jeudi 11 juin 2015

Jesse Malin : « New York Before The War »




N'importe qui l'ayant vu en concert ne peut que garder un souvenir énamouré du personnage. Charismatique, régalant le public de vannes et autres petites anecdotes respirant le vécu, Jesse Malin, performer né, fait le bonheur des spectateurs dans les (petites) salles du monde entier. Aussi, c'est avec une joie non feinte que l'on découvre son nouvel effort, après cinq longues années de silence. Comme l'indique le titre dudit album « New York before the war », Jesse est installé dans la grosse pomme et son parcours musical l'a mené du punk (son groupe s'appelait D Generation) au songwriting folk. Le nouveau disque est à son image et on y retrouve, pêle-mêle, du punk sonique (« Turn up the mains »), des ballades sombres et tourmentées au piano (« The Dreamers », « She's so dangerous ») et des petites merveilles de rock classique d'inspiration seventies, « Addicted », « Bent Up » et « The year I was born » (d'inspiration Byrds), les bijoux de cette nouvelle livrée. Sa carrière entammée au début des années 1990 l'a vu collaborer avec quelques grands noms comme Bruce Springsteen ou Ryan Adams. Jesse en a gardé un carnet d'adresses bien garni que l'on retrouve sur le roster convoqué pour l'enregistrement entre autres Wayne Kramer (le MC5 quoi!!) auteur du solo de « Freeway » et Peter Buck (REM) à la guitare sur « I would do it for you ». Un effort solide œuvre d'un songwriter talentueux et méconnu. A (re)découvrir.
http://www.jessemalin.com/
https://www.facebook.com/jessemalin

mardi 9 juin 2015

Natalie Prass



Premier album pour cette jeune artiste Américaine. Ce disque représente d'ailleurs la première sortie d'importance pour Spacebomb, le label fondé par Matthew E. White (hormis les disques du boss bien entendu). Entre soul music et pop, l'univers musical de Natalie Prass n'est pas sans convoquer certains fantômes du passé. Si le créneau de la soul vintage est bien encombré ces temps-ci, Natalie retrouve une certaine fraîcheur sur ce disque, bien éloigné des canons du revivalisme brut de décoffrage, façon Daptone. Là où les thuriféraires de Brooklyn dressent la puissance d'exécution en vertue cardinale, Matthew E. White préfère tisser une toile élégante très richement arrangée en cuivres et en cordes. Un écrin soyeux pour la voix plutôt typée pop de Natalie qui n'a pas, soyons honnêtes, le coffre d'une Sharon Jones et dont les racines seraient plutôt du côté de Dusty Springfield. Les recettes ainsi appliquées ne sont pas sans rappeler les propres albums de Matthew E. White, les magnifiques Big Inner et Fresh Blood. De qualité au moins égale, le présente effort oscille entre groove délicat (« Bird of Prey ») et mélancolie symphonique (« Christy »). Elégant et délicat à l'image de son interprète.
En concert à Paris le 18 juin (Maroquinerie) et le 30 Août (Rock en Seine)

lundi 8 juin 2015

PihPoh : « Toi »



Découvert aux Eurockéennes en 2013, le jeune rappeur Belfortain, Pihpoh est de retour avec un nouveau maxi de trois titres. Et c'est un tout nouveau jour pour l'artiste. Une nouvelle approche musicale tout d'abord, beaucoup plus live, à l'image de la sublime « Toi », flirtant avec le jazz, on pense à Oxmo Puccino ou de « Mec branché », titre beaucoup plus énervé qui évoque, un peu, la scène néo-métal française du début des années 2000. Mais surtout ces trois morceaux mettent en lumière une plume pleine d'humanité et de bienveillance toujours prête à s'émouvoir. Une approche finalement pas si éloignée que ça d'une certaine idée, noble, de la chanson française. Spécialiste des textes à double tiroirs, Pihpoh, aborde par des chemins détournés grands sujets de société - « Mec branché » évoquant l'euthanasie sans avoir l'air d'y toucher – ou les petits tracas du quotidien comme l'inspiration (« Toi ») et la routine (« Laisse moi »). Ces trois titres passent trop vite, on a hâte d'écouter plus longuement le Pihpoh nouveau.

vendredi 5 juin 2015

Kate Miller-Heidke : « O Vertigo ! »



Après trois albums soutenus par la major Sony, l'Australienne Kate Miller-Heidke a dû plonger dans les méandres du financement participatif afin de sortir son nouveau disque. Il s'en dégage un album porté par un fort plaisir du jeu, un véritable effort de pop moderne. Ancienne chanteuse d'opéra, pianiste émérite devenue pop star, le parcours de l'Australienne a de quoi dérouter. Même musicalement, il est parfois difficile de deviner où va nous mener la facétieuse Kate tellement son disque est varié et riche de différents styles. L'atout de Kate serait plutôt sa voix, on fond littéralement à l'écoute de « Rock this baby to sleep ». Merveilleuse interprète, cette dernière place ses cordes vocales au centre de tout, les sceptiques devraient écouter ses vocalises sur le morceau titre. Pour le reste, Kate accouche d'un album richement produit, picorant l'inspiration au fil de l'eau passant de l'électro mélancolique (la magnifique « Yours was the body ») à des morceaux pop légèrement surannés tendance 80s (« Share your air »), en passant une petite couche de rock et de hip hop par dessus (l'entraînante « Drama » en duo avec le rapper Drapht). Arrivé à mi-parcours, Kate Miller-Heidke nous étonne encore en mettant la pédale douce : « Jimmy », « Sing to me » classiquement pop/rock, « What was i to you ? », « Lose my shit » pop dépouillée au piano, sans gros effets de production. Une artiste inclassable, insaisissable mais qui possède la faculté rare de nous transporter par la grâce de ses seules capacités vocales.


mercredi 3 juin 2015

Le A : « Pale Echo »



Le A, derrière le mystérieux patronyme se cache une formation bordelaise composé de trois filles et un garçon officiant derrière les fûts. Entre pop psychédélique et rock shoegaze, le A n'a pas son pareil pour composer une toile mystérieuse. La musique du A ressemble à un paysage variant selon les saisons. Une vaste plaine tantôt apaisée sous un soleil radieux parfois traversée d'éclairs lorsque le temps vire à l'orage. Tout au long des cinq titres (dont un "Louise" chanté en français) composant cet EP, le quintet varie les ambiances toujours entre ces deux pôles : le calme et la tempête, le chaud et le froid. Des nappes synthétiques planantes et rêveuses avant un tonnerre de guitares. Les voix féminines et éthérées jouent un rôle prépondérant dans cette ambiance faussement sereine. A l'écoute, les émotions se bousculent chez l'auditeur entre douceur et puissance mais toujours à fleur de peau.
http://www.le-a-music.fr/



Quelques anciens clips :

mardi 2 juin 2015

Tony Guerrero y El Diablitos : « Come hell or high water »


Entre plage et désert, le guitariste Tony Guerrero et son groupe El Diablitos (Don Griswold à la batterie, Brett Edelen à la basse) invente la bande son d'un film sans image. Et oui, aujourd'hui, il est question de musique instrumentale. Dans le petit panthéon personnel du guitariste, le rock n'roll et la surf music occupent une place de choix. Influences premières qu'il mélange au gré de ses inspirations avec des sonorités latino/mexicaines ou western. Il en résulte un album tantôt nerveux tantôt apaisé mais toujours ensoleillé évoquant pèle mèle chez l'auditeur la chaleur, les cactus, le soleil, la poussière et les vagues. La bande original d'un road-movie de Tarantino ou de Robert Rodriguez restant à tourner. Chez Tony Guerrero, quelques notes suffisent à évoquer un climat, une image (« Undertow »). L'absence de mots (à l'exception de quelques vocalises sur le dernier titre) interpelle l'imaginaire de l'auditeur. Fermez les yeux, écoutez et imaginez la suite... C'est beau.
http://eldiablitos.com/

lundi 1 juin 2015

Alex Winston : « Careless »

Après un premier album sorti en 2012, Alex Winston est de retour avec ce nouveau clip. L'univers musical d'Alex évolue pas à pas, et s'affirme encore un peu plus avec « Careless », dans une lignée pop synthétique digne de Kate Bush. Efficace et addictif dès la première écoute, la chanson se déroule suivant un tempo euphorisant avec en prime de jolies harmonies vocales. Si le reste de l'album est de ce niveau, Alex est partie pour la gloire.

https://www.facebook.com/AlexWinstonOfficial


Great Lake Swimmers : « A forest of arms »



Groupe nomade par excellence, les Great Lake Swimmers ont, une fois de plus, beaucoup voyagé dans leur Canada natal pour enregistrer ce nouvel album (le sixième), visitant des lieux insolites tels que la grotte et la caverne de Tyendinaga (Ontario) ou le chalet studio perdu dans les collines et les chemins sinueux près des rives du lac Ontario. Une transhumance qui convient bien à leur folk pastoral, naturel et empreint de considérations écologiques. La nature, véritable partie prenante de leur musique, transparaît au fil des plages composant ce disque serein et apaisé. La bande son idéale pour voyager sans quitter son canapé ! Très richement orchestré avec force violons et banjo, l'album se révèle délicat à l'écoute (« Don't leave me hanging ») sans jamais être lénifiant, le quintet montant le son à l'occasion (« One more charge at the red cape »). Doux mais dynamique, très soigneusement produit, c'est une belle réussite.