dimanche 30 septembre 2012

Pony Taylor : « How to fold paper in half twelve times »




D’emblée, dès les premières notes, Pony Taylor s’impose comme une incongruité. Fans des sixties, les mods ne sont jamais bien loin, rendu précis et énergique, ce groupe ne peut être qu’Anglais… Pas du tout, les Pony Taylor, au nombre de cinq, sont français originaires d’Avignon. Sur ce deuxième album, les Pony Taylor s’imposent comme des revivalistes de premier ordre. C'est-à-dire de ceux qui au lieu de plagier le passé, préfèrent continuer l’histoire. Prendre les mêmes ingrédients, en l’espèce des guitares et des orgues vintages, et imaginer la suite de la grande aventure commencée par les anciens des sixties. Ce nouvel effort les place de suite dans la catégorie des groupes à suivre. Excellent songwriting, ambiances variées (tantôt orgue, tantôt piano, arrangements de cordes) mais cohérentes le tout est très bien produit sans faute de goût. Le petit plus se cache dans les arrangements, le groupe a tâté, avec bonheur, de l’électro. Rien de trop voyant ou clinquant cependant, juste quelques bruitages électro-rigolos qui s’intègrent parfaitement dans le mix final sans dénaturer le fond, ancré dans les sixties. C’est ce qui fait la force des Pony Taylor, propulser les sixties dans le vingt-et-unième siècle, une dynamique moderne au service de compositions classiques. Au point de réaliser de condenser en 12 titres 40 années d’histoires de la pop, de la fin des années 60 à nos jours. Réjouissant.
  

samedi 29 septembre 2012

John Morillion : « Love it all »




Le disque s’ouvre avec la power pop accrocheuse d’« Alive » teintée d’influences des années 90. On pense alors être tombé sur un avatar français de Weezer. Que nenni. Bien au contraire, multipliant les couleurs et les ambiances, John Morrillion entraîne l’auditeur dans un cheminement unique fait d’acoustique (« Such a light soul » ; « High ») et de swing (« Fancy Cars » ; « Love it all » ; « Rat in a trap »). S’il ne fait aucun doute que John aime le rock et les grosses guitares, la palette du jeune parisien va bien au-delà. Avec un bonheur égal, John touche un peu à tout, soignant ses mélodies et le rythme. Et finit par coucher une œuvre consistante, où la patte de l’artiste est présente et qui évite habilement l’écueil du patchwork. Mais le plus étonnant reste la voix de l’artiste, un timbre légèrement éraillé et surtout polymorphe à tel point que l’on finit par se demander si on écoute bien le même chanteur du début à la fin. Soigné dans ses moindres détails, varié mais cohérent, voici un effort inaugural particulièrement maîtrisé et prometteur pour la suite.

mercredi 26 septembre 2012

The Hyènes : « Peace and loud »




Le retour des héros. Longtemps cheville ouvrière de Noir Désir, la doublette Denis Barthe/Jean-Paul Roy est de retour avec un nouveau groupe, The Hyènes, projet éphémère formé à l’origine pour enregistrer la musique d’un film avant que la nouvelle formation ne décide de prolonger l’aventure avec un album en bonne et due forme. Vincent Bosler (Spooky Jam) et Olivier Mathios (Ten Cuidado / Timides) les accompagne au sein de The Hyènes. Les comparaisons étant (hélas) inévitables évacuons-les de suite en affirmant que The Hyènes se situe à l’exact opposé de Noir Désir qui à la fin de sa carrière s’était autant rapproché de la chanson qu’il s’était éloigné du rock n’roll. Point de dérapage ici, The Hyènes privilégie une approche volontairement binaire : grosses guitares et chansons volontairement courtes. Le retour à un rock n’roll pur et dur, brut de fonderie, qui rappelle avec bonheur les grandes heures du rock français de la fin des années 70 et du début des années 80. Un retour aux fondamentaux. La remarque vaut également pour les paroles, toutes en français à l’exception de deux titres dans la langue de Shakespeare. Le groupe a eu l’intelligence de s’éloigner de la poésie romantico-sombre qui a certes fait le bonheur de Noir Désir mais qui aussi causé la perte de dizaines de groupes qui ont commis l’erreur de vouloir imiter ce style inimitable. Peut-on imaginer Bertrand Cantat chanter : « Je connais une chanson qui va emmerder les gens » ? Les textes sont donc à l’unisson de la musique, une approche directe et des mots simples privilégiant l’humour second degré volontairement potache (« Die Deutschen ») ou la guillerette provocation anti-bourgeois, sans tomber non plus dans la prise de tête. Au final donc, un album de rock n’roll direct et efficace, pas d’une originalité folle certes mais bien ficelé et foncièrement attachant. Contrairement à ce qu’ils affirment, punk is not dead !     

lundi 24 septembre 2012

Mass Hysteria : « L’armée des ombres »



Album après album, Mass Hysteria continue tranquillement sa route en marge des courants et aux autres modes en vogue dans le petit monde du rock français. S’il emprunte son nom au classique de Jean-Pierre Melville, ce nouvel effort partage (un peu) la philosophie du grand maître du polar français, une ambiance parfois un peu pesante (« Comedia dell’inferno ») parfois traversé d’une lueur d’espoir (« Positif à bloc »). Et surtout ce disque est fait d’ambiances, de tensions à l’image de l’intro au piano de « Même si j’explose ». Musicalement, le groupe évolue pas à pas. Les boucles électro, déjà présentes sur le précédent album « failles », s’intègrent de mieux en mieux dans le déluge de guitares qui est la marque de fabrique du groupe ("pulsion"). Fidèle à sa réputation, le groupe soigne les détails, les arrangements, les rythmiques plombées comme il se doit (le bassiste Vince Mercier, ex-Vegastar, Die on Monday a rejoint le groupe) et les textes toujours signés en français (ça devient de plus en plus rare pour être souligné) comme un regard posé sur le monde qui nous entoure. Mass Hysteria reste une valeur sure du métal à la française. Et ce depuis 18 ans.
www.masshysteriaofficial.com


dimanche 23 septembre 2012

Ice-T prend la plume


Ice-T marche sur les pas de celui qui lui a inspiré son pseudonyme, le proxénète devenu écrivain Iceberg Slim, et rédige à son tour ses mémoires. L'ouvrage intitulé, "Mémoires de ma vie de gangster et de ma rédemption, de South Central à Hollywood", le voit restituer le fil d'une existence qui l'a vu passer du ghetto à la gloire international aussi bien comme rappeur, en solo ou avec son groupe fusion métal body count, que comme acteur (de nombreux films et la série télé "New York, Unité Spéciale")

Sortie le 15 novembre aux éditions G3J

samedi 22 septembre 2012

Los disidentes del sucio motel : "Z"


Los Disidentes Del Sucio Motel - "Z" (Official Clip) from Mathieu Garcia on Vimeo.

En attendant leur deuxième album, prévu pour cet hiver, le groupe stoner strasbourgeois est de retour avec un clip monumental frisant les dix minutes. Conçu comme un hommage à la série B (avec générique) le clip rend hommage au classique "la nuit des morts vivants" de George A. Romero.
www.facebook.com/lddsm

Interview Ben Mazué




Si je peux me permettre une petite aparté personnelle, c’est toujours un peu particulier pour moi d’interviewer Ben Mazué, simplement par c’est avec lui que j’ai fait ma toute première « vraie » interview il y a (déjà) quelques années de cela… Tripotant son téléphone, installé dans un canapé le chanteur nous attends aujourd’hui pour évoque son nouveau disque, « La règle des trois unités » qui s’inscrit dans un contexte particulier comme un trait d’union entre deux albums. Confessions d’un rap addict…

Ton nouvel EP s’inscrit dans une démarche un peu particulière, comme un trait d’union entre tes deux premiers albums…
Ben Mazué : Oui un peu comme pour toutes les créations artistiques d’une manière générale. J’avais fait un premier EP qui servait d’intro à mon premier album et là c’est l’outro. La coda. Comme toutes les conclusions elle clôt une histoire mais elle ouvre aussi sur une autre. L’idée c’est ça. Fermer la page de l’album et d’ouvrir sur un nouveau. Pour boucler la boucle j’ai repris différemment des morceaux de l’album mais aussi des chansons que l’on n’avait finalement pas gardé. L’ouverture, c’est que j’ai réalisé tout seul le disque. C’est une idée que je garde pour la suite. Il y a aussi moins de richesse musicale.

L’EP s’appelle la règle des trois unités qui est une vieille règle du théâtre classique. Le théâtre, c’est une activité qui tu voudrais essayer ?
BM : Non, non pas du tout. Au contraire. Mais j’ai été ravi de trouver une référence littéraire un peu classe. Moi je suis assez loin de tout ça. J’avais répondu à une interview en faisant l’ep où j’expliquai que cet EP a beaucoup plus d’unité que l’album qui était finalement un recueil des morceaux des cinq dernières années. C’était beaucoup plus concentré en termes d’écritures mais aussi d’enregistrement. On a tout enregistré très vite et dans un seul endroit avec à peu près les mêmes instruments. Et là je me suis souvenu de la règle des trois unités que j’avais appris petit à l’école. Je trouvais cette règle très dogmatique mais elle fonctionnait à l’époque. J’ai l’impression qu’il y a encore beaucoup de dogme dans l’art, si tu veux que ton album marche il faut faire comme ça etc… Alors que la règle est absurde aujourd’hui. C’est quelque chose que l’on a complètement quitté aujourd’hui pour raconter une histoire. Et c’est tant mieux. On a plus de liberté. Je crois que c’est ce qui nous manque dans la musique. On a besoin de plus de liberté. Ne pas toujours faire des chansons qui soient couplets/refrains. On n’est pas non plus toujours obligé de faire des singles. Il n’y a pas qu’une voie dans la musique.

Deux chansons de l’ep « la valse » et « je regrette » qui étaient déjà sur l’album. Il s’agît là de nouvelles versions. Tu avais l’impression de ne pas en avoir fini avec ces titres ?
BM : L’idée c’était qu’on se rapproche des versions telles que moi je les avais écrites. C’était pour garder cet esprit d’un album entre deux albums.

On ne reconnaît plus trop le fan de hip hop dans l’ep…
BM : Je ne sais pas si l’idée c’est d’aller vers plus de chanson. On parlait de l’absurdité de s’obliger à être dans un style. Moi je veux aller vers plus de cohérence. Donner un nom à un album c’est déjà lui donner une cohérence, c’est un trame. La question du rap, je ne me la pose même pas. L’idée c’est que ça rentre dans un concept. Dans l’écriture, j’ai des choses qui sont très scandées mais cela ne me dérange pas. Je n’ai pas peur. Le hip hop n’est pas exclu de mon cadre.

Tu as un groupe maintenant. Tu peux nous en parler un peu ?
BM : Clément (le guitariste, ndlr) est toujours là. On s’est adjoint les services d’un batteur/percussionniste/chanteur. Ce qu’on faisait à deux, on le fait à trois. Il y a toujours des boucles, des séquences mais l’idée c’est qu’on le voit le moins possible. On essaye chacun de montrer tout ce qu’on sait faire. C’est ça qui m’intéresse. Notre spectacle est le vrai prolongement de notre ep. Il y a des morceaux très live. « La valse » par exemple.

Le disque a été enregistré dans un appartement de Montparnasse. Tu en as visité plusieurs, comment tu as su que c’était le bon ?
BM : A chaque fois j’y allais avec l’ingénieur du son, l’acoustique c’était vraiment la qualité principale. Je cherchais un endroit qui soit assez éloigné d’un studio. Et puis quelque chose de très parisien ou du moins qui correspond à l’idée que je m’en fais. Parquet, moulures. C’est le genre d’ambiances qui m’inspirent. Je voulais du feutre, quelque chose de très cosy. L’appartement je l’ai tout de suite aimé. C’était un peu le bordel à l’intérieur, tu n’avais pas peur de bouger un fauteuil, un meuble. Il était dans un tel état. C’était ce qu’on recherchait. On est très content de l’expérience moi je suis prêt à la renouveler. C’est la grosse qualité de la musique d’aujourd’hui, les studios sont mobiles. Encore plus qu’avant. « Harvest » de Neil Young avait été fait dans une grange.

Ca s’entend d’ailleurs…
BM : Oui, c’est vrai (sourire).

Quelle différence tu fais avec ton travail en studio ? Tu penses que le fait d’enregistrer en appartement s’entende dans le résultat final ?
BM : Je pense que oui. On était beaucoup plus libre, il n’y avait pas ce côté : attention l’horloge tourne. Je n’aurais pas pu faire d’ep du tout si je n’avais pas été en appartement. Je n’aurais pas senti d’arriver en studio et de diriger tout seul les opérations. Les arrangements par exemple, je ne sais pas toujours comment arranger mes morceaux. Pour certains j’avais une idée mais bon. Il me fallait un endroit très neutre en matière de réflexion pour que je puisse justement y réfléchir. Le studio m’aurait bloqué. J’aurais pensé que je n’ai aucune légitimité pour faire ça et qu’il me fallait un réalisateur. Pour faire un parallèle avec le cinéma, d’habitude je ne suis que le scénariste de mon album. C’est quelqu’un d’autre qui réalise et qui finalement décide de l’humeur générale. Là j’ai décidé de réaliser moi-même pour voir jusqu’où je pouvais aller. Le résultat n’est peut-être pas hyper riche mais il me correspond plus.

Tu dis que le résultat te correspond plus, mais il s’agît de ton troisième disque. Ca vient de l’expérience ?
BM : Oui mais je pense que je dirais la même chose à chaque album. Tu te rapproches toujours un peu plus de ce que tu recherches.

Est-ce à dire que finalement, ton premier disque n’est pas très personnel ?
BM : Pourtant si. Mais une fois qu’il est sorti ça ne t’intéresses plus, t’as envie de passer à autre chose. D’essayer autre choses. J’ai envie d’aventures musicales.

Le sentiment de liberté que tu as évoqué t’a manqué sur le premier album ?
BM : Non. J’étais là pour ça aussi. J’avais envie d’optimiser mes morceaux. Il fallait que le réalisateur emmène la chanson là où je voulais en venir. Là où je ne sais pas l’emmener. Les lignes de cordes, de cuivres, toutes les programmations de batteries. J’étais incapable de faire ne serait-ce qu’un quart de ce qu’a pu inventer Régis (Ceccarelli, l’arrangeur et réalisateur du premier album de Ben, ndlr). J’avais les yeux grands ouverts. J’avais envie de comprendre comment on travaille, comment ça marche.

Quelques mots sur « Je regrette », les paroles sont assez touchantes. C’est un morceau assez personnel je crois…
BM : C’est la chanson qui parle des amis. C’est la suite de « Mes monuments ». C’est très important d’être lié par le quotidien. Dans « Je regrette » je précise que c’est très compliqué, d’être lié par le quotidien. Finalement on est plus lié avec ses collègues ou sa famille proche, femme, enfants, qu’avec ses amis ou sa famille plus large. Je trouve ça dommage. Moi, c’est ce qui me nourrit. Donc je regrette. C’est aussi une sorte de signal d’alarme. Il est temps de se réveiller, on ne va pas tous aller dans ce schéma de vie classique où autour de trente ans on perd nos amis au profit de nos crédits, femmes et enfants. On va plutôt faire l’effort de rester unis.  

Notre conversation avec Ben s’achève dans un dernier sourire : « A chaque fois tu me fais parler pendant des heures »…
www.benmazue.com

Propos recueillis le 4 juin 2012.

dimanche 16 septembre 2012

Richard Galliano : « Piazzolla Forever »



Au-delà des notes, ce disque nous conte une histoire, celle de l’indéfectible amitié qui unissait ces deux maîtres de l’accordéon, l’Argentin Astor Piazzolla et le français Richard Galliano. L’argentin inventeur du « new tango » qui inspirera le français lorsqu’il se lancera dans l’aventure du « new musette ». Meurtri par la disparition de son ami (en 1992), Richard Galliano formera le « Piazzolla Forever » septet dix ans plus tard. Sept musiciens issus des registres classiques et jazz pour rendre hommage à la musique d’Astor Piazzolla. Une tournée mondiale s’en suivra puis chacun retournera vaquer à ses occupations premières. 2012. Astor Piazzolla a disparu il y a maintenant vingt ans et cet enregistrement d’un concert donné en 2002 lors d’un festival de jazz en Suisse voit le jour. Un luxueux digipack composé d’un cd et d’un dvd. Que les oreilles peu averties de l’accordéon (à commencer par celles de l’auteur de ces lignes) se rassurent ; la chose est d’une musicalité extrême. Entouré par son groupe, des cordes (violons, contrebasse et violoncelle) et un piano, l’accordéoniste Richard Galliano emmène la musique d’Astor Piazzolla vers des rivages à la fois jazz et classiques tout en conservant la latinité du projet. La mélodie est mise en avant entrecoupant les envolées euphoriques et la mélancolie ou inversement. De la joie et de la peine. C’est surtout un très beau moment de musique. Et qui se prolonge puisque le Piazzolla Forever a décidé de reprendre la route en cette année 2012.

Shana Morrison + Van Morrison, L’Olympia, 14 septembre 2012.


Retour sur une scène parisienne du vieux barde irlandais dans un registre inédit. Ancien leader des Them, un fameux groupe rock des 60s reconverti en chanteur folk lors de la décennie suivante, Van Morrison est désormais un crooner entre jazz et blues pratiquant plus volontiers le saxophone ou l’harmonica que la guitare acoustique qu’il n’a pas touché de la soirée. Entouré par une formation au grand complet, guitare, batterie, basse (ou contrebasse), percussions, claviers et cuivres, Van Morrison débarque sur scène impeccable dans son costume noir, chapeau et lunettes fumées. Ambiance feutrée (voire peut être un peu trop), musiciens de haut vol, on assiste à une prestation de grande classe, Morrison revisitant la grande musique étasunienne se glissant dans les guêtres d’un crooner jazz à la Frank Sinatra ou faisant rugir son harmonica dans un registre plus blues. Les titres s’enchaînent naturellement, la soirée se passe agréablement même si Morrison parle peu au public. Pourtant il manque quand même un petit quelque chose qui rendrait le tout vraiment inoubliable, un peu de peps, un peu de folie… C’est un peu à l’image de sa nouvelle version de « Gloria », qui clôture la soirée moins électrique avec des arrangements de cuivres, un des plus grands hymnes de l’histoire du rock n’roll devient une ballade jazzy. Un petit mot pour finir sur Shana Morrison très seyante dans sa robe rouge, qui a assuré la première partie de son père avec beaucoup d’aplomb évoluant entre country, blues et rock n’roll. Une belle soirée.

jeudi 13 septembre 2012

Interview avec les Wankin’ Noodles





Quelques heures avant de mettre la maroquinerie à feu et à sang, les sales gosses mais absolument charmants et très rigolos des Wankin Noodles, installés dans leur loge, prennent le temps de répondre à quelques questions. Chez les Wankin Noodles tout est une question de style. Tirés à quatre épingles, dans leurs tenues de scène, chemises et cravates, le groupe est en pleine préparation d’avant concert. Le chanteur Régis, un peigne dans une main, la mousse coiffante dans l’autre, en pleine effervescence capillaire pré-concert, nous accueille. On ne plaisante pas avec la classe !  

Vous avez le bonjour des Manceau !
Wankin’Noodles : Ah cool ! Pareil !

Il y a une grosse émulation sur la scène Rennaise en ce moment…
WN : On a plein de groupes que l’on connaît depuis plusieurs années et tout le monde sort des disques en même temps. On commence à avoir des groupes qui font parler d’eux au niveau national. Souvent on reproche aux groupes qui ont fait les transmusicales, comme nous, de ne pas sortir de Rennes. Ce qui est dommage. Là on est quelques uns à s’être mis le défi de sortir de Rennes et de le faire bien. Ce qui intéressant c’est que chacun à des expériences individuelles qu’il partage avec tout le monde. On s’entraide, on se prête du matos, on se file des coups de mains… C’est super intéressant. C’est assez vivant et ultra dynamique.

Alors, les Wankin’Noodles, comment vous avez commencé ?
WN : Comme beaucoup de jeunes des Côtes d’Armor, on a fait nos études supérieures à Rennes. On s’est retrouvé d’un coup dans une grande ville, qui brasse les musiciens. On était tous un peu musiciens avant. On s’est retrouvé et on voulait fonder un groupe ultra énergique, très scénique. On s’est retrouvé par hasard, tu connais un musicien qui connaît un musicien… Tu fais une soirée avec untel qui a fait une soirée avec untel… Au final tout le monde se connaît un peu… Au début on était juste quatre mecs qui ne se connaissait pas vraiment beaucoup mais qui avaient les mêmes influences et on avait envie de croquer de la scène très vite…

Wankin’Noodles (tentative de traduction hasardeuse : Nouilles Branleuses, ndlr), ça vient d’où ?
WN : Ca sonne super et ça ne veut rien dire…

Pas de référence onaniste donc…
WN : Plus le côté branleur disons (rires)… Nous sommes d’incroyables branleurs (rires) ! Enfin, nous sommes des éternels adolescents. Et l’adolescent masculin reste un branleur. Et puis un nom qui accroche sans avoir de réelle signification collait bien au projet qui se veut très accrocheur et qui se revendique très stupide, très débile. On n’est pas du tout engagés… Nos sujets sont toujours très simples. On nous pose la question assez souvent et on commence à développer une sorte de parano sur le sujet. Rolling Stones ça ne voulait pas dire grand-chose. Supergrass non plus (ça, ça reste à voir, ndlr). C’est une identité qui correspond à notre musique et à l’état d’esprit dans laquelle on la fait.

Chanter en français pour un groupe garage, musicalement assez typé US, c’était un défi ?
WN : OUI ! C’était un vrai défi qu’on nous a posé. Pour le côté garage, Dutronc était assez garage. Peut-être que nous on fait un travail tautologique pour en arriver à la conclusion que Dutronc était très sixties comme le garage rock. Pour nous ça reste le même travail, chercher des hymnes, des formules accrocheuses. C’est plus compliqué en français, ça peut très vite tourner au « vinaigre variet ». Ca prend du temps. En trois mots tu peux flinguer un titre. Tout dépends de l’écriture, de l’orchestration, du mix. Nous l’album on l’a voulu très anglais, très rock n’roll, assez violent. Avec le traitement français, la voix au-dessus des instrumentations, tout de suite… C’est une vision très anglaise de textes en français, tout simplement. On trouvait ça intéressant, beaucoup de groupes qui chantent en français… Font du français. Nous ce n’est pas ça. On ne se reconnaît pas dans le rock français, tous ces gens qui bâtissent du post-Noir Désir. Ca, il n’y a que Noir Désir qui a réussi à le faire.

C’est le problème du rock français…
WN : C’EST LE PROBLEME DU ROCK FRANÇAIS (rires) ! Nous on n’a pas eu l’impression de se vendre. Mais on a essayé plein de trucs. Franchement ça a été un gros labo. Il y a des fois on se disait « on est en train de se vendre » simplement par ce que le résultat ne nous plaisait pas. Mais sur cet album, on n’a mis que des choses que l’on a envie de voir en live. On les a mis sur disque par ce qu’on arrive à les maîtriser, à sentir et à défendre. Il n’y a rien de FM pour attirer le chaland. Passer derrière les BB Brunes on s’en fout. « Tu dormiras seule ce soir » est notre single par ce qu’il s’agît de notre titre le plus accrocheur, pas parce qu’elle est en français même si c’est cool que les gens la comprennent. Mais l’exercice est très amusant. Quand on arrive à avoir des choses qui nous font plaisir. Ca devient vachement très divertissement, c’est très fun d’être compris directement sur un concert. Quatre vingt dix pour cent de nos dates ce sont quand même passées sur le territoire français pour l’instant. On travaille la formule par ce que c’est assez jouissif d’être compris tout de suite. Le public tend l’oreille différemment. L’écoute et l’attention sont complètement différentes.


Votre réputation scénique vous précède. La scène vous excite ?
WN : Complètement. C’est le moteur du groupe. Si on a fait un disque, monté un groupe, un label, tout ça c’est pour faire du live. C’est cette vie là qu’on veut. Même l’album a été enregistré dans les conditions du live, dans une salle de concert. L’ubu à Rennes. On l’a enregistré tous ensemble comme pendant un concert pour retrouver cette sensation là quand on écoute le disque. Le groupe est tellement lié à la scène… On ne voyait pas d’autres manières de faire. On n’était pas persuadés, contrairement aux labels, que les gens auraient envie d’entendre les chansons « posées », mises à plat, travaillées. En fait on essaye de capter sur disque les « moments ». Comme quand on est en concert, qu’on joue ensemble, il y a des « moments » où il se passe quelque chose. On voulait capter ça, cette grâce, quitte à garder les erreurs. Il y a des pains sur l’album, mais ils font partie de notre musique.

Comment est-ce que vous vous êtes retrouvés en Russie et en République Tchèque ?    
WN : On est des enfants des Transmusicales. On a pu faire plein de dates grâce au concert des Trans. Ca nous a beaucoup apporté. La petite cerise sur le gâteau, c’est que l’année suivante ils ont fait deux transexports en Russie et en République Tchèque. Moi (Régis le chanteur, ndlr) qui ai peur de l’avion j’y suis allé. Au final c’était une expérience incroyable.

Qu’avez-vous retiré de ce voyage ?
WN : De l’envie ! Les concerts étaient vraiment super, les gens ont accroché. On est français et pour l’instant on joue principalement pour des français sur une culture qui est finalement très anglo-saxonne mais vue de France. Là c’était l’occasion de confronter tout ça à un public qui a une culture complètement différente. Le rock n’roll en Russie, on ne l’a pas forcément au biberon. D’ailleurs ils n’en peuvent plus de ce qu’ils entendent chez eux, que des djs qui jouent une espèce de techno à moitié 80s… Les petits artistes sont très mal représentés. Là-bas il n’y a que des têtes d’affiches, des gros noms et pas de première partie… C’était d’ailleurs assez marrant pour nous de faire les festivals au milieu des stars. Après on n’est pas non plus entré en profondeur dans la culture russe. On est resté trois jours pour deux concerts… Mais c’était incroyable de confronter notre musique à l’autre bout du monde… Ca nous confirme dans notre envie de faire du live et de tourner partout où on pourra.

Votre album sonne très garage, pensez-vous que cette scène est en train de se développer en France ?
WN : Elle a toujours été là. Mais elle a toujours vivoté. On peut se demander d’ailleurs c’est quoi le garage ? Pour nous c’est un son et un esprit de groupe. On ne fait pas la même musique que les Hushpuppies mais eux aussi revendiquent cette culture garage rock. Cette culture sixties… Nous on n’est pas un groupe revival, on ne se revendique pas non plus comme l’incarnation parfaite du garage. Tu prends les Hives, ils se considèrent comme le plus grand groupe garage du monde alors qu’ils deviennent de plus en plus un groupe de stade, qu’on adore cependant… Et pour toi c’est quoi ta définition du garage ?

Une réinterprétation sauvage et rock n’roll des musiques black…
WN : Ca rend pas mal.

Quelques mots sur votre chanson « Paris » ?
WN : Précision importante, « Paris » n’est pas une chanson pour chier sur Paris. On n’espère pas la vendre à l’OM… C’est surtout une chanson pour chier sur le parisianisme ou du moins sur une certaine conception de la chose. Evidemment, Paris c’est beau et il y a des trucs supers. Mais nous on est un groupe de province et quand on vient jouer ici, il y a parfois des parisiens qui arrivent à te persuader que Paris est vraiment incroyable et que toi tu n’es vraiment rien… Les conditions sont cent fois mieux en province pour faire des concerts. Quand t’arrives à Paris souvent, mais pas tout le temps, tu passes pour le tocard de province. Nous on est les provinciaux, c’est vous les tocards ! Encore une fois, on aime bien taper débilement sur ce qui nous embête… Tout est dans les paroles. Quand on chante : « La ville est fière de ses remparts qui n’abritent plus grand-chose » on ne s’en prends pas à Paris. Pourquoi il y a un tel décalage entre ce qui se passe à Paris et ce qui se passent en province à tel point que les parisiens ne sont même pas au courant de ce qui se passe chez nous ? Il y a des gens en province qui développent un état d’esprit très anti-parisien. Alors que nous on a côtoyé des groupes parisiens qu’on a trouvé énormes. En fait on essaye juste de faire chier un petit peu pour provoquer une réaction. On est parti de ce constat musical mais c’est valable pour tout, dans l’art ou la culture en général. On ne cherche pas à créer le conflit, Paris c’est aussi une rigolade, cette chanson on la joue en concert quand on vient ici. Paris est faîte de provinciaux de toute façon. Nous on n’a pas eu de retours négatifs en tout cas.

Elle vous a fait quoi Beth Ditto, au juste ? (Chanteuse de Gossip, la question fait  référence au titre « Kill Beth Ditto » des Wankin’Noodles,  ndlr)
WN : C’est un peu le même principe de la petite baffe. Quand on a écrit cette chanson, Beth Ditto était partout. Il y a une histoire, on est un peu des conteurs, toute simple : nous, les Wankin’Noodles sommes un groupe de rock n’roll et notre ambition est, clairement, de conquérir le monde. Comment fait-on ? On traverse l’Atlantique, en super-héros, tu arrives à New York et au milieu de la hype new-yorkaise il y a l’énorme Beth Ditto qui mange les hipsters, qui erre dans les rues et écrase les voitures. En résumé elle nous barre le passage. Donc nous on se met à son niveau et on va lui péter la gueule. On va te péter la gueule (il insiste). Et du coup on lui péte la gueule. On justifie notre acte. C’est le droit chemin. Dans les paroles on dit : « on va tous vous sauver », on va vous sauver de son joug tyrannique… Beth Ditto c’est probablement quelqu’un de super cool, c’est ce que les médias on en fait et ce qu’elle représente qui nous pose problème. Tout comme on tape sur Paris. Gossip a probablement fait aussi la maroquinerie (où se passe l’interview, ndlr) à l’époque où le groupe était super underground. Et quatre ans après ils passent à Bercy et tout le monde se reconnaît là dedans, dans une espèce de grand-messe. Nous on n’a pas envie de susciter ça. Si un jour on remplit Bercy, j’espère que les gens n’auront pas peur de nous dire des fuck. Nous on a envie de s’en prendre au « sacré ». Ce qui devient sacré, il faut le désacraliser, faire pipi dans un coin, comme dans une église (rires). « Kill Beth Ditto » c’est exactement ça.

Et « Tu dormiras seule ce soir » (le premier single du groupe, ndlr) ? Une copine m’a demandé si vous aviez des problèmes avec la gent féminine ?
WN : Oh non, pas du tout !!!!

Plus sérieusement, c’est un peu gonflé comme titre pour un premier single…
WN : Ouais (très fier d’eux). Encore une fois c’est traiter d’un sujet qui concerne tout le monde, les relations garçons-filles, d’une manière inédite. Mais le morceau fonctionne aussi du point de vue d’une fille et être rapidement transformé en sens inverse. Le sujet s’est imposé assez naturellement puisque c’est arrivé à tout le monde (de se faire larguer, ndlr). Et qui n’avait jamais vraiment été traité de cette manière là. Nous on n’aime bien aller taquiner un peu… On a écrit cette chanson, assez bête et méchante sur le mode, je te quitte parce que tu me casses les couilles… C’était assez intéressant. Souvent c’est « tu m’aimes plus, je suis triste par ce que tu m’as quitté, je t’aime plus bla bla bla »… Jamais personne n’a jamais dit : « TU ME FAIS CHIER, DEGAGE !!!! » (rires). Une aubaine comme ça, on n’allait pas passer à côté, évidemment ! C’est un sentiment fort, on a essayé de l’exprimer avec des mots simples, c’est ça qu’on cherche aussi. On est plus littéral que littéraire.

J’aimerai, à titre personnel, avoir quelques explications sur le titre « Rex Régis »…
WN : C’est du latin, et ça veut dire le roi où le maître (Rex est la racine latine du mot roi mais aussi des prénoms Régis et Régine, ndlr). On parle du point de vue d’un personnage qui ne souhaite que le pouvoir. Qui décide un beau jour de s’accomplir et de monter au château pour mettre du sang sur la couronne. Il va tuer le roi, il ne veut plus avoir de maître, il va devenir le maître. Il va devenir le pire des dictateurs. Cela s’adresse aux gens qui font de la politique ou ce genre de choses. Et qui se fichent que ce pouvoir va peut-être les anéantir eux-mêmes. Le dictateur finit souvent assez mal en général. C’est sa voie de monter tout en haut, de faire saigner le peuple et pleurer les braves gens. Il le dit d’ailleurs, il ira en enfer mais ce n’est pas grave parce que tous ces potes sont déjà là-bas. C’est un morceau qui a beaucoup évolué avec le live. On gardé cette trame qui venait du live sur l’enregistrement. Avec une montée psychédélique très malsaine. C’est dans la continuité de l’album, un thème, le pouvoir, qui nous fait marrer.

Comme avec Beth Ditto ?
WN : C’est un peu différent. C’est un peu plus abstrait. Mais il y a une continuité, une trame qui se tient. Les femmes, le pouvoir, la luxure, le vice… C’est du rock n’roll tout ça (rires). C’est un album de gangsta-rap en fait. Snoop Dog n’aurait pas fait mieux (rires) ! Mais on reste très polis, je pense. Les textes sont assez élégants, on essaye d’être classieux. A part « Kill Beth Ditto » où il y a quand-même un appel au meurtre (rires) ! Ca serait bien qu’elle trouve ça drôle. Je trouverais ça super, si un jour on se retrouve sur le même festival, qu’elle vienne sur scène avec nous pendant « Kill Beth Ditto ». Si nous on monte pendant qu’elle descend, on va peut-être se rejoindre à un moment. On verra…

Un petit mot pour finir sur le label que vous avez monté ?
WN : La wankin’noodles company ! On était deux doigts de signer avec un label. Mais on s’est rendu compte qu’on était à des kilomètres de ce qu’on avait envie de faire. En France notre démarche allait difficilement être comprise des labels. Il y a un public qui avait envie de nous voir en concert, tout risquait de retomber à force d’attendre. Le groupe était en pleine mutation, le line up avait changé. L’album était en cours d’écriture, la ligne directrice était de plus en plus claire, il fallait faire du rock n’roll pur sang, sans diluer. Les labels ont vu le français, des choses qu’ils voulaient développer pour être « bankable ». Et nous on a senti que l’attente allait nous tuer, il fallait provoquer ce premier album, très vite. Le gros avantage, même si c’est beaucoup de boulot par ailleurs, c’est d’avoir vraiment les clés de la création. On a fait ce qu’on voulait : on n’est pas allé en studio mais dans une salle de spectacle, on a fait un album volontairement court, le clip nous correspond exactement… Les pochettes, tout viens de nous et c’est super important pour le groupe et tous les gens qui travaillent avec nous, l’éditeur, l’équipe technique etc… On a vraiment travaillé avec cette notion d’équipe, de collectif, et tout ces gens ont été associés à cette idée de label. On a réussi à faire une sortie sans qu’une personne moins impliquée, mais qui signe les chèques, ne vienne mettre son nez dans nos affaires. On a peut-être mis de côté les études de marché mais c’était pour pouvoir aller au bout de notre démarche. C’était une nécessité pour nous d’aller vite. Comme pour le live. On sait où est notre métier, on sait ce qu’est notre travail sur ce projet, il ne fallait pas faire autre chose. Pas pour l’instant en tout cas. C’est bien beau d’être signé encore faut-il que le contenu te plaise à 100 %. J’espère que les groupes signés peuvent y prétendre, en tout cas nous, sans être signés, c’est ce qu’on est allé chercher. Sans, bien sur, fermer la porte à une signature. Il faut que les conditions nous conviennent et que l’on puisse faire l’album qui nous plaît.

C’est aussi beaucoup de responsabilités, de tâches administratives… Beaucoup laissent tomber parce que c’est trop prenant…
WN : Ca on va le découvrir avec le temps… On en est au tout début. On a la chance d’être entourés, d’autres groupes comme Manceau par exemple, se sont lancés dans la création de label. Il y a beaucoup d’entraide entre les groupes. C’est aussi parfois beaucoup de stress, mais c’est le prix à payer et on est prêt à le payer. On reste positifs dans notre démarche. On apprend, on se développe. On verra où on sera dans six mois, dans un an…


Propos recueillis le 25 avril 2012. 

jeudi 6 septembre 2012

Lady Linn and her Magnificent Seven : « No Goodbye at all »




Dans cette magnifique machine à remonter le temps à laquelle peut parfois s’apparenter l’écoute d’un disque, arrêtons-nous un instant à la station sixties en compagnie de la charmante Lady Linn. Déjà auteur d’un excellent disque, « Here we go again », dont la sortie a été confinée dans sa Belgique natale Lady Linn est encore relativement inconnue dans l’hexagone ; « No goodbye at all » est sa première sortie française. Si les Dieux du swing existent, cet anonymat ne devrait guère durer. « No goodbye at all » est en effet un disque de tout premier ordre, débordant de classe, au swing assumé avec assurance. Si il est bien question de jazz, parfois en version big band, parfois délicieusement vintage ou doo-wop (« Good Morning »), Lady ne se prive pas d’un pas de côté en direction de la pop (« over »).  Le tout baigne dans une ambiance délicatement sixties et colorée à souhait. Au fil de l’écoute de ces douze compositions, on fait peu à peu la découverte d’une véritable chanteuse, une très belle voix légèrement grave avec beaucoup de coffre. Et lorsque une telle voix rencontre l’habillage musical idoine, alors la réussite ne peut qu’être au rendez-vous.

mercredi 5 septembre 2012

Blake Worrell : « Blake it up ep »




En marge de son groupe hip hop, The Puppetmastaz, le californien exilé à Berlin Blake Worrell sort son premier ep en solo « Blake it up » composé de cinq titres. En séparant le hip hop de ses racines great black american music, Blake Worrell obtient un résultat original et parfois déroutant. Parsemant son flow d’arrangements électro pop, Blake Worrell étonne. Le tout baigne dans une atmosphère sombre voire franchement sinistre dans une veine proche du dubstep parfois éclairé par quelques aspirations plus pop. Dans l’ensemble c’est assez réussi même si, avouons-le, le tout est assez éloigné des préoccupations principales de l’auteur de ces lignes.

mardi 4 septembre 2012

Wallis Bird




Troisième album pour cette mystérieuse artiste irlandaise. Pratiquant avec bonheur l’art du contre-pied, Wallis Bird nous embobine pour, dans un premier temps, se faire passer pour une chanteuse folk. Que nenni ! Si le disque s’ouvre bien sur les arpèges délicats et mélodique d’une guitare acoustique (la très réussie « Dress my skin and Become what i’m supposed to »), c’est pour mieux nous rouler dans la farine dès le titre suivant « I am so tired of that line » aux atours très pop. Autant de titres qui résonnent comme une perpétuelle recherche directionnelle. Ainsi va ce troisième de Wallis Bird, bondissant de surprises en surprises, durcissant le ton à l’occasion ou optant pour une approche quasi-expérimentale (la dernière plage « Polarised »). De cette collection hétéroclite de chansons la plus réussie reste à notre sens « Heartbeating City » au tempo plein de sensibilité swing. Divers et varié, le disque de Wallis évite pourtant l’écueil du patchwork désordonné grâce à sa voix délicate qui suffit pour marquer chaque titre de son empreinte où son style inimitable à la guitare résultant d’un accident de jeunesse ayant abîmé sa main gauche, ce qui impacte encore son jeu de guitare à ce jour. Finement troussé, bien que pas facilement saisissable, ce disque s’avère être une excellente surprise.